Texte intégral
R. Sicard.- Vous êtes avec nous, ce matin, pour nous parler d'un problème assez méconnu mais dont les chiffres sont terrifiants : la maltraitance des personnes âgées. Je disais que les chiffres sont impressionnants : on sait par exemple que 15% des 75 ans, on sait aussi que 200 000 personnes sont logées dans des conditions indignes dans les maisons de retraite. Comment en est-on arrivé là ?
- "C'est le problème général du vieillissement qui n'a pas été anticipé et accompagné. Effectivement, la maltraitance est un sujet essentiel pour les personnes âgées, un sujet tabou. Effectivement, on parle peu de ces problèmes de maltraitance qui touchent les personnes âgées. Mais que serait une société qui ne protège pas ses enfants - c'est une priorité - mais qui ne protège pas non plus ses personnes âgées, ceux qui, tout simplement, nous ont donné la vie ? Il y a plusieurs sortes de maltraitances aujourd'hui : la maltraitance physique - les coups et tout ce qui s'ensuit -, la maltraitance financière - le détournement de patrimoine d'une personne âgée, le détournement d'une pension de retraite -, la maltraitance médicamenteuse - charger de médicaments une personne âgée pour essayer d'avoir tout simplement la tranquillité."
On parlait du problème des maisons de retraite, mais ce que vous dites est important, car on s'aperçoit aussi que la plupart des cas de maltraitance, ce n'est pas à l'extérieur, c'est au sein même de la famille que cela se produit.
- "Oui. 65% des cas de maltraitance sont produits à domicile, c'est-à-dire lorsque la personne est hors d'un établissement. Et, aujourd'hui, nous avons pris conscience de ce problème. On souhaite en faire une véritable cause nationale, à travers un comité de vigilance que nous allons mettre en place dès le 19 novembre, qui va rassembler l'ensemble des acteurs concernés par le problème des personnes âgées : des médecins, des associations, tous ceux qui encadrent cette politique des personnes âgées. Et nous mettons en place ce comité pour prévenir [la maltraitance]. Ce n'est pas une structure de plus qu'on empilera sur une structure, ce n'est pas un rapport de plus qu'on fera après d'autres rapports. Nous allons, d'une manière pragmatique, essayer de nous attaquer, nationalement, à ce terrible fléau qui est la maltraitance des personnes âgées."
Concrètement, qu'allez-vous faire ? Parce qu'on sait que les moyens qui sont mis à la disposition, pour contrôler notamment, sont très faibles - on manque d'inspecteurs - et on sait que les maisons de retraite sont très peu surveillées.
- "Je crois que l'Etat, qu'il soit de droite ou de gauche, jusqu'à présent, n'a jamais pris à sa juste mesure le problème du vieillissement. [Il y a] Treize millions de seniors aujourd'hui, un Français sur trois dans quinze ans : il est temps de mettre en place de véritables politiques publiques."
Concrètement, qu'allez vous faire pour empêcher ça ?
- " Sur la maltraitance, le comité national de vigilance qui, dès le 19 novembre, se mettra au travail..."
...Mais sur le terrain, est-ce qu'il y aura plus de moyens, plus d'inspecteurs ?
- "C'est sur le terrain qu'il va se mettre au travail, c'est d'une manière pragmatique, c'est dans les 10 000 établissements publics et privés, c'est à domicile. Ce comité devra nous faire des propositions et nous allons, en fonction des propositions qui seront faites par ce comité national de vigilance, prendre les mesures qui s'imposent. Et parfois, pourquoi pas, des mesures législatives."
Est-ce que cela veut dire que vous allez pouvoir débloquer des crédits, que les maisons de retraite seront inspectées plus d'une fois tous les cinq ans ?
- "Le droit à la dignité de nos personnes âgées a un coût. Le droit à la dignité, le droit à l'activité de nos personnes âgées a un coût. Il n'y a rien de plus terrible que d'envisager cette barrière des soixante-cinq ans et de penser que, passé cette barrière, par exemple, un chef d'entreprise a perdu ses compétences, son expérience. Dans le domaine culturel, est-ce qu'un acteur, est-ce qu'un artiste ne sait plus peindre parce qu'il a passé cette barrière des soixante-cinq ans ? Est-ce qu'un musicien ne joue plus parce qu'il a passé cette barrière des soixante-cinq ans ? Il y a toute une politique inter-générations à mettre en place. Si on ne veut pas accroître, dans notre pays, le clivage entre les jeunes et les vieux, il faut qu'on réapprenne aux jeunes et aux vieux à se comprendre, à se parler. Et c'est cette unité que je souhaiterais créer à travers une véritable politique inter-générations, au-delà de notre priorité première qui est la dépendance, c'est-à-dire se préoccuper des personnes âgées qui souffrent."
Vous disiez tout à l'heure qu'on vieillit de plus en plus en France, mais il faudrait aussi vieillir de mieux en mieux. Est-ce que des choses vont être faites pour que le vieillissement soit un vieillissement de qualité ?
- "On vieillit de plus en plus et c'est bien ; les progrès de la médecine expliquent ce phénomène. On souhaite vivre le plus longtemps possible mais on ne souhaite pas vieillir. Il est là le paradoxe de la société aujourd'hui. Et de mieux en mieux, c'est mettre en place une politique au niveau de la dépendance, accompagner le vieillissement par une politique inter-générations, se préoccuper des maladies - l'Alzheimer, le cancer, dans les dix ans à venir, [c'est] 400 000 personnes touchées par ce véritable fléau, aujourd'hui 100 000 malades de plus par an et 30% de cas dépistés, 10% de cas soignés et surtout aucune mesure d'accompagnement des familles. Lorsqu'une famille est touchée par ce fléau, elle vit des moments terribles. On va essayer de créer des structures d'accueil. On en crée 2 000 sur le plan de financement de la Sécurité sociale, qui est actuellement en discussion au Parlement, des structures légères qui vont permettre, bien sûr, au malade de se retrouver dans un milieu où il sera soigné. Donc, vous voyez que, avec de la dépendance, avec la modernisation des établissements, avec la mise en place de cette politique inter-générations, avec la lutte contre la maltraitance, nous nous préoccupons des personnes âgées aujourd'hui, à travers une politique publique qui se veut volontariste."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 octobre 2002)
- "C'est le problème général du vieillissement qui n'a pas été anticipé et accompagné. Effectivement, la maltraitance est un sujet essentiel pour les personnes âgées, un sujet tabou. Effectivement, on parle peu de ces problèmes de maltraitance qui touchent les personnes âgées. Mais que serait une société qui ne protège pas ses enfants - c'est une priorité - mais qui ne protège pas non plus ses personnes âgées, ceux qui, tout simplement, nous ont donné la vie ? Il y a plusieurs sortes de maltraitances aujourd'hui : la maltraitance physique - les coups et tout ce qui s'ensuit -, la maltraitance financière - le détournement de patrimoine d'une personne âgée, le détournement d'une pension de retraite -, la maltraitance médicamenteuse - charger de médicaments une personne âgée pour essayer d'avoir tout simplement la tranquillité."
On parlait du problème des maisons de retraite, mais ce que vous dites est important, car on s'aperçoit aussi que la plupart des cas de maltraitance, ce n'est pas à l'extérieur, c'est au sein même de la famille que cela se produit.
- "Oui. 65% des cas de maltraitance sont produits à domicile, c'est-à-dire lorsque la personne est hors d'un établissement. Et, aujourd'hui, nous avons pris conscience de ce problème. On souhaite en faire une véritable cause nationale, à travers un comité de vigilance que nous allons mettre en place dès le 19 novembre, qui va rassembler l'ensemble des acteurs concernés par le problème des personnes âgées : des médecins, des associations, tous ceux qui encadrent cette politique des personnes âgées. Et nous mettons en place ce comité pour prévenir [la maltraitance]. Ce n'est pas une structure de plus qu'on empilera sur une structure, ce n'est pas un rapport de plus qu'on fera après d'autres rapports. Nous allons, d'une manière pragmatique, essayer de nous attaquer, nationalement, à ce terrible fléau qui est la maltraitance des personnes âgées."
Concrètement, qu'allez-vous faire ? Parce qu'on sait que les moyens qui sont mis à la disposition, pour contrôler notamment, sont très faibles - on manque d'inspecteurs - et on sait que les maisons de retraite sont très peu surveillées.
- "Je crois que l'Etat, qu'il soit de droite ou de gauche, jusqu'à présent, n'a jamais pris à sa juste mesure le problème du vieillissement. [Il y a] Treize millions de seniors aujourd'hui, un Français sur trois dans quinze ans : il est temps de mettre en place de véritables politiques publiques."
Concrètement, qu'allez vous faire pour empêcher ça ?
- " Sur la maltraitance, le comité national de vigilance qui, dès le 19 novembre, se mettra au travail..."
...Mais sur le terrain, est-ce qu'il y aura plus de moyens, plus d'inspecteurs ?
- "C'est sur le terrain qu'il va se mettre au travail, c'est d'une manière pragmatique, c'est dans les 10 000 établissements publics et privés, c'est à domicile. Ce comité devra nous faire des propositions et nous allons, en fonction des propositions qui seront faites par ce comité national de vigilance, prendre les mesures qui s'imposent. Et parfois, pourquoi pas, des mesures législatives."
Est-ce que cela veut dire que vous allez pouvoir débloquer des crédits, que les maisons de retraite seront inspectées plus d'une fois tous les cinq ans ?
- "Le droit à la dignité de nos personnes âgées a un coût. Le droit à la dignité, le droit à l'activité de nos personnes âgées a un coût. Il n'y a rien de plus terrible que d'envisager cette barrière des soixante-cinq ans et de penser que, passé cette barrière, par exemple, un chef d'entreprise a perdu ses compétences, son expérience. Dans le domaine culturel, est-ce qu'un acteur, est-ce qu'un artiste ne sait plus peindre parce qu'il a passé cette barrière des soixante-cinq ans ? Est-ce qu'un musicien ne joue plus parce qu'il a passé cette barrière des soixante-cinq ans ? Il y a toute une politique inter-générations à mettre en place. Si on ne veut pas accroître, dans notre pays, le clivage entre les jeunes et les vieux, il faut qu'on réapprenne aux jeunes et aux vieux à se comprendre, à se parler. Et c'est cette unité que je souhaiterais créer à travers une véritable politique inter-générations, au-delà de notre priorité première qui est la dépendance, c'est-à-dire se préoccuper des personnes âgées qui souffrent."
Vous disiez tout à l'heure qu'on vieillit de plus en plus en France, mais il faudrait aussi vieillir de mieux en mieux. Est-ce que des choses vont être faites pour que le vieillissement soit un vieillissement de qualité ?
- "On vieillit de plus en plus et c'est bien ; les progrès de la médecine expliquent ce phénomène. On souhaite vivre le plus longtemps possible mais on ne souhaite pas vieillir. Il est là le paradoxe de la société aujourd'hui. Et de mieux en mieux, c'est mettre en place une politique au niveau de la dépendance, accompagner le vieillissement par une politique inter-générations, se préoccuper des maladies - l'Alzheimer, le cancer, dans les dix ans à venir, [c'est] 400 000 personnes touchées par ce véritable fléau, aujourd'hui 100 000 malades de plus par an et 30% de cas dépistés, 10% de cas soignés et surtout aucune mesure d'accompagnement des familles. Lorsqu'une famille est touchée par ce fléau, elle vit des moments terribles. On va essayer de créer des structures d'accueil. On en crée 2 000 sur le plan de financement de la Sécurité sociale, qui est actuellement en discussion au Parlement, des structures légères qui vont permettre, bien sûr, au malade de se retrouver dans un milieu où il sera soigné. Donc, vous voyez que, avec de la dépendance, avec la modernisation des établissements, avec la mise en place de cette politique inter-générations, avec la lutte contre la maltraitance, nous nous préoccupons des personnes âgées aujourd'hui, à travers une politique publique qui se veut volontariste."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 octobre 2002)