Texte intégral
Entretien à la voix du Nord du 16 novembre 2002
-- La Voix du Nord : Un récent rapport a décrit des armées ayant moins de la moitié de leurs équipements en état de marche. Combien de temps faudra-t-il pour revenir à la normale ?
Mme Alliot-Marie : Après cinq ans d'insuffisance du budget de la Défense - 20 % de crédits en moins par rapport à la loi de programmation militaire 1997-2002 -, la disponibilité des matériels est effectivement tombée à 50 % parfois moins, pour les avions, les hélicoptères, les chars, les navires. La priorité donnée dès mon arrivée au ministère à la maintenance m'a permis d'obtenir, cet été, dans le collectif budgétaire 100 millions d' pour les opérations les plus urgentes. C'était une première puisqu'il n'y a jamais de crédits d'investissements dans une loi de finances rectificative. L'opérationnalité de nos matériels demeure une priorité dans la loi de programmation 2003-2008 et dans le budget de la défense pour 2003, qui prévoit plus de 2,6 milliards d' à cet effet. Ce rétablissement ne se fera pas du jour au lendemain, mais je pense que nous serons revenus dans un an à un niveau normal entre 70 et 80 %.
Compte tenu de cette situation, la France peut-elle vraiment prétendre jouer un rôle moteur de l'Europe de la Défense ?
Malgré ce problème, nos personnels, grâce à leur compétence, ont su tenir totalement leur rang. En Afghanistan, mais aussi au Kosovo ou en Bosnie, l'interopérabilité avec les forces américaines a été parfaitement réalisée.
N'oubliez pas qu'en dehors des avions américains, seuls des avions français ont effectué des frappes en Afghanistan avec une précision saluée par le président Bush lui-même. De la même façon, le Charles-de-Gaulle est considéré comme un modèle y compris par les Américains. Il a pu tenir sept mois et demi en mer alors que les autres porte-avions ont dû être renouvelés trois fois.
Cela plaide pour que son double soit aussi à propulsion nucléaire ?
Pas forcément. Ce deuxième porte-avions aura pour finalité d'assurer la permanence à la mer pendant les très longues périodes de révision du Charles-de-Gaulle, qui subira dans une dizaine d'années une immobilisation de deux ans et demi. Il n'y a pas un besoin absolu d'avoir le même modèle pour maintenir une présence aéronavale. Dès que la loi de programmation sera votée, je constituerai un groupe de travail chargé d'étudier tous les éléments financiers et techniques, notamment les différents modes de propulsion.
La marine n'est-elle pas la grande gagnante de la loi de programmation ?
Toutes les armées ont été traitées très équitablement. Cette loi représente une augmentation de 5,5 milliards d' par rapport à la précédente. Contrairement à ce que l'on pense, le porte-avions ne sera pas la dépense la plus lourde. Les commandes de Rafale pour l'armée de l'air coûteront plus cher.
Comment allez-vous relancer la construction d'une défense européenne ?
C'est vrai qu'il y a eu, ces dernières années, chez nos partenaires le sentiment que la France ne s'engageait pas vraiment dans la construction de cette Europe de la défense. Depuis que ce gouvernement, suivant les instructions du président de la République, a décidé cet effort de défense très important, nous sommes redevenus crédibles mais aussi visibles pour nos partenaires. Nous les appelons à faire eux aussi un effort budgétaire de Défense. J'ai proposé à mes collègues un certain nombre d'initiatives dont nous allons reparler le 19 novembre à Bruxelles. Il s'agit de concentrer sur quatre domaines clés le programme de renforcement des capacités européennes : les drones pour le renseignement, le transport aérien stratégique pour la projection des forces, la protection des forces contre les menaces nucléaires, biologiques et chimiques, la recherche et le sauvetage de combat.
Quand la force européenne d'action rapide sera-t-elle opérationnelle ?
Elle sera prête en 2003. Les systèmes de commandement se mettent en place. Pour rendre crédible la défense européenne, nous avons bien sûr besoin d'une première action qui concrétise aux yeux du monde son existence. Mais vous le constatez les affaires avancent.
Douai espère une relève au 58e ° RA bientôt dissous ?
Je souhaite étudier ce problème sans précipitation. J'ai dit aux élus qu'en termes d'effectif, nous veillerons à ce qu'il n'y ait pas de perte pour Douai. J'aurai d'ailleurs l'occasion de me rendre bientôt sur place.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 novembre 2002)
Entretien à L'Est Républicain du 23 novembre 2002
L'Est Républicain : Pourquoi organiser une " journée nationale du réserviste " ?
Mme Alliot-Marie : Les réservistes ont pour rôle d'appuyer les forces. Ils sont indispensables dans un pays où les armées sont professionnelles. A l'image de pays comme la Grande Bretagne ou les Etats Unis qui disposent d'armées d'une forte valeur opérationnelle, la France a besoin, à côté des militaires d'active, de s'appuyer pour sa défense sur les compétences et l'engagement de réservistes.
Les attentats du 11 septembre à New York et le rappel par les autorités américaines des réservistes de la garde nationale ont illustré, s'il en était besoin, l'importance pour un pays de disposer d'une réserve entraînée et motivée.
Par ailleurs, la professionnalisation nous oblige également à réfléchir à de nouvelles manières de sensibiliser les Français à leur sécurité et à l'ensemble des problèmes de défense.
Au delà de cette sensibilisation, il faut aussi les amener à s'engager personnellement dans la réserve, pour que celle-ci soit à même de répondre quantitativement et qualitativement à sa mission.
Pour ces raisons, la loi a institué une journée nationale du réserviste. J'ai tenu à en faire une journée de contact entre la Nation et son armée.
A quoi sert la réserve ?
Les réservistes ont deux missions essentielles : d'abord soutenir, dans leur domaine de compétence, les opérations menées par les armées tant sur le territoire national qu'à l'étranger, et ensuite participer à la diffusion de l'esprit de défense.
Au moment où je vous parle, une centaine de réservistes apportent leur concours aux armées dans les Balkans et en Afghanistan, tandis qu'environ trois cents d'entre eux participent au dispositif Vigipirate. Les réservistes servent donc leur pays en faisant bénéficier les armées de leurs compétences spécifiques, souvent rares ou en nombre insuffisant au sein des armées, dans des domaines où ils sont très utiles.
Par ailleurs, ils ont un rôle déterminant pour entretenir l'esprit de défense. Militaires à part entière pendant les périodes qu'ils consacrent à la défense, ils deviennent de véritables ambassadeurs de cet esprit lorsqu'ils retournent à leurs activités professionnelles et sociales de " civils ". C'est essentiel dans nos sociétés où la menace, comme le terrorisme, est diffuse et multiforme et où la demande de sécurité est considérable.
Les candidats apparemment manquent. Comment les attirer ?
L'effectif des réservistes actuellement recensé est de 42 000. L'objectif est d'atteindre un chiffre de 82 000 en 2008 et de 100 000 en 2010. Il faut donc incontestablement faire un important effort pour rendre la réserve attractive et donner envie à nos concitoyens de s'engager dans cette voie.
A cette fin, la loi de programmation militaire prévoit que 86 millions d'euros sur la période 2003-2008 seront consacrés à des mesures destinées à développer l'attractivité des réserves : création d'une prime d'incitation au volontariat, mais aussi financement d'un dispositif de formation militaire initiale.
Au delà de ces mesures financières, c'est à une véritable réflexion sur l'attractivité de la réserve à laquelle il faut procéder, en y associant toutes les parties prenantes, élus, chefs d'entreprise, établissements scolaires, sans lesquels rien ne pourra se faire.
Il faut créer à la fois un état d'esprit et une fierté à participer aux réserves.
Je compte lancer cette réflexion dès le début de l'année prochaine. Elle sera conduite par le Conseil supérieur de la réserve militaire, où siègent toutes les associations de réservistes.
Pourquoi avoir choisi de venir à Nancy ?
Depuis ma prise de fonction, j'attache une importance toute particulière à rencontrer sur le terrain, chez eux, les hommes et les femmes qui servent notre pays au sein de la défense.
L'Est de la France est une terre qui a une tradition militaire forte, et qui a donné à notre pays des générations de militaires de grande valeur.
Venir à Nancy, au coeur de votre région mais aussi dans une ville où résident de nombreux militaires appartenant à des unités qui, malgré les difficultés rencontrées ces dernières années, ont parfaitement démontré leurs capacités opérationnelles, pour évoquer une question aussi cruciale pour notre défense que la réserve m'est dès lors apparu tout à fait normal. C'est une façon de leur montrer mon admiration, mon estime et ma confiance.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 novembre 2002)
-- La Voix du Nord : Un récent rapport a décrit des armées ayant moins de la moitié de leurs équipements en état de marche. Combien de temps faudra-t-il pour revenir à la normale ?
Mme Alliot-Marie : Après cinq ans d'insuffisance du budget de la Défense - 20 % de crédits en moins par rapport à la loi de programmation militaire 1997-2002 -, la disponibilité des matériels est effectivement tombée à 50 % parfois moins, pour les avions, les hélicoptères, les chars, les navires. La priorité donnée dès mon arrivée au ministère à la maintenance m'a permis d'obtenir, cet été, dans le collectif budgétaire 100 millions d' pour les opérations les plus urgentes. C'était une première puisqu'il n'y a jamais de crédits d'investissements dans une loi de finances rectificative. L'opérationnalité de nos matériels demeure une priorité dans la loi de programmation 2003-2008 et dans le budget de la défense pour 2003, qui prévoit plus de 2,6 milliards d' à cet effet. Ce rétablissement ne se fera pas du jour au lendemain, mais je pense que nous serons revenus dans un an à un niveau normal entre 70 et 80 %.
Compte tenu de cette situation, la France peut-elle vraiment prétendre jouer un rôle moteur de l'Europe de la Défense ?
Malgré ce problème, nos personnels, grâce à leur compétence, ont su tenir totalement leur rang. En Afghanistan, mais aussi au Kosovo ou en Bosnie, l'interopérabilité avec les forces américaines a été parfaitement réalisée.
N'oubliez pas qu'en dehors des avions américains, seuls des avions français ont effectué des frappes en Afghanistan avec une précision saluée par le président Bush lui-même. De la même façon, le Charles-de-Gaulle est considéré comme un modèle y compris par les Américains. Il a pu tenir sept mois et demi en mer alors que les autres porte-avions ont dû être renouvelés trois fois.
Cela plaide pour que son double soit aussi à propulsion nucléaire ?
Pas forcément. Ce deuxième porte-avions aura pour finalité d'assurer la permanence à la mer pendant les très longues périodes de révision du Charles-de-Gaulle, qui subira dans une dizaine d'années une immobilisation de deux ans et demi. Il n'y a pas un besoin absolu d'avoir le même modèle pour maintenir une présence aéronavale. Dès que la loi de programmation sera votée, je constituerai un groupe de travail chargé d'étudier tous les éléments financiers et techniques, notamment les différents modes de propulsion.
La marine n'est-elle pas la grande gagnante de la loi de programmation ?
Toutes les armées ont été traitées très équitablement. Cette loi représente une augmentation de 5,5 milliards d' par rapport à la précédente. Contrairement à ce que l'on pense, le porte-avions ne sera pas la dépense la plus lourde. Les commandes de Rafale pour l'armée de l'air coûteront plus cher.
Comment allez-vous relancer la construction d'une défense européenne ?
C'est vrai qu'il y a eu, ces dernières années, chez nos partenaires le sentiment que la France ne s'engageait pas vraiment dans la construction de cette Europe de la défense. Depuis que ce gouvernement, suivant les instructions du président de la République, a décidé cet effort de défense très important, nous sommes redevenus crédibles mais aussi visibles pour nos partenaires. Nous les appelons à faire eux aussi un effort budgétaire de Défense. J'ai proposé à mes collègues un certain nombre d'initiatives dont nous allons reparler le 19 novembre à Bruxelles. Il s'agit de concentrer sur quatre domaines clés le programme de renforcement des capacités européennes : les drones pour le renseignement, le transport aérien stratégique pour la projection des forces, la protection des forces contre les menaces nucléaires, biologiques et chimiques, la recherche et le sauvetage de combat.
Quand la force européenne d'action rapide sera-t-elle opérationnelle ?
Elle sera prête en 2003. Les systèmes de commandement se mettent en place. Pour rendre crédible la défense européenne, nous avons bien sûr besoin d'une première action qui concrétise aux yeux du monde son existence. Mais vous le constatez les affaires avancent.
Douai espère une relève au 58e ° RA bientôt dissous ?
Je souhaite étudier ce problème sans précipitation. J'ai dit aux élus qu'en termes d'effectif, nous veillerons à ce qu'il n'y ait pas de perte pour Douai. J'aurai d'ailleurs l'occasion de me rendre bientôt sur place.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 novembre 2002)
Entretien à L'Est Républicain du 23 novembre 2002
L'Est Républicain : Pourquoi organiser une " journée nationale du réserviste " ?
Mme Alliot-Marie : Les réservistes ont pour rôle d'appuyer les forces. Ils sont indispensables dans un pays où les armées sont professionnelles. A l'image de pays comme la Grande Bretagne ou les Etats Unis qui disposent d'armées d'une forte valeur opérationnelle, la France a besoin, à côté des militaires d'active, de s'appuyer pour sa défense sur les compétences et l'engagement de réservistes.
Les attentats du 11 septembre à New York et le rappel par les autorités américaines des réservistes de la garde nationale ont illustré, s'il en était besoin, l'importance pour un pays de disposer d'une réserve entraînée et motivée.
Par ailleurs, la professionnalisation nous oblige également à réfléchir à de nouvelles manières de sensibiliser les Français à leur sécurité et à l'ensemble des problèmes de défense.
Au delà de cette sensibilisation, il faut aussi les amener à s'engager personnellement dans la réserve, pour que celle-ci soit à même de répondre quantitativement et qualitativement à sa mission.
Pour ces raisons, la loi a institué une journée nationale du réserviste. J'ai tenu à en faire une journée de contact entre la Nation et son armée.
A quoi sert la réserve ?
Les réservistes ont deux missions essentielles : d'abord soutenir, dans leur domaine de compétence, les opérations menées par les armées tant sur le territoire national qu'à l'étranger, et ensuite participer à la diffusion de l'esprit de défense.
Au moment où je vous parle, une centaine de réservistes apportent leur concours aux armées dans les Balkans et en Afghanistan, tandis qu'environ trois cents d'entre eux participent au dispositif Vigipirate. Les réservistes servent donc leur pays en faisant bénéficier les armées de leurs compétences spécifiques, souvent rares ou en nombre insuffisant au sein des armées, dans des domaines où ils sont très utiles.
Par ailleurs, ils ont un rôle déterminant pour entretenir l'esprit de défense. Militaires à part entière pendant les périodes qu'ils consacrent à la défense, ils deviennent de véritables ambassadeurs de cet esprit lorsqu'ils retournent à leurs activités professionnelles et sociales de " civils ". C'est essentiel dans nos sociétés où la menace, comme le terrorisme, est diffuse et multiforme et où la demande de sécurité est considérable.
Les candidats apparemment manquent. Comment les attirer ?
L'effectif des réservistes actuellement recensé est de 42 000. L'objectif est d'atteindre un chiffre de 82 000 en 2008 et de 100 000 en 2010. Il faut donc incontestablement faire un important effort pour rendre la réserve attractive et donner envie à nos concitoyens de s'engager dans cette voie.
A cette fin, la loi de programmation militaire prévoit que 86 millions d'euros sur la période 2003-2008 seront consacrés à des mesures destinées à développer l'attractivité des réserves : création d'une prime d'incitation au volontariat, mais aussi financement d'un dispositif de formation militaire initiale.
Au delà de ces mesures financières, c'est à une véritable réflexion sur l'attractivité de la réserve à laquelle il faut procéder, en y associant toutes les parties prenantes, élus, chefs d'entreprise, établissements scolaires, sans lesquels rien ne pourra se faire.
Il faut créer à la fois un état d'esprit et une fierté à participer aux réserves.
Je compte lancer cette réflexion dès le début de l'année prochaine. Elle sera conduite par le Conseil supérieur de la réserve militaire, où siègent toutes les associations de réservistes.
Pourquoi avoir choisi de venir à Nancy ?
Depuis ma prise de fonction, j'attache une importance toute particulière à rencontrer sur le terrain, chez eux, les hommes et les femmes qui servent notre pays au sein de la défense.
L'Est de la France est une terre qui a une tradition militaire forte, et qui a donné à notre pays des générations de militaires de grande valeur.
Venir à Nancy, au coeur de votre région mais aussi dans une ville où résident de nombreux militaires appartenant à des unités qui, malgré les difficultés rencontrées ces dernières années, ont parfaitement démontré leurs capacités opérationnelles, pour évoquer une question aussi cruciale pour notre défense que la réserve m'est dès lors apparu tout à fait normal. C'est une façon de leur montrer mon admiration, mon estime et ma confiance.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 novembre 2002)