Point de presse conjoint de MM. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, et Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne, sur l'urgence de la relance des négociations de paix au Proche-Orient, le soutien de la France aux réformes, à la tenue d'élections et à la lutte contre le terrorisme engagées par l'Autorité palestinienne, Ramallah le 25 juin 2002.

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Circonstance : Tournée au Proche-Orient de M. Galouzeau de Villepin, du 23 au 26 juin 2002 : rencontre avec M. Yasser Arafat le 25

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Il s'agit de ma première visite en terre de Palestine, je veux d'abord vous exprimer mon émotion devant la situation que je trouve ici, devant la situation dramatique que connaît la région, devant la détresse des populations civiles soumises aux contraintes très rudes de l'occupation et du couvre-feu. J'ai écouté avec attention le président Arafat. Il m'a exprimé ses engagements, sa volonté de paix avec Israël par la négociation, sa condamnation du terrorisme et des attentats-suicides sa détermination à entreprendre des réformes et à tenir des élections.
J'ai pour ma part rappelé la position de la France : il ne peut y avoir de paix et de sécurité dans la région que par la prise en compte des aspirations légitimes des Palestiniens, aspirations légitimes à vivre libre dans le cadre d'un Etat souverain, viable, indépendant et pacifique. Cette réalité s'impose à tous et doit conduire Israël à la reprise des négociations, et ce en vue de mettre fin à la colonisation et à l'occupation dans les Territoires. L'aspiration légitime du peuple palestinien à un Etat souverain ne pourra, pour sa part, être satisfaite que par la négociation. Le terrorisme qui tue des innocents et qui veut prendre en otage toute la région ruine toute perspective de paix. Il doit être donc condamné de la façon la plus ferme, la plus totale. J'ai redit au président de l'Autorité palestinienne notre conviction qu'il lui revient de combattre ce terrorisme avec la plus grande détermination. Il faut des résultats, indispensables dans ce domaine.
J'ai aussi exprimé au président Arafat notre soutien aux réformes qu'il a engagées et notre souhait de les voir très rapidement aboutir. Ces réformes en effet sont nécessaires et l'Autorité palestinienne ne doit pas être empêchée de les mettre en oeuvre. Elles doivent aller de pair avec la reprise d'un processus politique indispensable, elles doivent apporter plus de transparence, plus d'efficacité dans le fonctionnement des institutions palestiniennes, et préparer ainsi la voie à la création d'un Etat palestinien. Le président Arafat a évoqué devant moi l'adoption d'un plan de mesures, assorti d'un calendrier précis. De même des élections doivent se tenir, mais c'est aux Palestiniens seuls qu'il revient de désigner librement leurs dirigeants. La tenue prochaine d'élections démocratiques dans les Territoires palestiniens m'a été annoncée par le président Arafat. Ces élections constitueront une échéance importante : élections présidentielles et législatives pour le mois de janvier, élections municipales en mars.
Face à l'urgence de la paix, seule une approche politique peut permettre de répondre aux aspirations des peuples de la région à une paix durable. La communauté internationale, dans ce contexte, doit se mobiliser. C'est ce qu'ont fait récemment les pays arabes à l'occasion du Sommet de Beyrouth, c'est aussi ce qu'a rappelé le président Bush, hier, dans son discours, discours où j'ai relevé des convergences avec les objectifs français et européens. Il faut aider les parties à assumer le risque de la paix, les encourager à renouer le dialogue. La France et l'Union européenne qui ont un intérêt fondamental à la stabilité et à la prospérité de cette région ont vocation à prendre toute leur part dans la recherche de la paix au Proche-Orient. J'ai fait part au président Moubarak ainsi qu'au Premier ministre M. Sharon et à M. Pérès de la détermination du président de la République à mettre toute l'influence de la France au service de cet objectif.
Cette action doit s'appuyer sur le très large consensus qui s'exprime au sein de la communauté internationale sur le point d'aboutissement souhaitable d'un tel processus : la création au côté de l'Etat d'Israël reconnu par tous et pleinement intégré dans son environnement régional, d'un Etat palestinien viable et démocratique sur la base de la frontière de 1967. C'est ce que l'Union européenne vient de rappeler à l'occasion du Sommet de Séville. Nous restons convaincus pour notre part que l'idée de conférence internationale est à ce jour le meilleur moyen de progresser dans cette voie. Cette conférence devrait déboucher sur une véritable relance des négociations, sur l'ensemble des volets, qu'il s'agisse du volet israélo-palestinien, israélo-syrien et aussi israélo-libanais. Cette conférence devra faire évidemment l'objet d'un très grand soin dans sa préparation, avec des termes de référence et un calendrier très précis.
Q - Le président Bush a annoncé sa vision d'une nouvelle direction palestinienne et il a ajouté d'ailleurs que ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Etes-vous convaincus en Europe du bien-fondé de cette demande d'une nouvelle direction palestinienne ?
R - Il y a un principe qui s'impose à tous. Ce principe, c'est celui de l'élection. Et il est très important dans la situation dramatique de la région, que l'on s'appuie sur le respect de ce principe fort. Les Palestiniens, le peuple palestinien, se sont dotés d'une autorité palestinienne élue. Cette autorité palestinienne a affirmé son souhait d'engager des réformes, de se présenter à des élections. Il faut préparer ces élections, appuyer cette volonté, encourager ce mouvement, faire en sorte que le peuple palestinien puisse s'exprimer et respecter ce choix.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2002)