Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur la situation en Algérie, la visite de la Troïka à Alger et les relations franco-algériennes, au Sénat le 26 février 1998.

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Texte intégral

M. le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
M. le Sénateur,
La question que vous posez est une des questions qui nous préoccupe constamment. Comment faire dans nos relations avec ce pays si proche et si important pour préserver nos liens avec lui, malgré la tragédie qu'il traverse ? Et comment faire pour préparer l'avenir ?
A cet égard, il faut se réjouir de la multiplication récente des visites qui ont permis de mieux comprendre les positions des uns et des autres et qui ont permis de dépasser une lecture parfois un peu schématique de la situation. Cela a été le cas de la troïka des trois pays anciens, actuels et futurs présidents de l'Union européenne. On avait à l'époque souligné ce que l'on présentait comme une absence de résultat, mais c'était une visite qui visait à entamer le dialogue au niveau européen. D'autre part, il y a eu la délégation du Parlement européen qui a fait, je crois, du bon travail. J'ajouterai à cela le déplacement récent du Président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française. Je sais que d'autres visites sont envisagées de la part de parlementaires français ou d'autres pays européens. Ce sont de bonnes initiatives et nous les encouragerons chaque fois qu'ils nous le demanderont.
Vous me demandez quelle leçon on peut en tirer ? On peut d'abord noter que les autorités algériennes se montrent de plus en plus disposées à accueillir de tels déplacements, de plus en plus disposés à entrer dans des discussions même quand c'est à partir d'analyses qu'elles contestent et que cet échange de toute façon permet d'approfondir, de mieux analyser mieux. J'ai un dénominateur commun : tous les participants à ces différentes délégations sont revenus en considérant que la question souvent mise en avant depuis plusieurs mois sur l'origine des massacres était une question que l'on ne pouvait plus se poser dès lors qu'on avait fait l'effort d'aller sur place et de rencontrer comme ils l'ont fait les uns et les autres, non seulement des représentants des autorités mais des représentants des différents partis représentés à l'Assemblée algérienne, des représentants de la presse - et on connaît la diversité de la presse algérienne d'aujourd'hui - et les représentants de très nombreux mouvements et d'associations, y compris des associations algériennes qui font un travail admirable en ce qui concerne les familles des victimes. Il faut encourager ces contacts et je le répète nous continuerons à le faire.
En ce qui concerne la dimension économique, nous faisons le même effort en ce moment pour faciliter la préparation et le bon déroulement d'une délégation tout à fait importante du CNPF. Un travail est fait pour que les entreprises, les PME françaises retrouvent le chemin de ce pays où naturellement, vous le disiez à juste titre, les entreprises américaines, italiennes, espagnoles, allemandes, britanniques et autres ne nous ont pas attendus. Cela suppose que nous progressions également sur certains dossiers de fond. En ce qui concerne les visas, j'ai eu l'occasion de le dire déjà avec mon collègue, M. Jean-Pierre Chevènement, nous avons pris cette question à bras-le-corps pour réussir à faire remonter le nombre de visas tombé à un niveau exagérément bas et de le faire dans des conditions de sécurité qui sont également notre souci à tous./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)