Texte intégral
A. Hausser.- Le Gouvernement a six mois demain et on entend les premiers grincements de dents à propos de la décentralisation. A propos de l'incident Debré-Raffarin, vous êtes plutôt décentralisatrice ou plutôt jacobine ?
- "Je dirais les deux. Je crois qu'il faut aborder ce débat avec beaucoup de volonté, parce que surtout dans mon domaine, les Français ont soif de prendre des responsabilités. Quand on interroge les Français, plus de 90 % souhaitent voir décentralisées les responsabilités en matière d'environnement. Donc, j'aborde ce débat dans la volonté de clarification entre ce qui revient à l'Etat, à son rôle de producteur de normes, de garantie de l'application des règles internationales, mais en même temps, je veux prendre mes responsabilités parce que je n'oublie pas que je suis présidente dans un conseil régional d'une commission de l'environnement."
Et vous pensez que dans ce domaine, les choses sont déjà très claires ?
- "Non, justement, parce que depuis 1982-1983, la décentralisation s'est faite par couches successives, par strates successives, et il faut le dire, dans un certain désordre. Le Premier ministre, J.-P. Raffarin, a voulu de la clarté, du débat, de l'amélioration."
Pour l'instant, on en est au débat, pas à la clarté !
- "On est au début, on met tout sur la table, et puis ensuite on tranchera."
Cela n'a pas été bien expliqué. La preuve...
- "C'est pour cela que nous menons des Assises régionales où chacun peut s'exprimer. Il y a un foisonnement de propositions."
Certains disent que c'est un foutoir.
- "Evidemment, mais c'est le jeu de la démocratie, c'est le jeu du débat. J'ai assisté aux Assises de Nantes, dans ma région, avec N. Sarkozy et P. Devedjian. On a tout mis sur la table, jusqu'au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, par exemple. Et puis ensuite, on va évidemment trancher dans cela, voir les responsabilités des uns et des autres, et puis la clarification sera faite à ce moment-là."
Le Gouvernement est populaire, le Premier ministre est populaire. Il y a un sondage de la Sofres dans les journaux de province ce matin qui donne 58 % de taux d'approbation au Premier ministre et seulement 31 % de désapprobation. Dans votre domaine, cela va moins bien, l'opinion est majoritairement négative : 37 % contre, 34 % pour. Et votre cote de popularité personnelle n'est pas terrible.
- "C'est un peu normal. Evidemment, je ne me déplace pas sur la même cote de popularité que le Premier ministre. En plus, évidemment, j'ai des dossiers bien difficiles et l'actualité qui vient de se dérouler l'a démontré, hélas."
La difficulté des dossiers, c'est vous qui l'incarnez autrement dit... Il y en a un qui est numéro un, c'est le nucléaire. Il y a cette information qui a été divulguée sur les centrales nucléaires, leur fiabilité en cas de séisme majeur. On a découvert sur un site Internet qu'une dizaine de centrales présentaient des risques - 1 sur une échelle de 7. Mais on voit quand même qu'il y a des soucis.
- "On n'a pas découvert sur "un" site Internet, on a découvert sur "le" site Internet de l'Autorité de sûreté nucléaire française, sous la responsabilité du Gouvernement, donc dans un souci de totale transparence, tous les incidents qui se passent sur les centrales nucléaires françaises. Elles sont cotées sur une échelle de danger ; effectivement, vous notez que c'est l'incident de plus faible niveau qui a été relevé. Donc, n'importe quel citoyen qui se déploie sur le site "ASN gouvernement français.com" peut trouver ces informations. Bel exemple de transparence de la responsabilité gouvernementale et de l'Autorité de la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. C'est le premier point : transparence totale, sécurité. Cette autorité de sûreté nucléaire fait, de façon, continue des inspections sur les centrales nucléaires pour améliorer la sécurité et somme l'opérateur, en l'occurrence EDF, chaque fois qu'elle relève des dysfonctionnements, des améliorations à apporter, de procéder aux améliorations nécessaires et vérifier que ces améliorations soient bien apportées."
Tout va bien ?
- "On n'en fait jamais assez dans le domaine de la sécurité. Je note que la filière nucléaire française est une des plus sûres du monde. Elle est aussi une des plus sûres en ce qui concerne le parc industriel français ; les grandes catastrophes industrielles ne se sont pas passées sur les sites nucléaires, rappelez-vous du site d'AZF à Toulouse. Mais on n'en fait jamais assez pour la sécurité. Je veux être le ministre de la sécurité, et de la sécurité nucléaire en particulier, j'y veille."
Quand vous dites cela, qu'est-ce que vous préconisez ? Vous voulez être le ministre de la sécurité, donc vous allez améliorer un certain nombre de choses...
- "Bien entendu. En ce qui concerne les risques industriels et les risques naturels, j'ai en préparation un texte très important sur les risques que je vais présenter au début de l'année 2003, où je vais agir sur plusieurs secteurs : bien entendu, la prise en compte du facteur humain dont on voit qu'il est toujours prépondérant quand survient l'aléa, les règles d'urbanisme dans les zones de danger, et puis les indemnisations en cas de catastrophe. Dans ce secteur des risques industriels, j'ai la volonté d'aller loin et d'aller fort, mais également dans [le secteur] des risques naturels, puisque les récentes inondations du Gard nous ont montré qu'il y avait là aussi un certain nombre de problèmes à régler."
Pour en revenir aux centrales nucléaires, il y a des travaux qui sont engagés au Tricastin. Ailleurs, on ne sait pas...
- "Chaque fois qu'il y a un problème de danger, je veille à ce que les améliorations soient apportées. C'est par exemple ce que j'ai fait quand il y a eu le transfert de l'usine de mox de Cadarache à Marcoule pour éviter les risques sismiques. Donc je prends les décisions chaque fois que c'est nécessaire, quand il y a un risque."
Dans ce cas-là, il n'y aurait pas de raison de refuser la création d'une commission d'enquête parlementaire, comme le demande le Parti socialiste ?
- "Il ne me revient pas, en tant que ministre, de conseiller le Parlement sur la démarche qu'il veut faire. Si la commission d'enquête parlementaire est décidée par le Parlement, bien entendu, je collaborerai à cette commission d'enquête. Mais plus que la commission d'enquête, qui évidemment n'a une durée que de six mois, ce qui importe, c'est que soit mis en place dans notre pays les autorités qui assurent la sécurité au quotidien, et ces autorités, nous les avons."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 novembre 2002)
- "Je dirais les deux. Je crois qu'il faut aborder ce débat avec beaucoup de volonté, parce que surtout dans mon domaine, les Français ont soif de prendre des responsabilités. Quand on interroge les Français, plus de 90 % souhaitent voir décentralisées les responsabilités en matière d'environnement. Donc, j'aborde ce débat dans la volonté de clarification entre ce qui revient à l'Etat, à son rôle de producteur de normes, de garantie de l'application des règles internationales, mais en même temps, je veux prendre mes responsabilités parce que je n'oublie pas que je suis présidente dans un conseil régional d'une commission de l'environnement."
Et vous pensez que dans ce domaine, les choses sont déjà très claires ?
- "Non, justement, parce que depuis 1982-1983, la décentralisation s'est faite par couches successives, par strates successives, et il faut le dire, dans un certain désordre. Le Premier ministre, J.-P. Raffarin, a voulu de la clarté, du débat, de l'amélioration."
Pour l'instant, on en est au débat, pas à la clarté !
- "On est au début, on met tout sur la table, et puis ensuite on tranchera."
Cela n'a pas été bien expliqué. La preuve...
- "C'est pour cela que nous menons des Assises régionales où chacun peut s'exprimer. Il y a un foisonnement de propositions."
Certains disent que c'est un foutoir.
- "Evidemment, mais c'est le jeu de la démocratie, c'est le jeu du débat. J'ai assisté aux Assises de Nantes, dans ma région, avec N. Sarkozy et P. Devedjian. On a tout mis sur la table, jusqu'au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, par exemple. Et puis ensuite, on va évidemment trancher dans cela, voir les responsabilités des uns et des autres, et puis la clarification sera faite à ce moment-là."
Le Gouvernement est populaire, le Premier ministre est populaire. Il y a un sondage de la Sofres dans les journaux de province ce matin qui donne 58 % de taux d'approbation au Premier ministre et seulement 31 % de désapprobation. Dans votre domaine, cela va moins bien, l'opinion est majoritairement négative : 37 % contre, 34 % pour. Et votre cote de popularité personnelle n'est pas terrible.
- "C'est un peu normal. Evidemment, je ne me déplace pas sur la même cote de popularité que le Premier ministre. En plus, évidemment, j'ai des dossiers bien difficiles et l'actualité qui vient de se dérouler l'a démontré, hélas."
La difficulté des dossiers, c'est vous qui l'incarnez autrement dit... Il y en a un qui est numéro un, c'est le nucléaire. Il y a cette information qui a été divulguée sur les centrales nucléaires, leur fiabilité en cas de séisme majeur. On a découvert sur un site Internet qu'une dizaine de centrales présentaient des risques - 1 sur une échelle de 7. Mais on voit quand même qu'il y a des soucis.
- "On n'a pas découvert sur "un" site Internet, on a découvert sur "le" site Internet de l'Autorité de sûreté nucléaire française, sous la responsabilité du Gouvernement, donc dans un souci de totale transparence, tous les incidents qui se passent sur les centrales nucléaires françaises. Elles sont cotées sur une échelle de danger ; effectivement, vous notez que c'est l'incident de plus faible niveau qui a été relevé. Donc, n'importe quel citoyen qui se déploie sur le site "ASN gouvernement français.com" peut trouver ces informations. Bel exemple de transparence de la responsabilité gouvernementale et de l'Autorité de la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. C'est le premier point : transparence totale, sécurité. Cette autorité de sûreté nucléaire fait, de façon, continue des inspections sur les centrales nucléaires pour améliorer la sécurité et somme l'opérateur, en l'occurrence EDF, chaque fois qu'elle relève des dysfonctionnements, des améliorations à apporter, de procéder aux améliorations nécessaires et vérifier que ces améliorations soient bien apportées."
Tout va bien ?
- "On n'en fait jamais assez dans le domaine de la sécurité. Je note que la filière nucléaire française est une des plus sûres du monde. Elle est aussi une des plus sûres en ce qui concerne le parc industriel français ; les grandes catastrophes industrielles ne se sont pas passées sur les sites nucléaires, rappelez-vous du site d'AZF à Toulouse. Mais on n'en fait jamais assez pour la sécurité. Je veux être le ministre de la sécurité, et de la sécurité nucléaire en particulier, j'y veille."
Quand vous dites cela, qu'est-ce que vous préconisez ? Vous voulez être le ministre de la sécurité, donc vous allez améliorer un certain nombre de choses...
- "Bien entendu. En ce qui concerne les risques industriels et les risques naturels, j'ai en préparation un texte très important sur les risques que je vais présenter au début de l'année 2003, où je vais agir sur plusieurs secteurs : bien entendu, la prise en compte du facteur humain dont on voit qu'il est toujours prépondérant quand survient l'aléa, les règles d'urbanisme dans les zones de danger, et puis les indemnisations en cas de catastrophe. Dans ce secteur des risques industriels, j'ai la volonté d'aller loin et d'aller fort, mais également dans [le secteur] des risques naturels, puisque les récentes inondations du Gard nous ont montré qu'il y avait là aussi un certain nombre de problèmes à régler."
Pour en revenir aux centrales nucléaires, il y a des travaux qui sont engagés au Tricastin. Ailleurs, on ne sait pas...
- "Chaque fois qu'il y a un problème de danger, je veille à ce que les améliorations soient apportées. C'est par exemple ce que j'ai fait quand il y a eu le transfert de l'usine de mox de Cadarache à Marcoule pour éviter les risques sismiques. Donc je prends les décisions chaque fois que c'est nécessaire, quand il y a un risque."
Dans ce cas-là, il n'y aurait pas de raison de refuser la création d'une commission d'enquête parlementaire, comme le demande le Parti socialiste ?
- "Il ne me revient pas, en tant que ministre, de conseiller le Parlement sur la démarche qu'il veut faire. Si la commission d'enquête parlementaire est décidée par le Parlement, bien entendu, je collaborerai à cette commission d'enquête. Mais plus que la commission d'enquête, qui évidemment n'a une durée que de six mois, ce qui importe, c'est que soit mis en place dans notre pays les autorités qui assurent la sécurité au quotidien, et ces autorités, nous les avons."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 novembre 2002)