Déclarations de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur la coopération franco-polonaise et la future adhésion de la Pologne à l'Union européenne ainsi qu'à l'OTAN, Paris les 29 et 30 janvier 1997.

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Circonstance : Visite en France de M. Wlodzimierz Cimoszewicz, président du Conseil des ministres de Pologne les 29 et 30 janvier 1997 : allocution à l'occasion du dîner offert le 29 janvier et déclaration lors du point de presse le 30 janvier

Texte intégral

Allocution du premier ministre, M. Alain Juppé, à l'occasion du diner offert en l'honneur du président du conseil des ministres de Pologne, M. Wlodzimierz Cimoszewicz, Paris, 29 janvier 1997
Monsieur le Premier Ministre,
Madame,
C'est un honneur et un grand plaisir, pour mon épouse et pour moi, de vous accueillir ce soir au Palais des Affaires étrangères. Votre visite officielle intervient à un moment où les relations entre la France et la Pologne connaissent une intensité remarquable. Elles sont très actives, très chaleureuses et toujours aussi amicales.

Nos chefs d'Etat se sont rencontrés à trois reprises en 1996. Le président de la République s'est rendu en Pologne il y a quelques mois pour une visite d'Etat saluée par tous comme un grand succès.

Une impulsion décisive a ainsi été donnée aux échanges franco-polonais dans tous les domaines.

La coopération entre nos deux pays a été excellente en 1996. Je suis certain que le cru 1997 sera d'aussi bonne qualité.

Votre visite, Monsieur le Premier ministre, s'inscrit comme un témoignage supplémentaire de la longue et exceptionnelle amitié qui unit nos deux peuples. Cette amitié, vous le savez, est chère au coeur des Français. L'histoire que nous partageons ensemble depuis tant de siècles, explique sans doute la convergence de nos vues sur l'avenir de l'Europe : nous voulons une Europe forte et solidaire, où la Pologne aura toute sa place.

La France est très active pour que la Conférence intergouvernementale se conclut à Amsterdam, l'été prochain, par des résultats permettant une réforme en profondeur des institutions de l'Union européenne. Alors les négociations d'adhésion pourront s'engager. C'est le voeu le plus cher de la France. Le président de la République a souligné à Varsovie son souhait de voir la Pologne rejoindre l'Union européenne dès l'an 2000.

Vous avez aussi, Monsieur le Premier ministre, une autre grande attente ; je pense à l'objectif que vous vous êtes fixé d'entrer aussi rapidement que possible dans l'OTAN. La France vous soutient pleinement dans cette démarche. Le président de la République l'a dit avec force à Varsovie. La France apprécie de son côté que la Pologne comprenne notre ambition de rénover l'Alliance atlantique en favorisant l'émergence, en son sein, d'une véritable identité européenne de défense.

Nous nous félicitons également de l'intérêt que vous avez manifesté pour l'UEO. La présidence française veillera à ce que la Pologne soit pleinement associée à la réflexion sur la sécurité en Europe ainsi qu'à la coopération en matière d'entraînement des forces armées.

Cette préoccupation de la sécurité pan-européenne vous a naturellement conduit à souhaiter assumer, l'an prochain, la présidence de l'OSCE. La concertation entre nos deux pays s'en trouvera renforcée dans cette enceinte appelée nous le souhaitons- à jouer un grand rôle dans la nouvelle architecture européenne.

J'ajoute qu'en matière de défense et d'équipement militaire, nous devons aller plus loin en construisant un véritable partenariat entre industriels polonais et français.
Je suis convaincu que nos deux pays ont tout à gagner d'une collaboration plus dynamique entre leurs entrepreneurs.

C'est vrai pour les investissements. Les deux dernières années ont montré l'intérêt croissant de nos entreprises pour la Pologne. Nous figurons aujourd'hui parmi les tout premiers investisseurs dans votre pays. De nombreux projets ne demandent qu'à se concrétiser. Nous venons, Monsieur le Premier ministre, d'en parler, et j'ai été heureux de constater notre volonté commune d'aller de l'avant.

Nous nous réjouissons, l'un et l'autre, de la progression de nos échanges commerciaux, même si j'ai bien noté votre souci de les voir mieux équilibrés. Je suis persuadé que la relance économique en Europe y contribuera.

Mais la coopération économique, Monsieur le Premier ministre, ne doit pas occulter la dimension historique et culturelle des liens qui unissent nos deux peuples. Chacun a en mémoire les grands personnages qui ont illustré notre histoire commune. Je pense par exemple à Henri de France devenu Roi de Pologne par la volonté de la Diète, à Marie Leczynska épouse de Louis XV, dont le père a donné son nom à la Place Stanislas de Nancy ; je pense aussi à Napoléon et à Marie Walenska, à George Sand et à Chopin... Vous avez souhaité, Monsieur le Premier ministre, rappeler ces liens historiques pendant votre visite puisque vous vous rendrez vendredi au Panthéon pour honorer la mémoire de Marie Curie, dont nous n'oublions pas le nom de jeune fille, Marie Sklodowska.

Aujourd'hui, nous avons ensemble la volonté de faire vivre et fructifier notre héritage culturel en multipliant toutes les formes d'échanges et de coopérations. La Fondation France-Pologne y est pour beaucoup.

Monsieur le Premier ministre, nous sommes très heureux de voir la Pologne souhaiter se rapprocher de la famille francophone. Je sais tous les efforts que vous déployez dans cette direction. Vous pouvez être certain que là aussi la France sera à vos côtés.

Je lève mon verre, Monsieur le Premier ministre, à votre santé et à votre bonheur, à la santé et au bonheur de Mme Cimoszewicz, à qui je présente mes respectueux hommages, à l'amitié multi-séculaire et à la fraternité entre nos deux peuples.

Vive la Pologne ! Vive la France !./.
Point de presse du premier ministre, M. Alain Juppe, avec le président du conseil des ministres de Pologne, M. Wlodzimierz Cimoszewicz, Paris, 30 janvier 1997
Nous venons d'avoir M. Cimoszewicz et moi-même un excellent entretien. Nous avons pu constater à quel point les relations entre la France et la Pologne étaient bonnes, amicales, chaleureuses grâce aux échanges de visites très nombreux entre nos chefs d'Etats et également entre nos ministres. Nos relations économiques s'améliorent considérablement, les échanges commerciaux progressent, les investissements de la France en Pologne ont également beaucoup augmenté. Nous avons encore des progrès à faire et j'ai bien noté le souci de recherche d'un meilleur équilibre que nos partenaires polonais peuvent avoir dans ce domaine. Nous avons également évoqué notre coopération culturelle et technique très importante, à laquelle nous tenons beaucoup. Nous avons aussi pu faire un tour d'horizon de problèmes plus généraux. Bien sûr, la future adhésion de la Pologne à l'Union européenne : vous connaissez dans ce domaine les positions de la France. Nous souhaitons cet élargissement le plus rapidement possible et nous avons fait le point de l'avancement de la Conférence intergouvernementale, comme nous avons également évoqué les problèmes d'élargissement de l'Alliance atlantique, en constatant que nos positions dans ce domaine étaient tout à fait voisines et proches.
Voilà en substance cette conversation dont je me réjouis beaucoup et qui aura des prolongements puisque les visites ministérielles entre nos deux gouvernements vont se poursuivre bien sûr au cours des prochains mois.
Q - Avez-vous parlé des préférences européennes durant cet échange ?
R - Nous avons dans ce domaine des accords entre l'Union européenne et la Pologne. Nous allons discuter, comme l'a dit le Premier ministre, des conditions d'adhésion le moment venu, c'est-à-dire dès que la Conférence intergouvernementale aura abouti. Ceci fait partie de la discussion.
Q - (inaudible) R - Il y a des investissements sud-coréens souvent dans les pays membres de l'Union européenne. Je souhaite qu'il y en aient de plus en plus. On ne peut pas reprocher à ce futur membre de les accueillir aussi.
Q - (inaudible
R - Pardonnez-nous mais nos invités nous attendent. Je voudrais simplement pour conclure dire que j'ai donné une réponse tout à fait positive au souhait du Premier ministre polonais d'une coopération bilatérale entre la France et la Pologne pour préparer l'adhésion. M. Barnier qui assistait à l'entretien, qui est notre négociateur, vous le savez, a indiqué qu'il était tout à fait à la disposition de ses partenaires polonais pour que nous puissions progresser ensemble afin de préparer les dossiers. La discussion sera évidemment compliquée, cela va de soi
Merci.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 août 2002)