Texte intégral
Chers amis, chers camarades,
Je vous remercie d'avoir répondu si nombreux à l'invitation de la CGT.
Cette rentrée 2002 est marquée par la mise sur la table de questions économiques et sociales fondamentales. La question de l'emploi reste la plus grande source d'inquiétude des salariés de notre pays, inquiétude que celle de l'avenir des retraites vient redoubler. Le gouvernement brandit à nouveau les privatisations alors qu'elles ont été partout discréditées.
La situation inédite issue des consultations politiques d'avant l'été nous oblige à réfléchir ensemble pour affiner nos analyses, affermir leur cohérence et affirmer notre détermination à agir dans ce contexte nouveau. Le gouvernement a pris de premières orientations et décisions pour le moins contestables. Le MEDEF harcèle la nouvelle majorité politique, façon habile de manifester sa distance ou sa différence tout en réclamant son dû.
Cette rentrée est enfin marquée par la perspective maintenant très proche des élections prud'homales. Lancé le 10 septembre à Paris notre tour de France se terminera à Toulouse le 3 décembre, une semaine avant la tenue du scrutin. Vous le savez, ces élections constituent un moment décisif pour affirmer la représentativité du mouvement syndical en général et celle de la CGT en particulier.
Après PARIS, RENNES et STRASBOURG, nous faisons étape aujourd'hui à Lille, capitale de la région Nord Pas de Calais, haut lieu de l'histoire du mouvement ouvrier, un pays où l'on sait ce que sont le travail et les luttes sociales.
La conjoncture économique est très incertaine.
Hier toute la presse titrait sur la " bourse en folie ", " la déroute des marchés boursiers ", les faillites qui se multiplient aux USA et en Europe. Nous qui sommes plus que critiques à l'égard du rôle des marchés financiers nous pourrions être tentés de nous réjouir d'une telle déconfiture. Mais voilà, on connaît bien le coup ! Quand la bourse monte il faut supprimer des emplois et comprimer les salaires pour que ça continue à monter ! C'est le théorème de Michelin version an 2000. Mais, si elle baisse, il faut dégraisser, il faut assainir ! C'est le théorème Alcatel version 2002.
La situation internationale reste extrêmement tendue.
En s'obstinant à vouloir détruire au canon les symboles de l'autonomie palestinienne, le gouvernement israélien a encore tenté de saborder tout espoir de paix. Nous sommes également très préoccupés par l'attitude des Etats unis. Ceux ci préfèrent fourbir leurs armes contre l'Irak, en invoquant la lutte contre le terrorisme là où il n'y a qu'un paravent à leur stratégie pétrolière.
Il est heureux que 250 000 citoyens de Grande Bretagne aient manifesté contre la guerre en Irak et marqué ainsi leur distance avec l'attitude de Tony BLAIR, car la paix est la plus grande aspiration de l'humanité et la condition première de toute forme de développement durable. Je note avec satisfaction que cette question a été au centre des élections allemandes, et que la droite la plus réactionnaire a été finalement mise en échec sur cette base.
La CGT est partie prenante de la manifestation du 12 octobre à Paris, avec d'autres organisations syndicales, politiques, associatives, s'opposant à la guerre dite " préventive " contre l'Irak.
Le gouvernement des Etats unis a également méprisé le sommet de Johannesburg sur le développement durable, marquant une fois de plus son refus ou son incapacité à prendre en compte un point de vue différent du sien. Et pourtant, pour des millions de femmes et d'hommes dans le monde il y a urgence à sortir au plus vite des schémas dans lesquels on les enferme depuis des années.
En France et en Europe, la proposition et la mobilisation syndicales offrent un des principaux leviers pour parvenir à faire bouger les choses. Sachons nous en saisir avec lucidité et avec détermination.
La situation de l'emploi est redevenue la première préoccupation des français.
" Chacun a le droit de travailler et d'obtenir un emploi "
Voilà ce qui est écrit dans la Constitution de la République française. Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a loin de la coupe aux lèvres.
La crise de l'emploi qui dure maintenant depuis près de 30 ans reste profonde, particulièrement dans votre région où le taux de chômage se situe en permanence 4 % au dessus d'une moyenne nationale pourtant déjà très élevée.
Hormis quelques professions à très haut niveau de qualification, cette situation de l'emploi, très défavorable aux salariés, a entraîné la stagnation et même la récession des salaires d'embauche : le fossé s'est accentué entre les générations.
Aujourd'hui, un gars de 30 ans gagne en moyenne nettement moins qu'il n'aurait gagné du temps de ses parents !
Aujourd'hui, un jeune qui veut prendre l'ascenseur social doit commencer par descendre au sous sol. Après, c'est comme dans beaucoup d'HLM, il subit des arrêts fréquents et est sans cesse à la merci d'une panne ou pire encore ! Cette évolution est d'autant plus inacceptable, qu'entre-temps le revenu national a continué de croître, et que les jeunes sont toujours plus diplômés.
L'angoisse et la désillusion sont énormes pour beaucoup de parents qui voient ou redoutent de voir leurs enfants " galérer " pour s'insérer dans le monde du travail. Au bout de l'allongement des scolarités, les débouchés ne sont pas toujours au rendez-vous ou sans rapport avec les efforts consentis. Malgré la démocratisation de l'enseignement, de nombreux jeunes sortent encore sans diplôme et surtout sont marqués durablement par le traumatisme de l'échec scolaire qui vient trop souvent confirmer et redoubler les difficultés liées à leur origine sociale.
Progresser vers davantage d'égalité devant l'éducation n'est pas seulement un problème d'ouverture et d'organisation du système éducatif. Il faut s'appliquer à réduire les inégalités de conditions de vie entre les familles au sein desquelles les enfants grandissent (revenu parental, qualité du logement, qualité des équipements publics) et aussi favoriser davantage la mixité sociale par des politiques publiques d'urbanisme et d'emploi, concertées entre l'Etat, les collectivités locales et le mouvement syndical et associatif, qui doivent impliquer fortement les entreprises.
Les directions d'entreprise offrent peu de perspectives de progrès, la plupart des parcours professionnels sont étriqués et constituent de grands facteurs de blocage pour les salariés. La France se singularise, en Europe, par le peu de moyens que les entreprises consacrent à la formation continue, ainsi que par l'inégale répartition de celle ci au profit de ceux qui sont déjà les plus qualifiés : dans notre pays, un ouvrier a 4 fois moins de chances qu'un cadre de bénéficier d'une action de formation. Ce n'est pas un hasard si la négociation avec le MEDEF sur la formation professionnelle n'a pas abouti. Aucune des organisations syndicales, et c'est tant mieux, n'a voulu accepter la formule patronale reportant sur les salariés les responsabilités et surtout le prix de la formation. Car la recette de la refondation c'est : " pas de mouron pour le patron, pas de pognon pour le compagnon ! "
Ce constat doit évidemment être rapproché du fait que le développement de l'emploi peu qualifié est demeuré la priorité affichée des gouvernements depuis quinze ans. Résultat : nous sommes un des pays d'Europe où les inégalités de salaires sont les plus importantes et où la concentration des salariés est la plus forte en bas de la hiérarchie, tout en conservant un taux de chômage très élevé.
Qui pourrait contester la réalité de ce tableau, par maints aspects désastreux, de la persistance et de l'approfondissement des inégalités sociales ?
Le scrutin présidentiel du 21 avril a fonctionné comme un révélateur puissant et dramatique de cette dégradation du vécu social d'une grande partie de la société française, notamment de ceux qui vivent au jour le jour des difficultés matérielles et des humiliations personnelles ou collectives, des angoisses professionnelles ou familiales, toutes les souffrances ordinaires d'une précarité banalisée. Ce fait social constitue la manifestation la plus brutale et la plus nette d'un sentiment d'inquiétude qui atteint, à des degrés divers, une très large part de la société.
Rappelons brièvement les trois caractéristiques majeures du nouveau contexte politique résultant du scrutin présidentiel : le poids de l'extrême droite, un président élu dans des circonstances exceptionnelles et l'échec de la gauche.
La première est la capacité de l'extrême droite à réunir de nombreux suffrages en mettant en relation, sur fond de racisme et de xénophobie, le processus de mondialisation, l'immigration et la sécurité.
Prenons y bien garde, ce mouvement peut capter durablement et sans complexes l'adhésion importante des salariés les plus exposés au durcissement de l'exploitation du travail et les plus assujettis à la précarité de l'emploi.
Ceux qui sont particulièrement visés sont les ouvriers et les ouvrières, et notamment les plus jeunes sortis du système scolaire sans diplômes et sans qualifications, ceux qui vivent les situations les plus difficiles, les plus instables, les moins considérées socialement. L'univers social de beaucoup d'ouvriers s'est rétréci, s'est appauvri. Des solidarités très fortes forgées au cours de plus d'un siècle de luttes syndicales et politiques, dans un tissu social structuré autour de quelques branches professionnelles puissantes, ont été affaiblies et parfois dissoutes par les bouleversements qui ont accompagné la régression de certaines industries et les restructurations des entreprises. C'est autour de ces solidarités que s'étaient construites de véritables cultures ouvrières, chacune marquée par sa région ou son pays, son histoire, ses traditions, ses coutumes, ses valeurs, et même sa langue. Ces cultures ouvrières étaient des constituants très actifs de la conscience de classe, donnant un contenu humain vivant à ce qui, sans cela, resterait une pure abstraction.
Le Nord et le Pas de Calais, avec ce trait d'union que constituait le pays minier, de Bruay en Artois à Condé sur Escaut sont marqués par ce passé dense et cette déchirure. Dans cette région, la majeure partie de la population a une attache forte au monde ouvrier. Mais ce qui était autrefois un destin accepté susceptible de procurer une fierté personnelle et collective, celle de la cohésion du monde du travail et de la dignité de ses luttes, est devenu trop souvent la marque d'une malédiction sociale nourrissant le repli identitaire, la désespérance et le ressentiment, c'est-à-dire un terreau favorable aux manipulations des politiciens populistes.
La CGT a affirmé et continuera à affirmer que l'extrême droite incarne un système de pensée totalement opposé aux valeurs sociales et humaines qui sont au coeur du combat syndical. Il n'y a aucune place, ni dans notre point de vue ni dans notre pratique, pour le racisme, la xénophobie, l'autoritarisme, la morgue ou l'étroitesse chauvines, l'exacerbation des peurs collectives et la manipulation démagogique des désarrois sociaux.
Parmi les salariés sensibles au discours de l'extrême droite, beaucoup se sentent concernés ou sont même impliqués dans les luttes revendicatives. Certains peuvent même être syndiqués à la CGT ou lui faire confiance. Ne faisons preuve d'aucune complaisance vis-à-vis du système de pensée délétère et verrouillé dans lequel ils se trouvent actuellement enfermés. Sachons montrer que le combat syndical ce n'est pas la haine de l'autre c'est la solidarité avec tous ceux qui en ont besoin, ce n'est pas un gars que l'on suit parce qu'il a une grande gueule mais des hommes et des femmes tous égaux qui se parlent, qui s'écoutent, qui se font respecter parce qu'ils se respectent, des camarades qui peuvent agir tous ensemble, parce qu'ils se dévouent les uns pour les autres.
Patiemment et fermement, sachons convaincre que la consolidation du Front National constitue une menace directe contre l'efficacité et la dignité de notre combat pour l'égalité et la liberté, de notre action pour l'unité et la solidarité entre tous les salariés.
Deuxième fait essentiel des consultations politiques intervenues avant l'été :.
La CGT est bien placée pour le savoir, Jacques CHIRAC, désormais Président de la République, n'a pas été élu avec 82 % des voix sur la base de son programme économique et social ! Le Président est élu par la mobilisation républicaine contre le candidat d'extrême droite présent au deuxième tour et dans un contexte d'abstention record pour ce type de consultation.
Le gouvernement qu'il a désigné semble avoir déjà oublié cette évidence, puisqu'il justifie son action par la mise en oeuvre de réformes qui à aucun moment n'ont recueilli le soutien massif et explicite de la population.
Le troisième fait majeur est évidemment l'échec de la gauche.
Les partis de gauche se livrent à leur propre analyse des événements pour élucider les causes de cette nouvelle alternance politique. Pour la CGT une des principales causes réside dans leur incapacité à proposer une véritable alternative à la dérive dangereuse dans laquelle s'engage le monde capitaliste, c'est-à-dire le monde entier, à travers la domination des logiques de rentabilité financière.
La conséquence immédiate de cette absence de perspective, c'est l'impuissance avouée et patente devant les menées d'un patronat qui rejette tout ce qui pourrait entraver sa logique de gestion, qui refuse d'assumer ses responsabilités vis-à-vis des hommes et des femmes dont il exploite le travail comme des territoires dont il pompe les ressources, ce qui ne les empêche d'ailleurs nullement de délocaliser après avoir bien pressuré et tout laissé crever.
Lors du lancement de la " refondation " sociale, dont il est un des brillants promoteurs, Denis KESSLER, le n° 2 du MEDEF, expliquait, je le cite : " Les impératifs de l'économie moderne sont incompatibles avec les exigences de sécurité et de protection qu'attendent les salariés des entreprises ".
Voilà un homme qui parle d'or, surtout quand il parle d'argent !
Car, a contrario, ce type là est sûrement persuadé que le niveau pharaonique des revenus exigés et perçus par les grands managers, plusieurs centaines ou même plusieurs milliers de SMIC, sont eux un impératif de l'économie moderne. Et pourtant, quand on voit les indemnités de départ qui leur sont servies par contrat, même lorsqu'ils ont été défaillants, quand on constate qu'elles ont un ordre de grandeur supérieur au niveau de bien des plans sociaux arrachés pied à pied et âprement négociés pour des centaines de salariés, franchement, n'y a-t-il pas de quoi être écoeuré ?
Mais lui c'est un patron qui prie pour sa chapelle, son credo se résume à : " laissez nous les mains libres pour faire des salariés flexibles, ne nous soumettez pas à des obligations pour les rémunérations et délivrez nous des cotisations sociales en abaissant les charges patronales. Ainsi soit il ! "
Le plus grave c'est qu'à gauche, trop d'analystes politiques et économiques ont cru à ce catéchisme ou se sont résignés à n'y voir qu'un regrettable mais inéluctable tribu à payer au nom de la sacro-sainte efficacité de l'économie concurrentielle de marché.
On a renâclé à mettre en cause le développement de l'emploi précaire. On a trop facilement accepté le principe de l'irresponsabilité des entreprises vis-à-vis des dégâts sociaux provoqués par leurs objectifs, leurs critères ou leurs erreurs de gestion. On en est même venu à prôner la réduction des prélèvements fiscaux et sociaux indispensables tant à la justice sociale qu'à l'efficacité de l'économie.
Quelles que soient les conclusions que les partis de gauche tireront de la critique de leur activité, parce que cela fait pleinement partie de nos prérogatives syndicales, nous leur disons tranquillement que, si les opinions, les analyses, les propositions formulées par la CGT sur de nombreux plans avaient été plus souvent prises en considération, alors, alors peut-être, les choses auraient été différentes.
Mais l'on ne refait pas l'histoire ! Et c'est dans les circonstances d'aujourd'hui que la CGT doit assumer ses missions syndicales.
Nous sommes donc pleinement lucides de nos responsabilités mais certainement pas culpabilisés par des choix et des positions qui n'ont pas été de la compétence ou de la responsabilité de la CGT. Le syndicalisme a une tâche immense à assumer et notre syndicalisme en particulier. C'est là notre priorité et nous nous y tiendrons.
Demain, à l'appel de toutes les fédérations syndicales, une grande manifestation nationale unitaire des électriciens et gaziers se déroulera à Paris.
Je suis en mesure de vous dire que nos camarades recensent plus de 60 000 manifestants inscrits pour y participer.
D'autres professions ont décidé de s'y joindre, d'envoyer des délégations : les cheminots, ceux de France Télécom, d'Air France, de la RATP. Beaucoup ont décidé à la fois de marquer leur soutien et de porter, dans le même temps, leurs propres revendications.
Dans quelques jours, le 17 octobre, l'ensemble des syndicats appellent à la grève les personnels de l'Education Nationale et de la Recherche. Cela ne s'était pas produit depuis plusieurs années.
La décision vient d'être prise d'une manifestation nationale des cheminots, à l'appel de toutes leurs fédérations, le 26 novembre.
Depuis plusieurs semaines, les intermittents du spectacle multiplient les initiatives sur leurs revendications et en particulier à propos des dispositions leur étant applicables en matière d'indemnisation du chômage.
Mais, j'ai également en tête l'action, cette fois européenne, des salariés d'Alcatel, aujourd'hui même avec deux heures d'arrêt de travail, face à un nouveau plan de suppressions d'emplois, les mobilisations dans la chimie, la journée d'action nationale dans la métallurgie, impulsée par notre fédération le 14 novembre, sur l'emploi, les salaires et les retraites.
Voilà des éléments importants qui doivent donner confiance. Ils confirment, s'il le fallait, combien l'écart est grand entre la nature des réponses qui nous sont offertes par le patronat et le gouvernement et les attentes des salariés.
Ils confirment aussi qu'en aidant à la prise de conscience des salariés sur leurs propres capacités à intervenir sur le cours des choses, il n'y a absolument rien écrit d'avance, que beaucoup d'événements vont dépendre de la mobilisation et des capacités à se rassembler pour porter les revendications.
C'est vers cet objectif qu'est entièrement tournée la CGT.
Ces mobilisations me conduisent à redire devant vous au gouvernement et au patronat : Entendez ce qui monte, écoutez ce que vous dit la CGT, le plus tôt sera le mieux.
Les salariés attendent d'autres perspectives que l'adaptation aux contraintes de gestion des actionnaires et de la concurrence. Contester les processus de déréglementation qui font du travail la variable d'ajustement, défendre pied à pied le salarié, mais aussi reconstruire une dynamique globale et cohérente de développement, c'est l'enjeu de société central de la période, pour lequel le syndicat a un rôle décisif à jouer.
N'oublions pas que nous sommes la " Confédération Générale du Travail ". Si nos fondateurs ont choisi cette dénomination, c'est clairement parce que la défense des salariés avait été d'emblée vue dans une dimension sociétale. La protection et la promotion du travail sont toujours un enjeu central de l'évolution sociale et économique.
Nous voulons en effet garantir à chaque salarié tout au long de sa vie des droits qui lui permettent d'exercer un travail, de se former, et d'avoir le parcours professionnel et le déroulement de carrière auxquels il aspire. Cette garantie - transférable d'une entreprise à l'autre et opposable à chaque employeur - permettrait à chaque individu d'être respecté, de ne plus subir l'événement, de toujours bénéficier individuellement des droits attachés à la solidarité collective du travail. C'est cela que nous appelons la " sécurité sociale professionnelle ", véritable armature du socle de garanties définissant et fondant le statut du travail salarié.
La " sécurité sociale professionnelle " fournirait non seulement une alternative concrète aux licenciements, mais s'inscrirait aussi dans une perspective de réelle transformation sociale.
Votre région compte 250 000 chômeurs et 200 000 salariés en emploi précaire, c'est-à-dire plus d'un quart, et même plus d'un tiers de la population active dans certains bassins d'emploi ! Pour eux c'est l'insécurité sociale au quotidien, pour d'autres elle est programmée pour demain !
Les députés ont commencé aujourd'hui l'examen du texte remettant en cause le processus de RTT. Nous avons appelé à multiplier partout les initiatives sur les lieux de travail, auprès des députés pour exprimer notre désaccord.
Nous appuyant sur les refus exprimés par les confédérations face aux propositions FILLON, nous avons cherché les bases d'une intervention la plus unitaire possible.
Malheureusement, une grande partie du mouvement syndical français semble s'obstiner à rester inerte alors que la première loi dite " sociale " du nouveau gouvernement s'attaque au temps de travail, au volume et à la rémunération des heures supplémentaires, à l'évolution du SMIC et, cerise sur le gâteau, qu'elle accorde plusieurs milliards d'euros aux employeurs sans aucune contrepartie.
Certains estiment sans doute le combat perdu d'avance, d'autres imaginent peut être faire changer d'avis les députés sans aucun rapport de force pour les convaincre. Bref, nous n'avons pas ressenti à ce jour de volonté réelle de nos interlocuteurs d'intervenir et surtout de le faire avec nos forces réunies.
C'est regrettable, car l'absence d'unité syndicale est toujours préjudiciable à la défense des intérêts des salariés. Mais ne renonçons pas pour autant à agir et à le faire en créant en toute occasion et à chaque niveau les conditions de l'unité la plus large.
La semaine prochaine, le débat à l'Assemblée va se poursuivre. Toute la CGT se met en situation de distribuer un millions d'exemplaires d'un matériel spécial " 35 heures " destinés en particulier aux salariés d'entreprises où il n'existe pas de syndicat CGT.
Il y a peu, le candidat CHIRAC s'inquiétait des disparités sociales entre salariés, selon que l'on est dans une grande ou une petite entreprise. Son gouvernement torpille le processus RTT alors qu'un salarié sur deux n'y accède pas encore, principalement dans les petites entreprises. Comme celle de 95, voilà encore une fracture qui ne risque pas d'être réduite : c'est sans doute ce qu'on appelle une mesure boiteuse !
Elle témoigne en tout cas d'un manque de lucidité sur l'évolution des besoins sociaux. La relation entre temps de travail, temps privé et temps social doit être repensée, et le processus 35 heures a permis de remettre durablement l'organisation du travail au centre de l'activité revendicative. La flexibilisation, les flux tendus, l'extension du travail posté, du travail des samedis et des dimanches et du temps partiel contraint, et la mise sous tension permanente du personnel d'encadrement ne sont pas un tribut éternel à payer au nom de la concurrence et de la modernité. Les exigences et les méfaits d'une conception intensive de la productivité deviendront progressivement insupportables : si pour certains " le temps c'est de l'argent ", pour un salarié son temps c'est sa vie.
L'objectif de cette loi anti RTT vise aussi à disqualifier la revendication des 35 heures dans toute l'Europe.
La plupart des gouvernements et le patronat européens sont confrontés à un développement des mobilisations syndicales.
Sur les salaires, en Allemagne, et plus récemment en Grande-Bretagne.
En Espagne, après la grève du 20 juin, les syndicats préparent une nouvelle mobilisation pour la protection sociale, le 5 octobre.
Au Portugal c'est la grève qui est envisagée pour la défense du Code du Travail.
En Italie, la CGIL poursuit ses mobilisations sur l'article 18 du Code du travail et prépare une grève le 18 octobre.
Tout cela confirme la nécessité d'articuler notre intervention nationale au cadre européen en étant partie prenante des rendez-vous qui permettent aux salariés d'Europe d'exiger que le progrès social soit un des moteurs de la construction européenne.
Il y aura des suites aux euro manifestations de Nice, Barcelone et Bruxelles.
Le Président de la République a dit : " Il faut permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus ".
Nous disons : il faut d'abord permettre de gagner plus à ceux qui travaillent déjà beaucoup !.
Apparemment c'est ce qui a été fait séance tenante pour les ministres ! Pour d'autres, gagner plus c'est d'abord la condition pour mieux vivre.
En matière de retraites, les salariés ont bien perçu que nous sommes rentrés dans une phase décisive. Le gouvernement a fixé son calendrier. Les négociations s'ouvriront après les élections prud'homales. Il n'est pas besoin d'être devin pour pronostiquer une sérieuse confrontation. Chacun se prépare avec, au centre, l'avenir de notre système de retraite par répartition et donc l'avenir pour des millions de retraités d'aujourd'hui et des salariés qui le seront demain.
Les enjeux sont en effet considérables.
Entre un SEILLIERE tel l'oncle PICSOU qui nous dit : " Pas un centime supplémentaire pour les retraites ", et un KESSLER RAPETOU qui salive en lorgnant sur le pactole de la protection sociale, nous avons quelques raisons d'être inquiets. Car ce qui est à la clé c'est une baisse très importante des retraites versées, et un espace idéal ainsi ouvert aux fonds de pension, avec son cortège de risques, d'inégalités mais aussi de profiteurs et de prédateurs.
C'est pourquoi nous allons ensemble devoir nous mobiliser comme jamais.
L'attachement des salariés à la pérennité de notre système de retraite par répartition n'est plus à démontrer : avoir une retraite convenable au moment où l'on ne travaillera plus, c'est ce que chacun attend. C'est aussi ensemble et collectivement, de génération en génération que nous devons garantir ce droit. La CGT s'est toujours faite le porte-parole constructif de cette exigence sociale. Elle a cherché, à tout moment, à rassembler salariés et syndicats autour de cette préoccupation. Cela a été encore le cas le 25 janvier 2001 face à la tentative du MEDEF d'opérer un brutal hold-up sur la retraite à 60 ans. La CGT ne cédera pas sur cette question.
Mais soyons clairs sur l'objectif que nous devons viser ensemble : il ne s'agit pas de défendre le système de retraite en l'état sans voir les immenses besoins auxquels il faut répondre.
L'édifice des retraites est d'abord menacé par les conséquences des mesures BALLADUR d'août 1993 et des accords de 1996 sur les retraites complémentaires. Ecoutez le silence assourdissant sur ce point ! En 2020, si les choses restent en l'état, la retraite à sa liquidation aura perdu près d'un cinquième de sa valeur. Et pourtant, la pension moyenne est loin de répondre aux besoins des hommes et des femmes après une vie de travail. Et ne parlons pas des pensions de réversion !
Les négociations sur l'avenir des retraites doivent donc permettre, d'une part d'améliorer le montant des retraites et faire face à l'augmentation du nombre de retraités, de 50 % dans les 25 prochaines années.
Il y a aussi la situation des jeunes, des femmes, des salariés qui, en raison de la dégradation de la situation de l'emploi, n'auront au terme de leur vie de travail que des droits à la retraite amputés . Faudra-t-il qu'ils travaillent jusqu'à 65, 70 ans pour acquérir une retraite qui leur permettra tout juste de vivre, je devrais dire de survivre ?
L'espérance de vie augmente, tant mieux. On dirait que cela indispose certains. Il n'y a aucune raison que ces années gagnées ne soient pas celles d'une retraite heureuse et utile.
Il y a vraiment besoin d'une réforme pour répondre à ces exigences, pour consolider nos régimes de retraites, certainement pas pour les remettre en cause. Prétendre, comme je l'ai entendu dire, qu'il faut que chacun consente de nouveaux sacrifices pour assurer l'avenir des retraites est une bien curieuse manière de préparer l'ambiance pour une future négociation.
Au plan des objectifs, nous sommes au diapason de l'écrasante majorité des français. Nous mettons en avant la garantie pour tous du droit à la retraite à 60 ans avec un niveau de la retraite représentant au moins 75 % du salaire. Il s'agit d'assurer la continuité du niveau de vie des salariés lors du passage à la retraite : c'est la clef de voûte du système par répartition. 60 ans et 75 %, c'est cela qui sera au coeur de l'affrontement dans la négociation.
Il faut revoir les modalités et la durée de cotisation par rapport à ce double objectif. Ne nous limitons pas à la revendication d'un retour aux 37 années et demi pour tous, car il ne garantirait pas à la grande majorité des salariés du public et du privé d'obtenir le plein de leurs droits à 60 ans. En effet, la règle des annuités, telle quelle est appliquée aujourd'hui, condamne les salariés qui commencent à travailler de plus en plus tard et subissent de plus en plus des périodes de précarité dans leur emploi, à achever leur carrière professionnelle avec une retraite très largement amputée. C'est déjà le cas de 15 % des hommes et de 55 % des femmes. C'est pour nous inacceptable !
C'est la raison pour laquelle la CGT revendique de nouvelles modalités pour l'acquisition des droits à la retraite. Il faut prendre en compte les périodes de formation, d'apprentissage, de recherche de premier emploi dès l'âge de 18 ans ou 16 ans. Il faut garantir de nouveaux droits pour les précaires, les intérimaires et les salariés contraints au temps partiel.
Nous exigeons également :
o la possibilité de départ anticipé pour les salariés effectuant des travaux pénibles et astreignants,
o la possibilité de départ à la retraite pour les salariés ayant commencé à travailler jeunes et ayant le plein de leurs droits,
o l'indexation des pensions sur l'évolution des salaires et un relèvement substantiel des minima de pension.
C'est autour de ces principes communs qu'il faut bâtir l'égalité de tous devant la retraite, salariés du public comme salariés du privé en refusant l'alignement par le bas. Ne laissons pas croire que c'est en allongeant la durée de cotisations du secteur public que l'on assurera l'avenir du système des retraites des salariés du privé. La CGT est pour le maintien de la diversité des systèmes dans un cadre d'égalité et de solidarité.
C'est pourquoi nous tenons à une négociation globale tripartite, syndicats, patronat, gouvernement, articulée à des négociations spécifiques pour le secteur privé, pour les fonctionnaires, pour les entreprises publiques.
Oui, vraiment, au moment où les illusions, pour ne pas dire les fantasmes, que certains avaient colportés quand les bourses étaient au plus haut, sont en train de s'évanouir, au moment où les systèmes complémentaires facultatifs, tel celui du CREF pour les fonctionnaires, montrent leur fragilité au prix de pertes considérables pour leurs adhérents, oui vraiment nous avons toutes les raisons de nous battre pour assurer la pérennité de notre système de retraite.
On n'améliorera pas la retraite par une dose de capitalisation ! La retraite, c'est la répartition ; elle a besoin d'être dynamisée, certainement pas dynamitée !
Pour donner aux systèmes de retraite les moyens de garantir un niveau de pension satisfaisant, une réforme du financement est devenue incontournable.
Pour notre part, nous estimons indispensable une augmentation des contributions financières prélevées dans l'entreprise. Il faut assujettir les revenus financiers des entreprises à une contribution spécifique. Celle-ci pourrait alimenter le fonds de réserve des retraites. D'autre part, la contribution patronale devrait tenir compte de l'ensemble de la richesse créée par le travail, c'est-à-dire de la valeur ajoutée et de la manière dont elle est produite. Ce n'est qu'en tout dernier lieu que devrait être examiné le taux de cotisation des salariés.
Cette réforme du financement, qui permettrait de dégager des ressources importantes, est essentielle pour consolider à moyen et long terme le système par répartition.
Les négociations en perspective devraient s'inscrire dans une telle ambition. Elles concernent, bien sûr, le gouvernement, les syndicats, le patronat mais devront impliquer aussi le Parlement. Les discussions pour une vraie réforme doivent également laisser place à des négociations par secteur. Enfin il est évident que le processus peut être long, et il n'est pas admissible qu'il puisse se dérouler sous le chantage et la menace du MEDEF, comme cela a été le cas pour les retraites complémentaires en 2001.
La fermeté de la CGT sur ce dossier restera sans faille.
Le MEDEF regrettait dernièrement qu'en 95 ce qu'il appelle le " camp des conservateurs " soit entré en résistance et ait réussi finalement à l'emporter. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que la CGT sera effectivement entrée en résistance et elle en est fière.
A entendre ces messieurs, il faudrait toujours se plier à leurs conceptions : c'est d'ailleurs ce qu'ils appellent la flexibilité ! Et bien non, la CGT ne se plie pas et elle invite les salariés à bien conserver la faculté de rester debout.
Bien sûr ils chercheront par tous les biais à isoler la CGT en essayant de lui coller l'étiquette du front du refus. Ce serait tellement commode d'arriver à faire croire que les patrons n'ont que de bonnes intentions et que ce seraient les syndicats, les éternels empêcheurs de tourner en rond, qui pourriraient le monde qu'ils veulent nous donner. Et en effet, si les organisations syndicales vont à la négociation divisées, elles seront toutes, et les salariés avec elles, en situation de faiblesse, et sur un enjeu comme celui de la retraite, une telle perspective est inacceptable.
L'unité syndicale est bien la question stratégique que nous avons à résoudre et à laquelle il va falloir consacrer beaucoup d'effort dans les jours et les semaines à venir.
La semaine dernière nous avons compris que Matignon a de la compassion pour les petits salaires et les petits actionnaires, des égards pour les smicards et de la considération pour les petits patrons.
Mais y'a beau être rond et malin, n'empêche que dans deux heures de Raffarin, " y'a rin ", et " rin cha fait pas gramint " !. Au gouvernement, " y'a chti qui raconte eul'conte " et ceux qui font les comptes !
La dominante du projet de loi de finances reste les cadeaux fiscaux pour les ménages les plus aisés, les allégements pour les entreprises, la poursuite des privatisations et la mise en cause globale des services publics utiles au développement social et économique. Ce budget est le plat unique de régime pour la majorité des français et le menu complet avec fromage et dessert pour les plus favorisés.
L'injustice est flagrante et transparaît dans les choix fiscaux : poursuite de la baisse de l'impôt sur le revenu, élargissement des déductions en faveur des ménages aisés, allégements en matière de donation Tout est fait pour une clientèle politique ayant des revenus confortables. La confirmation de la prime pour l'emploi n'est à cet égard qu'une fausse fenêtre. 200 millions d'euros de plus face à 4,1 milliards d'allégements fiscaux, c'est 5 % pour 6 millions de personnes et 95 % pour quelques centaines de milliers de contribuables et d'entreprises. Voilà la nouvelle version du pâté d'alouettes !
Pour la CGT, la première des insécurités est celle du chômage. Face à la chute du nombre d'emplois créés, aux plans de licenciements qui se multiplient, au chômage qui remonte régulièrement depuis maintenant 18 mois, une politique économique dynamique est nécessaire pour viser l'objectif d'un emploi pour tous. Au lieu de perdre des milliards d'Euros dans de coûteuses politiques d'exonération de cotisations sociales, il vaudrait mieux les consacrer à la formation et à la qualification.
Ce sont ces exigences d'une véritable relance par l'emploi que la CGT va porter dans le débat public sur la loi de finances. Notre volonté est d'infléchir des choix gouvernementaux qui sont loin de correspondre à la priorité indispensable en faveur de l'emploi.
Il est certain que le gouvernement donne des gages au MEDEF.
Cela étant ne succombons pas à l'image trop commode du gouvernement et du patronat s'entendant comme larrons en foire pour tirer les ficelles du jeu social. La situation qui s'est fait jour est beaucoup plus subtile. Elle donne des marges de manoeuvre réelles à ceux qui auront décidé d'agir. Encore faut il que les confédérations syndicales montrent bien qu'elles ne sont pas là pour répondre aux coups de sifflet du MEDEF.
Il y a quelques jours, le MEDEF proposait aux syndicats de " faire le point " sur les questions sociales.
Nous n'aurons pas de problème pour aller exposer une nouvelle fois, au MEDEF, notre analyse de la situation et les revendications des salariés. Mais nous ne ferons pas comme si l'opération refondation sociale n'avait jamais eu lieu. Nous n'avons ainsi aucune illusion sur les intentions du MEDEF qui cherche à ouvrir de nouveaux chantiers sur le terrain qu'il choisit et, en aucun cas, la volonté de prendre en compte les attentes syndicales, y compris celles de certains qui s'imagineraient encore être assez habiles pour gagner au poker quand c'est toujours le patronat qui donne les cartes.
On nous dit qu'il y aurait surenchère syndicale du fait des élections prud'homales.
De quelle surenchère parle-t-on ? Personnellement, je n'en vois pas ! Nous pensons même que le mouvement syndical français est plutôt timoré, que si les confédérations syndicales s'en donnaient les moyens il y aurait bien d'autres perspectives possibles que de retarder ou limiter les mauvais coups.
Là est la clef pour faire évoluer la situation sociale en France. Le syndicalisme doit se rassembler, se renforcer, les salariés en ont besoin si l'on veut vraiment donner du contenu à la mobilisation et à la négociation sociale.
Alors, oui, il va y avoir des élections syndicales, oui, cela sous-entend une certaine compétition. Nous n'avons pas l'intention, pour ce qui nous concerne, de la conduire en tirant à vue sur le voisin.
Il faut cependant que les salariés connaissent les raisons qui conduisent chaque organisation à défendre telle ou telle position.
Il faut que chaque salarié puisse se faire librement son propre jugement sur le comportement des uns ou des autres pendant et à la fin des négociations.
Avons-nous eu tort ou raison en refusant la dernière convention d'indemnisation du chômage qui laisse à la charge de la collectivité 60 % des chômeurs ?
Avons nous eu tort ou raison de bannir le système répressif que le patronat voulait imposer aux chômeurs avec sa version du PARE ?
Aujourd'hui, en proposant de renégocier l'assurance chômage, le MEDEF revient à la charge. Il n'a pas renoncé à se servir de l'UNEDIC pour évincer le service public de l'emploi et opérer à sa guise un contrôle du marché du travail.
Avons-nous eu tort ou raison, à l'époque, de demander au gouvernement d'être plus précis et plus directif sur la mise en place des 35 heures dans les entreprises ?
Avons-nous eu tort ou raison de rejeter, après la mobilisation de janvier 2001, le texte sur les retraites complémentaires qui stipule expressément qu'il faudrait, à l'avenir, privilégier un nouvel allongement de la durée de cotisations des salariés dans la réforme des retraites ?
C'est aussi sur tout cela qu'il faudra se prononcer le 11 décembre.
Combien de décisions unilatérales des employeurs ou des pouvoirs publics ? Combien de lois ou de décrets sans même consulter l'opinion des salariés et de leurs représentants, alors qu'on intervient sur leurs conditions de vie et de travail ?
Combien d'atteintes portées aux libertés syndicales, au droit de se syndiquer au syndicat de son choix, à l'organisation des élections des représentants du personnel, à la création de nouvelles sections syndicales.
Pour ne prendre qu'un exemple parmi tant d'autres, pas très loin d'ici, à Biache, les salariés de la SOLLAC luttent contre un plan drastique de réduction des effectifs. Celui ci s'accompagne d'une poursuite pénale contre 20 salariés dont 16 adhérents de la CGT. Parmi eux, sans doute est ce un hasard, on trouve la direction du syndicat et le délégué syndical central !
La lutte pour l'emploi, la lutte pour la dignité et les libertés, c'est bien un seul et même combat.
Combien de négociations qui se concluent par la signature d'accords minoritaires qui ne tiennent pas compte de l'opinion des salariés ?
Le patronat a beau jeu de vouloir négocier les droits sociaux par entreprise, voire même par établissement. Lorsqu'il rencontre une présence syndicale - ce qui est malheureusement loin d'être le cas partout - il sait pouvoir contourner l'obstacle puisqu'il lui suffit d'obtenir une signature de l'une des 5 confédérations pour mettre en oeuvre un accord.
Cette situation n'est plus tenable. Il aurait été salutaire que le gouvernement précédent ait le courage et l'audace d'ouvrir le chantier de la démocratie sociale. Il est urgent que le nouveau gouvernement s'attelle à cette réforme, sinon son discours sur le dialogue social s'avérera n'être que du verbiage ou de la poudre aux yeux. !
Il faut tenir compte de ce que disent les salariés aux élections professionnelles. Ainsi, seuls doivent être mis en oeuvre les accords signés par des organisations syndicales représentant une majorité des salariés concernés par la négociation.
Il faut renouer avec l'élection directe, par les assurés sociaux, de leurs représentants dans les organismes de la Sécurité Sociale.
Vous savez, comme moi, que d'autres confédérations ne souhaitent pas changer des règles qui apparemment ont créé des facilités et des habitudes.
Pourquoi avoir peur de la démocratie ?
Assez d'atermoiements, l'entreprise ne peut plus rester le no man's land de la démocratie. Si le paysage syndical français doit évoluer, c'est d'abord aux salariés d'en décider.
Chacun comprend, dans les circonstances actuelles, combien les élections prud'homales du 11 décembre représentent un rendez-vous de première importance pour notre avenir à tous.
L'enjeu est multiple, chacun doit en prendre la mesure.
Le premier enjeu, bien sûr, concerne la qualité des juges salariés qui seront élus à l'issue de cette consultation nationale.
Nos listes de candidates et de candidats sont représentatifs de la réalité sociale de la région, des diversités culturelles et professionnelles.
Dans les différentes sections, nous pourrons nous servir de notre propre bilan pour mettre en évidence que dans bien des cas nous avons contribué à réparer des préjudices, à sanctionner des employeurs voulant ignorer le droit.
Les élections prud'homales sont le seul rendez-vous permettant aux salariés de s'exprimer ensemble sur des listes syndicales ; une opération vérité, en quelque sorte, de la représentativité des uns et des autres. C'est la seule occasion, qui se renouvelle tous les 5 ans, offerte aux chômeurs, aux salariés des petites entreprises qui n'ont ni DP, ni CE, d'exprimer leur opinion . Quelles que soient leur nationalité, leur branche professionnelle, leur place dans l'entreprise, tous peuvent voter.
Le 11 décembre, les salariés procéderont à des élections et, dans le même temps, ils adresseront plusieurs messages.
Par leur vote, ils apporteront implicitement leur soutien à une démarche et à des objectifs syndicaux.
En ce sens, la question que chaque salarié devra aussi se poser au moment de voter c'est : "dans les circonstances présentes, quel peut être le vote le plus efficace, quel est le syndicat qui me semble le plus pertinent, à qui dois-je donner mon soutien sachant que cela aura des conséquences pour ma situation et celle de mes proches" ?
A cette question, il va nous falloir convaincre que c'est la CGT la bonne réponse.
Le bulletin de vote qui va porter le progrès social, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin de vote qui fera réfléchir le gouvernement et le MEDEF à deux fois, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour l'avenir des retraites, de la Sécu, des salaires et des 35 heures, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour le tous ensemble, pour l'unité, pour l'efficacité, c'est le bulletin CGT.
Tout le monde est donc concerné par les répercussions de ce grand rendez-vous social. Ceux qui sont électeurs comme ceux qui ne le sont pas ; je pense aux retraités ou aux titulaires de la Fonction Publique qui peuvent aussi apporter leur pierre à la campagne nationale pour gagner le vote CGT.
Un peu moins de trois mois restent devant nous pour une mobilisation générale afin de contrarier ceux qui redoutent le verdict et qui espèrent, en secret, que l'institution serait condamnée si d'aventure la participation au scrutin était largement minoritaire.
On ne nous facilitera sans doute pas la tâche, mais en nous y mettant tous nous relèverons ce défi.
Chacun de vous, militant, syndiqué, sympathisant va pouvoir, dans son entourage familial, professionnel, allez chercher les voix une à une pour que la participation au vote progresse et que le nombre de bulletins CGT soit plus important encore.
Le 11 décembre peut paraître lointain et pourtant, c'est dès maintenant, avec votre engagement, qu'il se prépare :
o en vérifiant que les salariés sont bien inscrits et sur les bonnes listes électorales,
o en faisant respecter pour tous le droit de vote pendant le temps de travail le 11 décembre, une date que chaque salarié doit tout de suite cocher sur son agenda.
Nous le ferons d'autant mieux que nous aurons la préoccupation de faire de cette campagne un tremplin pour renforcer notre organisation.
Dans ces milliers de rencontres et de contacts, nous ne devons pas hésiter à solliciter chacun pour qu'il s'engage davantage, qu'il se syndique, qu'il nous aide à implanter de nouvelles bases syndicales.
Je le dis très amicalement à ceux d'entre-vous qui hésitent encore. Votre soutien et votre présence nous sont précieux. Vous avez besoin de la CGT, mais la CGT a aussi besoin de vous.
Alors,
Venez prendre part à la défense de vos intérêts.
Venez voir la CGT de l'intérieur et vous verrez, comme tant d'autres, qu'elle n'est pas ce que ses adversaires disent d'elle.
Venez vous informer chaque semaine ; notre journal, La Nouvelle Vie Ouvrière, est fait pour cela.
Venez, avec nous, construire votre meilleure force pour l'avenir.
Venez et vous participerez, comme les autres syndiqués de la CGT, à la réflexion collective, aux débats, aux décisions qui seront prises lors du prochain congrès de la CGT en mars prochain.
Chers Camarades et chers amis,
Je veux vous dire, pour conclure, ma conviction et plus largement celle de la direction de la CGT.
Si nous y mettons toute notre détermination, notre confiance, si dans les jours et les semaines qui viennent nous nous engageons résolument, sur chaque lieu de travail, dans la mobilisation et la campagne et bien, tous ensemble, nous gagnerons sur les revendications et aux élections du 11 décembre.
(source http://www.cgt.fr, le 25 novembre 2002)
Je vous remercie d'avoir répondu si nombreux à l'invitation de la CGT.
Cette rentrée 2002 est marquée par la mise sur la table de questions économiques et sociales fondamentales. La question de l'emploi reste la plus grande source d'inquiétude des salariés de notre pays, inquiétude que celle de l'avenir des retraites vient redoubler. Le gouvernement brandit à nouveau les privatisations alors qu'elles ont été partout discréditées.
La situation inédite issue des consultations politiques d'avant l'été nous oblige à réfléchir ensemble pour affiner nos analyses, affermir leur cohérence et affirmer notre détermination à agir dans ce contexte nouveau. Le gouvernement a pris de premières orientations et décisions pour le moins contestables. Le MEDEF harcèle la nouvelle majorité politique, façon habile de manifester sa distance ou sa différence tout en réclamant son dû.
Cette rentrée est enfin marquée par la perspective maintenant très proche des élections prud'homales. Lancé le 10 septembre à Paris notre tour de France se terminera à Toulouse le 3 décembre, une semaine avant la tenue du scrutin. Vous le savez, ces élections constituent un moment décisif pour affirmer la représentativité du mouvement syndical en général et celle de la CGT en particulier.
Après PARIS, RENNES et STRASBOURG, nous faisons étape aujourd'hui à Lille, capitale de la région Nord Pas de Calais, haut lieu de l'histoire du mouvement ouvrier, un pays où l'on sait ce que sont le travail et les luttes sociales.
La conjoncture économique est très incertaine.
Hier toute la presse titrait sur la " bourse en folie ", " la déroute des marchés boursiers ", les faillites qui se multiplient aux USA et en Europe. Nous qui sommes plus que critiques à l'égard du rôle des marchés financiers nous pourrions être tentés de nous réjouir d'une telle déconfiture. Mais voilà, on connaît bien le coup ! Quand la bourse monte il faut supprimer des emplois et comprimer les salaires pour que ça continue à monter ! C'est le théorème de Michelin version an 2000. Mais, si elle baisse, il faut dégraisser, il faut assainir ! C'est le théorème Alcatel version 2002.
La situation internationale reste extrêmement tendue.
En s'obstinant à vouloir détruire au canon les symboles de l'autonomie palestinienne, le gouvernement israélien a encore tenté de saborder tout espoir de paix. Nous sommes également très préoccupés par l'attitude des Etats unis. Ceux ci préfèrent fourbir leurs armes contre l'Irak, en invoquant la lutte contre le terrorisme là où il n'y a qu'un paravent à leur stratégie pétrolière.
Il est heureux que 250 000 citoyens de Grande Bretagne aient manifesté contre la guerre en Irak et marqué ainsi leur distance avec l'attitude de Tony BLAIR, car la paix est la plus grande aspiration de l'humanité et la condition première de toute forme de développement durable. Je note avec satisfaction que cette question a été au centre des élections allemandes, et que la droite la plus réactionnaire a été finalement mise en échec sur cette base.
La CGT est partie prenante de la manifestation du 12 octobre à Paris, avec d'autres organisations syndicales, politiques, associatives, s'opposant à la guerre dite " préventive " contre l'Irak.
Le gouvernement des Etats unis a également méprisé le sommet de Johannesburg sur le développement durable, marquant une fois de plus son refus ou son incapacité à prendre en compte un point de vue différent du sien. Et pourtant, pour des millions de femmes et d'hommes dans le monde il y a urgence à sortir au plus vite des schémas dans lesquels on les enferme depuis des années.
En France et en Europe, la proposition et la mobilisation syndicales offrent un des principaux leviers pour parvenir à faire bouger les choses. Sachons nous en saisir avec lucidité et avec détermination.
La situation de l'emploi est redevenue la première préoccupation des français.
" Chacun a le droit de travailler et d'obtenir un emploi "
Voilà ce qui est écrit dans la Constitution de la République française. Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a loin de la coupe aux lèvres.
La crise de l'emploi qui dure maintenant depuis près de 30 ans reste profonde, particulièrement dans votre région où le taux de chômage se situe en permanence 4 % au dessus d'une moyenne nationale pourtant déjà très élevée.
Hormis quelques professions à très haut niveau de qualification, cette situation de l'emploi, très défavorable aux salariés, a entraîné la stagnation et même la récession des salaires d'embauche : le fossé s'est accentué entre les générations.
Aujourd'hui, un gars de 30 ans gagne en moyenne nettement moins qu'il n'aurait gagné du temps de ses parents !
Aujourd'hui, un jeune qui veut prendre l'ascenseur social doit commencer par descendre au sous sol. Après, c'est comme dans beaucoup d'HLM, il subit des arrêts fréquents et est sans cesse à la merci d'une panne ou pire encore ! Cette évolution est d'autant plus inacceptable, qu'entre-temps le revenu national a continué de croître, et que les jeunes sont toujours plus diplômés.
L'angoisse et la désillusion sont énormes pour beaucoup de parents qui voient ou redoutent de voir leurs enfants " galérer " pour s'insérer dans le monde du travail. Au bout de l'allongement des scolarités, les débouchés ne sont pas toujours au rendez-vous ou sans rapport avec les efforts consentis. Malgré la démocratisation de l'enseignement, de nombreux jeunes sortent encore sans diplôme et surtout sont marqués durablement par le traumatisme de l'échec scolaire qui vient trop souvent confirmer et redoubler les difficultés liées à leur origine sociale.
Progresser vers davantage d'égalité devant l'éducation n'est pas seulement un problème d'ouverture et d'organisation du système éducatif. Il faut s'appliquer à réduire les inégalités de conditions de vie entre les familles au sein desquelles les enfants grandissent (revenu parental, qualité du logement, qualité des équipements publics) et aussi favoriser davantage la mixité sociale par des politiques publiques d'urbanisme et d'emploi, concertées entre l'Etat, les collectivités locales et le mouvement syndical et associatif, qui doivent impliquer fortement les entreprises.
Les directions d'entreprise offrent peu de perspectives de progrès, la plupart des parcours professionnels sont étriqués et constituent de grands facteurs de blocage pour les salariés. La France se singularise, en Europe, par le peu de moyens que les entreprises consacrent à la formation continue, ainsi que par l'inégale répartition de celle ci au profit de ceux qui sont déjà les plus qualifiés : dans notre pays, un ouvrier a 4 fois moins de chances qu'un cadre de bénéficier d'une action de formation. Ce n'est pas un hasard si la négociation avec le MEDEF sur la formation professionnelle n'a pas abouti. Aucune des organisations syndicales, et c'est tant mieux, n'a voulu accepter la formule patronale reportant sur les salariés les responsabilités et surtout le prix de la formation. Car la recette de la refondation c'est : " pas de mouron pour le patron, pas de pognon pour le compagnon ! "
Ce constat doit évidemment être rapproché du fait que le développement de l'emploi peu qualifié est demeuré la priorité affichée des gouvernements depuis quinze ans. Résultat : nous sommes un des pays d'Europe où les inégalités de salaires sont les plus importantes et où la concentration des salariés est la plus forte en bas de la hiérarchie, tout en conservant un taux de chômage très élevé.
Qui pourrait contester la réalité de ce tableau, par maints aspects désastreux, de la persistance et de l'approfondissement des inégalités sociales ?
Le scrutin présidentiel du 21 avril a fonctionné comme un révélateur puissant et dramatique de cette dégradation du vécu social d'une grande partie de la société française, notamment de ceux qui vivent au jour le jour des difficultés matérielles et des humiliations personnelles ou collectives, des angoisses professionnelles ou familiales, toutes les souffrances ordinaires d'une précarité banalisée. Ce fait social constitue la manifestation la plus brutale et la plus nette d'un sentiment d'inquiétude qui atteint, à des degrés divers, une très large part de la société.
Rappelons brièvement les trois caractéristiques majeures du nouveau contexte politique résultant du scrutin présidentiel : le poids de l'extrême droite, un président élu dans des circonstances exceptionnelles et l'échec de la gauche.
La première est la capacité de l'extrême droite à réunir de nombreux suffrages en mettant en relation, sur fond de racisme et de xénophobie, le processus de mondialisation, l'immigration et la sécurité.
Prenons y bien garde, ce mouvement peut capter durablement et sans complexes l'adhésion importante des salariés les plus exposés au durcissement de l'exploitation du travail et les plus assujettis à la précarité de l'emploi.
Ceux qui sont particulièrement visés sont les ouvriers et les ouvrières, et notamment les plus jeunes sortis du système scolaire sans diplômes et sans qualifications, ceux qui vivent les situations les plus difficiles, les plus instables, les moins considérées socialement. L'univers social de beaucoup d'ouvriers s'est rétréci, s'est appauvri. Des solidarités très fortes forgées au cours de plus d'un siècle de luttes syndicales et politiques, dans un tissu social structuré autour de quelques branches professionnelles puissantes, ont été affaiblies et parfois dissoutes par les bouleversements qui ont accompagné la régression de certaines industries et les restructurations des entreprises. C'est autour de ces solidarités que s'étaient construites de véritables cultures ouvrières, chacune marquée par sa région ou son pays, son histoire, ses traditions, ses coutumes, ses valeurs, et même sa langue. Ces cultures ouvrières étaient des constituants très actifs de la conscience de classe, donnant un contenu humain vivant à ce qui, sans cela, resterait une pure abstraction.
Le Nord et le Pas de Calais, avec ce trait d'union que constituait le pays minier, de Bruay en Artois à Condé sur Escaut sont marqués par ce passé dense et cette déchirure. Dans cette région, la majeure partie de la population a une attache forte au monde ouvrier. Mais ce qui était autrefois un destin accepté susceptible de procurer une fierté personnelle et collective, celle de la cohésion du monde du travail et de la dignité de ses luttes, est devenu trop souvent la marque d'une malédiction sociale nourrissant le repli identitaire, la désespérance et le ressentiment, c'est-à-dire un terreau favorable aux manipulations des politiciens populistes.
La CGT a affirmé et continuera à affirmer que l'extrême droite incarne un système de pensée totalement opposé aux valeurs sociales et humaines qui sont au coeur du combat syndical. Il n'y a aucune place, ni dans notre point de vue ni dans notre pratique, pour le racisme, la xénophobie, l'autoritarisme, la morgue ou l'étroitesse chauvines, l'exacerbation des peurs collectives et la manipulation démagogique des désarrois sociaux.
Parmi les salariés sensibles au discours de l'extrême droite, beaucoup se sentent concernés ou sont même impliqués dans les luttes revendicatives. Certains peuvent même être syndiqués à la CGT ou lui faire confiance. Ne faisons preuve d'aucune complaisance vis-à-vis du système de pensée délétère et verrouillé dans lequel ils se trouvent actuellement enfermés. Sachons montrer que le combat syndical ce n'est pas la haine de l'autre c'est la solidarité avec tous ceux qui en ont besoin, ce n'est pas un gars que l'on suit parce qu'il a une grande gueule mais des hommes et des femmes tous égaux qui se parlent, qui s'écoutent, qui se font respecter parce qu'ils se respectent, des camarades qui peuvent agir tous ensemble, parce qu'ils se dévouent les uns pour les autres.
Patiemment et fermement, sachons convaincre que la consolidation du Front National constitue une menace directe contre l'efficacité et la dignité de notre combat pour l'égalité et la liberté, de notre action pour l'unité et la solidarité entre tous les salariés.
Deuxième fait essentiel des consultations politiques intervenues avant l'été :.
La CGT est bien placée pour le savoir, Jacques CHIRAC, désormais Président de la République, n'a pas été élu avec 82 % des voix sur la base de son programme économique et social ! Le Président est élu par la mobilisation républicaine contre le candidat d'extrême droite présent au deuxième tour et dans un contexte d'abstention record pour ce type de consultation.
Le gouvernement qu'il a désigné semble avoir déjà oublié cette évidence, puisqu'il justifie son action par la mise en oeuvre de réformes qui à aucun moment n'ont recueilli le soutien massif et explicite de la population.
Le troisième fait majeur est évidemment l'échec de la gauche.
Les partis de gauche se livrent à leur propre analyse des événements pour élucider les causes de cette nouvelle alternance politique. Pour la CGT une des principales causes réside dans leur incapacité à proposer une véritable alternative à la dérive dangereuse dans laquelle s'engage le monde capitaliste, c'est-à-dire le monde entier, à travers la domination des logiques de rentabilité financière.
La conséquence immédiate de cette absence de perspective, c'est l'impuissance avouée et patente devant les menées d'un patronat qui rejette tout ce qui pourrait entraver sa logique de gestion, qui refuse d'assumer ses responsabilités vis-à-vis des hommes et des femmes dont il exploite le travail comme des territoires dont il pompe les ressources, ce qui ne les empêche d'ailleurs nullement de délocaliser après avoir bien pressuré et tout laissé crever.
Lors du lancement de la " refondation " sociale, dont il est un des brillants promoteurs, Denis KESSLER, le n° 2 du MEDEF, expliquait, je le cite : " Les impératifs de l'économie moderne sont incompatibles avec les exigences de sécurité et de protection qu'attendent les salariés des entreprises ".
Voilà un homme qui parle d'or, surtout quand il parle d'argent !
Car, a contrario, ce type là est sûrement persuadé que le niveau pharaonique des revenus exigés et perçus par les grands managers, plusieurs centaines ou même plusieurs milliers de SMIC, sont eux un impératif de l'économie moderne. Et pourtant, quand on voit les indemnités de départ qui leur sont servies par contrat, même lorsqu'ils ont été défaillants, quand on constate qu'elles ont un ordre de grandeur supérieur au niveau de bien des plans sociaux arrachés pied à pied et âprement négociés pour des centaines de salariés, franchement, n'y a-t-il pas de quoi être écoeuré ?
Mais lui c'est un patron qui prie pour sa chapelle, son credo se résume à : " laissez nous les mains libres pour faire des salariés flexibles, ne nous soumettez pas à des obligations pour les rémunérations et délivrez nous des cotisations sociales en abaissant les charges patronales. Ainsi soit il ! "
Le plus grave c'est qu'à gauche, trop d'analystes politiques et économiques ont cru à ce catéchisme ou se sont résignés à n'y voir qu'un regrettable mais inéluctable tribu à payer au nom de la sacro-sainte efficacité de l'économie concurrentielle de marché.
On a renâclé à mettre en cause le développement de l'emploi précaire. On a trop facilement accepté le principe de l'irresponsabilité des entreprises vis-à-vis des dégâts sociaux provoqués par leurs objectifs, leurs critères ou leurs erreurs de gestion. On en est même venu à prôner la réduction des prélèvements fiscaux et sociaux indispensables tant à la justice sociale qu'à l'efficacité de l'économie.
Quelles que soient les conclusions que les partis de gauche tireront de la critique de leur activité, parce que cela fait pleinement partie de nos prérogatives syndicales, nous leur disons tranquillement que, si les opinions, les analyses, les propositions formulées par la CGT sur de nombreux plans avaient été plus souvent prises en considération, alors, alors peut-être, les choses auraient été différentes.
Mais l'on ne refait pas l'histoire ! Et c'est dans les circonstances d'aujourd'hui que la CGT doit assumer ses missions syndicales.
Nous sommes donc pleinement lucides de nos responsabilités mais certainement pas culpabilisés par des choix et des positions qui n'ont pas été de la compétence ou de la responsabilité de la CGT. Le syndicalisme a une tâche immense à assumer et notre syndicalisme en particulier. C'est là notre priorité et nous nous y tiendrons.
Demain, à l'appel de toutes les fédérations syndicales, une grande manifestation nationale unitaire des électriciens et gaziers se déroulera à Paris.
Je suis en mesure de vous dire que nos camarades recensent plus de 60 000 manifestants inscrits pour y participer.
D'autres professions ont décidé de s'y joindre, d'envoyer des délégations : les cheminots, ceux de France Télécom, d'Air France, de la RATP. Beaucoup ont décidé à la fois de marquer leur soutien et de porter, dans le même temps, leurs propres revendications.
Dans quelques jours, le 17 octobre, l'ensemble des syndicats appellent à la grève les personnels de l'Education Nationale et de la Recherche. Cela ne s'était pas produit depuis plusieurs années.
La décision vient d'être prise d'une manifestation nationale des cheminots, à l'appel de toutes leurs fédérations, le 26 novembre.
Depuis plusieurs semaines, les intermittents du spectacle multiplient les initiatives sur leurs revendications et en particulier à propos des dispositions leur étant applicables en matière d'indemnisation du chômage.
Mais, j'ai également en tête l'action, cette fois européenne, des salariés d'Alcatel, aujourd'hui même avec deux heures d'arrêt de travail, face à un nouveau plan de suppressions d'emplois, les mobilisations dans la chimie, la journée d'action nationale dans la métallurgie, impulsée par notre fédération le 14 novembre, sur l'emploi, les salaires et les retraites.
Voilà des éléments importants qui doivent donner confiance. Ils confirment, s'il le fallait, combien l'écart est grand entre la nature des réponses qui nous sont offertes par le patronat et le gouvernement et les attentes des salariés.
Ils confirment aussi qu'en aidant à la prise de conscience des salariés sur leurs propres capacités à intervenir sur le cours des choses, il n'y a absolument rien écrit d'avance, que beaucoup d'événements vont dépendre de la mobilisation et des capacités à se rassembler pour porter les revendications.
C'est vers cet objectif qu'est entièrement tournée la CGT.
Ces mobilisations me conduisent à redire devant vous au gouvernement et au patronat : Entendez ce qui monte, écoutez ce que vous dit la CGT, le plus tôt sera le mieux.
Les salariés attendent d'autres perspectives que l'adaptation aux contraintes de gestion des actionnaires et de la concurrence. Contester les processus de déréglementation qui font du travail la variable d'ajustement, défendre pied à pied le salarié, mais aussi reconstruire une dynamique globale et cohérente de développement, c'est l'enjeu de société central de la période, pour lequel le syndicat a un rôle décisif à jouer.
N'oublions pas que nous sommes la " Confédération Générale du Travail ". Si nos fondateurs ont choisi cette dénomination, c'est clairement parce que la défense des salariés avait été d'emblée vue dans une dimension sociétale. La protection et la promotion du travail sont toujours un enjeu central de l'évolution sociale et économique.
Nous voulons en effet garantir à chaque salarié tout au long de sa vie des droits qui lui permettent d'exercer un travail, de se former, et d'avoir le parcours professionnel et le déroulement de carrière auxquels il aspire. Cette garantie - transférable d'une entreprise à l'autre et opposable à chaque employeur - permettrait à chaque individu d'être respecté, de ne plus subir l'événement, de toujours bénéficier individuellement des droits attachés à la solidarité collective du travail. C'est cela que nous appelons la " sécurité sociale professionnelle ", véritable armature du socle de garanties définissant et fondant le statut du travail salarié.
La " sécurité sociale professionnelle " fournirait non seulement une alternative concrète aux licenciements, mais s'inscrirait aussi dans une perspective de réelle transformation sociale.
Votre région compte 250 000 chômeurs et 200 000 salariés en emploi précaire, c'est-à-dire plus d'un quart, et même plus d'un tiers de la population active dans certains bassins d'emploi ! Pour eux c'est l'insécurité sociale au quotidien, pour d'autres elle est programmée pour demain !
Les députés ont commencé aujourd'hui l'examen du texte remettant en cause le processus de RTT. Nous avons appelé à multiplier partout les initiatives sur les lieux de travail, auprès des députés pour exprimer notre désaccord.
Nous appuyant sur les refus exprimés par les confédérations face aux propositions FILLON, nous avons cherché les bases d'une intervention la plus unitaire possible.
Malheureusement, une grande partie du mouvement syndical français semble s'obstiner à rester inerte alors que la première loi dite " sociale " du nouveau gouvernement s'attaque au temps de travail, au volume et à la rémunération des heures supplémentaires, à l'évolution du SMIC et, cerise sur le gâteau, qu'elle accorde plusieurs milliards d'euros aux employeurs sans aucune contrepartie.
Certains estiment sans doute le combat perdu d'avance, d'autres imaginent peut être faire changer d'avis les députés sans aucun rapport de force pour les convaincre. Bref, nous n'avons pas ressenti à ce jour de volonté réelle de nos interlocuteurs d'intervenir et surtout de le faire avec nos forces réunies.
C'est regrettable, car l'absence d'unité syndicale est toujours préjudiciable à la défense des intérêts des salariés. Mais ne renonçons pas pour autant à agir et à le faire en créant en toute occasion et à chaque niveau les conditions de l'unité la plus large.
La semaine prochaine, le débat à l'Assemblée va se poursuivre. Toute la CGT se met en situation de distribuer un millions d'exemplaires d'un matériel spécial " 35 heures " destinés en particulier aux salariés d'entreprises où il n'existe pas de syndicat CGT.
Il y a peu, le candidat CHIRAC s'inquiétait des disparités sociales entre salariés, selon que l'on est dans une grande ou une petite entreprise. Son gouvernement torpille le processus RTT alors qu'un salarié sur deux n'y accède pas encore, principalement dans les petites entreprises. Comme celle de 95, voilà encore une fracture qui ne risque pas d'être réduite : c'est sans doute ce qu'on appelle une mesure boiteuse !
Elle témoigne en tout cas d'un manque de lucidité sur l'évolution des besoins sociaux. La relation entre temps de travail, temps privé et temps social doit être repensée, et le processus 35 heures a permis de remettre durablement l'organisation du travail au centre de l'activité revendicative. La flexibilisation, les flux tendus, l'extension du travail posté, du travail des samedis et des dimanches et du temps partiel contraint, et la mise sous tension permanente du personnel d'encadrement ne sont pas un tribut éternel à payer au nom de la concurrence et de la modernité. Les exigences et les méfaits d'une conception intensive de la productivité deviendront progressivement insupportables : si pour certains " le temps c'est de l'argent ", pour un salarié son temps c'est sa vie.
L'objectif de cette loi anti RTT vise aussi à disqualifier la revendication des 35 heures dans toute l'Europe.
La plupart des gouvernements et le patronat européens sont confrontés à un développement des mobilisations syndicales.
Sur les salaires, en Allemagne, et plus récemment en Grande-Bretagne.
En Espagne, après la grève du 20 juin, les syndicats préparent une nouvelle mobilisation pour la protection sociale, le 5 octobre.
Au Portugal c'est la grève qui est envisagée pour la défense du Code du Travail.
En Italie, la CGIL poursuit ses mobilisations sur l'article 18 du Code du travail et prépare une grève le 18 octobre.
Tout cela confirme la nécessité d'articuler notre intervention nationale au cadre européen en étant partie prenante des rendez-vous qui permettent aux salariés d'Europe d'exiger que le progrès social soit un des moteurs de la construction européenne.
Il y aura des suites aux euro manifestations de Nice, Barcelone et Bruxelles.
Le Président de la République a dit : " Il faut permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus ".
Nous disons : il faut d'abord permettre de gagner plus à ceux qui travaillent déjà beaucoup !.
Apparemment c'est ce qui a été fait séance tenante pour les ministres ! Pour d'autres, gagner plus c'est d'abord la condition pour mieux vivre.
En matière de retraites, les salariés ont bien perçu que nous sommes rentrés dans une phase décisive. Le gouvernement a fixé son calendrier. Les négociations s'ouvriront après les élections prud'homales. Il n'est pas besoin d'être devin pour pronostiquer une sérieuse confrontation. Chacun se prépare avec, au centre, l'avenir de notre système de retraite par répartition et donc l'avenir pour des millions de retraités d'aujourd'hui et des salariés qui le seront demain.
Les enjeux sont en effet considérables.
Entre un SEILLIERE tel l'oncle PICSOU qui nous dit : " Pas un centime supplémentaire pour les retraites ", et un KESSLER RAPETOU qui salive en lorgnant sur le pactole de la protection sociale, nous avons quelques raisons d'être inquiets. Car ce qui est à la clé c'est une baisse très importante des retraites versées, et un espace idéal ainsi ouvert aux fonds de pension, avec son cortège de risques, d'inégalités mais aussi de profiteurs et de prédateurs.
C'est pourquoi nous allons ensemble devoir nous mobiliser comme jamais.
L'attachement des salariés à la pérennité de notre système de retraite par répartition n'est plus à démontrer : avoir une retraite convenable au moment où l'on ne travaillera plus, c'est ce que chacun attend. C'est aussi ensemble et collectivement, de génération en génération que nous devons garantir ce droit. La CGT s'est toujours faite le porte-parole constructif de cette exigence sociale. Elle a cherché, à tout moment, à rassembler salariés et syndicats autour de cette préoccupation. Cela a été encore le cas le 25 janvier 2001 face à la tentative du MEDEF d'opérer un brutal hold-up sur la retraite à 60 ans. La CGT ne cédera pas sur cette question.
Mais soyons clairs sur l'objectif que nous devons viser ensemble : il ne s'agit pas de défendre le système de retraite en l'état sans voir les immenses besoins auxquels il faut répondre.
L'édifice des retraites est d'abord menacé par les conséquences des mesures BALLADUR d'août 1993 et des accords de 1996 sur les retraites complémentaires. Ecoutez le silence assourdissant sur ce point ! En 2020, si les choses restent en l'état, la retraite à sa liquidation aura perdu près d'un cinquième de sa valeur. Et pourtant, la pension moyenne est loin de répondre aux besoins des hommes et des femmes après une vie de travail. Et ne parlons pas des pensions de réversion !
Les négociations sur l'avenir des retraites doivent donc permettre, d'une part d'améliorer le montant des retraites et faire face à l'augmentation du nombre de retraités, de 50 % dans les 25 prochaines années.
Il y a aussi la situation des jeunes, des femmes, des salariés qui, en raison de la dégradation de la situation de l'emploi, n'auront au terme de leur vie de travail que des droits à la retraite amputés . Faudra-t-il qu'ils travaillent jusqu'à 65, 70 ans pour acquérir une retraite qui leur permettra tout juste de vivre, je devrais dire de survivre ?
L'espérance de vie augmente, tant mieux. On dirait que cela indispose certains. Il n'y a aucune raison que ces années gagnées ne soient pas celles d'une retraite heureuse et utile.
Il y a vraiment besoin d'une réforme pour répondre à ces exigences, pour consolider nos régimes de retraites, certainement pas pour les remettre en cause. Prétendre, comme je l'ai entendu dire, qu'il faut que chacun consente de nouveaux sacrifices pour assurer l'avenir des retraites est une bien curieuse manière de préparer l'ambiance pour une future négociation.
Au plan des objectifs, nous sommes au diapason de l'écrasante majorité des français. Nous mettons en avant la garantie pour tous du droit à la retraite à 60 ans avec un niveau de la retraite représentant au moins 75 % du salaire. Il s'agit d'assurer la continuité du niveau de vie des salariés lors du passage à la retraite : c'est la clef de voûte du système par répartition. 60 ans et 75 %, c'est cela qui sera au coeur de l'affrontement dans la négociation.
Il faut revoir les modalités et la durée de cotisation par rapport à ce double objectif. Ne nous limitons pas à la revendication d'un retour aux 37 années et demi pour tous, car il ne garantirait pas à la grande majorité des salariés du public et du privé d'obtenir le plein de leurs droits à 60 ans. En effet, la règle des annuités, telle quelle est appliquée aujourd'hui, condamne les salariés qui commencent à travailler de plus en plus tard et subissent de plus en plus des périodes de précarité dans leur emploi, à achever leur carrière professionnelle avec une retraite très largement amputée. C'est déjà le cas de 15 % des hommes et de 55 % des femmes. C'est pour nous inacceptable !
C'est la raison pour laquelle la CGT revendique de nouvelles modalités pour l'acquisition des droits à la retraite. Il faut prendre en compte les périodes de formation, d'apprentissage, de recherche de premier emploi dès l'âge de 18 ans ou 16 ans. Il faut garantir de nouveaux droits pour les précaires, les intérimaires et les salariés contraints au temps partiel.
Nous exigeons également :
o la possibilité de départ anticipé pour les salariés effectuant des travaux pénibles et astreignants,
o la possibilité de départ à la retraite pour les salariés ayant commencé à travailler jeunes et ayant le plein de leurs droits,
o l'indexation des pensions sur l'évolution des salaires et un relèvement substantiel des minima de pension.
C'est autour de ces principes communs qu'il faut bâtir l'égalité de tous devant la retraite, salariés du public comme salariés du privé en refusant l'alignement par le bas. Ne laissons pas croire que c'est en allongeant la durée de cotisations du secteur public que l'on assurera l'avenir du système des retraites des salariés du privé. La CGT est pour le maintien de la diversité des systèmes dans un cadre d'égalité et de solidarité.
C'est pourquoi nous tenons à une négociation globale tripartite, syndicats, patronat, gouvernement, articulée à des négociations spécifiques pour le secteur privé, pour les fonctionnaires, pour les entreprises publiques.
Oui, vraiment, au moment où les illusions, pour ne pas dire les fantasmes, que certains avaient colportés quand les bourses étaient au plus haut, sont en train de s'évanouir, au moment où les systèmes complémentaires facultatifs, tel celui du CREF pour les fonctionnaires, montrent leur fragilité au prix de pertes considérables pour leurs adhérents, oui vraiment nous avons toutes les raisons de nous battre pour assurer la pérennité de notre système de retraite.
On n'améliorera pas la retraite par une dose de capitalisation ! La retraite, c'est la répartition ; elle a besoin d'être dynamisée, certainement pas dynamitée !
Pour donner aux systèmes de retraite les moyens de garantir un niveau de pension satisfaisant, une réforme du financement est devenue incontournable.
Pour notre part, nous estimons indispensable une augmentation des contributions financières prélevées dans l'entreprise. Il faut assujettir les revenus financiers des entreprises à une contribution spécifique. Celle-ci pourrait alimenter le fonds de réserve des retraites. D'autre part, la contribution patronale devrait tenir compte de l'ensemble de la richesse créée par le travail, c'est-à-dire de la valeur ajoutée et de la manière dont elle est produite. Ce n'est qu'en tout dernier lieu que devrait être examiné le taux de cotisation des salariés.
Cette réforme du financement, qui permettrait de dégager des ressources importantes, est essentielle pour consolider à moyen et long terme le système par répartition.
Les négociations en perspective devraient s'inscrire dans une telle ambition. Elles concernent, bien sûr, le gouvernement, les syndicats, le patronat mais devront impliquer aussi le Parlement. Les discussions pour une vraie réforme doivent également laisser place à des négociations par secteur. Enfin il est évident que le processus peut être long, et il n'est pas admissible qu'il puisse se dérouler sous le chantage et la menace du MEDEF, comme cela a été le cas pour les retraites complémentaires en 2001.
La fermeté de la CGT sur ce dossier restera sans faille.
Le MEDEF regrettait dernièrement qu'en 95 ce qu'il appelle le " camp des conservateurs " soit entré en résistance et ait réussi finalement à l'emporter. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que la CGT sera effectivement entrée en résistance et elle en est fière.
A entendre ces messieurs, il faudrait toujours se plier à leurs conceptions : c'est d'ailleurs ce qu'ils appellent la flexibilité ! Et bien non, la CGT ne se plie pas et elle invite les salariés à bien conserver la faculté de rester debout.
Bien sûr ils chercheront par tous les biais à isoler la CGT en essayant de lui coller l'étiquette du front du refus. Ce serait tellement commode d'arriver à faire croire que les patrons n'ont que de bonnes intentions et que ce seraient les syndicats, les éternels empêcheurs de tourner en rond, qui pourriraient le monde qu'ils veulent nous donner. Et en effet, si les organisations syndicales vont à la négociation divisées, elles seront toutes, et les salariés avec elles, en situation de faiblesse, et sur un enjeu comme celui de la retraite, une telle perspective est inacceptable.
L'unité syndicale est bien la question stratégique que nous avons à résoudre et à laquelle il va falloir consacrer beaucoup d'effort dans les jours et les semaines à venir.
La semaine dernière nous avons compris que Matignon a de la compassion pour les petits salaires et les petits actionnaires, des égards pour les smicards et de la considération pour les petits patrons.
Mais y'a beau être rond et malin, n'empêche que dans deux heures de Raffarin, " y'a rin ", et " rin cha fait pas gramint " !. Au gouvernement, " y'a chti qui raconte eul'conte " et ceux qui font les comptes !
La dominante du projet de loi de finances reste les cadeaux fiscaux pour les ménages les plus aisés, les allégements pour les entreprises, la poursuite des privatisations et la mise en cause globale des services publics utiles au développement social et économique. Ce budget est le plat unique de régime pour la majorité des français et le menu complet avec fromage et dessert pour les plus favorisés.
L'injustice est flagrante et transparaît dans les choix fiscaux : poursuite de la baisse de l'impôt sur le revenu, élargissement des déductions en faveur des ménages aisés, allégements en matière de donation Tout est fait pour une clientèle politique ayant des revenus confortables. La confirmation de la prime pour l'emploi n'est à cet égard qu'une fausse fenêtre. 200 millions d'euros de plus face à 4,1 milliards d'allégements fiscaux, c'est 5 % pour 6 millions de personnes et 95 % pour quelques centaines de milliers de contribuables et d'entreprises. Voilà la nouvelle version du pâté d'alouettes !
Pour la CGT, la première des insécurités est celle du chômage. Face à la chute du nombre d'emplois créés, aux plans de licenciements qui se multiplient, au chômage qui remonte régulièrement depuis maintenant 18 mois, une politique économique dynamique est nécessaire pour viser l'objectif d'un emploi pour tous. Au lieu de perdre des milliards d'Euros dans de coûteuses politiques d'exonération de cotisations sociales, il vaudrait mieux les consacrer à la formation et à la qualification.
Ce sont ces exigences d'une véritable relance par l'emploi que la CGT va porter dans le débat public sur la loi de finances. Notre volonté est d'infléchir des choix gouvernementaux qui sont loin de correspondre à la priorité indispensable en faveur de l'emploi.
Il est certain que le gouvernement donne des gages au MEDEF.
Cela étant ne succombons pas à l'image trop commode du gouvernement et du patronat s'entendant comme larrons en foire pour tirer les ficelles du jeu social. La situation qui s'est fait jour est beaucoup plus subtile. Elle donne des marges de manoeuvre réelles à ceux qui auront décidé d'agir. Encore faut il que les confédérations syndicales montrent bien qu'elles ne sont pas là pour répondre aux coups de sifflet du MEDEF.
Il y a quelques jours, le MEDEF proposait aux syndicats de " faire le point " sur les questions sociales.
Nous n'aurons pas de problème pour aller exposer une nouvelle fois, au MEDEF, notre analyse de la situation et les revendications des salariés. Mais nous ne ferons pas comme si l'opération refondation sociale n'avait jamais eu lieu. Nous n'avons ainsi aucune illusion sur les intentions du MEDEF qui cherche à ouvrir de nouveaux chantiers sur le terrain qu'il choisit et, en aucun cas, la volonté de prendre en compte les attentes syndicales, y compris celles de certains qui s'imagineraient encore être assez habiles pour gagner au poker quand c'est toujours le patronat qui donne les cartes.
On nous dit qu'il y aurait surenchère syndicale du fait des élections prud'homales.
De quelle surenchère parle-t-on ? Personnellement, je n'en vois pas ! Nous pensons même que le mouvement syndical français est plutôt timoré, que si les confédérations syndicales s'en donnaient les moyens il y aurait bien d'autres perspectives possibles que de retarder ou limiter les mauvais coups.
Là est la clef pour faire évoluer la situation sociale en France. Le syndicalisme doit se rassembler, se renforcer, les salariés en ont besoin si l'on veut vraiment donner du contenu à la mobilisation et à la négociation sociale.
Alors, oui, il va y avoir des élections syndicales, oui, cela sous-entend une certaine compétition. Nous n'avons pas l'intention, pour ce qui nous concerne, de la conduire en tirant à vue sur le voisin.
Il faut cependant que les salariés connaissent les raisons qui conduisent chaque organisation à défendre telle ou telle position.
Il faut que chaque salarié puisse se faire librement son propre jugement sur le comportement des uns ou des autres pendant et à la fin des négociations.
Avons-nous eu tort ou raison en refusant la dernière convention d'indemnisation du chômage qui laisse à la charge de la collectivité 60 % des chômeurs ?
Avons nous eu tort ou raison de bannir le système répressif que le patronat voulait imposer aux chômeurs avec sa version du PARE ?
Aujourd'hui, en proposant de renégocier l'assurance chômage, le MEDEF revient à la charge. Il n'a pas renoncé à se servir de l'UNEDIC pour évincer le service public de l'emploi et opérer à sa guise un contrôle du marché du travail.
Avons-nous eu tort ou raison, à l'époque, de demander au gouvernement d'être plus précis et plus directif sur la mise en place des 35 heures dans les entreprises ?
Avons-nous eu tort ou raison de rejeter, après la mobilisation de janvier 2001, le texte sur les retraites complémentaires qui stipule expressément qu'il faudrait, à l'avenir, privilégier un nouvel allongement de la durée de cotisations des salariés dans la réforme des retraites ?
C'est aussi sur tout cela qu'il faudra se prononcer le 11 décembre.
Combien de décisions unilatérales des employeurs ou des pouvoirs publics ? Combien de lois ou de décrets sans même consulter l'opinion des salariés et de leurs représentants, alors qu'on intervient sur leurs conditions de vie et de travail ?
Combien d'atteintes portées aux libertés syndicales, au droit de se syndiquer au syndicat de son choix, à l'organisation des élections des représentants du personnel, à la création de nouvelles sections syndicales.
Pour ne prendre qu'un exemple parmi tant d'autres, pas très loin d'ici, à Biache, les salariés de la SOLLAC luttent contre un plan drastique de réduction des effectifs. Celui ci s'accompagne d'une poursuite pénale contre 20 salariés dont 16 adhérents de la CGT. Parmi eux, sans doute est ce un hasard, on trouve la direction du syndicat et le délégué syndical central !
La lutte pour l'emploi, la lutte pour la dignité et les libertés, c'est bien un seul et même combat.
Combien de négociations qui se concluent par la signature d'accords minoritaires qui ne tiennent pas compte de l'opinion des salariés ?
Le patronat a beau jeu de vouloir négocier les droits sociaux par entreprise, voire même par établissement. Lorsqu'il rencontre une présence syndicale - ce qui est malheureusement loin d'être le cas partout - il sait pouvoir contourner l'obstacle puisqu'il lui suffit d'obtenir une signature de l'une des 5 confédérations pour mettre en oeuvre un accord.
Cette situation n'est plus tenable. Il aurait été salutaire que le gouvernement précédent ait le courage et l'audace d'ouvrir le chantier de la démocratie sociale. Il est urgent que le nouveau gouvernement s'attelle à cette réforme, sinon son discours sur le dialogue social s'avérera n'être que du verbiage ou de la poudre aux yeux. !
Il faut tenir compte de ce que disent les salariés aux élections professionnelles. Ainsi, seuls doivent être mis en oeuvre les accords signés par des organisations syndicales représentant une majorité des salariés concernés par la négociation.
Il faut renouer avec l'élection directe, par les assurés sociaux, de leurs représentants dans les organismes de la Sécurité Sociale.
Vous savez, comme moi, que d'autres confédérations ne souhaitent pas changer des règles qui apparemment ont créé des facilités et des habitudes.
Pourquoi avoir peur de la démocratie ?
Assez d'atermoiements, l'entreprise ne peut plus rester le no man's land de la démocratie. Si le paysage syndical français doit évoluer, c'est d'abord aux salariés d'en décider.
Chacun comprend, dans les circonstances actuelles, combien les élections prud'homales du 11 décembre représentent un rendez-vous de première importance pour notre avenir à tous.
L'enjeu est multiple, chacun doit en prendre la mesure.
Le premier enjeu, bien sûr, concerne la qualité des juges salariés qui seront élus à l'issue de cette consultation nationale.
Nos listes de candidates et de candidats sont représentatifs de la réalité sociale de la région, des diversités culturelles et professionnelles.
Dans les différentes sections, nous pourrons nous servir de notre propre bilan pour mettre en évidence que dans bien des cas nous avons contribué à réparer des préjudices, à sanctionner des employeurs voulant ignorer le droit.
Les élections prud'homales sont le seul rendez-vous permettant aux salariés de s'exprimer ensemble sur des listes syndicales ; une opération vérité, en quelque sorte, de la représentativité des uns et des autres. C'est la seule occasion, qui se renouvelle tous les 5 ans, offerte aux chômeurs, aux salariés des petites entreprises qui n'ont ni DP, ni CE, d'exprimer leur opinion . Quelles que soient leur nationalité, leur branche professionnelle, leur place dans l'entreprise, tous peuvent voter.
Le 11 décembre, les salariés procéderont à des élections et, dans le même temps, ils adresseront plusieurs messages.
Par leur vote, ils apporteront implicitement leur soutien à une démarche et à des objectifs syndicaux.
En ce sens, la question que chaque salarié devra aussi se poser au moment de voter c'est : "dans les circonstances présentes, quel peut être le vote le plus efficace, quel est le syndicat qui me semble le plus pertinent, à qui dois-je donner mon soutien sachant que cela aura des conséquences pour ma situation et celle de mes proches" ?
A cette question, il va nous falloir convaincre que c'est la CGT la bonne réponse.
Le bulletin de vote qui va porter le progrès social, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin de vote qui fera réfléchir le gouvernement et le MEDEF à deux fois, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour l'avenir des retraites, de la Sécu, des salaires et des 35 heures, c'est le bulletin CGT.
Le bulletin pour le tous ensemble, pour l'unité, pour l'efficacité, c'est le bulletin CGT.
Tout le monde est donc concerné par les répercussions de ce grand rendez-vous social. Ceux qui sont électeurs comme ceux qui ne le sont pas ; je pense aux retraités ou aux titulaires de la Fonction Publique qui peuvent aussi apporter leur pierre à la campagne nationale pour gagner le vote CGT.
Un peu moins de trois mois restent devant nous pour une mobilisation générale afin de contrarier ceux qui redoutent le verdict et qui espèrent, en secret, que l'institution serait condamnée si d'aventure la participation au scrutin était largement minoritaire.
On ne nous facilitera sans doute pas la tâche, mais en nous y mettant tous nous relèverons ce défi.
Chacun de vous, militant, syndiqué, sympathisant va pouvoir, dans son entourage familial, professionnel, allez chercher les voix une à une pour que la participation au vote progresse et que le nombre de bulletins CGT soit plus important encore.
Le 11 décembre peut paraître lointain et pourtant, c'est dès maintenant, avec votre engagement, qu'il se prépare :
o en vérifiant que les salariés sont bien inscrits et sur les bonnes listes électorales,
o en faisant respecter pour tous le droit de vote pendant le temps de travail le 11 décembre, une date que chaque salarié doit tout de suite cocher sur son agenda.
Nous le ferons d'autant mieux que nous aurons la préoccupation de faire de cette campagne un tremplin pour renforcer notre organisation.
Dans ces milliers de rencontres et de contacts, nous ne devons pas hésiter à solliciter chacun pour qu'il s'engage davantage, qu'il se syndique, qu'il nous aide à implanter de nouvelles bases syndicales.
Je le dis très amicalement à ceux d'entre-vous qui hésitent encore. Votre soutien et votre présence nous sont précieux. Vous avez besoin de la CGT, mais la CGT a aussi besoin de vous.
Alors,
Venez prendre part à la défense de vos intérêts.
Venez voir la CGT de l'intérieur et vous verrez, comme tant d'autres, qu'elle n'est pas ce que ses adversaires disent d'elle.
Venez vous informer chaque semaine ; notre journal, La Nouvelle Vie Ouvrière, est fait pour cela.
Venez, avec nous, construire votre meilleure force pour l'avenir.
Venez et vous participerez, comme les autres syndiqués de la CGT, à la réflexion collective, aux débats, aux décisions qui seront prises lors du prochain congrès de la CGT en mars prochain.
Chers Camarades et chers amis,
Je veux vous dire, pour conclure, ma conviction et plus largement celle de la direction de la CGT.
Si nous y mettons toute notre détermination, notre confiance, si dans les jours et les semaines qui viennent nous nous engageons résolument, sur chaque lieu de travail, dans la mobilisation et la campagne et bien, tous ensemble, nous gagnerons sur les revendications et aux élections du 11 décembre.
(source http://www.cgt.fr, le 25 novembre 2002)