Déclaration à la presse de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères et réponse à une question à l'Assemblée nationale, sur le processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne, Paris le 26 mars 1997.

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Circonstance : Entretien de M. de Charette avec le ministre palestinien de la culture, M. Yasser Abd Rabbo à Paris le 26 mars 1997

Texte intégral

Q - Quelle est l'importance de cette visite aujourd'hui, vous attendiez plutôt
M. Arafat ?

R - Nous sommes ravis d'avoir M. Yasser Abd Rabbo, c'est un ami et il est le bienvenu. Le président Arafat avait des obligations internationales qui l'ont empêché de venir mais il donne la meilleure part de lui-même.

Q - Avez-vous un message à faire parvenir à M. Arafat, compte tenu de
la situation ?

R - Nous avons parlé ensemble de la situation du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Nous avons partagé ensemble de très graves préoccupations devant le blocage généralisé de toute discussion et ceci constitue aujourd'hui une grave inquiétude pour tout ceux qui sont attachés au processus de paix. Je voudrais redire ici une fois de plus qu'il n'y a pas plusieurs voies pour la paix, il n'y en a qu'une : c'est de poursuivre et de reprendre les négociations conformément aux Accords passés à Oslo et à Taba. Il nepeut y avoir la paix que dans le respect de la parole donnée. C'est dans la reprise du processus de paix qu'il y aura la sécurité, sinon, il y a lieu d'être inquiet..

Monsieur le Député, l'inquiétude que vous venez d'exprimer est partagée par le gouvernement. Lorsque les élections législatives sont intervenues en Israël, il y a eu, vous le savez, une période de très grande interrogation anxieuse dans la communauté internationale. Ensuite, il y a eu la reprise des discussions, les négociations sévères mais finalement conclusives qui ont permis de parvenir aux Accords d'Hébron, qui ont donné le sentiment à la communauté internationale et à la France que le processus de paix reprenait son cours, difficilement certes mais qu'il l'avait repris.

Depuis lors, plusieurs signes en sens contraire ont provoqué à nouveau inquiétude et émoi. Vous avez évoqué la nouvelle implantation de Har Homa qui est directement contraire à la lettre et à l'esprit des Accords d'Oslo, mais je veux aussi rappeler que la proposition d'un premier redéploiement en Cisjordanie ne touchant que 2 % des terres de la Cisjordanie a été ressenti en Palestine comme une provocation, c'est un fait. Aussi bien, beaucoup de signes donnent l'impression que le mécanisme infernal du soupçon, du doute, puis de la méfiance et du rejet est à nouveau en route. L'on sait où il va, il va vers la reprise et le retour de la violence. On l'a vu hélas puisque deux drames, deux attentats sont survenus l'un contre un car d'enfants à la frontière jordanienne et l'autre à Tel Aviv. La France naturellement condamne avec la plus grande énergie toute violence, tout terrorisme, tout attentat car ils ne vont pas dans le sens de la paix.

A ce point, Monsieur le Député, votre interrogation est de savoir si, saisis comme nous le sommes, comme vous le serez prochainement de l'accord d'association entre Israël et l'Union européenne, comme votre délégation européenne a été saisie de l'arrangement passé entre l'Union européenne et l'OLP agissant pour le compte de l'Autorité palestinienne, s'il faut ou non ratifier cet accord, je sais qu'il y a hésitation, mais personnellement, et j'exprime ici le point de vue du gouvernement, nous pensons qu'il ne faut pas céder à cette tentation et j'ai cru comprendre que c'était aussi l'avis de la Commission des Affaires étrangères. Laissez-moi vous dire en deux mots pourquoi. Nous ne pensons pas, ni de près ni de loin que nous devrions céder à la tentation de ce mécanisme infernal dont je vous parle. Notre rôle, la mission de la France, c'est au contraire de travailler chaque jour, inlassablement, à renouer les fils du dialogue, de la compréhension, de la discussion, de l'écoute mutuelle, c'est notre rôle vis-à-vis des uns et des autres, en parlant toujours avec clarté, fermeté mais dans le sens de la paix et non pas dans un autre.

Voilà pourquoi, dans les semaines qui viennent, vous aurez à examiner ce texte, selon les modalités qui conviendront à l'Assemblée nationale et voilà pourquoi aussi, je vous annonce que la France bien sûr, prendra dans cette période difficile les initiatives qui intéressent non seulement les relations entre Israéliens et Palestiniens mais aussi entre Israël, la Syrie et le Liban ; nous avons une mission, un rôle à jouer, à côté des autres mais avec eux, et nous ne cesserons pas de le faire dans le sens de la paix.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2001)