Texte intégral
Charles Pasqua, bonsoir.
Bonsoir.
Est ce que je dois dire : Monsieur le Président du RPF, bonsoir ?
Si vous voulez.
Vous êtes toujours Président du RPF ?
Oui, toujours.
Alors, autre question. Je rappelle que le RPF, vous l'avez fondé avec Philippe de Villiers, au lendemain des élections européennes. Vous avez fait un bon score, 13,5%, si mes souvenirs sont bons. Et le RPF ne va pas bien. Alors, est ce qu'il existe toujours ?
Il existe toujours, il se porte bien. Dans ses profondeurs, il se porte bien. Nous avons eu quelques problèmes qui étaient inévitables parce que réaliser l'osmose entre des gens qui viennent d'horizons très différents ou des gens qui n'avaient pas fait du tout de politique, c'est difficile. Ce n'est pas impossible mais il faut du temps. Tout cela trouvera ses limites et puis ses solutions.
De toute façon, actuellement nous avons un autre problème qui est pour tous les mouvements politiques, la bataille politique.
On va y venir à cette bataille. Vous êtes bien placé pour savoir que pour mener une bataille politique, il faut des instruments, des outils.
Oui, c'est évident.
Alors je voudrais quand même un peu plus de précisions sur la santé de l'appareil. Vous avez décidé de ne pas tenir le fameux Conseil National. Il se tiendra ?
Oui, il se tiendra. Probablement au mois de septembre.
A la rentrée. Et vous avez dit aussi Vous avez quand même formulé des propos qui semblaient définitifs.
On ne va pas revenir là dessus. Cela ne présente pas d'intérêt.
Si, moi cela m'intéresse
Non, cela vous intéresse peut être mais je suis persuadé que cela n'intéresse absolument pas les Français.
Mais alors, quand vous dites : la coupe est pleine, c'est fini avec Philippe de Villiers, c'est un mouvement d'humeur ?
Oui, parce qu'il y a des moments dans la vie où il faut clarifier les choses. Elles trouvent leurs solutions ou en tous les cas, elles les trouveront. Moi, actuellement, j'ai l'occasion de tourner en France. La semaine dernière, j'étais dans le Vaucluse. Demain, je serai dans le Var et dans les Alpes Maritimes et j'aurai terminé un mini tour de France.
Dans l'ensemble, nous n'avons pas de problème majeur. Les gens sont maintenant des gens engagés dans la bataille politique et je dirais qu'au niveau de la bataille politique et des enjeux, il n'y a pas de différence entre Philippe de Villiers et moi. Nous allons soutenir tous les deux la bataille pour le non au référendum Il n'y a pas de problème.
Alors, c'était juste un épisode. Les journalistes se sont trompés, il s ont cru à un divorce. Ce n'était pas du tout un divorce, vous êtes réconciliés.
C'était une séparation, voilà.
Et alors, vous êtes revenu sur la séparation ?
Non, pour le moment, pas encore. Vous savez, il faut du temps quand on se sépare. Non, le problème est beaucoup plus simple puisque vous voulez que l'on en dise un mot
Oui, pour être clair.
Mais très rapidement. On ne va pas s'étendre
Non, mais il faut être précis quand même.
Mais je n'ai pas l'habitude d'être précis. J'ai dit tout à l'heure que pour réaliser un mouvement politique en partant de sensibilités différentes, il faut du temps pour arriver à une osmose. Ce temps nous a manqué puisqu'il y a en fait un an que nous avons créé ce mouvement politique.
Je crois que l'erreur que nous avons commise était de vouloir faire un mouvement unitaire. Nous aurions mieux fait de choisir comme démarche une démarche de type plutôt confédérale, c'est à dire chaque sensibilité gardant sa personnalité.
Je pense que c'est plutôt vers cette formule que nous nous orientons. Elle aura un mérite supplémentaire, c'est qu'elle permettra aussi d'accueillir en notre sein d'autres sensibilités et donc d'ouvrir le propre d'un rassemblement, comme son nom l'indique, ce n'est pas de rester fermer sur une sensibilité ou deux. C'est d'être beaucoup plus ouvert, voilà. Le problème est là
C'était d'ailleurs cela qui semblait vous opposer à Philippe de Villiers, un problème de fond
Peut être moins avec lui qu'avec un certain nombre de gens qui étaient de sa sensibilité. Mais çà la véritable ambition du rassemblement doit être celle là : s'ouvrir le plus largement possible et nous avons là une échéance qui nous le permet. Nous avons ce référendum sur le quinquennat. Au delà du référendum, nous avons la conférence intergouvernementale qui risque de déboucher sur de nouveaux abandons de souveraineté
La conférence intergouvernementale qui doit réformer les institutions européennes sous la présidence française
Oui, et nous n'acceptons pas ce qui est en train de se préparer. De toute façon, le référendum va être l'occasion, même si ce référendum est biaisé au départ parce que l'on ne dit pas la vérité aux Français. Il y a de la part du président de la République comme de la part du Premier ministre une tromperie qui consiste à dire : c'est un petite réforme. En réalité, on passe de sept ans à cinq ans.
Non, la réalité est d'une autre nature et je pense que le référendum doit nous permettre d'amener les Français à se rendre compte de ce qui est en route.
Que le président de la République et le Premier ministre, pour des raisons de convenance ou d'intérêts personnels, aient choisi cette démarche, c'est une chose qui en ce qui me concerne me choque profondément et j'aurai l'occasion de le dire, parce qu'en réalité, au delà de la réduction du mandat présidentiel qui paraît être peu de choses.
Qu'est ce qui va se passer ? C'est que jusqu'à présent, le président de la République étant élu lors d'une échéance qui lui est propre en dehors des échéances législatives et autres, et pour un mandat de sept ans, voyait au second tour se constituer autour de lui une majorité beaucoup plus large que les majorités parlementaires. C'est ce qui lui donnait à la fois son assise, sa légitimité et les moyens nécessaires pour assumer la défense des intérêts généraux du pays.
Exception faite des temps de cohabitation
C'est un autre problème. Il y a deux hypothèses en matière de cohabitation : il y a la cohabitation subie et la cohabitation inévitable.
La cohabitation inévitable, c'est celle qui résulte des échéances normales, au cours de laquelle effectivement lors d'une échéance de renouvellement législatif, le président de la République peut avoir une majorité qui ne lui est pas favorable.
Pour nous, un certain nombre de gens qui restent attachés à l'esprit des institutions, dans ce cas là, il n'y a pas d'autres solutions pour le président de la République que de remettre son mandat à la disposition du peuple.
Ensuite, il y a la cohabitation qui résulte d'une initiative du président de la République et qui finalement est une cohabitation subie. Mais il n'a pas à la subir s'il le veut, il suffit là aussi qu'il remette son mandat à la disposition des Français.
Nous sommes dans un système qui est celui d'une cohabitation qui n'avait pas été souhaitée mais qui est le résultat d'une initiative du président de la République. Cette cohabitation aura duré ou va durer cinq ans. Elle aura dénaturé les institutions et on voit bien en particulier que le référendum notamment est le résultat de cette cohabitation " je te tiens, tu me tiens par la barbichette ".
Alors, vous allez lancer cette campagne contre le quinquennat. D'abord, vous allez avoir peu de temps le 24 septembre, si on pense que les gens vont revenir au début du mois de septembre, cela fait une vingtaine de jours.
A tout casser, oui vingt jours. Raison de plus pour commencer la campagne très rapidement.
Vous allez la faire pendant tout l'été ?
Non, pas pendant tout l'été. Du 20 juillet au 25 août, je vous rassure, vous ne me verrez pas sur les plages. En tous les cas, vous ne m'y verrez pas dans l'attitude de l'homme sandwich.
Mais il est vrai que nous aurons peu de temps. Là aussi je dois dire que l'attitude du président de la République et du Premier ministre est condamnable. Le Conseil Constitutionnel comme le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel avaient proposé une date convenable qui était le 8 octobre.
Manifestement on a choisi de réunir les conditions pour que la campagne soit très courte et que nous ayons le moins de temps possible pour nous exprimer. Il se trompe.
Il y a plusieurs questions qui se posent. Vous allez faire cette campagne avec qui ? Avec votre confédération nouvelle du RPF ?
Je crois que la campagne sera conduite parallèlement
Chacun va mener campagne de son côté, Philippe de Villiers d'un côté, Charles Pasqua de l'autre.
C'est comme ce qui s'était fait au moment de Maastricht, pas seulement Charles Pasqua, Philippe de Villiers et d'autres. Mais chacun d'entre nous fera campagne comme il l'entend. Peut être à la fin aurons nous un meeting commun, nous verrons bien, pour manifester notre accord sur l'essentiel.
Vous pourriez avoir encore un meeting commun ?
Oui, oui
Quand je dis avec qui aussi, c'est qu'un certain nombre de gens sont préoccupés par votre mouvement
Ne soyez pas trop préoccupé.
Quand je vois qu'un certain nombre de vos compagnons du RPF vous ont quitté comme Paul- Marie Coûteaux, comme Nicolas Dupont Aignan
Ecoutez
Est ce que vous ne risquez pas de vous retrouver comme un général sans troupes ? Courageux mais sans troupes ?
Le problème n'est pas là. D'abord si j'avais souhaité en créant ce mouvement si je m'étais donné comme objectif de rassembler des personnalités, députés ou autres, il est bien évident que j'aurais commis une erreur manifeste. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est de s'adresser aux Français et de rassembler le maximum d'entre eux. Nous n'avions pas plus de députés avec nous quand nous avons fait la campagne des élections européennes. Nous avons eu contre nous tous les partis politiques. Nous avons eu contre nous tous les parlementaires. Nous avons eu contre nous tous les maires et tous les notables. Est ce que cela nous a empêché de faire un bon score ?
Vous pensez pouvoir réaliser la prouesse du référendum sur Maastricht ?
Cà, je ne sais pas !
Cela vous étonne quand vous voyez que plus de 80% des Français au vu des sondages
Cela, je ne le crois pas du tout.
Vous ne le croyez pas ?
Non, pas du tout.
Si on leur dit : finalement c'est plus sympathique de consulter tous les cinq ans plutôt que tous les sept ans.
Oui, mais alors il faudrait leur expliquer aussi que l'on pourrait les consulter encore plus souvent que tous les cinq ans parce qu'il y a justement dans les institutions de la Vème République
Le référendum
Oui ! Il y avait la pratique référendaire. Le général de Gaulle a été au pouvoir de 1958 à 1969. Il a consulté les Français dix fois à travers un certain nombre de scrutins. Et lorsque le président de la République ou le Premier ministre, qui dans cette affaire tiennent à peu près le même langage, disent : cela donnera davantage de respiration démocratique, non, je crois que ce n'est pas sérieux. La réalité, c'est que pour des raisons de convenances personnelles, ils ont choisi cette solution.
Autre question d'intendance : est ce que vous allez avoir les moyens financiers nécessaires pour mener cette campagne ? Cela coûte cher une campagne et je crois - détrompez moi - il me semble que dans la loi, il n'est pas prévu de financement des campagnes référendaires, c'est un vide
C'est exact.
Alors, où trouver l'argent ?
C'est un vide dommageable
Oui, mais enfin, en attendant que la loi change, il faut trouver l'argent
Auprès des Français.
Souscription ?
Oui, nous en avons lancé une aujourd'hui. Une souscription et puis aussi la volonté des militants d'assumer par eux mêmes un certain nombre de coûts. Nous avons retrouvé ce qui est formidable, c'est que dans ce mouvement, nous avons retrouvé l'enthousiasme et la mobilisation des premiers jours du gaullisme, ce qui me réjouit. J'étais à Nîmes, j'étais dans le Var
Vous me sidérez. Je me demande si vous ne pratiquez pas la méthode Coué ? L'enthousiasme, etc alors que
Je vous tends la main.
Je vous la donne volontiers.
Non, mais quand je vous tends la main, cela veut dire que je vous fais un pari.
Oui, allez y.
Tapez dans ma main et venez avec moi
Allez, je tapequel est votre pari ?
Venez avec moi ! Vous m'accompagnez et vous verrez comment cela fonctionne. Comme cela, vous n'aurez pas à vous interroger ensuite pour savoir si je vous ai raconté des craques ou si je vous ai dit la vérité. Non, je ne pratique pas la méthode Coué.
Je suis satisfait parce que, malgré les turbulences, cela n'a en rien changé la capacité de mobilisation et la sensibilité des gens. Je crois que cela n'a strictement rien à voir avec les sondages. Si on questionne les gens en leur disant : est ce que vous êtes d'accord si l'on consulte les Français plus souvent ? Ils vous répondent oui.
Quand nous leur aurons expliqué, même pendant trois semaines seulement, de quoi il est question, nous verrons bien quels seront les résultats.
Vous savez, regardez un peu ce qu'il risque de se passer. Si nous raisonnons et si nous essayons de projeter les choses d'une manière optimiste pour les tenants actuels du quinquennat. Admettons qu'il n'y ait pas plus de 50% d'abstention, c'est une hypothèse aimable de ma part
Au vu des sondages aussi effectivement
Supposons en ce qui nous concerne que le non ne fasse pas plus de 30%, c'est une hypothèse également optimiste, qu'il en reste 70% pour le oui.
70% de 50%, cela fait combien ?
Cela fait un référendum qui est gagné par Jacques Chirac ?
C'est peut être un référendum qui est gagné par Jacques Chirac mais cela veut dire que le président de la République, le Premier ministre et tous les partis qui les auront soutenus auront représenté moins d'un Français sur trois. Si cela leur convient, tant mieux pour eux. Alors, dans ce cas, rendez vous aux législatives !
Oui, mais vous savez très bien comment se font les calculs politiques. On dira : le président de la République a remporté ce référendum même s'il y a eu une faible participation, vous êtes d'accord que cela se passe comme cela.
Oui, mais enfin je sais également que de leur côté, ce qui les inquiète, c'est qu'il y ait une faible participation et un score inférieur à ce qu'ils espéraient au départ.
Vous allez lier l'affaire du quinquennat - vous le faisiez au début de notre entretien - avec votre prise de position contre le fédéralisme même si cela n'a pas de rapport ?
Oui, bien sûr, mais c'est la même chose.
Comment, c'est la même chose ?
Mais parce que Monsieur Chirac et Monsieur Jospin qui proposent l'un et l'autre le référendum sont en réalité engagés dans une démarche fédéraliste !
Ce sont eux ils ont tous les deux été pour le traité d'Amsterdam qu'ils appliquent, ils sont tous les deux pour la réforme des institutions européennes qui visent à déposséder les Français d'une part supplémentaire de leur souveraineté - pas seulement les Français mais tous les peuples européens - il s'agit de passer à la majorité qualifiée et de voir donc une minorité de peuples imposer leur point de vue à d'autres. C'est inacceptable.
Si vous étiez
Tout cela sera lié, bien sûr.
Si vous étiez à la place aujourd'hui de Jacques Chirac, assurant la présidence de l'Union européenne
Ce n'est pas le cas.
Non, j'entends bien. Mais pour comprendre exactement quelle serait votre position, cela veut dire que dans le contexte actuel, vous diriez : on ne va pas plus loin dans la réforme des institutions, donc il faut retarder l'élargissement.
Mais bien entendu ! Tout cela est une démarche ridicule. Le problème n'est pas de savoir si on est pour ou contre l'Europe. Il n'y a pas d'anti européens, tout le monde est pour l'Europe. Mais tout le monde sait également qu'à l'heure actuelle, cela ne marche pas.
Est ce que cela marchera mieux demain avec cette réforme ? La réponse est non, c'est clair.
Moi je pose une autre question : est ce que Monsieur Chirac, Monsieur Jospin ou quelque chef d'Etat ou de gouvernement européen est en mesure aujourd'hui de nous dire : voilà la vision que je me fais de la place de l'Europe dans le monde dans dix ans et voilà le rôle qu'elle est appelée à jouer.
Est ce que d'abord l'Europe veut être européenne, c'est à dire qu'elle veut être indépendante ? Et est ce qu'on veut constituer un pôle d'équilibre par rapport aux Etats-Unis et par rapport aux grandes puissances de demain dont la Chine ? Qui se pose ce genre de question ?
Si vous posez cette question à Lionel Jospin et à Jacques Chirac, ils vous répondront que oui !
Oui, mais ils ne le feront pas parce qu'en réalité, ils ne font rien pour cela et ils savent aussi bien que moi que cette question n'a jamais été posée aux Européens et que d'autre part, parmi les Etats européens, nous sommes probablement encore les seuls, sous réserve de leur propre volonté, ce qui reste à démontrer, à penser que l'Europe doit être indépendante et tracer sa propre route.
Les autres ne le veulent pas, pas plus l'Angleterre que les Allemands, que l'Espagne, que les Italiens, mais est ce qu'on a posé la question au peuple ? On nous parle de Constitution, commençons par le commencement. Consultons les peuples sur leur vision de l'Europe.
Alors votre campagne contre le quinquennat, cela va être une sorte de galop d'essai en vue de la prochaine campagne présidentielle que vous ferez ?
Oui, le prochain galop en vue de la prochaine campagne présidentielle, ce n'est pas tout à fait comme cela que cela se présente mais en tous les cas dans notre esprit, ce sera une condamnation de la cohabitation et une condamnation de l'attitude du président de la République et du Premier ministre.
Il y a une chose qui m'a frappé l'autre jour à Strasbourg quand vous vous êtes exprimé et puis Jacques Chirac vous a répondu, vous n'étiez visiblement pas d'accord. Jacques Chirac rappelait que vous ne regardiez pas l'Europe avec les mêmes lunettes. Et en même temps, de part et d'autre, on avait l'impression d'une vieille complicité d'amitié qui passait
Oui, l'amitié demeure, il n'y a pas de problème, c'est clair. Nous ne pouvons pas passer par profits et pertes les années passées en commun mais pour moi, c'est une très grande déception que de voir Jacques Chirac aujourd'hui tourner le dos à ce qui était nos convictions communes. Moi j'y reste fidèle.
La première échéance électorale qui va se poser après le référendum, ce sont les municipales. Vous allez être dans l'état de votre mouvement en mesure de présenter des candidats partout et notamment par exemple à Paris ?
Nous avons déjà défini quelle serait notre attitude.
Soutien à Jean Tibéri ?
Ah, non
Je vous pose cette question parce que c'est un militant RPF qui a déclenché une plainte contre Lyne Cohen - Solal et quand on regarde les sondages, pardonnez moi de faire référence aux sondages, les militants RPF sont le plus solide soutien de Jean Tibéri.
C'est possible, mais moi je connais pas le militant RPF dont vous parlez.
Il s'appelle Eric Dragues.
Je sais. Je regarde la télé et je lis les journaux. Je ne doute pas qu'il existe mais nous ne sommes strictement pour rien dans tout cela. Mais la démarche qui va être la nôtre, nous l'avons définie il y a déjà quelques mois au Bureau National.
Sauf quand il y a danger de voir la gauche l'emporter ou lorsque la gauche est déjà au pouvoir, dans ce cas nous sommes favorables à des listes d'union. Partout ailleurs, je le répète, nous irons à la bataille sous notre propre drapeau.
Et ensuite, vous soutiendrez Philippe Séguin, votre vieux complice ?
Quand, au troisième tour ? Nous verrons bien. Ce sont les électeurs qui vont le décider, ce ne sont pas les états majors, ce sont les électeurs qui votent.
C'est vous qui incarnez aujourd'hui l'héritage du gaullisme ?
Je n'ai pas du tout l'ambition d'incarner l'héritage du gaullisme.
Vous dites que Jacques Chirac ne l'incarne pas.
Non, je ne dis pas cela. Je dis que Jacques Chirac a tourné le dos aux engagements qui étaient les siens lorsqu'il se réclamait du gaullisme. Moi j'essaie de rester à ce que je pense être et avoir été les objectifs essentiels du gaullisme pour la France.
Alors le programme de Charles Pasqua maintenant, c'est quelques jours de vacances au mois d'août et ensuite la campagne et peut être un meeting commun avec Philippe de Villiers
Oui, et puis avec d'autres
Donc ce n'est qu'une séparation provisoire ou c'est une séparation qui va jusqu'au divorce ?
Demandez cela à Philippe de Villiers aussi parce que
Comme dans un couple, oui.
Evidemment. Je vois que vous connaissez cela.
Merci, Monsieur Pasqua.
Je vous en prie.
(source http://www.rpfie.org, le 11 juillet 2000)
Bonsoir.
Est ce que je dois dire : Monsieur le Président du RPF, bonsoir ?
Si vous voulez.
Vous êtes toujours Président du RPF ?
Oui, toujours.
Alors, autre question. Je rappelle que le RPF, vous l'avez fondé avec Philippe de Villiers, au lendemain des élections européennes. Vous avez fait un bon score, 13,5%, si mes souvenirs sont bons. Et le RPF ne va pas bien. Alors, est ce qu'il existe toujours ?
Il existe toujours, il se porte bien. Dans ses profondeurs, il se porte bien. Nous avons eu quelques problèmes qui étaient inévitables parce que réaliser l'osmose entre des gens qui viennent d'horizons très différents ou des gens qui n'avaient pas fait du tout de politique, c'est difficile. Ce n'est pas impossible mais il faut du temps. Tout cela trouvera ses limites et puis ses solutions.
De toute façon, actuellement nous avons un autre problème qui est pour tous les mouvements politiques, la bataille politique.
On va y venir à cette bataille. Vous êtes bien placé pour savoir que pour mener une bataille politique, il faut des instruments, des outils.
Oui, c'est évident.
Alors je voudrais quand même un peu plus de précisions sur la santé de l'appareil. Vous avez décidé de ne pas tenir le fameux Conseil National. Il se tiendra ?
Oui, il se tiendra. Probablement au mois de septembre.
A la rentrée. Et vous avez dit aussi Vous avez quand même formulé des propos qui semblaient définitifs.
On ne va pas revenir là dessus. Cela ne présente pas d'intérêt.
Si, moi cela m'intéresse
Non, cela vous intéresse peut être mais je suis persuadé que cela n'intéresse absolument pas les Français.
Mais alors, quand vous dites : la coupe est pleine, c'est fini avec Philippe de Villiers, c'est un mouvement d'humeur ?
Oui, parce qu'il y a des moments dans la vie où il faut clarifier les choses. Elles trouvent leurs solutions ou en tous les cas, elles les trouveront. Moi, actuellement, j'ai l'occasion de tourner en France. La semaine dernière, j'étais dans le Vaucluse. Demain, je serai dans le Var et dans les Alpes Maritimes et j'aurai terminé un mini tour de France.
Dans l'ensemble, nous n'avons pas de problème majeur. Les gens sont maintenant des gens engagés dans la bataille politique et je dirais qu'au niveau de la bataille politique et des enjeux, il n'y a pas de différence entre Philippe de Villiers et moi. Nous allons soutenir tous les deux la bataille pour le non au référendum Il n'y a pas de problème.
Alors, c'était juste un épisode. Les journalistes se sont trompés, il s ont cru à un divorce. Ce n'était pas du tout un divorce, vous êtes réconciliés.
C'était une séparation, voilà.
Et alors, vous êtes revenu sur la séparation ?
Non, pour le moment, pas encore. Vous savez, il faut du temps quand on se sépare. Non, le problème est beaucoup plus simple puisque vous voulez que l'on en dise un mot
Oui, pour être clair.
Mais très rapidement. On ne va pas s'étendre
Non, mais il faut être précis quand même.
Mais je n'ai pas l'habitude d'être précis. J'ai dit tout à l'heure que pour réaliser un mouvement politique en partant de sensibilités différentes, il faut du temps pour arriver à une osmose. Ce temps nous a manqué puisqu'il y a en fait un an que nous avons créé ce mouvement politique.
Je crois que l'erreur que nous avons commise était de vouloir faire un mouvement unitaire. Nous aurions mieux fait de choisir comme démarche une démarche de type plutôt confédérale, c'est à dire chaque sensibilité gardant sa personnalité.
Je pense que c'est plutôt vers cette formule que nous nous orientons. Elle aura un mérite supplémentaire, c'est qu'elle permettra aussi d'accueillir en notre sein d'autres sensibilités et donc d'ouvrir le propre d'un rassemblement, comme son nom l'indique, ce n'est pas de rester fermer sur une sensibilité ou deux. C'est d'être beaucoup plus ouvert, voilà. Le problème est là
C'était d'ailleurs cela qui semblait vous opposer à Philippe de Villiers, un problème de fond
Peut être moins avec lui qu'avec un certain nombre de gens qui étaient de sa sensibilité. Mais çà la véritable ambition du rassemblement doit être celle là : s'ouvrir le plus largement possible et nous avons là une échéance qui nous le permet. Nous avons ce référendum sur le quinquennat. Au delà du référendum, nous avons la conférence intergouvernementale qui risque de déboucher sur de nouveaux abandons de souveraineté
La conférence intergouvernementale qui doit réformer les institutions européennes sous la présidence française
Oui, et nous n'acceptons pas ce qui est en train de se préparer. De toute façon, le référendum va être l'occasion, même si ce référendum est biaisé au départ parce que l'on ne dit pas la vérité aux Français. Il y a de la part du président de la République comme de la part du Premier ministre une tromperie qui consiste à dire : c'est un petite réforme. En réalité, on passe de sept ans à cinq ans.
Non, la réalité est d'une autre nature et je pense que le référendum doit nous permettre d'amener les Français à se rendre compte de ce qui est en route.
Que le président de la République et le Premier ministre, pour des raisons de convenance ou d'intérêts personnels, aient choisi cette démarche, c'est une chose qui en ce qui me concerne me choque profondément et j'aurai l'occasion de le dire, parce qu'en réalité, au delà de la réduction du mandat présidentiel qui paraît être peu de choses.
Qu'est ce qui va se passer ? C'est que jusqu'à présent, le président de la République étant élu lors d'une échéance qui lui est propre en dehors des échéances législatives et autres, et pour un mandat de sept ans, voyait au second tour se constituer autour de lui une majorité beaucoup plus large que les majorités parlementaires. C'est ce qui lui donnait à la fois son assise, sa légitimité et les moyens nécessaires pour assumer la défense des intérêts généraux du pays.
Exception faite des temps de cohabitation
C'est un autre problème. Il y a deux hypothèses en matière de cohabitation : il y a la cohabitation subie et la cohabitation inévitable.
La cohabitation inévitable, c'est celle qui résulte des échéances normales, au cours de laquelle effectivement lors d'une échéance de renouvellement législatif, le président de la République peut avoir une majorité qui ne lui est pas favorable.
Pour nous, un certain nombre de gens qui restent attachés à l'esprit des institutions, dans ce cas là, il n'y a pas d'autres solutions pour le président de la République que de remettre son mandat à la disposition du peuple.
Ensuite, il y a la cohabitation qui résulte d'une initiative du président de la République et qui finalement est une cohabitation subie. Mais il n'a pas à la subir s'il le veut, il suffit là aussi qu'il remette son mandat à la disposition des Français.
Nous sommes dans un système qui est celui d'une cohabitation qui n'avait pas été souhaitée mais qui est le résultat d'une initiative du président de la République. Cette cohabitation aura duré ou va durer cinq ans. Elle aura dénaturé les institutions et on voit bien en particulier que le référendum notamment est le résultat de cette cohabitation " je te tiens, tu me tiens par la barbichette ".
Alors, vous allez lancer cette campagne contre le quinquennat. D'abord, vous allez avoir peu de temps le 24 septembre, si on pense que les gens vont revenir au début du mois de septembre, cela fait une vingtaine de jours.
A tout casser, oui vingt jours. Raison de plus pour commencer la campagne très rapidement.
Vous allez la faire pendant tout l'été ?
Non, pas pendant tout l'été. Du 20 juillet au 25 août, je vous rassure, vous ne me verrez pas sur les plages. En tous les cas, vous ne m'y verrez pas dans l'attitude de l'homme sandwich.
Mais il est vrai que nous aurons peu de temps. Là aussi je dois dire que l'attitude du président de la République et du Premier ministre est condamnable. Le Conseil Constitutionnel comme le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel avaient proposé une date convenable qui était le 8 octobre.
Manifestement on a choisi de réunir les conditions pour que la campagne soit très courte et que nous ayons le moins de temps possible pour nous exprimer. Il se trompe.
Il y a plusieurs questions qui se posent. Vous allez faire cette campagne avec qui ? Avec votre confédération nouvelle du RPF ?
Je crois que la campagne sera conduite parallèlement
Chacun va mener campagne de son côté, Philippe de Villiers d'un côté, Charles Pasqua de l'autre.
C'est comme ce qui s'était fait au moment de Maastricht, pas seulement Charles Pasqua, Philippe de Villiers et d'autres. Mais chacun d'entre nous fera campagne comme il l'entend. Peut être à la fin aurons nous un meeting commun, nous verrons bien, pour manifester notre accord sur l'essentiel.
Vous pourriez avoir encore un meeting commun ?
Oui, oui
Quand je dis avec qui aussi, c'est qu'un certain nombre de gens sont préoccupés par votre mouvement
Ne soyez pas trop préoccupé.
Quand je vois qu'un certain nombre de vos compagnons du RPF vous ont quitté comme Paul- Marie Coûteaux, comme Nicolas Dupont Aignan
Ecoutez
Est ce que vous ne risquez pas de vous retrouver comme un général sans troupes ? Courageux mais sans troupes ?
Le problème n'est pas là. D'abord si j'avais souhaité en créant ce mouvement si je m'étais donné comme objectif de rassembler des personnalités, députés ou autres, il est bien évident que j'aurais commis une erreur manifeste. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est de s'adresser aux Français et de rassembler le maximum d'entre eux. Nous n'avions pas plus de députés avec nous quand nous avons fait la campagne des élections européennes. Nous avons eu contre nous tous les partis politiques. Nous avons eu contre nous tous les parlementaires. Nous avons eu contre nous tous les maires et tous les notables. Est ce que cela nous a empêché de faire un bon score ?
Vous pensez pouvoir réaliser la prouesse du référendum sur Maastricht ?
Cà, je ne sais pas !
Cela vous étonne quand vous voyez que plus de 80% des Français au vu des sondages
Cela, je ne le crois pas du tout.
Vous ne le croyez pas ?
Non, pas du tout.
Si on leur dit : finalement c'est plus sympathique de consulter tous les cinq ans plutôt que tous les sept ans.
Oui, mais alors il faudrait leur expliquer aussi que l'on pourrait les consulter encore plus souvent que tous les cinq ans parce qu'il y a justement dans les institutions de la Vème République
Le référendum
Oui ! Il y avait la pratique référendaire. Le général de Gaulle a été au pouvoir de 1958 à 1969. Il a consulté les Français dix fois à travers un certain nombre de scrutins. Et lorsque le président de la République ou le Premier ministre, qui dans cette affaire tiennent à peu près le même langage, disent : cela donnera davantage de respiration démocratique, non, je crois que ce n'est pas sérieux. La réalité, c'est que pour des raisons de convenances personnelles, ils ont choisi cette solution.
Autre question d'intendance : est ce que vous allez avoir les moyens financiers nécessaires pour mener cette campagne ? Cela coûte cher une campagne et je crois - détrompez moi - il me semble que dans la loi, il n'est pas prévu de financement des campagnes référendaires, c'est un vide
C'est exact.
Alors, où trouver l'argent ?
C'est un vide dommageable
Oui, mais enfin, en attendant que la loi change, il faut trouver l'argent
Auprès des Français.
Souscription ?
Oui, nous en avons lancé une aujourd'hui. Une souscription et puis aussi la volonté des militants d'assumer par eux mêmes un certain nombre de coûts. Nous avons retrouvé ce qui est formidable, c'est que dans ce mouvement, nous avons retrouvé l'enthousiasme et la mobilisation des premiers jours du gaullisme, ce qui me réjouit. J'étais à Nîmes, j'étais dans le Var
Vous me sidérez. Je me demande si vous ne pratiquez pas la méthode Coué ? L'enthousiasme, etc alors que
Je vous tends la main.
Je vous la donne volontiers.
Non, mais quand je vous tends la main, cela veut dire que je vous fais un pari.
Oui, allez y.
Tapez dans ma main et venez avec moi
Allez, je tapequel est votre pari ?
Venez avec moi ! Vous m'accompagnez et vous verrez comment cela fonctionne. Comme cela, vous n'aurez pas à vous interroger ensuite pour savoir si je vous ai raconté des craques ou si je vous ai dit la vérité. Non, je ne pratique pas la méthode Coué.
Je suis satisfait parce que, malgré les turbulences, cela n'a en rien changé la capacité de mobilisation et la sensibilité des gens. Je crois que cela n'a strictement rien à voir avec les sondages. Si on questionne les gens en leur disant : est ce que vous êtes d'accord si l'on consulte les Français plus souvent ? Ils vous répondent oui.
Quand nous leur aurons expliqué, même pendant trois semaines seulement, de quoi il est question, nous verrons bien quels seront les résultats.
Vous savez, regardez un peu ce qu'il risque de se passer. Si nous raisonnons et si nous essayons de projeter les choses d'une manière optimiste pour les tenants actuels du quinquennat. Admettons qu'il n'y ait pas plus de 50% d'abstention, c'est une hypothèse aimable de ma part
Au vu des sondages aussi effectivement
Supposons en ce qui nous concerne que le non ne fasse pas plus de 30%, c'est une hypothèse également optimiste, qu'il en reste 70% pour le oui.
70% de 50%, cela fait combien ?
Cela fait un référendum qui est gagné par Jacques Chirac ?
C'est peut être un référendum qui est gagné par Jacques Chirac mais cela veut dire que le président de la République, le Premier ministre et tous les partis qui les auront soutenus auront représenté moins d'un Français sur trois. Si cela leur convient, tant mieux pour eux. Alors, dans ce cas, rendez vous aux législatives !
Oui, mais vous savez très bien comment se font les calculs politiques. On dira : le président de la République a remporté ce référendum même s'il y a eu une faible participation, vous êtes d'accord que cela se passe comme cela.
Oui, mais enfin je sais également que de leur côté, ce qui les inquiète, c'est qu'il y ait une faible participation et un score inférieur à ce qu'ils espéraient au départ.
Vous allez lier l'affaire du quinquennat - vous le faisiez au début de notre entretien - avec votre prise de position contre le fédéralisme même si cela n'a pas de rapport ?
Oui, bien sûr, mais c'est la même chose.
Comment, c'est la même chose ?
Mais parce que Monsieur Chirac et Monsieur Jospin qui proposent l'un et l'autre le référendum sont en réalité engagés dans une démarche fédéraliste !
Ce sont eux ils ont tous les deux été pour le traité d'Amsterdam qu'ils appliquent, ils sont tous les deux pour la réforme des institutions européennes qui visent à déposséder les Français d'une part supplémentaire de leur souveraineté - pas seulement les Français mais tous les peuples européens - il s'agit de passer à la majorité qualifiée et de voir donc une minorité de peuples imposer leur point de vue à d'autres. C'est inacceptable.
Si vous étiez
Tout cela sera lié, bien sûr.
Si vous étiez à la place aujourd'hui de Jacques Chirac, assurant la présidence de l'Union européenne
Ce n'est pas le cas.
Non, j'entends bien. Mais pour comprendre exactement quelle serait votre position, cela veut dire que dans le contexte actuel, vous diriez : on ne va pas plus loin dans la réforme des institutions, donc il faut retarder l'élargissement.
Mais bien entendu ! Tout cela est une démarche ridicule. Le problème n'est pas de savoir si on est pour ou contre l'Europe. Il n'y a pas d'anti européens, tout le monde est pour l'Europe. Mais tout le monde sait également qu'à l'heure actuelle, cela ne marche pas.
Est ce que cela marchera mieux demain avec cette réforme ? La réponse est non, c'est clair.
Moi je pose une autre question : est ce que Monsieur Chirac, Monsieur Jospin ou quelque chef d'Etat ou de gouvernement européen est en mesure aujourd'hui de nous dire : voilà la vision que je me fais de la place de l'Europe dans le monde dans dix ans et voilà le rôle qu'elle est appelée à jouer.
Est ce que d'abord l'Europe veut être européenne, c'est à dire qu'elle veut être indépendante ? Et est ce qu'on veut constituer un pôle d'équilibre par rapport aux Etats-Unis et par rapport aux grandes puissances de demain dont la Chine ? Qui se pose ce genre de question ?
Si vous posez cette question à Lionel Jospin et à Jacques Chirac, ils vous répondront que oui !
Oui, mais ils ne le feront pas parce qu'en réalité, ils ne font rien pour cela et ils savent aussi bien que moi que cette question n'a jamais été posée aux Européens et que d'autre part, parmi les Etats européens, nous sommes probablement encore les seuls, sous réserve de leur propre volonté, ce qui reste à démontrer, à penser que l'Europe doit être indépendante et tracer sa propre route.
Les autres ne le veulent pas, pas plus l'Angleterre que les Allemands, que l'Espagne, que les Italiens, mais est ce qu'on a posé la question au peuple ? On nous parle de Constitution, commençons par le commencement. Consultons les peuples sur leur vision de l'Europe.
Alors votre campagne contre le quinquennat, cela va être une sorte de galop d'essai en vue de la prochaine campagne présidentielle que vous ferez ?
Oui, le prochain galop en vue de la prochaine campagne présidentielle, ce n'est pas tout à fait comme cela que cela se présente mais en tous les cas dans notre esprit, ce sera une condamnation de la cohabitation et une condamnation de l'attitude du président de la République et du Premier ministre.
Il y a une chose qui m'a frappé l'autre jour à Strasbourg quand vous vous êtes exprimé et puis Jacques Chirac vous a répondu, vous n'étiez visiblement pas d'accord. Jacques Chirac rappelait que vous ne regardiez pas l'Europe avec les mêmes lunettes. Et en même temps, de part et d'autre, on avait l'impression d'une vieille complicité d'amitié qui passait
Oui, l'amitié demeure, il n'y a pas de problème, c'est clair. Nous ne pouvons pas passer par profits et pertes les années passées en commun mais pour moi, c'est une très grande déception que de voir Jacques Chirac aujourd'hui tourner le dos à ce qui était nos convictions communes. Moi j'y reste fidèle.
La première échéance électorale qui va se poser après le référendum, ce sont les municipales. Vous allez être dans l'état de votre mouvement en mesure de présenter des candidats partout et notamment par exemple à Paris ?
Nous avons déjà défini quelle serait notre attitude.
Soutien à Jean Tibéri ?
Ah, non
Je vous pose cette question parce que c'est un militant RPF qui a déclenché une plainte contre Lyne Cohen - Solal et quand on regarde les sondages, pardonnez moi de faire référence aux sondages, les militants RPF sont le plus solide soutien de Jean Tibéri.
C'est possible, mais moi je connais pas le militant RPF dont vous parlez.
Il s'appelle Eric Dragues.
Je sais. Je regarde la télé et je lis les journaux. Je ne doute pas qu'il existe mais nous ne sommes strictement pour rien dans tout cela. Mais la démarche qui va être la nôtre, nous l'avons définie il y a déjà quelques mois au Bureau National.
Sauf quand il y a danger de voir la gauche l'emporter ou lorsque la gauche est déjà au pouvoir, dans ce cas nous sommes favorables à des listes d'union. Partout ailleurs, je le répète, nous irons à la bataille sous notre propre drapeau.
Et ensuite, vous soutiendrez Philippe Séguin, votre vieux complice ?
Quand, au troisième tour ? Nous verrons bien. Ce sont les électeurs qui vont le décider, ce ne sont pas les états majors, ce sont les électeurs qui votent.
C'est vous qui incarnez aujourd'hui l'héritage du gaullisme ?
Je n'ai pas du tout l'ambition d'incarner l'héritage du gaullisme.
Vous dites que Jacques Chirac ne l'incarne pas.
Non, je ne dis pas cela. Je dis que Jacques Chirac a tourné le dos aux engagements qui étaient les siens lorsqu'il se réclamait du gaullisme. Moi j'essaie de rester à ce que je pense être et avoir été les objectifs essentiels du gaullisme pour la France.
Alors le programme de Charles Pasqua maintenant, c'est quelques jours de vacances au mois d'août et ensuite la campagne et peut être un meeting commun avec Philippe de Villiers
Oui, et puis avec d'autres
Donc ce n'est qu'une séparation provisoire ou c'est une séparation qui va jusqu'au divorce ?
Demandez cela à Philippe de Villiers aussi parce que
Comme dans un couple, oui.
Evidemment. Je vois que vous connaissez cela.
Merci, Monsieur Pasqua.
Je vous en prie.
(source http://www.rpfie.org, le 11 juillet 2000)