Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, quelle est la raison de ce voyage aux Etats-Unis ?
R - J'étais il y a quelques jours encore au Proche-Orient, j'étais à Moscou avant-hier, je suis aujourd'hui à Washington évidemment pour rencontrer nos principaux interlocuteurs de l'administration. Je verrai Dick Cheney, le vice-président américain, Condoleezza Rice, du Conseil national pour les questions de sécurité et évidemment Colin Powell, le secrétaire d'Etat. Le but, c'est d'essayer de faire avancer un certain nombre de grands dossiers qui nous préoccupent. Les crises, bien sûr : la crise au Proche-Orient, la situation en Iraq, l'Afghanistan. Faire avancer aussi un certain nombre des grands sujets qui préoccupent la communauté internationale qui sont l'environnement, la solidarité, la pauvreté, la situation de l'Afrique, le problème de la Cour pénale internationale. Il y a là des grands défis qu'il nous faut essayer de résoudre ensemble, et je pense qu'aujourd'hui l'amitié et l'ancienneté des relations entre la France et les Etats-Unis nous placent en bonne position pour essayer, dans un esprit de coopération, dans un esprit de confiance et d'amitié, d'aborder ensemble les grandes questions du monde.
Q - Pour vous, quel est le dossier le plus brûlant qui soit sur la table à l'heure actuelle ?
R - Je crois que c'est le nouvel esprit de coopération qui doit présider aux relations internationales. Dans le monde de l'après 11 septembre, ce qui nous menace le plus, ce n'est pas tant l'excès de la puissance que le vide de la puissance. Il nous faut agir, agir ensemble pour répondre aux grands défis et bien évidemment aux crises les plus dangereuses qui menacent la planète. La crise du Proche-Orient est certainement une crise centrale qui nous préoccupe. La lutte contre le terrorisme, la lutte contre la prolifération sont aussi des grands sujets qui mobilisent la communauté internationale.
Q - Au-delà de cette espèce de coopération autour de sujets consensuels comme le terrorisme, il y a eu quelques grincements dans la relation franco-américaine ces derniers temps. Je pense notamment aux remarques du président Bush sur l'antisémitisme en France, un certain mécontentement que l'on voit dans la presse. Est-ce que vous sentez cela, est-ce que vous pensez aussi qu'il y a quelques remises au point à faire ?
R - Il peut y avoir quelques malentendus et des incompréhensions. Je crois que sur l'antisémitisme, cela n'a pas de fondement. Il a pu avoir, comme ailleurs, des actes antisémites, il n'est pas question de banaliser ces actes et bien évidemment il faut prendre toutes les mesures qui s'imposent. Mais la France n'est certainement pas un pays antisémite, les Américains le savent parfaitement. Les représentants de la Communauté juive, de grandes voix, de grandes consciences françaises de la Communauté juive ont dit très clairement quelle était la situation dans notre pays. Le sursaut français, le refus de l'intolérance et de la xénophobie a été clairement marqué lors de l'élection présidentielle. Je crois qu'il faut éviter l'amalgame et évidemment rester prudent et serein sur toutes ces questions.
Q - Quelles sont les grands dossiers qui vous tiennent à coeur et sur lesquels vous allez insister particulièrement, les dossiers qui rassemblent mais aussi les dossiers qui divisent un peu les deux côtés de l'Atlantique ?
R - Dans nos relations avec nos amis américains, nous voulons traiter de tous les grands dossiers. C'est une relation ancienne, c'est une relation de confiance et à ce titre nous estimons très important de nouer un dialogue très direct et très franc avec les Américains. Au sujet des crises, bien sûr : la situation au Proche-Orient, la situation en Iraq, la situation en Afghanistan ; mais aussi des grands problèmes qui préoccupent le monde aujourd'hui : l'environnement, la solidarité, la pauvreté, les questions d'éthique, le nouvel ordre international, la Cour pénale internationale qui est actuellement un sujet délicat et difficile. Nous voulons aborder très franchement toutes ces questions pour que la coopération véritablement l'emporte aujourd'hui sur la concurrence. Il y a une exigence très forte. Le 11 septembre a créé une situation d'urgence, nous devons tous avancer et faire progresser le nouvel ordre international.
Q - Iraq, Cour pénale internationale, lutte contre le terrorisme - L'Iraq et la Cour pénale internationale surtout sont deux dossiers un petit peu épineux entre les deux pays ?
R - Je crois que ce sont deux dossiers qui sont très sensibles sur la scène internationale. Notre idée est bien évidemment de définir quels sont les objectifs. Avec les Américains, nous partageons sur l'Iraq le même objectif : faire retourner les inspecteurs, régler véritablement le problème du respect des résolutions des Nations unies, permettre au Secrétaire général d'aller jusqu'au bout sur ce dossier. C'est un impératif que nous partageons avec les Américains. Sur la Cour pénale, nous sommes partie à la création de cette cour et nous pensons qu'elle constitue une amélioration de l'ordre et de l'équilibre international. Nous voulons essayer de faire comprendre aux Américains que cette Cour n'est évidemment pas dirigée contre eux et que l'on pourrait peut-être trouver d'autres solutions qui ne menacent pas l'existence de cette Cour.
Q - On a l'impression que Colin Powell et Dominique de Villepin s'entendent très bien. Est-ce que l'on parle toujours d'unilatéralisme, et est-ce qu'il y a toujours des invectives entre la France et les Etats-Unis ? Est-ce qu'il y a un changement de ton, est-ce qu'il y a un changement d'entente ?
R - Ma conviction, c'est qu'aujourd'hui ce qui menace, ce n'est pas tant l'excès de la puissance que le vide de la puissance. Il y a une volonté commune d'agir, il y a une volonté de véritablement faire avancer les grands problèmes du monde. Donc c'est dans un esprit très positif que je viens rencontrer nos amis américains. Il n'y a aucun sujet qui ne soit tabou, nous voulons dire les choses très franchement. Il y a des sujets qui sont difficiles entre nous, parlons-en franchement, mettons les choses sur la table. Par exemple, comment faire avancer le problème du Proche-Orient ; par exemple, la Cour pénale internationale. Je crois que nous sommes là pour essayer de nous écouter et de faire avancer véritablement les choses. Il y a une urgence, cette urgence, le 11 septembre l'a clairement marquée. Nous sommes dans un nouveau monde où il y a une pression, où il y a des forces qui sont à l'uvre, des forces de déstabilisation, de terrorisme, la prolifération. Cela demande une mobilisation très forte de la communauté internationale et donc beaucoup de dialogue, beaucoup d'échanges, beaucoup de compréhension, beaucoup de tolérance.
Q - Mais au niveau des gouvernements, qu'est-ce qui a changé entre les hommes ?
R - J'ai grandi en partie aux Etats-Unis - j'aime ce pays, j'aime l'esprit de ce pays. Il y a un esprit de conquête, un esprit de liberté qui règne très fortement dans ce pays. Mais il est évident que chacun est fidèle à sa culture, chacun est fidèle aux propres intérêts de son pays et nous allons essayer évidemment - en restant fidèle chacun à soi-même - de faire avancer les grands sujets que nous avons à traiter
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juillet 2002)
R - J'étais il y a quelques jours encore au Proche-Orient, j'étais à Moscou avant-hier, je suis aujourd'hui à Washington évidemment pour rencontrer nos principaux interlocuteurs de l'administration. Je verrai Dick Cheney, le vice-président américain, Condoleezza Rice, du Conseil national pour les questions de sécurité et évidemment Colin Powell, le secrétaire d'Etat. Le but, c'est d'essayer de faire avancer un certain nombre de grands dossiers qui nous préoccupent. Les crises, bien sûr : la crise au Proche-Orient, la situation en Iraq, l'Afghanistan. Faire avancer aussi un certain nombre des grands sujets qui préoccupent la communauté internationale qui sont l'environnement, la solidarité, la pauvreté, la situation de l'Afrique, le problème de la Cour pénale internationale. Il y a là des grands défis qu'il nous faut essayer de résoudre ensemble, et je pense qu'aujourd'hui l'amitié et l'ancienneté des relations entre la France et les Etats-Unis nous placent en bonne position pour essayer, dans un esprit de coopération, dans un esprit de confiance et d'amitié, d'aborder ensemble les grandes questions du monde.
Q - Pour vous, quel est le dossier le plus brûlant qui soit sur la table à l'heure actuelle ?
R - Je crois que c'est le nouvel esprit de coopération qui doit présider aux relations internationales. Dans le monde de l'après 11 septembre, ce qui nous menace le plus, ce n'est pas tant l'excès de la puissance que le vide de la puissance. Il nous faut agir, agir ensemble pour répondre aux grands défis et bien évidemment aux crises les plus dangereuses qui menacent la planète. La crise du Proche-Orient est certainement une crise centrale qui nous préoccupe. La lutte contre le terrorisme, la lutte contre la prolifération sont aussi des grands sujets qui mobilisent la communauté internationale.
Q - Au-delà de cette espèce de coopération autour de sujets consensuels comme le terrorisme, il y a eu quelques grincements dans la relation franco-américaine ces derniers temps. Je pense notamment aux remarques du président Bush sur l'antisémitisme en France, un certain mécontentement que l'on voit dans la presse. Est-ce que vous sentez cela, est-ce que vous pensez aussi qu'il y a quelques remises au point à faire ?
R - Il peut y avoir quelques malentendus et des incompréhensions. Je crois que sur l'antisémitisme, cela n'a pas de fondement. Il a pu avoir, comme ailleurs, des actes antisémites, il n'est pas question de banaliser ces actes et bien évidemment il faut prendre toutes les mesures qui s'imposent. Mais la France n'est certainement pas un pays antisémite, les Américains le savent parfaitement. Les représentants de la Communauté juive, de grandes voix, de grandes consciences françaises de la Communauté juive ont dit très clairement quelle était la situation dans notre pays. Le sursaut français, le refus de l'intolérance et de la xénophobie a été clairement marqué lors de l'élection présidentielle. Je crois qu'il faut éviter l'amalgame et évidemment rester prudent et serein sur toutes ces questions.
Q - Quelles sont les grands dossiers qui vous tiennent à coeur et sur lesquels vous allez insister particulièrement, les dossiers qui rassemblent mais aussi les dossiers qui divisent un peu les deux côtés de l'Atlantique ?
R - Dans nos relations avec nos amis américains, nous voulons traiter de tous les grands dossiers. C'est une relation ancienne, c'est une relation de confiance et à ce titre nous estimons très important de nouer un dialogue très direct et très franc avec les Américains. Au sujet des crises, bien sûr : la situation au Proche-Orient, la situation en Iraq, la situation en Afghanistan ; mais aussi des grands problèmes qui préoccupent le monde aujourd'hui : l'environnement, la solidarité, la pauvreté, les questions d'éthique, le nouvel ordre international, la Cour pénale internationale qui est actuellement un sujet délicat et difficile. Nous voulons aborder très franchement toutes ces questions pour que la coopération véritablement l'emporte aujourd'hui sur la concurrence. Il y a une exigence très forte. Le 11 septembre a créé une situation d'urgence, nous devons tous avancer et faire progresser le nouvel ordre international.
Q - Iraq, Cour pénale internationale, lutte contre le terrorisme - L'Iraq et la Cour pénale internationale surtout sont deux dossiers un petit peu épineux entre les deux pays ?
R - Je crois que ce sont deux dossiers qui sont très sensibles sur la scène internationale. Notre idée est bien évidemment de définir quels sont les objectifs. Avec les Américains, nous partageons sur l'Iraq le même objectif : faire retourner les inspecteurs, régler véritablement le problème du respect des résolutions des Nations unies, permettre au Secrétaire général d'aller jusqu'au bout sur ce dossier. C'est un impératif que nous partageons avec les Américains. Sur la Cour pénale, nous sommes partie à la création de cette cour et nous pensons qu'elle constitue une amélioration de l'ordre et de l'équilibre international. Nous voulons essayer de faire comprendre aux Américains que cette Cour n'est évidemment pas dirigée contre eux et que l'on pourrait peut-être trouver d'autres solutions qui ne menacent pas l'existence de cette Cour.
Q - On a l'impression que Colin Powell et Dominique de Villepin s'entendent très bien. Est-ce que l'on parle toujours d'unilatéralisme, et est-ce qu'il y a toujours des invectives entre la France et les Etats-Unis ? Est-ce qu'il y a un changement de ton, est-ce qu'il y a un changement d'entente ?
R - Ma conviction, c'est qu'aujourd'hui ce qui menace, ce n'est pas tant l'excès de la puissance que le vide de la puissance. Il y a une volonté commune d'agir, il y a une volonté de véritablement faire avancer les grands problèmes du monde. Donc c'est dans un esprit très positif que je viens rencontrer nos amis américains. Il n'y a aucun sujet qui ne soit tabou, nous voulons dire les choses très franchement. Il y a des sujets qui sont difficiles entre nous, parlons-en franchement, mettons les choses sur la table. Par exemple, comment faire avancer le problème du Proche-Orient ; par exemple, la Cour pénale internationale. Je crois que nous sommes là pour essayer de nous écouter et de faire avancer véritablement les choses. Il y a une urgence, cette urgence, le 11 septembre l'a clairement marquée. Nous sommes dans un nouveau monde où il y a une pression, où il y a des forces qui sont à l'uvre, des forces de déstabilisation, de terrorisme, la prolifération. Cela demande une mobilisation très forte de la communauté internationale et donc beaucoup de dialogue, beaucoup d'échanges, beaucoup de compréhension, beaucoup de tolérance.
Q - Mais au niveau des gouvernements, qu'est-ce qui a changé entre les hommes ?
R - J'ai grandi en partie aux Etats-Unis - j'aime ce pays, j'aime l'esprit de ce pays. Il y a un esprit de conquête, un esprit de liberté qui règne très fortement dans ce pays. Mais il est évident que chacun est fidèle à sa culture, chacun est fidèle aux propres intérêts de son pays et nous allons essayer évidemment - en restant fidèle chacun à soi-même - de faire avancer les grands sujets que nous avons à traiter
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juillet 2002)