Point de presse conjoint de MM. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, et Colin Powell, secrétaire d'Etat américain, sur la situation internationale et notamment les crises au Proche-Orient et en Irak, la lutte contre le terrorisme, et les relations bilatérales, Washington le 11 juillet 2002.

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Circonstance : Voyage aux Etats-Unis de M. de Villepin les 10 et 11 juillet 2002 : entretien suivi d'un déjeuner au Département d'Etat avec Colin Powell, à Washington le 11 juillet

Texte intégral

Merci. Je suis très reconnaissant au secrétaire d'Etat Colin Powell pour la qualité de son accueil. Je suis très heureux d'être de retour à Washington, une ville où j'ai été en poste pendant plusieurs années.
Dans le monde d'aujourd'hui, qui est un monde difficile, imprévisible, instable, je pense que nous devons accroître toujours davantage notre coopération, notre consultation. Sur les crises, bien sûr - nous avons évoqué la situation au Moyen-Orient, en Iraq et dans différentes parties du monde - mais aussi pour avoir un nouvel ordre global, qui pourrait tenter de trouver de meilleures réponses aux problèmes de l'environnement, aux problèmes de la pauvreté, au problème des enjeux éthiques.
J'apprécie beaucoup de pouvoir à nouveau rencontrer Colin Powell. Comme vous savez, la relation entre les Etats-Unis et la France est une relation très forte et très amicale. Nous partageons des valeurs communes et nous partageons une volonté commune de travailler ensemble étroitement à l'avènement d'un monde plus stable et plus sûr. Nous partageons la volonté de lutter énergiquement contre le terrorisme et la prolifération, mais aussi pour une meilleure paix. Et c'est pourquoi nous soutenons activement toutes les initiatives politiques qui apporteront plus de stabilité au monde d'aujourd'hui.
Q - Monsieur le Ministre, sur le Proche-Orient, en quoi la position de la France diffère-t-elle de la proposition du Président Bush ? Il veut la réforme et la fin de la terreur, suite à quoi il aidera à la construction d'un Etat palestinien. Que feriez-vous de différent ?
R - D'abord, j'aimerais mettre l'accent sur les convergences entre nos deux pays. Nous croyons effectivement à la nécessité de lutter fermement contre le terrorisme. Nous devons aussi favoriser la mise en place des réformes. Nous devons aller de l'avant en ce qui concerne les élections. Et nous avons le même but, qui est de créer un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967. Mais nous voulons aussi mettre l'accent sur la nécessité d'une initiative politique. Nous pensons que le vide dans la région peut être très dangereux. Nous ne devrions pas laisser l'initiative aux terroristes et à ceux qui ne veulent pas la paix. Et c'est pourquoi nous considérons que nous devrions utiliser ce qui est actuellement à notre disposition : bien entendu, la possibilité des consultations - d'utiliser le Quartet, et la rencontre avec les pays arabes - mais aussi peut-être la possibilité d'une conférence internationale, non pas, bien sûr, pour évoquer les problèmes directs et difficiles de Jérusalem ou des réfugiés, mais afin de créer la dynamique qui pourrait faire pression sur tous, afin de travailler pour trouver rapidement un accord.
Q - Sur l'Iraq, on dit que la France estime que le régime ne peut pas être changé comme les Etats-Unis l'ont fait en Afghanistan ? Quelles sont les divergences entre la France et les Etats-Unis sur l'Iraq ?
R - Je crois que sur l'Iraq, nous partageons les mêmes objectifs, c'est-à-dire que les Iraquiens et Saddam Hussein respectent la résolution de l'ONU. Et nous croyons en effet qu'il serait bien inspiré d'accepter rapidement le retour des inspecteurs et de s'entendre avec le Secrétaire général de l'ONU. Je pense que c'est absolument nécessaire.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2002)