Déclaration de M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, sur la relance du dialogue politique entre la France et le Kazakhstan et le développement de leur coopération économique et culturelle, Paris, le 28 juin 2000.

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Circonstance : Visite du président de la république du Kazakhastan, M. Noursoultan Nazarbaiev à Paris, le 28 juin 2000

Texte intégral

Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres,
Madame et Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand plaisir et un honneur pour moi de recevoir ce soir le président du Kazakhstan, pays ami de la France. Votre visite à Paris, la cinquième, témoigne de la qualité de nos relations bilatérales qui avaient été initiées lors de la reconnaissance immédiate par la France de l'indépendance de votre pays. La valeur de nos relations a ensuite pu se mesurer à l'aune de l'établissement rapide de relations diplomatiques, dès janvier 1992, puis par vos visites d'Etat, Monsieur le Président, en 1992 et 1994, et par celle du président Mitterrand en 1993.
Votre programme en France, malgré la brièveté de votre séjour, est d'une extrême densité : entretiens avec le président de la République, le Premier ministre, les présidents des Chambres et mon collègue en charge du Commerce extérieur. Je note également avec un intérêt tout particulier vos nombreux rendez-vous avec la communauté d'affaires françaises, dont je salue ce soir la présence parmi nous de ses plus éminents dirigeants.
Votre venue en France est ainsi l'occasion de donner une nouvelle impulsion à notre dialogue politique et à notre coopération économique.
L'importance et l'influence du Kazakhstan, Monsieur le Président, ne sont pas seulement fonction de sa superficie qui en fait le neuvième Etat le plus vaste du monde. Elles sont aussi liées à la position charnière de votre pays entre l'Europe et l'Asie. L'accession du Kazakhstan à l'indépendance, il y a bientôt dix ans, a offert à votre pays l'opportunité de jouer tout son rôle sur la scène régionale et également mondiale. A cet égard, le souci constant du Kazakhstan de diversifier ses partenaires internationaux est un signe de sa pleine accession à la communauté internationale.
Le Kazakhstan dispose d'atouts de premier ordre. Doté d'importantes ressources naturelles, il était déjà exportateur de matières premières du temps de l'URSS. Votre pays a ensuite su développer une base industrielle étendue ainsi qu'un important secteur agricole. Le Kazakhstan est aujourd'hui l'un des pays de la CEI qui a emprunté de la façon la plus énergique une stratégie de développement soutenable. Naturellement, des efforts restent encore à faire mais je ne doute pas que sous votre autorité, Monsieur le Président, le Kazakhstan continuera de mener avec rigueur et détermination une politique favorable aux investissements étrangers. Vous savez à cet égard l'importance cruciale que revêt pour les opérateurs économiques un environnement juridique et fiscal clair, stable et transparent. C'est l'une des conditions indispensables pour instaurer le climat de confiance et la prévisibilité nécessaires au développement des échanges.
La France est en effet pleinement consciente du riche potentiel dont dispose le Kazakhstan, en particulier dans le secteur des mines ou celui des hydrocarbures. Ainsi, la participation de Total-Fina-Elf, quatrième groupe pétrolier mondial, au consortium OKIOC, va contribuer au développement de ce secteur prioritaire pour votre pays. Permettez-moi de m'en réjouir et de relever que les résultats des premiers forages en Mer Caspienne, sur le gisement de Kashagan, s'annoncent très prometteurs. La France est prête à prendre sa place dans ce secteur qui ne manquera pas d'avoir un effet d'entraînement sur l 'ensemble de l'économie de votre pays.
Dans les autres domaines, la présence des investisseurs français demeure encore insuffisante. Des opérations importantes ont certes été menées, par exemple dans le domaine du contrôle aérien. Il faut continuer et aller plus loin. Nous souhaitons que les entreprises françaises puissent développer leur présence dans des secteurs prioritaires de votre économie comme le traitement de l'eau, le transport ferroviaire et minier. D'importants projets bénéficiant d'un soutien financier de la France sont d'ailleurs actuellement étudiés ou sur le point d'être finalisés.
Conscients du potentiel important de coopération économique entre nos deux pays, nous soutenons les entreprises françaises désireuses de s'implanter au Kazakhstan. Je signale à cet égard que le Kazakhstan est l'un des rares pays de la CEI éligible à la Réserve pays émergents, outil d'aide publique au développement qui permet de faire participer des entreprises françaises à des projets d'envergure dans le domaine des infrastructures, de l'environnement, etc.
Il nous appartient aussi de continuer à uvrer pour que le cadre réglementaire de nos échanges soit finalisé. La ratification, du côté kazakhstanais, de l'accord pour la protection des investissements sera sans nul doute un signe encourageant pour nos hommes d'affaires.
Nos entreprises seront également sensibles à toute amélioration qui pourra être apportée dans des domaines comme le régime douanier, la législation du travail - je songe en particulier à la délivrance de permis de travail aux cadres expatriés de nos entreprises -, l'impartialité des arbitrages en cas de différends avec l'administration kazakhstanaise.
Nos échanges ne s'attachent pas au seul domaine économique, mais concernent également nos relations culturelles. Elles sont denses et diversifiées.
Dans le domaine artistique, je relève la coopération de haut niveau qui s'est instaurée avec le Conservatoire de Paris, ou le centre chorégraphique national de Nantes, avec l'école chorégraphique d'Almaty. Dans le domaine de l'archéologie, les découvertes effectuées en commun par les chercheurs kazakhstanais et français permettent la valorisation de l'exceptionnel patrimoine du peuple kazakhstanais.
Plus généralement, l'une des priorités de notre relation bilatérale est d'accompagner le Kazakhstan dans sa construction d'un Etat de droit et dans son développement vers une économie de marché moderne, condition indispensable pour lui permettre de valoriser au mieux son riche potentiel humain et économique.
La France a aussi le souci de participer à la formation des nouvelles générations kazakhstanaises à l'Etat de droit, à l'économie de marché, en vous proposant des formules comme la coopération qui s'est établie avec l'école française des Hautes Etudes commerciales.
Les actions visant à conforter le fonctionnement moderne et démocratique des institutions sont d'autant plus une priorité de notre coopération bilatérale et européenne que nous y voyons aussi un moyen de lutter contre les extrémismes violents et radicaux. L'expérience nous a instruit que le traitement uniquement répressif d'une menace de cette nature ne peut qu'alimenter les frustrations et favoriser le fondamentalisme. La consolidation de la démocratie nous semble le meilleur moyen de renforcer la cohésion et la stabilité dans votre région, elle est la condition de tout le reste, la première pierre de tout édifice national solide.
Au moment où la France va prendre la Présidence de l'Union européenne, je souhaiterais, enfin, dire quelques mots des objectifs que nous nous assignons dans ce cadre s'agissant du Kazakhstan.
Depuis l'entrée en vigueur en juillet 1999 de l'Accord de partenariat et de coopération, le partenariat entre l'Union européenne et le Kazakhstan a connu un développement dont nous nous félicitons.
Un Conseil de coopération Union européenne-Kazakhstan sera organisé en juillet sous présidence française. Il sera l'occasion d'approfondir encore la coopération entre l'Union européenne et votre pays dans les domaines de la réforme institutionnelle et juridique, du développement économique, de la maîtrise des ressources énergétiques.
Notre Présidence devrait permettre en particulier de progresser dans la négociation d'un accord cadre pour la coopération dans le domaine nucléaire. Un plan d'action conjoint pour la lutte contre le trafic de drogue a été adopté récemment. C'était une avancée indispensable. Sa mise en oeuvre sera poursuivie sous la présidence française.
Bien entendu, l'Union européenne continuera à soutenir les progrès du Kazakhstan en matière de réformes institutionnelles et économiques, ainsi que dans son processus d'adhésion à l'OMC, qui sont les objectifs fondamentaux de l'Accord de partenariat.
Le Kazakhstan dispose de nombreux atouts : potentiel économique, richesse humaine, esprit de tolérance qui caractérise votre nation pluri-ethnique et qui a permis à vos nombreuses communautés de vivre dans l'harmonie. Nous y voyons autant de signes prometteurs pour l'avenir. La France, Monsieur le Président, est un partenaire pleinement disposé à améliorer dans tous les domaines sa coopération avec votre grand pays.
En levant mon verre, je forme, Monsieur le Président, tous mes voeux pour votre réussite dans votre action à la tête de l'Etat kazakhstanais ainsi que pour le bonheur et la prospérité de votre peuple !..
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2000)