Texte intégral
Madame la ministre,
Mesdames, Messieurs les députés,
Mesdames, Messieurs,
Voilà huit ans maintenant que Denis Jacquat organise, chaque année, ces Rencontres parlementaires sur la longévité. Elles sont devenues un moment phare. Je tiens à le remercier pour cette initiative heureuse, qui tend aujourd'hui à s'institutionnaliser. Denis a perçu, avant beaucoup d'autres, l'impact du vieillissement sur notre société, et ses Rencontres permettent d'éclairer les enjeux qu'il pose à notre pays.
* Cette année, vous avez choisi pour thème la perte d'autonomie. Comme celle-ci s'inscrit dans le cadre plus large de la politique en faveur des personnes âgées, permettez-moi, pour commencer, de présenter les principaux axes de celle que j'entends mener.
- Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses dans notre pays, mais elles n'y occupent pas toute la place qu'elles méritent. Dès 55-60 ans, les seniors sont exclus de notre vie économique et sociale. Mon premier axe est donc d'affirmer et de développer le rôle des seniors dans la société, en valorisant leur expérience au sein de l'entreprise, en encourageant leur activité sociale et en renforçant les liens avec les autres générations.
- Les seniors sont exclus parce que notre conception des âges de la vie est dépassée : 60 ans sonnent encore, dans nos lois, le début de la vieillesse : c'est la sortie du monde du travail. Or, à cet âge, on est souvent en bonne forme aujourd'hui. On vieillit de mieux en mieux. Et ce vieillissement réussi, je souhaite le promouvoir davantage. C'est mon deuxième axe.
J'entends le promouvoir en encourageant les actions de prévention, dans le domaine de l'alimentation par exemple, et en développant les activités physiques et culturelles à l'âge avancé.
J'entends le promouvoir également en encourageant la recherche sur le vieillissement, dans toutes ses dimensions, qu'il s'agisse de la recherche fondamentale ou clinique, ou de la recherche gérontologique dans son acception la plus large. C'est dans cet esprit que je travaille avec ma collègue Claudie HAIGNERE afin de faire évoluer l'actuel Institut de la longévité.
- L'exclusion des personnes âgées n'est pas seulement d'ordre économique ; elle est aussi sociale et culturelle. Cela ne peut pas durer. Les personnes âgées doivent bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens. C'est mon troisième axe d'action. Elles ont droit à une pleine citoyenneté, elles ont droit à la dignité.
C'est pourquoi la personne âgée doit être le plus longtemps possible l'acteur de son projet de vie.
C'est pourquoi aussi il nous faut prévenir et lutter avec plus de détermination contre la maltraitance des personnes âgées. Le 19 novembre prochain, je mettrai en place un comité national de vigilance, qui sera chargé de relancer avec vigueur et de suivre la politique de prévention et de lutte contre la maltraitance.
- Enfin, l'augmentation très forte, dans les années à venir, du nombre de personnes âgées de plus de 80 ans appelle un effort vigoureux d'adaptation de notre offre de prise en charge. C'est mon quatrième axe. Déjà les places en établissement manquent et un tiers du parc est vétuste.
Nous connaissons mal cependant les évolutions et les besoins. Les études dans ce domaine doivent être encouragées, et un état des lieux de l'offre de prise en charge sera réalisé.
Des mesures d'adaptation du cadre de vie seront expérimentées pour faciliter le maintien chez soi, et les métiers de l'aide à domicile seront revalorisés et encouragés.
Enfin, nous nous efforcerons de relever le défi de la prise en charge des malades atteints d'Alzheimer, en développant les hébergements temporaires et les accueils de jour.
Voilà les quatre grand axes de l'action que je mène et que je mènerai dans les années à venir : insérer, prévenir, respecter et adapter, tels en sont les maîtres mots.
* Pour faire plus directement écho au colloque d'aujourd'hui, j'aimerais, enfin, aborder quelques thèmes d'actualité : le financement de l'APA, la modernisation de l'aide à domicile, la réforme de la tarification et la coordination gérontologique.
- L'APA est entrée en vigueur le 1er janvier 2002, avec un succès immédiat : 550 000 bénéficiaires étaient prévus en 2002 ; nous en aurons près de 700 000. Les 800 000 bénéficiaires attendus en 2004-2005 seront atteints dès 2003. Ce succès n'est pas sans poser un redoutable problème financier.
L'année prochaine, le coût de l'APA devrait être supérieur de 1,2 milliards d'euros au plan de financement initial. Les départements, principaux financeurs, sont déjà contraints de procéder à de très fortes augmentations de fiscalité. Nous nous efforçons, en étroite concertation avec les départements, de trouver un plan de financement équilibré pour préserver l'APA.
- L'équilibre de ce plan devra intégrer la nécessaire revalorisation des métiers de l'aide à domicile. Il manque 60 000 emplois pour pouvoir mettre en place l'APA de manière efficace. Mais les salaires sont faibles et, sur 200 000 personnes travaillant dans ce secteur, 70 % n'ont aucune formation.
Nous devons rendre ce secteur attractif en offrant des perspectives de carrière à des salariés mieux formés. L'accord de branche signé dans ce but par la profession prévoyait une hausse de 24 % de la masse salariale en 3 ans.
L'impact financier de cet accord est tel qu'il nous oblige cependant à engager, préalablement à l'agrément, un dialogue avec les financeurs, notamment les organismes de retraite et les départements. Au vu de leurs appréciations et sous réserve d'un étalement accru de la charge dans le temps, un agrément de cet accord ainsi modifié devrait pouvoir être délivré pour la fin de l'année.
- Les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes doivent également être modernisés : réussir la réforme de la tarification est impératif si on veut améliorer la qualité de la prise en charge. Pour cela, nous entendons tenir les objectifs que nous nous sommes fixés, soit 1 800 conventions tripartites à signer en 2003 contre 1 400 seulement au total en 2001 et 2002. Les crédits à cette fin sont inscrits au PLFSS ; un complément, si nécessaire, sera ajouté dans le cadre du collectif de printemps.
- La coordination gérontologique constitue une autre de mes priorités. L'articulation entre le sanitaire et le social, entre le secteur public et le secteur privé également, est la condition d'une orientation adaptée et d'une bonne prise en charge de la personne âgée.
Nous allons donc poursuivre l'effort de créations de centres locaux d'information et de coordination gérontologiques (CLIC) pour en faire porter le nombre à 320 en 2003.
Vous le voyez, les actions sont nombreuses et diversifiées. L'importance et la variété des enjeux l'exigent. Ces mesures permettront d'améliorer la vie des personnes âgées, de faciliter leur insertion et de mieux garantir le respect indéfectible qui leur est dû.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.social.gouv.fr, le 19 novembre 2002)
Mesdames, Messieurs les députés,
Mesdames, Messieurs,
Voilà huit ans maintenant que Denis Jacquat organise, chaque année, ces Rencontres parlementaires sur la longévité. Elles sont devenues un moment phare. Je tiens à le remercier pour cette initiative heureuse, qui tend aujourd'hui à s'institutionnaliser. Denis a perçu, avant beaucoup d'autres, l'impact du vieillissement sur notre société, et ses Rencontres permettent d'éclairer les enjeux qu'il pose à notre pays.
* Cette année, vous avez choisi pour thème la perte d'autonomie. Comme celle-ci s'inscrit dans le cadre plus large de la politique en faveur des personnes âgées, permettez-moi, pour commencer, de présenter les principaux axes de celle que j'entends mener.
- Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses dans notre pays, mais elles n'y occupent pas toute la place qu'elles méritent. Dès 55-60 ans, les seniors sont exclus de notre vie économique et sociale. Mon premier axe est donc d'affirmer et de développer le rôle des seniors dans la société, en valorisant leur expérience au sein de l'entreprise, en encourageant leur activité sociale et en renforçant les liens avec les autres générations.
- Les seniors sont exclus parce que notre conception des âges de la vie est dépassée : 60 ans sonnent encore, dans nos lois, le début de la vieillesse : c'est la sortie du monde du travail. Or, à cet âge, on est souvent en bonne forme aujourd'hui. On vieillit de mieux en mieux. Et ce vieillissement réussi, je souhaite le promouvoir davantage. C'est mon deuxième axe.
J'entends le promouvoir en encourageant les actions de prévention, dans le domaine de l'alimentation par exemple, et en développant les activités physiques et culturelles à l'âge avancé.
J'entends le promouvoir également en encourageant la recherche sur le vieillissement, dans toutes ses dimensions, qu'il s'agisse de la recherche fondamentale ou clinique, ou de la recherche gérontologique dans son acception la plus large. C'est dans cet esprit que je travaille avec ma collègue Claudie HAIGNERE afin de faire évoluer l'actuel Institut de la longévité.
- L'exclusion des personnes âgées n'est pas seulement d'ordre économique ; elle est aussi sociale et culturelle. Cela ne peut pas durer. Les personnes âgées doivent bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens. C'est mon troisième axe d'action. Elles ont droit à une pleine citoyenneté, elles ont droit à la dignité.
C'est pourquoi la personne âgée doit être le plus longtemps possible l'acteur de son projet de vie.
C'est pourquoi aussi il nous faut prévenir et lutter avec plus de détermination contre la maltraitance des personnes âgées. Le 19 novembre prochain, je mettrai en place un comité national de vigilance, qui sera chargé de relancer avec vigueur et de suivre la politique de prévention et de lutte contre la maltraitance.
- Enfin, l'augmentation très forte, dans les années à venir, du nombre de personnes âgées de plus de 80 ans appelle un effort vigoureux d'adaptation de notre offre de prise en charge. C'est mon quatrième axe. Déjà les places en établissement manquent et un tiers du parc est vétuste.
Nous connaissons mal cependant les évolutions et les besoins. Les études dans ce domaine doivent être encouragées, et un état des lieux de l'offre de prise en charge sera réalisé.
Des mesures d'adaptation du cadre de vie seront expérimentées pour faciliter le maintien chez soi, et les métiers de l'aide à domicile seront revalorisés et encouragés.
Enfin, nous nous efforcerons de relever le défi de la prise en charge des malades atteints d'Alzheimer, en développant les hébergements temporaires et les accueils de jour.
Voilà les quatre grand axes de l'action que je mène et que je mènerai dans les années à venir : insérer, prévenir, respecter et adapter, tels en sont les maîtres mots.
* Pour faire plus directement écho au colloque d'aujourd'hui, j'aimerais, enfin, aborder quelques thèmes d'actualité : le financement de l'APA, la modernisation de l'aide à domicile, la réforme de la tarification et la coordination gérontologique.
- L'APA est entrée en vigueur le 1er janvier 2002, avec un succès immédiat : 550 000 bénéficiaires étaient prévus en 2002 ; nous en aurons près de 700 000. Les 800 000 bénéficiaires attendus en 2004-2005 seront atteints dès 2003. Ce succès n'est pas sans poser un redoutable problème financier.
L'année prochaine, le coût de l'APA devrait être supérieur de 1,2 milliards d'euros au plan de financement initial. Les départements, principaux financeurs, sont déjà contraints de procéder à de très fortes augmentations de fiscalité. Nous nous efforçons, en étroite concertation avec les départements, de trouver un plan de financement équilibré pour préserver l'APA.
- L'équilibre de ce plan devra intégrer la nécessaire revalorisation des métiers de l'aide à domicile. Il manque 60 000 emplois pour pouvoir mettre en place l'APA de manière efficace. Mais les salaires sont faibles et, sur 200 000 personnes travaillant dans ce secteur, 70 % n'ont aucune formation.
Nous devons rendre ce secteur attractif en offrant des perspectives de carrière à des salariés mieux formés. L'accord de branche signé dans ce but par la profession prévoyait une hausse de 24 % de la masse salariale en 3 ans.
L'impact financier de cet accord est tel qu'il nous oblige cependant à engager, préalablement à l'agrément, un dialogue avec les financeurs, notamment les organismes de retraite et les départements. Au vu de leurs appréciations et sous réserve d'un étalement accru de la charge dans le temps, un agrément de cet accord ainsi modifié devrait pouvoir être délivré pour la fin de l'année.
- Les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes doivent également être modernisés : réussir la réforme de la tarification est impératif si on veut améliorer la qualité de la prise en charge. Pour cela, nous entendons tenir les objectifs que nous nous sommes fixés, soit 1 800 conventions tripartites à signer en 2003 contre 1 400 seulement au total en 2001 et 2002. Les crédits à cette fin sont inscrits au PLFSS ; un complément, si nécessaire, sera ajouté dans le cadre du collectif de printemps.
- La coordination gérontologique constitue une autre de mes priorités. L'articulation entre le sanitaire et le social, entre le secteur public et le secteur privé également, est la condition d'une orientation adaptée et d'une bonne prise en charge de la personne âgée.
Nous allons donc poursuivre l'effort de créations de centres locaux d'information et de coordination gérontologiques (CLIC) pour en faire porter le nombre à 320 en 2003.
Vous le voyez, les actions sont nombreuses et diversifiées. L'importance et la variété des enjeux l'exigent. Ces mesures permettront d'améliorer la vie des personnes âgées, de faciliter leur insertion et de mieux garantir le respect indéfectible qui leur est dû.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.social.gouv.fr, le 19 novembre 2002)