Texte intégral
R. Elkrief - E.-A. Seillière est la véritable opposition au Gouvernement. Il n'est jamais content ?
- "Non, les choses sont bien plus simples que cela. Au fond, le Medef défend sa vision des intérêts des entreprises, les organisations défendent leur vision des intérêts des salariés. Le Gouvernement, lui, a en charge, à la fois, la politique économique, la relance de la croissance, mais aussi la cohésion nationale. Il ne faut jamais oublier que nous sommes toujours dans une crise politique et sociale, qui est une crise grave, qui a été révélée par l'élection présidentielle et qui a montré les fragilités de notre pacte républicain. Donc, le Gouvernement, aujourd'hui, est en train de proposer, en mettant en oeuvre le programme du président de la République à la lettre, des solutions économiques et sociales qui sont des solutions équilibrées et qui, naturellement, ne peuvent pas satisfaire complètement le patronat et les organisations de salariés."
La méthode Fillon c'est : "Personne n'est content d'accord, mais personne n'est favorisé" ?
- "Dans les propositions que nous faisons, il y a un vrai équilibre. D'abord, nous donnons la priorité au dialogue social. Tout le monde le réclame, le patronat au premier rang, avec la Refondation sociale. Aujourd'hui, les partenaires sociaux sont au pied du mur : s'ils veulent réellement donner du contenu au dialogue social, ils peuvent, à partir du vote de la loi que je vais présenter au Conseil des ministres dans quelques jours, engager des négociations, branche par branche, sur la réorganisation du temps de travail."
Il y a d'abord un décret quand même. Et cela, certains syndicats s'en plaignent...
- "Comme il y a urgence pour les entreprises, qui souffrent depuis maintenant depuis plusieurs années des rigidités, qui font que notre pays est parmi les derniers de l'Union européenne en matière de performances sur le chômage, sur l'emploi, nous allons prendre un décret, pour qu'on ne puisse pas faire traîner pendant des mois et des mois les négociations, pour empêcher la mise en oeuvre de l'assouplissement des 35 heures. Mais ce décret sera aussi un instrument d'incitation à la négociation. C'est pour cela que j'ai indiqué qu'il ne serait pas ad vitam aeternam, qu'il serait à un moment donné révisé, pour tenir compte de la réalité des négociations. Il faut que ce décret incite, et les syndicats de salariés et le patronat, à se mettre autour de la table, dans les branches, pour négocier. Parce que les branches ont des besoins qui sont complètement différents les unes des autres..."
"Entre la métallurgie et la boulangerie", comme le dit M. Blondel. Mais tout de même, une précision : l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires autorisées va-t-elle aller jusqu'à 180 ou jusqu'à 200 heures ?
- "Ce n'est pas un sujet qui est complètement arbitré. Mais on voit bien que tout cela va tourner autour de 180 heures avec, peut-être, quelques différences suivant la taille des entreprises..."
Je reviens sur la position du Medef, car elle rejoint aussi, par exemple, celle du Financial Times, le quotidien britannique des milieux d'affaires qui, dans un éditorial, trouve que le gouvernement Raffarin est trop timide, qu'il manque de résolutions face aux syndicats, qu'il tarde à engager les réformes libérales...
- "Le gouvernement de J.-P. Raffarin met en oeuvre la politique pour laquelle il a été choisi par les Français. Alors, les commentaires du Financial Times sont très intéressants, mais ce qui compte pour moi, la ligne de conduite qui est la mienne, c'est la mise en oeuvre rigoureuse des promesses du président de la République. Nous avons promis d'assouplir les 35 heures par la négociation, sans remettre en cause la durée légale du travail. C'est ce que nous sommes en train de faire..."
N'y a-t-il pas eu de débat à l'intérieur du Gouvernement ? Les Echos disent aujourd'hui qu'il y a eu des débats entre vous, ministre social, et des ministres libéraux...
- "Bien sûr, il y a eu des débats. Il y a des ministres qui représentent plus la sensibilité de l'entreprise, il y a des ministres qui viennent de l'entreprise, il y a des ministres qui, par fonction, ne sont pas extrêmement favorables à l'augmentation importante des allégements de charges que je propose. Car il ne faut jamais oublier que dans les mesures que nous allons prendre pour permettre la hausse des bas salaires, qui est un des engagements de la campagne de J. Chirac, nous allons, en face, déployer des allégements de charges équivalents à l'augmentation des bas salaires. C'est évidemment, pour le ministre des Finances, une difficulté supplémentaire pour boucler son budget. Et il est dans son rôle."
Donc, le débat c'est F. Fillon-F. Mer ?
- "Non, le débat est interne au Gouvernement, il est interne à la majorité. C'est un débat sain, mais c'est un débat qui a été tranché. Tranché par le Premier ministre et par le président de la République, sur la base des propositions que j'ai faites."
Pour conclure, que dites-vous à E.-A. Seillière : soyez patient, ne vous énervez pas ?
- "Je lui dis que je comprends son impatience, que je comprends aussi les difficultés qui sont celles du monde de l'entreprise, qui est accablé de contraintes. Mais je suis en train de réparer les erreurs qui ont été commises par nos prédécesseurs. Je suis pour l'instant, très simplement, en train d'essayer de remettre à peu près le navire à flots. Et je dois le faire sans provoquer de fracture sociale supplémentaire. Parce que les entreprises françaises n'ont pas intérêt à ce que le climat social devienne plus conflictuel qu'il ne l'est aujourd'hui."
Mais quand on donne un petit peu à chacun - vous nous expliquez cela finalement : une voix médiane, un équilibre etc. -, on risque aussi de se mettre tout le monde à dos ?
- "Ce n'est vraiment pas mon souci. Je fais la politique de la France, la politique pour l'unité nationale, pour le pays. Les autres font entendre des voix qui sont des voix catégorielles. Je pense que tous les Français comprennent que le bon sens, c'est la politique que nous conduisons."
Depuis quelques jours et quelques semaines, on a vu quelques couacs au Gouvernement, des problèmes de déclarations qui se contredisent. Précisément, ce sont seulement des couacs de communication ou bien cela révèle-t-il au contraire les hésitations d'un Gouvernement, tiraillé entre des promesses plutôt libérales et une conjoncture économique qui s'annonce difficile ?
- "Je ne suis pas d'accord avec votre qualification de "couacs". Un gouvernement, surtout dans une situation économique et financière aussi difficile que celle que nous connaissons, est naturellement un lieu de débat. D'autant qu'il y a des hommes et des femmes qui arrivent d'horizons très divers..."
Mais enfin, ce n'est pas public en général. Deux ministres qui se contredisent sur plusieurs sujets successifs...
- "Non, il y a des ministres qui s'expriment, il y a beaucoup de débats internes qui font l'objet d'indiscrétions - et après tout, cela fait partie du bon fonctionnement de la démocratie. Pour moi, cela n'a aucune importance si tout cela fait l'objet, in fine, d'arbitrages qui sont respectés, ce qui est le cas. Et donc, pour participer à toutes les réunions importantes du Gouvernement, je me félicite qu'il y ait des débats. J'ai connu des périodes où il n'y avait pas de débats internes au gouvernement et c'était tout à fait dommageable."
Le débat au sein de l'UMP, ce sera le cas ? Vous aurez un mouvement Fillon au sein du nouveau parti, qui s'appellera peut-être l'Union ?
- "Non, "le mouvement Fillon", c'est très réducteur !"
Un courant social-républicain ?
- "Nous allons essayer d'organiser l'UMP, pour que les sensibilités puissent se faire entendre. L'UMP est une vraie chance de stabilité pour la droite française et pour le Centre, si l'on peut faire exprimer toutes les différences."
Donc une différence Fillon ?
- "Donc, il y aura des courants."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 septembre 2002)
- "Non, les choses sont bien plus simples que cela. Au fond, le Medef défend sa vision des intérêts des entreprises, les organisations défendent leur vision des intérêts des salariés. Le Gouvernement, lui, a en charge, à la fois, la politique économique, la relance de la croissance, mais aussi la cohésion nationale. Il ne faut jamais oublier que nous sommes toujours dans une crise politique et sociale, qui est une crise grave, qui a été révélée par l'élection présidentielle et qui a montré les fragilités de notre pacte républicain. Donc, le Gouvernement, aujourd'hui, est en train de proposer, en mettant en oeuvre le programme du président de la République à la lettre, des solutions économiques et sociales qui sont des solutions équilibrées et qui, naturellement, ne peuvent pas satisfaire complètement le patronat et les organisations de salariés."
La méthode Fillon c'est : "Personne n'est content d'accord, mais personne n'est favorisé" ?
- "Dans les propositions que nous faisons, il y a un vrai équilibre. D'abord, nous donnons la priorité au dialogue social. Tout le monde le réclame, le patronat au premier rang, avec la Refondation sociale. Aujourd'hui, les partenaires sociaux sont au pied du mur : s'ils veulent réellement donner du contenu au dialogue social, ils peuvent, à partir du vote de la loi que je vais présenter au Conseil des ministres dans quelques jours, engager des négociations, branche par branche, sur la réorganisation du temps de travail."
Il y a d'abord un décret quand même. Et cela, certains syndicats s'en plaignent...
- "Comme il y a urgence pour les entreprises, qui souffrent depuis maintenant depuis plusieurs années des rigidités, qui font que notre pays est parmi les derniers de l'Union européenne en matière de performances sur le chômage, sur l'emploi, nous allons prendre un décret, pour qu'on ne puisse pas faire traîner pendant des mois et des mois les négociations, pour empêcher la mise en oeuvre de l'assouplissement des 35 heures. Mais ce décret sera aussi un instrument d'incitation à la négociation. C'est pour cela que j'ai indiqué qu'il ne serait pas ad vitam aeternam, qu'il serait à un moment donné révisé, pour tenir compte de la réalité des négociations. Il faut que ce décret incite, et les syndicats de salariés et le patronat, à se mettre autour de la table, dans les branches, pour négocier. Parce que les branches ont des besoins qui sont complètement différents les unes des autres..."
"Entre la métallurgie et la boulangerie", comme le dit M. Blondel. Mais tout de même, une précision : l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires autorisées va-t-elle aller jusqu'à 180 ou jusqu'à 200 heures ?
- "Ce n'est pas un sujet qui est complètement arbitré. Mais on voit bien que tout cela va tourner autour de 180 heures avec, peut-être, quelques différences suivant la taille des entreprises..."
Je reviens sur la position du Medef, car elle rejoint aussi, par exemple, celle du Financial Times, le quotidien britannique des milieux d'affaires qui, dans un éditorial, trouve que le gouvernement Raffarin est trop timide, qu'il manque de résolutions face aux syndicats, qu'il tarde à engager les réformes libérales...
- "Le gouvernement de J.-P. Raffarin met en oeuvre la politique pour laquelle il a été choisi par les Français. Alors, les commentaires du Financial Times sont très intéressants, mais ce qui compte pour moi, la ligne de conduite qui est la mienne, c'est la mise en oeuvre rigoureuse des promesses du président de la République. Nous avons promis d'assouplir les 35 heures par la négociation, sans remettre en cause la durée légale du travail. C'est ce que nous sommes en train de faire..."
N'y a-t-il pas eu de débat à l'intérieur du Gouvernement ? Les Echos disent aujourd'hui qu'il y a eu des débats entre vous, ministre social, et des ministres libéraux...
- "Bien sûr, il y a eu des débats. Il y a des ministres qui représentent plus la sensibilité de l'entreprise, il y a des ministres qui viennent de l'entreprise, il y a des ministres qui, par fonction, ne sont pas extrêmement favorables à l'augmentation importante des allégements de charges que je propose. Car il ne faut jamais oublier que dans les mesures que nous allons prendre pour permettre la hausse des bas salaires, qui est un des engagements de la campagne de J. Chirac, nous allons, en face, déployer des allégements de charges équivalents à l'augmentation des bas salaires. C'est évidemment, pour le ministre des Finances, une difficulté supplémentaire pour boucler son budget. Et il est dans son rôle."
Donc, le débat c'est F. Fillon-F. Mer ?
- "Non, le débat est interne au Gouvernement, il est interne à la majorité. C'est un débat sain, mais c'est un débat qui a été tranché. Tranché par le Premier ministre et par le président de la République, sur la base des propositions que j'ai faites."
Pour conclure, que dites-vous à E.-A. Seillière : soyez patient, ne vous énervez pas ?
- "Je lui dis que je comprends son impatience, que je comprends aussi les difficultés qui sont celles du monde de l'entreprise, qui est accablé de contraintes. Mais je suis en train de réparer les erreurs qui ont été commises par nos prédécesseurs. Je suis pour l'instant, très simplement, en train d'essayer de remettre à peu près le navire à flots. Et je dois le faire sans provoquer de fracture sociale supplémentaire. Parce que les entreprises françaises n'ont pas intérêt à ce que le climat social devienne plus conflictuel qu'il ne l'est aujourd'hui."
Mais quand on donne un petit peu à chacun - vous nous expliquez cela finalement : une voix médiane, un équilibre etc. -, on risque aussi de se mettre tout le monde à dos ?
- "Ce n'est vraiment pas mon souci. Je fais la politique de la France, la politique pour l'unité nationale, pour le pays. Les autres font entendre des voix qui sont des voix catégorielles. Je pense que tous les Français comprennent que le bon sens, c'est la politique que nous conduisons."
Depuis quelques jours et quelques semaines, on a vu quelques couacs au Gouvernement, des problèmes de déclarations qui se contredisent. Précisément, ce sont seulement des couacs de communication ou bien cela révèle-t-il au contraire les hésitations d'un Gouvernement, tiraillé entre des promesses plutôt libérales et une conjoncture économique qui s'annonce difficile ?
- "Je ne suis pas d'accord avec votre qualification de "couacs". Un gouvernement, surtout dans une situation économique et financière aussi difficile que celle que nous connaissons, est naturellement un lieu de débat. D'autant qu'il y a des hommes et des femmes qui arrivent d'horizons très divers..."
Mais enfin, ce n'est pas public en général. Deux ministres qui se contredisent sur plusieurs sujets successifs...
- "Non, il y a des ministres qui s'expriment, il y a beaucoup de débats internes qui font l'objet d'indiscrétions - et après tout, cela fait partie du bon fonctionnement de la démocratie. Pour moi, cela n'a aucune importance si tout cela fait l'objet, in fine, d'arbitrages qui sont respectés, ce qui est le cas. Et donc, pour participer à toutes les réunions importantes du Gouvernement, je me félicite qu'il y ait des débats. J'ai connu des périodes où il n'y avait pas de débats internes au gouvernement et c'était tout à fait dommageable."
Le débat au sein de l'UMP, ce sera le cas ? Vous aurez un mouvement Fillon au sein du nouveau parti, qui s'appellera peut-être l'Union ?
- "Non, "le mouvement Fillon", c'est très réducteur !"
Un courant social-républicain ?
- "Nous allons essayer d'organiser l'UMP, pour que les sensibilités puissent se faire entendre. L'UMP est une vraie chance de stabilité pour la droite française et pour le Centre, si l'on peut faire exprimer toutes les différences."
Donc une différence Fillon ?
- "Donc, il y aura des courants."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 septembre 2002)