Texte intégral
C'est un très grand honneur de vous recevoir ce soir au Palais des Affaires étrangères, à l'occasion de votre seconde visite officielle en France. Je suis heureux d'accueillir le président de la Lettonie, pays ami de la France, Etat fier et courageux.
Monsieur le Président,
La France s'enorgueillit de n'avoir jamais cessé de reconnaître l'indépendance de votre pays, aux heures les plus sombres de son histoire.
Cette indépendance recouvrée, c'est encore la France qui fût l'une des premières à la saluer.
Cela a créé entre nous des liens profonds et inaltérables. Aussi sommes-nous particulièrement heureux de constater que la Lettonie a su se montrer tout aussi courageuse dans l'adversité, que déterminée dans sa reconstruction.
C'est parce qu'elle a su s'engager avec détermination sur cette voie qu'aujourd'hui, six ans après, - à peine plus qu'un "plan quinquennal" - la Lettonie est en train de réussir le pari de sa transformation en un Etat européen moderne et démocratique.
Proches, nos deux pays l'ont été d'abord par l'Histoire.
Faut-il rappeler que nos relations communes remontent au traité de commerce et d'amitié conclu en 1643 entre le Royaume de France et ce qui était alors le grand Duché de Courlande ? Que, plus récemment, au temps des luttes armées de la Lettonie pour son indépendance, l'appui de la France s'est traduit dès 1918 par l'envoi d'une mission militaire française en Lettonie ? Que la participation de l'escadre commandée par le lieutenant de vaisseau Brisson à la libération de Riga en 1919 a été un des événements qui ont conduit à l'indépendance lettone ?
Ces liens nés de l'Histoire se sont vus étoffés ensuite par des relations de coopération multiformes.
Cela a été vrai en particulier dans le domaine des arts et de la culture. Paris a reçu la visite de nombreux artistes et intellectuels lettons. Certains y ont travaillé de nombreuses années. Je citerai à titre d'exemple les peintres Rudolfs Pinnis, Romans Suta, ou le sculpteur Meldéris qui fut familier de Le Corbusier. Le rapprochement de nos deux cultures avait alors été favorisé par la place de choix que tenaient la langue et la culture françaises en Lettonie. Aussi, sommes-nous heureux de constater le renouveau de l'intérêt porté en Lettonie à la langue française par un public de plus en plus nombreux.
La proximité entre nos deux pays se traduit aussi par notre appartenance commune à l'Europe.
Point de passage entre l'Ouest et l'Est, la Lettonie a payé un lourd tribut à l'Histoire. Elle n'a cessé d'être l'enjeu de rivalités et des ambitions de puissances. Elle est aujourd'hui au coeur de débats concernant l'élargissement de l'Union européenne et celui de l'Alliance atlantique. La France comprend ces légitimes aspirations à se rapprocher des deux organisations. Car il ne faut aucun doute que la Lettonie ait une vocation européenne.
Votre pays, après avoir été artificiellement séparé du reste de l'Europe pendant des décennies, s'est peu à peu rapproché des structures européennes : il a été accueilli au Conseil de l'Europe ; il est associé partenaire de l'Union de l'Europe occidentale ; il a vocation à devenir membre à part entière de l'Union européenne.
La Lettonie peut compter sur l'aide déterminée de la France. L'élargissement de l'Union européenne nous offre en effet, à nous, vieilles nations européennes, une chance historique : réaliser le vieux rêve de l'unification politique du continent européen ; le rassemblement dans un ensemble aux valeurs communes et dotés d'une véritable solidarité politique, des peuples de la Grande Europe. Pour que cet élargissement puisse réussir il faut une vrai réforme approfondissant l'Union et rénovant ses mécanismes. C'est tout l'enjeu de la Conférence ntergouvernementale. A l'issue de la CIG, tous les pays candidats devraient bénéficier d'une égalité de traitement ; les négociations devraient être menées au rythme de chacun et l'adhésion décidée sur le base des critères de Copenhague. La Conférence européenne, d'initiative française a été conçue pour accueillir tous les candidats, la Lettonie y a sa
place.
La Lettonie aspire également à rejoindre l'OTAN. La France souhaite que l'Alliance atlantique affirme très clairement au Sommet de Madrid que l'élargissement est un processus évolutif qui ne s'arrêtera pas avec les premières adhésions qui seront décidées. Nous souhaitons également que l'OTAN développe un partenariat renforcé et spécifique avec ceux des candidats qui ne seraient pas invités à négocier leur adhésion à l'issue du Sommet de Madrid.
Certes, ces deux processus d'adhésion à l'Union et à l'OTAN répondent à des critères et à des objectifs distincts. Ils n'en participent pas moins l'un et l'autre du même mouvement de reconstitution de la famille européenne, trop longtemps divisée après la Seconde guerre mondiale.
De cette famille européenne, la Lettonie a déjà démontré qu'elle faisait partie par son souci de promouvoir les relations de bon voisinage, conformes aux usages européens. Je tiens tout particulièrement à saluer le rôle courageux que vous avez joué, Monsieur le Président, en 1994, pour la ratification des accords entre la Lettonie et la Russie sur le retrait des troupes russes, puis pour obtenir la modification de la loi de citoyenneté dans un sens conforme aux normes internationales. Je suis convaincu, Monsieur le Président, que, grâce à la constance de votre engagement, comme grâce à la maturité politique du peuple letton, la voie de l'intégration des populations russophones dans la société lettone sera poursuivie et couronnée de succès.
Monsieur le Président,
Votre visite témoigne de notre volonté commune de resserrer nos relations bilatérales, dans tous les domaines. Nous ne ménageons pas nos efforts en vue de faire progresser nos échanges économiques. Leur développement n'est-il pas un moyen de favoriser les réformes engagées courageusement par votre pays ? En incitant nos entreprises à investir en Lettonie, nous témoignons de notre confiance dans votre pays et dans son avenir européen.
Monsieur le Président,
En levant mon verre, je souhaite plein de succès au développement de nos relations mutuelles et à une Lettonie qui, en s'intégrant dans l'architecture européenne qui se bâtit actuellement, retrouvera toute sa place dans une Europe dont séparée elle n'a cessé de faire partie.
Je vous incite, chers amis, à lever votre verre avec moi à la Lettonie !
A sa prospérité !
A son Président et Madame Ulmanis !
A l'amitié entre nos deux pays au sein d'une Europe retrouvée, pacifique et
prospère !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2001)
Monsieur le Président,
La France s'enorgueillit de n'avoir jamais cessé de reconnaître l'indépendance de votre pays, aux heures les plus sombres de son histoire.
Cette indépendance recouvrée, c'est encore la France qui fût l'une des premières à la saluer.
Cela a créé entre nous des liens profonds et inaltérables. Aussi sommes-nous particulièrement heureux de constater que la Lettonie a su se montrer tout aussi courageuse dans l'adversité, que déterminée dans sa reconstruction.
C'est parce qu'elle a su s'engager avec détermination sur cette voie qu'aujourd'hui, six ans après, - à peine plus qu'un "plan quinquennal" - la Lettonie est en train de réussir le pari de sa transformation en un Etat européen moderne et démocratique.
Proches, nos deux pays l'ont été d'abord par l'Histoire.
Faut-il rappeler que nos relations communes remontent au traité de commerce et d'amitié conclu en 1643 entre le Royaume de France et ce qui était alors le grand Duché de Courlande ? Que, plus récemment, au temps des luttes armées de la Lettonie pour son indépendance, l'appui de la France s'est traduit dès 1918 par l'envoi d'une mission militaire française en Lettonie ? Que la participation de l'escadre commandée par le lieutenant de vaisseau Brisson à la libération de Riga en 1919 a été un des événements qui ont conduit à l'indépendance lettone ?
Ces liens nés de l'Histoire se sont vus étoffés ensuite par des relations de coopération multiformes.
Cela a été vrai en particulier dans le domaine des arts et de la culture. Paris a reçu la visite de nombreux artistes et intellectuels lettons. Certains y ont travaillé de nombreuses années. Je citerai à titre d'exemple les peintres Rudolfs Pinnis, Romans Suta, ou le sculpteur Meldéris qui fut familier de Le Corbusier. Le rapprochement de nos deux cultures avait alors été favorisé par la place de choix que tenaient la langue et la culture françaises en Lettonie. Aussi, sommes-nous heureux de constater le renouveau de l'intérêt porté en Lettonie à la langue française par un public de plus en plus nombreux.
La proximité entre nos deux pays se traduit aussi par notre appartenance commune à l'Europe.
Point de passage entre l'Ouest et l'Est, la Lettonie a payé un lourd tribut à l'Histoire. Elle n'a cessé d'être l'enjeu de rivalités et des ambitions de puissances. Elle est aujourd'hui au coeur de débats concernant l'élargissement de l'Union européenne et celui de l'Alliance atlantique. La France comprend ces légitimes aspirations à se rapprocher des deux organisations. Car il ne faut aucun doute que la Lettonie ait une vocation européenne.
Votre pays, après avoir été artificiellement séparé du reste de l'Europe pendant des décennies, s'est peu à peu rapproché des structures européennes : il a été accueilli au Conseil de l'Europe ; il est associé partenaire de l'Union de l'Europe occidentale ; il a vocation à devenir membre à part entière de l'Union européenne.
La Lettonie peut compter sur l'aide déterminée de la France. L'élargissement de l'Union européenne nous offre en effet, à nous, vieilles nations européennes, une chance historique : réaliser le vieux rêve de l'unification politique du continent européen ; le rassemblement dans un ensemble aux valeurs communes et dotés d'une véritable solidarité politique, des peuples de la Grande Europe. Pour que cet élargissement puisse réussir il faut une vrai réforme approfondissant l'Union et rénovant ses mécanismes. C'est tout l'enjeu de la Conférence ntergouvernementale. A l'issue de la CIG, tous les pays candidats devraient bénéficier d'une égalité de traitement ; les négociations devraient être menées au rythme de chacun et l'adhésion décidée sur le base des critères de Copenhague. La Conférence européenne, d'initiative française a été conçue pour accueillir tous les candidats, la Lettonie y a sa
place.
La Lettonie aspire également à rejoindre l'OTAN. La France souhaite que l'Alliance atlantique affirme très clairement au Sommet de Madrid que l'élargissement est un processus évolutif qui ne s'arrêtera pas avec les premières adhésions qui seront décidées. Nous souhaitons également que l'OTAN développe un partenariat renforcé et spécifique avec ceux des candidats qui ne seraient pas invités à négocier leur adhésion à l'issue du Sommet de Madrid.
Certes, ces deux processus d'adhésion à l'Union et à l'OTAN répondent à des critères et à des objectifs distincts. Ils n'en participent pas moins l'un et l'autre du même mouvement de reconstitution de la famille européenne, trop longtemps divisée après la Seconde guerre mondiale.
De cette famille européenne, la Lettonie a déjà démontré qu'elle faisait partie par son souci de promouvoir les relations de bon voisinage, conformes aux usages européens. Je tiens tout particulièrement à saluer le rôle courageux que vous avez joué, Monsieur le Président, en 1994, pour la ratification des accords entre la Lettonie et la Russie sur le retrait des troupes russes, puis pour obtenir la modification de la loi de citoyenneté dans un sens conforme aux normes internationales. Je suis convaincu, Monsieur le Président, que, grâce à la constance de votre engagement, comme grâce à la maturité politique du peuple letton, la voie de l'intégration des populations russophones dans la société lettone sera poursuivie et couronnée de succès.
Monsieur le Président,
Votre visite témoigne de notre volonté commune de resserrer nos relations bilatérales, dans tous les domaines. Nous ne ménageons pas nos efforts en vue de faire progresser nos échanges économiques. Leur développement n'est-il pas un moyen de favoriser les réformes engagées courageusement par votre pays ? En incitant nos entreprises à investir en Lettonie, nous témoignons de notre confiance dans votre pays et dans son avenir européen.
Monsieur le Président,
En levant mon verre, je souhaite plein de succès au développement de nos relations mutuelles et à une Lettonie qui, en s'intégrant dans l'architecture européenne qui se bâtit actuellement, retrouvera toute sa place dans une Europe dont séparée elle n'a cessé de faire partie.
Je vous incite, chers amis, à lever votre verre avec moi à la Lettonie !
A sa prospérité !
A son Président et Madame Ulmanis !
A l'amitié entre nos deux pays au sein d'une Europe retrouvée, pacifique et
prospère !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2001)