Texte intégral
A. Hausser.- L'église Saint-Pierre et Paul de Calais a été évacuée tôt ce matin. La fermeture du centre de réfugiés de Sangatte, pour vous, c'est une bonne chose, c'est un signal pour les gens du pays qui veulent immigrer ?
- "J'espère, mais je n'y crois pas. Il s'agit, là, d'une pantomime qui attire l'attention du public et le détourne des véritables problèmes. J'avoue ne pas bien comprendre pourquoi nous déployons tant d'efforts pour empêcher ces clandestins d'entrer chez l'infect Blair en Angleterre, alors que nous ne l'avons pas fait pour notre propre territoire. Après tout, si monsieur Blair est l'anti-raciste qu'il prétend, il n'a qu'à les accueillir et je serais tout à fait d'avis de les lui envoyer, sans problème. Comme cela, il n'y aurait pas de Sangatte et il n'y aurait pas de gens dans les rues de Calais."
Quoi qu'il arrive, la France serait un centre de passage ?
- "Justement, c'est la raison pour laquelle je souhaite que nous rétablissions nos frontières et le contrôle à celles-ci, de façon à protéger notre territoire d'une immigration qui plombe de plus en plus, chaque jour, la situation sociale, économique et politique de la France."
Pour vous, il n'y a que l'immigration qui plombe la situation de France ?
- "Il n'y pas que l'immigration, mais l'immigration est un élément déterminant dans la déchéance de notre économie et dans la dégradation de nos moeurs politique. Je considère que le fait qu'il y ait, je ne sais pas, six, huit millions d'étrangers qui soient entrés en France dans les 20 ou 30 dernières années, pose un problème qui touche à la sécurité même et à l'existence même de notre pays."
Vraiment ? Vous avez toujours le même langage... L'insécurité ne vient pas que de l'immigration ?
- "Elle vient surtout de l'immigration. L'insécurité, ce n'est pas ce que décrit le ministre de l'Intérieur, à savoir les mendiants agressifs, les putains du 16ème arrondissement et les Romanichels. C'est beaucoup d'autres choses. Selon l'Insee, c'est 16 à 20 millions de délits et de crimes commis chaque année. En progression constante. Sans parler du terrorisme lui-même, qui est évidemment lié, lui aussi, à l'immigration, comme le sont d'ailleurs le problème des prostituées, celui des mendiants et celui des Roms."
Donc il y a quand même du bon dans la loi sur la sécurité que le ministre est en train de faire voter en ce moment au Parlement ?
- "Oui, il y a du bon en ce sens qu'on est tourné dans la bonne direction et on marche, on piétine quelque sorte, on fait du sur-place. Mais c'est, je crois, médiatique. Ca fait valoir N. Sarkozy comme élément prépondérant d'un pouvoir qui, il faut bien le dire, commence déjà à s'affaisser sous le poids des faits."
Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
- "Il vient d'être publié un certain nombre de classements de la France."
C'est antérieur à l'arrivée de ce pouvoir.
- "Non, il est là depuis six mois, et il n'y a pas eu de redressement, semble-il. La France est passée du 20ème au 30ème rang au plan du PIB. Elle est passée de la 12ème à la 13ème place en Europe sur 15, au plan du PIB par habitant, et de la 4ème à la 5ème place dans le monde. C'est dire qu'il y a de sérieuses raisons de s'inquiéter surtout quand on connaît les endettements monstrueux d'un certain nombre d'entreprises, particulièrement d'entreprises publiques, sans parler du déficit de plus en plus creusé, du déficit budgétaire et du déficit de la Sécurité sociale. Monsieur Raffarin ferait beaucoup mieux de s'occuper de la France au lieu de s'occuper d'une réforme électorale, dont on sait bien qu'elle n'a pour but que d'éliminer le Front national."
Vous avez été reçu par N. Sarkozy pour parler des réformes des modes de scrutin, puisque plusieurs sont en cause : le scrutin législatif, régional et européen.
- "Et même le scrutin présidentiel qu'il ne faut pas oublier, puisqu'il s'était fait une espèce de consensus au moment de l'élection présidentielle pour que les conditions de réunion des signatures de maires soient modifiées. Et je ne vois rien de tout cela dans le projet de monsieur Sarkozy."
Que lui avez-vous dit au ministre ?
- "Que la France souffrait, tout à fait évidemment, d'une carence de démocratie ; que les électeurs étaient de plus en plus éloignés des affaires publiques et que cela était justifié par, justement, le désir qu'avait le pouvoir de se maintenir à tout prix, à travers des réformes électorales, qui priveraient les électeurs de leur liberté de choix. Eh bien, au lieu d'aller dans le sens d'une démocratie plus grande, c'est-à-dire, une introduction de la proportionnelle dans tous les modes de scrutin, sauf présidentielle, bien évidemment, qui permettrait aux Français de faire connaître leur opinion et d'être représentés dans une République qui se prétend représentative. Malheureusement, c'est l'inverse qui est en chantier. Monsieur Raffarin ne cache pas que son objectif, derrière toutes sortes de raisons en quelque sorte politiques, c'est d'éliminer le Front national, de l'éliminer aux régionales, et de l'éliminer tout particulièrement en PACA. "
C'est de vous empêcher de devenir président de région, c'est ça que vous voulez dire ? Appelons les choses par leur nom.
- "Tout à fait ! Mais c'est une "lex Le Penia", à savoir que c'est bien la première fois, me semble-t-il, que des hommes politiques de premier plan reconnaissent que leur réforme a pour but d'empêcher un homme d'accéder à une fonction qu'il pourrait obtenir par la confiance des électeurs. Tout le monde voit bien que les électeurs ne comptent pour rien dans le jeu du Gouvernement. Celui-ci a pour but de faire triompher son propre pouvoir et pas du tout d'ouvrir la République aux citoyens français."
Ce sont quand même les électeurs qui l'ont porté au pouvoir, ils ne sont pas arrivés au pouvoir par la grâce de Dieu.
- "Ils vont avoir, je crois, dans les mois qui viennent, de sérieuses raisons de se mordre les doigts."
Vous avez toujours pris le parti de S. Hussein, pour l'Irak. Quand S. Hussein dit : "Oui" sans conditions au retour des inspecteurs de l'Onu, pour vous, c'est calculé ?
- "J'ai toujours pris position contre la persécution de l'Irak, et en particulier contre l'assassinat d'un million d'enfants depuis dix ans par le blocus des Américains et des Britanniques, lesquels n'ont pas cessé durant cette décennie, de bombarder, pratiquement chaque semaine, l'Irak. Ce qui est une attitude qui me semble autrement agressive que celle de S. Hussein."
S. Hussein ne représente aucune menace ?
- "Absolument pas. C'est un pays de 19 millions ou de 20 millions d'habitants. Qui pourrait croire qu'il terrorise les Etats-Unis et les Britanniques ? Non. Vous savez bien comme moi - tout le monde sait bien - que la vraie raison qui va peut-être amener à la guerre, malgré l'attitude conciliante de Bagdad, c'est la volonté des Etats-Unis de s'emparer du pétrole du Moyen-Orient. D'abord, de celui de l'Irak, et puis ensuite de celui du Golfe Persique, pour imposer sa volonté politique, son imperium à l'ensemble du monde. Si Hitler avait fait le quart de cela, il aurait été traîné au ban de la conscience universelle. Et tout le monde semble admettre l'idée que, tout naturellement, si ça plaît à Bush, celui-ci pourra attaquer un des membres de l'Onu et s'en emparer."
Pour vous la menace bioterroriste n'existe pas ? Les terroristes non plus ?
- "L'Irak est le seul pays qui n'est pas lié, en aucune manière, au terrorisme. Bien sûr qu'il existe une menace terroriste, qui est liée, d'une part, à la politique agressive des Etats-Unis, qui est liée aussi au manque de vigilance des nations européennes, en particulier à l'égard de leurs frontières et de l'immigration. Car tout cela se touche."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 novembre 2002
- "J'espère, mais je n'y crois pas. Il s'agit, là, d'une pantomime qui attire l'attention du public et le détourne des véritables problèmes. J'avoue ne pas bien comprendre pourquoi nous déployons tant d'efforts pour empêcher ces clandestins d'entrer chez l'infect Blair en Angleterre, alors que nous ne l'avons pas fait pour notre propre territoire. Après tout, si monsieur Blair est l'anti-raciste qu'il prétend, il n'a qu'à les accueillir et je serais tout à fait d'avis de les lui envoyer, sans problème. Comme cela, il n'y aurait pas de Sangatte et il n'y aurait pas de gens dans les rues de Calais."
Quoi qu'il arrive, la France serait un centre de passage ?
- "Justement, c'est la raison pour laquelle je souhaite que nous rétablissions nos frontières et le contrôle à celles-ci, de façon à protéger notre territoire d'une immigration qui plombe de plus en plus, chaque jour, la situation sociale, économique et politique de la France."
Pour vous, il n'y a que l'immigration qui plombe la situation de France ?
- "Il n'y pas que l'immigration, mais l'immigration est un élément déterminant dans la déchéance de notre économie et dans la dégradation de nos moeurs politique. Je considère que le fait qu'il y ait, je ne sais pas, six, huit millions d'étrangers qui soient entrés en France dans les 20 ou 30 dernières années, pose un problème qui touche à la sécurité même et à l'existence même de notre pays."
Vraiment ? Vous avez toujours le même langage... L'insécurité ne vient pas que de l'immigration ?
- "Elle vient surtout de l'immigration. L'insécurité, ce n'est pas ce que décrit le ministre de l'Intérieur, à savoir les mendiants agressifs, les putains du 16ème arrondissement et les Romanichels. C'est beaucoup d'autres choses. Selon l'Insee, c'est 16 à 20 millions de délits et de crimes commis chaque année. En progression constante. Sans parler du terrorisme lui-même, qui est évidemment lié, lui aussi, à l'immigration, comme le sont d'ailleurs le problème des prostituées, celui des mendiants et celui des Roms."
Donc il y a quand même du bon dans la loi sur la sécurité que le ministre est en train de faire voter en ce moment au Parlement ?
- "Oui, il y a du bon en ce sens qu'on est tourné dans la bonne direction et on marche, on piétine quelque sorte, on fait du sur-place. Mais c'est, je crois, médiatique. Ca fait valoir N. Sarkozy comme élément prépondérant d'un pouvoir qui, il faut bien le dire, commence déjà à s'affaisser sous le poids des faits."
Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
- "Il vient d'être publié un certain nombre de classements de la France."
C'est antérieur à l'arrivée de ce pouvoir.
- "Non, il est là depuis six mois, et il n'y a pas eu de redressement, semble-il. La France est passée du 20ème au 30ème rang au plan du PIB. Elle est passée de la 12ème à la 13ème place en Europe sur 15, au plan du PIB par habitant, et de la 4ème à la 5ème place dans le monde. C'est dire qu'il y a de sérieuses raisons de s'inquiéter surtout quand on connaît les endettements monstrueux d'un certain nombre d'entreprises, particulièrement d'entreprises publiques, sans parler du déficit de plus en plus creusé, du déficit budgétaire et du déficit de la Sécurité sociale. Monsieur Raffarin ferait beaucoup mieux de s'occuper de la France au lieu de s'occuper d'une réforme électorale, dont on sait bien qu'elle n'a pour but que d'éliminer le Front national."
Vous avez été reçu par N. Sarkozy pour parler des réformes des modes de scrutin, puisque plusieurs sont en cause : le scrutin législatif, régional et européen.
- "Et même le scrutin présidentiel qu'il ne faut pas oublier, puisqu'il s'était fait une espèce de consensus au moment de l'élection présidentielle pour que les conditions de réunion des signatures de maires soient modifiées. Et je ne vois rien de tout cela dans le projet de monsieur Sarkozy."
Que lui avez-vous dit au ministre ?
- "Que la France souffrait, tout à fait évidemment, d'une carence de démocratie ; que les électeurs étaient de plus en plus éloignés des affaires publiques et que cela était justifié par, justement, le désir qu'avait le pouvoir de se maintenir à tout prix, à travers des réformes électorales, qui priveraient les électeurs de leur liberté de choix. Eh bien, au lieu d'aller dans le sens d'une démocratie plus grande, c'est-à-dire, une introduction de la proportionnelle dans tous les modes de scrutin, sauf présidentielle, bien évidemment, qui permettrait aux Français de faire connaître leur opinion et d'être représentés dans une République qui se prétend représentative. Malheureusement, c'est l'inverse qui est en chantier. Monsieur Raffarin ne cache pas que son objectif, derrière toutes sortes de raisons en quelque sorte politiques, c'est d'éliminer le Front national, de l'éliminer aux régionales, et de l'éliminer tout particulièrement en PACA. "
C'est de vous empêcher de devenir président de région, c'est ça que vous voulez dire ? Appelons les choses par leur nom.
- "Tout à fait ! Mais c'est une "lex Le Penia", à savoir que c'est bien la première fois, me semble-t-il, que des hommes politiques de premier plan reconnaissent que leur réforme a pour but d'empêcher un homme d'accéder à une fonction qu'il pourrait obtenir par la confiance des électeurs. Tout le monde voit bien que les électeurs ne comptent pour rien dans le jeu du Gouvernement. Celui-ci a pour but de faire triompher son propre pouvoir et pas du tout d'ouvrir la République aux citoyens français."
Ce sont quand même les électeurs qui l'ont porté au pouvoir, ils ne sont pas arrivés au pouvoir par la grâce de Dieu.
- "Ils vont avoir, je crois, dans les mois qui viennent, de sérieuses raisons de se mordre les doigts."
Vous avez toujours pris le parti de S. Hussein, pour l'Irak. Quand S. Hussein dit : "Oui" sans conditions au retour des inspecteurs de l'Onu, pour vous, c'est calculé ?
- "J'ai toujours pris position contre la persécution de l'Irak, et en particulier contre l'assassinat d'un million d'enfants depuis dix ans par le blocus des Américains et des Britanniques, lesquels n'ont pas cessé durant cette décennie, de bombarder, pratiquement chaque semaine, l'Irak. Ce qui est une attitude qui me semble autrement agressive que celle de S. Hussein."
S. Hussein ne représente aucune menace ?
- "Absolument pas. C'est un pays de 19 millions ou de 20 millions d'habitants. Qui pourrait croire qu'il terrorise les Etats-Unis et les Britanniques ? Non. Vous savez bien comme moi - tout le monde sait bien - que la vraie raison qui va peut-être amener à la guerre, malgré l'attitude conciliante de Bagdad, c'est la volonté des Etats-Unis de s'emparer du pétrole du Moyen-Orient. D'abord, de celui de l'Irak, et puis ensuite de celui du Golfe Persique, pour imposer sa volonté politique, son imperium à l'ensemble du monde. Si Hitler avait fait le quart de cela, il aurait été traîné au ban de la conscience universelle. Et tout le monde semble admettre l'idée que, tout naturellement, si ça plaît à Bush, celui-ci pourra attaquer un des membres de l'Onu et s'en emparer."
Pour vous la menace bioterroriste n'existe pas ? Les terroristes non plus ?
- "L'Irak est le seul pays qui n'est pas lié, en aucune manière, au terrorisme. Bien sûr qu'il existe une menace terroriste, qui est liée, d'une part, à la politique agressive des Etats-Unis, qui est liée aussi au manque de vigilance des nations européennes, en particulier à l'égard de leurs frontières et de l'immigration. Car tout cela se touche."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 novembre 2002