Texte intégral
Altesse,
Madame le Ministre,
Monsieur le Ministre
Monsieur le Gouverneur,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Je suis honoré d'être aujourd'hui le témoin privilégié de la réception par les autorités khmères, conduites par son Altesse Royale Samdech Preah Ream Norodom Bopha Devi, ministre de la culture du gouvernement royal du Cambodge, d'un chantier de restauration monumentale mené à bien par une équipe française.
D'abord, parce que le site de cette restauration est exceptionnel et que le perron nord de la Terrasse des Eléphants redevient ainsi l'un des ornements de l'ensemble architectural extraordinaire de la place royale qui forme le coeur de l'ancienne capitale d'Angkor Thom.
La richesse, l'invention, la maîtrise artistique déployées par les constructeurs de cet édifice font rêver à la splendeur inouïe des bâtiments légers auxquels il servait de soubassement, à la sophistication des jeux qui se donnaient ici ainsi qu'au raffinement des princes qui l'ont fait élever.
Les travaux de restauration, qu'a coordonnés M. Christophe Pottier, jeune membre de l'école française d'Extrême-Orient, ont fait apparaître que ce monument avait subi au moins quatre remaniements complets entre le treizième et le seizième siècles.
On comprend ainsi qu'un édifice, auquel les souverains d'Angkor attachaient tant d'importance qu'ils l'ont, plus que tout autre, repris, augmenté, redécoré, chacun voulant y laisser la marque de son règne, méritait qu'on s'efforçât de le restaurer avec le plus grand soin. On devine également combien a dû être complexe la restauration d'un monument si souvent remanié, que l'on retrouve des éléments des états antérieurs utilisés de manière différente à chaque étape de son histoire.
Enfin, au delà du succès de ces travaux, j'apprécie de retrouver à l'oeuvre, dans un paysage qui lui est familier, l'école française d'Extrême-Orient. Dans le cadre général de la coopération française, elle tient une place éminente dont le Cambodge utilise et cela lui fait honneur, l'immense expertise scientifique.
Je sais l'attachement personnel de sa majesté le Roi Sihanouk à cette institution dont elle est le membre d'honneur le plus illustre et je sais, Madame la Ministre, la confiance que vous faites à l'EFEO pour la conduite de tous les travaux qu'elle a entrepris dans votre pays.
Le succès de M. Pottier ici, la maîtrise de M. Pascal Royere sur un chantier voisin de restauration, celui du Bapuan, considérable lui-aussi, les travaux conduits pour établir une "carte archéologique du Cambodge" et ceux qui sont menés dans le domaine de la conservation des manuscrits et des études philologiques, attestent de la vitalité de cette école et prouvent que l'ardeur actuelle de ses membres ne cède en rien à celle des grands anciens qui ont fait la réputation de l'EFEO au Cambodge et dans toute l'Asie.
La mission de l'école française d'Extrême-Orient à Angkor, comme ailleurs, ne serait pourtant pas complète si les travaux à la fois techniques et scientifiques qu'elle conduit n'offraient à de jeunes experts cambodgiens les moyens d'une formation pratique.
Je me félicite, Madame la Ministre, que le souci de cette formation du plus grand nombre possible de vos jeunes compatriotes ait été, en bonne intelligence avec les autorités universitaires du Cambodge, toujours placé au coeur des préoccupations du Directeur de l'EFEO et de notre Ambassade à Phnom Penh. Je me réjouis, à cet égard, du départ cette année pour la France de deux archéologues, M. Kim Sothin et Mlle Tyia Pisey, qui vont parfaire, dans un contexte diffèrent, l'apprentissage de leur spécialité après avoir donné auprès de leur collègues de l'EFEO à Angkor les preuves de leurs aptitudes.
Au demeurant, la formation professionnelle de jeunes diplômés n'est pas la seule que dispense l'EFEO : la qualification de plus en plus spécialisée des ouvriers, la formation des techniciens de chantiers, celle des topographes ou des dessinateurs doivent être considérées comme l'un de ses plus grands accomplissements et l'une des conditions durables de la réussite des travaux.
La restauration du perron nord de la célèbre Terrasse des Eléphants est achevée : voilà qu'ils saisissent à nouveau avec leur trompe des brassées de lotus et les danseurs se mêlent aux chevaux pentacéphales dans une sarabande si vivante que la pierre y semble en mouvement.
Mais il faudra encore approfondir de longues recherches pour interpréter l'énigme de cette scène. Puissions-nous, madame la ministre, faire cette recherche ensemble !
La France en tout cas, est fière d'être à vos côtés dans cette oeuvre de valorisation et je m'emploierai personnellement à faire agréer prochainement par nos instances un projet d'investissement qui puisse dans toutes les prochaines années amplifier nos efforts communs pour Angkor, autour de la restauration du Bapuan, de la maîtrise d'ouvrage générale pour la mise en valeur du site, enfin, autour du renforcement de la lutte contre le trafic d'objets d'art Khmer. Ce projet devrait témoigner de notre volonté commune au service d'un patrimoine incomparable.
En 1997, Paris tombait une fois encore sous le charme de la statuaire et de l'art khmers. Fruit d'une coopération étroite entre nos gouvernements, cette exposition prestigieuse, abritée par le Grand palais, donnait du Cambodge une image illustre. Nous la devons aussi à tous ceux qui travaillent ensemble, ici, à Angkor. Je les remercie du fond du coeur pour une renaissance qui, j'en suis sûr, est leur première récompense.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 1999)
Madame le Ministre,
Monsieur le Ministre
Monsieur le Gouverneur,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Je suis honoré d'être aujourd'hui le témoin privilégié de la réception par les autorités khmères, conduites par son Altesse Royale Samdech Preah Ream Norodom Bopha Devi, ministre de la culture du gouvernement royal du Cambodge, d'un chantier de restauration monumentale mené à bien par une équipe française.
D'abord, parce que le site de cette restauration est exceptionnel et que le perron nord de la Terrasse des Eléphants redevient ainsi l'un des ornements de l'ensemble architectural extraordinaire de la place royale qui forme le coeur de l'ancienne capitale d'Angkor Thom.
La richesse, l'invention, la maîtrise artistique déployées par les constructeurs de cet édifice font rêver à la splendeur inouïe des bâtiments légers auxquels il servait de soubassement, à la sophistication des jeux qui se donnaient ici ainsi qu'au raffinement des princes qui l'ont fait élever.
Les travaux de restauration, qu'a coordonnés M. Christophe Pottier, jeune membre de l'école française d'Extrême-Orient, ont fait apparaître que ce monument avait subi au moins quatre remaniements complets entre le treizième et le seizième siècles.
On comprend ainsi qu'un édifice, auquel les souverains d'Angkor attachaient tant d'importance qu'ils l'ont, plus que tout autre, repris, augmenté, redécoré, chacun voulant y laisser la marque de son règne, méritait qu'on s'efforçât de le restaurer avec le plus grand soin. On devine également combien a dû être complexe la restauration d'un monument si souvent remanié, que l'on retrouve des éléments des états antérieurs utilisés de manière différente à chaque étape de son histoire.
Enfin, au delà du succès de ces travaux, j'apprécie de retrouver à l'oeuvre, dans un paysage qui lui est familier, l'école française d'Extrême-Orient. Dans le cadre général de la coopération française, elle tient une place éminente dont le Cambodge utilise et cela lui fait honneur, l'immense expertise scientifique.
Je sais l'attachement personnel de sa majesté le Roi Sihanouk à cette institution dont elle est le membre d'honneur le plus illustre et je sais, Madame la Ministre, la confiance que vous faites à l'EFEO pour la conduite de tous les travaux qu'elle a entrepris dans votre pays.
Le succès de M. Pottier ici, la maîtrise de M. Pascal Royere sur un chantier voisin de restauration, celui du Bapuan, considérable lui-aussi, les travaux conduits pour établir une "carte archéologique du Cambodge" et ceux qui sont menés dans le domaine de la conservation des manuscrits et des études philologiques, attestent de la vitalité de cette école et prouvent que l'ardeur actuelle de ses membres ne cède en rien à celle des grands anciens qui ont fait la réputation de l'EFEO au Cambodge et dans toute l'Asie.
La mission de l'école française d'Extrême-Orient à Angkor, comme ailleurs, ne serait pourtant pas complète si les travaux à la fois techniques et scientifiques qu'elle conduit n'offraient à de jeunes experts cambodgiens les moyens d'une formation pratique.
Je me félicite, Madame la Ministre, que le souci de cette formation du plus grand nombre possible de vos jeunes compatriotes ait été, en bonne intelligence avec les autorités universitaires du Cambodge, toujours placé au coeur des préoccupations du Directeur de l'EFEO et de notre Ambassade à Phnom Penh. Je me réjouis, à cet égard, du départ cette année pour la France de deux archéologues, M. Kim Sothin et Mlle Tyia Pisey, qui vont parfaire, dans un contexte diffèrent, l'apprentissage de leur spécialité après avoir donné auprès de leur collègues de l'EFEO à Angkor les preuves de leurs aptitudes.
Au demeurant, la formation professionnelle de jeunes diplômés n'est pas la seule que dispense l'EFEO : la qualification de plus en plus spécialisée des ouvriers, la formation des techniciens de chantiers, celle des topographes ou des dessinateurs doivent être considérées comme l'un de ses plus grands accomplissements et l'une des conditions durables de la réussite des travaux.
La restauration du perron nord de la célèbre Terrasse des Eléphants est achevée : voilà qu'ils saisissent à nouveau avec leur trompe des brassées de lotus et les danseurs se mêlent aux chevaux pentacéphales dans une sarabande si vivante que la pierre y semble en mouvement.
Mais il faudra encore approfondir de longues recherches pour interpréter l'énigme de cette scène. Puissions-nous, madame la ministre, faire cette recherche ensemble !
La France en tout cas, est fière d'être à vos côtés dans cette oeuvre de valorisation et je m'emploierai personnellement à faire agréer prochainement par nos instances un projet d'investissement qui puisse dans toutes les prochaines années amplifier nos efforts communs pour Angkor, autour de la restauration du Bapuan, de la maîtrise d'ouvrage générale pour la mise en valeur du site, enfin, autour du renforcement de la lutte contre le trafic d'objets d'art Khmer. Ce projet devrait témoigner de notre volonté commune au service d'un patrimoine incomparable.
En 1997, Paris tombait une fois encore sous le charme de la statuaire et de l'art khmers. Fruit d'une coopération étroite entre nos gouvernements, cette exposition prestigieuse, abritée par le Grand palais, donnait du Cambodge une image illustre. Nous la devons aussi à tous ceux qui travaillent ensemble, ici, à Angkor. Je les remercie du fond du coeur pour une renaissance qui, j'en suis sûr, est leur première récompense.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 1999)