Texte intégral
Votre question me permet de faire le point d'une situation qui, bien que plus lointaine que d'autres sujets évoqués à l'instant, nous concerne et concerne l'Union européenne. Il est clair que tous les risques d'instabilité autour de la Méditerranée ou les chances de stabilité sont des risques ou des chances pour nous.
Vous parlez d'inquiétude et c'est vrai qu'il y a aujourd'hui davantage de motifs d'inquiétude que de raisons d'espérer. Et pourtant l'espoir doit être préservé, au moins dans le terme, puisque nous le savons, au fond, le processus de paix est irréversible. Tous les protagonistes, Syriens, Libanais, Israéliens, Palestiniens, nous le disent : ils veulent que ce processus de paix réussissent. Mais dans le court terme, il y a tout ce dont vous avez parlé et en particulier, cette grande inquiétude créée par la décision du Premier ministre, M. Netanyahou, de construire une nouvelle colonie de peuplement à Har Homa. Cette décision est tout à fait dommageable, malheureuse, non seulement parce qu'elle remet en cause un statu quo, parce qu'elle nous paraît contraire aux règles internationales, à la légalité internationale, mais encore parce qu'elle crée un climat dont nous n'avions vraiment pas besoin. Et puis surtout, comme vous l'avez souligné, elle brise un élan qui avait été créé il y a quelques semaines par l'accord d'Hébron.
C'est le premier et le plus grave de nos sujets de préoccupation. Au delà et à côté, il y a le problème de la Syrie et du Liban. Là aussi, nous avons des sujets de préoccupations puisque les négociations n'ont pas recommencé, puisque la tension reste vive au Sud-Liban et qu'en dépit du travail tout à fait remarquable effectué par le groupe de surveillance qui a été institué par l'arrangement du 26 avril 1996, et vous savez le rôle que la France a joué dans ce sens, les risques existent. Rien ne peut remplacer une vraie paix. Nous ne devons pas pour autant nous décourager.
Vous me demandiez ce que faisait la France. Elle le fait directement sous l'impulsion du chef de l'Etat, par la présence du ministre des Affaires étrangères dans cette zone à plusieurs reprises. Elle le fait aussi à travers l'Union européenne, qui a un représentant sur place et qui fait un bon travail. Nous continuerons à agir dans ce sens pour préserver le processus de paix en dépit des difficultés.
Votre dernière question portait sur un sujet très important, qui est celui du développement économique des territoires palestiniens et notamment de Gaza, la réouverture de l'aéroport qui n'a pas été autorisé à fonctionner, et la modernisation du port. Quelles que soient les difficultés sur ces deux sujets, il me semble qu'un accord est possible et que le souci de sécurité des Israéliens, qui est légitime, ne doit pas non plus servir de prétexte pour retarder les discussions.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 octobre 2001)