Déclaration de M. François Bayrou, président de l'UDF, sur la vie interne du parti et sa réorganisation avec la mise en place d'un secrétariat national, dans la perspective du congrès de janvier 2003, Issy-les-Moulineaux le 20 octobre 2002.

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Circonstance : Réunion du Conseil national de l'UDF à Issy-les-Moulineaux le 20 octobre 2002-discours d'ouverture

Texte intégral

Mes chers amis, c'est la réunion de notre Conseil national, c'est-à-dire de ce Parlement de l'UDF avec les représentants de toutes les fédérations de France et c'est notre première réunion depuis les élections législatives.
Vous vous souviendrez que nous avons tenu une rencontre du même ordre au lendemain de l'élection présidentielle et je me souviens de l'émotion qui m'étreignait lorsque nous nous sommes retrouvés, à la fois avec le sentiment d'avoir livré une bataille très difficile et d'avoir marqué des points très importants et aussi, la conscience brutale de la menace qui pesait sur l'existence même de notre famille.
Et la question à cette époque là, était : pourront-ils avoir un groupe à l'Assemblée nationale ? Puisque le projet était que nous soyons privés, de moyen d'existence et de moyen d'expression. Bien évidemment, les moyens d'expression en politique, dans une démocratie, c'est au Parlement qu'ils sont le plus précieux et pour ainsi dire, exclusifs.
Il n'y a plus, vous le savez, que 4 groupes à l'Assemblée nationale et nous sommes le troisième de ces groupes. Nous sommes, par la représentation parlementaire aujourd'hui, le troisième mouvement politique dans le champ démocratique français. Nous sommes engagés, déterminés, réorganisés, et décidés à être ce deuxième pôle dont la majorité à tant besoin, avec un message fort : nous sommes le mouvement de ceux qui veulent changer la France.
Tout au long de cette journée, je suis certain que tous ceux qui s'exprimeront, le feront avec cette certitude. La France aujourd'hui à besoin de vrai changement. Elle a besoin de changements profonds. Il faut un mouvement politique décidé à porter ces changements, à les soutenir quand ils interviendront, à appeler l'attention de tous ceux qui sont aux responsabilités, sur l'urgence des changements qu'il faut, pour que la France retrouve la bonne santé qu'elle n'aurait jamais dû perdre.
Voilà notre vocation. Le parti de ceux qui veulent changer la France.
Et naturellement, comme nous avons fixé cette ligne, nous avons des rendez-vous. Je voudrais vous les donner.
Comme vous le savez, nous avons devant nous le rendez-vous d'un grand congrès, ouvert aux militants qui souhaitent participer à la fixation de notre cap pour les années qui viennent.
Ce congrès statutaire aura lieu les 17, 18 et 19 janvier 2003 à la Mutualité à Paris.
A l'occasion de ce congrès, nous réélirons l'ensemble de nos instances nationales, avec à la fois ceux qui sont chargés de l'organisation et ceux qui sont chargés de porter en notre nom le débat, les thèmes sur les grands sujets qui forment l'actualité politique nationale.
Il y a l'organisation, les soutiers, ceux qui doivent faire marcher la maison avec des moyens qui vont être plus limités que nos moyens antérieurs ne l'était, mais il y a des clubs à gros budget qui ne marchent pas et des clubs à petits budgets qui sont en tête du championnat.
Donc les soutiers et ceux qui portent le débat. Notre organisation reflétera cette double nécessité ce double impératif.
Naturellement, en attendant le congrès, nous ne pouvions pas rester sans organisation et j'ai donc proposé hier soir au bureau politique de mettre en place une organisation provisoire.
Cette organisation se divise en deux. D'une part, les responsables des grands sujets : l'économie, le social, la santé, la décentralisation, l'Europe. Je les désignerai dans deux semaines avant le 1er novembre en liaison naturellement avec les groupes parlementaires de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen.
Je compte beaucoup sur cette organisation. Pourquoi ?
Parce que jusqu'à maintenant, lorsqu'on devenait adhérent ou militant de cette famille politique, on militait dans le cadre d'une organisation locale : la fédération départementale. Mais en réfléchissant, on mesure que les militants veulent apporter au mouvement leur expérience, leur conviction, ils veulent s'engager sur les dossiers qui sont ceux de la vie politique.
Après la lettre que je vous ai adressée à la fin du mois de juillet et celle que je vous ai adressée au mois de septembre, j'ai reçu des milliers de réponse.
J'ai reçu plus de 2000 lettres en réponse au courrier du mois de juillet. Beaucoup d'entre elles faisaient plus d'une dizaine de pages. Il y en a qui faisaient 30 pages. Je les ai lues, une à une, sans aucune exception et je vais demander à ceux qui le souhaiteront dans notre organisation, de bien vouloir tirer des extraits de ces lettres, parce que ce que disent les militants de l'UDF sur la nécessité de son existence, est formidable d'énergie et d'authenticité.
Je souhaite que nous publiions entre nous les extraits de ces lettres parce qu'ils ne sont, pas seulement émouvants, mais qu'ils changent la vision que l'on peut se faire de la démocratie française.
J'ai reçu 2000 lettres. J'ai répondu à toutes, une part une, parce que c'était mon devoir et mon plaisir aussi, même si c'était une tâche un peu lourde.
Mais la plupart de ces lettres disaient ceci : on vient de vivre une clarification. Cela n'a pas été facile pour vous, mais c'est sans doute mieux comme cela parce que, maintenant, nous pouvons laisser derrière nous les querelles internes qui nous ont fait tant de mal.
Tournons la page sur cette période qui a été, pour beaucoup d'entre vous, d'entre nous et un peu pour moi, très difficile.
Mais maintenant que la clarification indispensable a été apportée, nous voulons nous engager, chacun avec ce que nous sommes. Les uns disent : je suis spécialiste du logement. Les autres disent : je suis spécialiste des problèmes de santé. Les troisièmes disent : moi c'est le sport qui m'intéresse et j'y ai une expérience. D'autres : l'université ou la recherche.
Cette forme de militantisme doit désormais être aussi présente que l'engagement local.
C'est pourquoi, je souhaite que nous construisions un parti en réseaux. A la tête de chacun de ces réseaux, dont Internet, sera le vecteur privilégié : débat sur Internet, réunion en temps direct sur Internet, communication entre tous ceux qui sont passionnés par tel ou tel sujet de notre vie nationale.
Cette organisation en réseaux comportera autant de réseaux qu'il y a de centres d'intérêts, de l'assemblée ou de la communauté de nos militants et de centres d'intérêts de l'opinion publique. Je demande aux parlementaires de prendre la tête de ces réseaux, pas seulement eux, mais pour une fois que nous avons une osmose entre les parlementaires et les militants, il faut que cela se traduise et qu'en particulier, chacun des militants puisse peser sur le débat parlementaire, par la communication qu'il aura avec les parlementaires qui nous représentent.
Cette délégation nationale qui comportera des responsables par sujet et par réseau thématique, je la mettrai en place avant le 1er novembre.
Mais d'ores et déjà, j'ai fait adopter par le Bureau politique, une organisation provisoire, pour ce qui est des soutiers, jusqu'au congrès.
Ensuite, nous avions, dans l'organisation précédente, un secrétaire général, c'est Anne-Marie Idrac qui en avait la charge. Elle a été nommée à la tête de la RATP de ce grand établissement public, retrouvant ainsi la vocation qui était la sienne. Et s'est posée pour moi la question de l'organisation de notre secrétariat général.
J'ai décidé de mettre en place, non pas, un secrétaire général, mais une équipe parce que la charge est si lourde dans cette période de reconstruction, le travail à assumer et si important, qu'il fallait, à mes yeux, rompre avec une organisation trop centralisée pour que des responsables puissent en direct avec vous, répondre aux questions qui seront les vôtres.
J'ai mis en place un secrétariat national qui est composé de secrétaires nationaux exécutifs et de secrétaires nationaux qui travailleront avec eux.
A chacun d'entre eux un grand secteur et la charge d'organiser des équipes avec ceux d'entre vous qui le souhaiteront, pour chacune des tâches de soutier dont dépend, si profondément la qualité de notre vie et des performances qui seront les nôtres.
J'ai donc demandé à une nouvelle génération d'élus de bien vouloir prendre cette responsabilité.
Nous verrons au congrès, dans trois mois, si cette organisation est meilleure que la précédente.
Je ne vous ai pas parlé d'une innovation que je voudrais vous proposer et au fond, vous demander d'alimenter.
Quand je fais la liste des atouts qui peuvent être les nôtres, il y en a un qui me frappe, c'est que nous sommes, par la nature des choses le mouvement politique qui va le plus pouvoir faire place à des jeunes, à des talents nouveaux qui, pour l'instant, n'étaient pas engagés en politique, et à qui nous allons pouvoir proposer l'affirmation et la promotion qui est nécessaire pour la démocratie française.
Vous voyez très bien pourquoi. Lorsque nous regardons autour de nous, naturellement, toutes les places de responsables, d'élus, sont prises surabondamment. Si vous regardez le paysage, vous allez naturellement noter cet aspect des choses.
Chez nous, au contraire, les talents nouveaux pourront s'exprimer et les jeunes se faire entendre. Or, je crois à la nécessité d'une génération nouvelle pour convaincre la France.
Donc, j'ai décidé de demander aux jeunes de notre mouvement de me proposer une liste de responsables qui seront le pendant, les alliés et peut-être les aiguillons de notre secrétariat national. Ils seront associés à toutes les tâches.
Nous aurons donc un secrétariat national classique et un secrétariat national de jeunes qui travailleront aux mêmes tâches pour faire bouger les choses.
Vous aurez un secrétariat national avec des têtes nouvelles, non encore impliquées dans la politique, qui vont, j'en suis sûr, changer profondément notre manière de vivre ensemble et vous jugerez au congrès si cette initiative était la bonne ou pas.
C'est le troisième rendez-vous que nous aurons d'ici la fin de ce mois d'octobre. Je suis persuadé qu'il est un de ceux qui est le plus porteur pour notre avenir.
C'est un moment très important pour nous, parce que vous voyez bien ce que signifie ce moment de réorganisation. Nous laissons derrière nous les mauvais souvenirs. Nous laissons derrière nous les rancoeurs et nous choisissons un avenir positif, constructif, conquérant.
Notre devoir est d'être dans la majorité, responsable et libre de parole. Naturellement, la liberté c'est quelquefois plus inconfortable, mais cela donne plus de poids à ce que l'on a à dire.
Les élections partielles. Nous venons d'en vivre un certain nombre. Naturellement c'est au niveau cantonal, naturellement ce n'est pas transposable à l'échelon national, mais les élections partielles montrent que chaque fois qu'un candidat UDF est présent dans cette élection, il réalise un bon score.
Soit que, comme dans la Marne, il devance le candidat UMP et il ravit aux deuxième tour un siège à la gauche.
Soit que, comme dans la Seine-Maritime, il réalise un très bon score 18 %. Nous avons fait un test à Lille où nous avons soutenu, dans une élection cantonale partielle dont le deuxième tour a lieu aujourd'hui, face à un adjoint de Martine Aubry et face à Alex Turk, sénateur, qui conduisait la liste contre Martine Aubry à la mairie de Lille - c'est dire la dimension de cette candidature. Nous avons soutenu un jeune candidat, Thierry Pauchet
Vous avez sans doute suivi le score : l'UMP a réalisé 28 %, le PS 27 %, et l'UDF 23 %.
Vous voyez qu'il n'y aura naturellement pas de victoire sans nous. C'est parce que nous participerons, nous nous engageons dans ces élections qu'il y a une victoire envisageable aux deuxième tour. Il n'y aura pas de réussite du gouvernement de la France sans que tout le monde y participe. On aura besoin de tout le monde pour changer vraiment la France.
Nous, nous nous donnons cette mission et cette vocation d'être les acteurs non pas les spectateurs, mais les acteurs du changement de la France. La position qui est la nôtre est celle de ceux qui portent librement la volonté de changement du pays. Voilà la ligne qui est la nôtre.
Elle est positive, elle est engagée, elle est faite de propositions et de vision car, jamais on n'a eu autant besoin d'une vision cohérente.
Jamais sans doute l'idée européenne et la réalité européenne n'ont été si éloignées l'une de l'autre.
Or, dans ce monde là et devant cette France là, on a un immense besoin de cohérence et de vision.
Dans ce monde là, il faut tracer un cap pour que les français puissent y adhérer et naturellement, on trace mieux le cap lorsqu'on a une cohérence interne forte.
C'est parce que nous avons une vision cohérente du cap à suivre et des moyens pour que ce cap soit assumé, que nous allons jouer un rôle nécessaire et positif et, je crois, déterminant dans l'avenir de la démocratie française et dans l'étape qui s'est ouverte au mois de juin et qui va durer 5 ans, qui doit être l'étape des vrais changements pour la France.
C'est à cette réflexion que je vous invite. Je ne veux pas achever mon propos sans vous dire le sentiment profond de gratitude qui m'habite à votre endroit.
Les mois que nous avons vécus, l'année que nous avons vécue a été partagée en deux.
Il y a eu cette grande aventure des présidentielles qui, parfois, donnait le sentiment d'être un peu longue. Pendant cette aventure, vous avez tenu bon et parce que vous avez tenu bon, j'ai tenu bon. Cela nous a valu cette quatrième place et deux millions de voix qui donnent la dimension de l'influence qui doit être la nôtre dans la vie politique française.
Après, est venu un temps plus dur encore. Parce que ce n'était plus le combat politique à visage découvert, c'était autre chose, des manoeuvres souterraines, sans que l'opinion puisse les comprendre, parce qu'on appelait union ce qui était en réalité une volonté d'absorption et nos compatriotes, très attachés à l'union, ne percevaient pas la différence entre union et absorption.
Et vous, dans ces moments-là, vous avez été présents et engagés envers et contre tout. C'est parce que vous avez été solides que nous sommes là, c'est parce que vous avez été solides que l'avenir nous est ouvert.
Merci à tous du fond du cur.
Dans notre organisation, j'ai oublié une chose. Je vous ai annoncé, pour la fin du mois, la constitution de notre équipe, de notre délégation nationale thématique. Je vous ai parlé du secrétariat national exécutif qui va mettre les mains dans le cambouis, mais je ne vous ai pas parlé d'une innovation que je voudrais vous proposer et au fond, vous demander d'alimenter.
Quand je fais la liste des atouts qui peuvent être les nôtres, il y en a un qui me frappe, c'est que nous sommes, par la nature des choses le mouvement politique qui va le plus pouvoir faire place a des jeunes, à des talents nouveaux qui, pour l'instant, n'étaient pas engagés en politique, et à qui nous allons pouvoir proposer l'affirmation et la promotion qui est nécessaire pour la démocratie française.
Vous voyez très bien pourquoi. Lorsque nous regardons autour de nous, naturellement, toutes les places de responsables, d'élus, sont prises surabondamment. Si vous regardez le paysage, vous allez naturellement noter cet aspect des choses.
Chez nous, au contraire, les talents nouveaux pourront s'exprimer et les jeunes se faire entendre. Or, je crois à la nécessité d'une génération nouvelle pour convaincre la France.
Donc, j'ai décidé de demander aux jeunes de notre mouvement de me proposer une liste de responsables qui seront le pendant, les alliés et peut-être les aiguillons de notre secrétariat national. Ils seront associés à toutes les tâches.
Nous aurons donc un secrétariat national classique et un secrétariat national de jeunes qui travailleront aux mêmes tâches pour faire bouger les choses.
Vous aurez un secrétariat national avec des têtes nouvelles, non encore impliquées dans la politique, qui vont, j'en suis sûr, changer profondément notre manière de vivre ensemble et vous jugerez au congrès si cette initiative était la bonne ou pas.
C'est le troisième rendez-vous que nous aurons d'ici la fin de ce mois d'octobre. Je suis persuadé qu'il est un de ceux qui est le plus porteur pour notre avenir.

(source http://www.udf.org, le 14 novembre 2002)