Déclarations de M. Adrien Gouteyron, secrétaire général du RPR, sur les enjeux des onzièmes assises du RPR et sur les grands thèmes du rapport de synthèse, Paris le 17 juin 2000.

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Circonstance : XIèmes assises du RPR à Paris le 17 juin 2000

Texte intégral

Mes Chers Compagnons, Mes Chères Amies,
Les Assises sont traditionnellement un temps fort de la vie de notre mouvement. Ces XIème Assises du Rassemblement Pour la République, que je déclare ouvertes, n'y dérogeront pas.
Nous sommes à nouveau réunis ici à la Porte de Versailles, lieu si symbolique pour notre mouvement.
C'est ici, avec vous, que Jacques Chirac a fondé le Rassemblement Pour la République le 5 décembre 1976. Et je salue la présence parmi nous de Jérôme Monod, qui en fut le premier Secrétaire Général.
C'est ici, le 17 février 1995 pendant la campagne présidentielle, que Jacques Chirac a présenté aux Français sa vision de la France, une " France pour tous ".
Comme en 1976, comme en 1995, notre pays doit nous trouver
- Unis ;
- Imaginatifs ;
- Déterminés.
Ces Assises sont des Assises de l'Unité.
Elles marquent l'unité retrouvée du RPR autour de Michèle Alliot-Marie après une période de difficultés et d'incertitudes que nous avons su surmonter tous ensemble. Elles témoignent, avant les échéances électorales qui se profilent, de l'unité du mouvement gaulliste derrière Jacques Chirac.
Nous ne sommes pas un parti politique comme les autres. Il y a une exception gaulliste, un esprit de compagnonnage qui nous est propre.
Quelle meilleure marque de cet esprit que de voir ceux que nous appelons, avec une affection un peu irrévérencieuse, les " mammouths ", Edouard Balladur, Alain Juppé, Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy, participer au milieu des militants aux ateliers de la matinée. Et je tiens à les en remercier.
Mieux vaut un mouvement riche de personnalités affirmées, de réflexions variées et de sensibilités et d'aspirations diverses, capable de se fondre dans un rassemblement qu'une fabrique de clones.
Car, ces Assises doivent être également être des Assises de l'imagination.
Je crois, Mes Chers Compagnons, qu'au cur dans notre engagement politique, il y a avant tout la volonté d'être capable de maîtriser son destin.
Le gaullisme est avant tout une force qui va toujours de l'avant, une pensée politiquedu long terme. C'est le rôle d'une grande formation comme la nôtre de dépasser les pressions du moment pour réfléchir aux sujets de l'avenir.
" Être gaulliste c'est ne pas oublier que la France sera toujours l'objet d'un combat " a écrit notre compagnon Alain Peyrefitte, dont je salue, au nom de vous tous, la mémoire.
C'est vous, mes Chers Compagnons, qui porterez bientôt sur le terrain les propositions et les solutions pour la France, que nous sommes là aujourd'hui pour élaborer tous ensemble.
Vous avez été nombreux à participer à la consultation lancée par notre Présidente: 1138 débats se sont déroulés dans les circonscriptions. Plus de 13000 adhérents ont assisté à un ou à plusieurs débats sur les 4 grands thèmes du questionnaire que vont reprendre nos ateliers de ce matin.
Le projet, que nous établirons avec nos partenaires de l'opposition, doit proposer aux Français une alternative claire et tranchée à la gestion étouffante des socialistes.
Nous devons donner à nos compatriotes un fort et profond désir d'alternance.
Ces Assises doivent être les Assises de la reconquête.
Malraux disait, lors des toutes premières Assises nationales du mouvement gaulliste à Marseille en 1948 : " nous ne sommes ce que nous sommes que par la volonté ". Les circonstances ont bien changé, mais notre volonté est intact. Nous ne sommes nous-mêmes, mes Chers Compagnons que par cette volonté, dont nous affirmons la force aujourd'hui.
A nous maintenant de donner un contenu à l'espérance des Français.
Des Assises de l'Unité, des Assises de l'imagination, des Assises de la reconquête Elles débutent ce matin par les 4 ateliers de réflexion qui prolongeront le travail réalisé dans les fédérations.
Je présenterai au début de la séance de cet après-midi la synthèse des travaux de ce matin, avant que plusieurs de nos compagnons ne prennent la parole.
Car, ces Assises sont les vôtres. Nous les avons voulus conviviales. Je vous engage d'ailleurs à visiter nombreux le village des communes RPR de France, réalisé grâce à notre Secrétaire nationale aux Elus Locaux, Marie-Hélène Des Esgaulx.
Le discours de notre Présidente, Michèle Alliot-Marie, clôturera cette journée.
Grâce à ces Assises, il s'agit de nous mettre en ordre de bataille pour préparer et gagner les élections municipales, puis les élections législatives.
Et Jacques Chirac sait que nous sommes là, tous ensemble autour de Michèle Alliot-Marie, pour qu'il gagne en 2002.
(Source http://www.rpr.fr, le 17 juin 2000).
Rapport de synthèse
par Adrien GOUTEYRON, Secrétaire Général
Mes Chers Compagnons, Mes Chères Amis,
Je dois vous présenter cette après-midi la synthèse de nos travaux de réflexion dans le cadre de ces Assises.
Réflexion riche, car constituée à la fois du résultat du débat sur le questionnaire dans les fédérations, du Document d'orientation adopté par le Comité politique, du rapport soumis aux mandataires, et du travail des ateliers qui se sont tenus ce matin.
Notre réflexion s'est déroulée autour de quatre grands thèmes que je voudrais reprendre tour à tour.
Il s'agit d'abord de redonner le goût et le sens des responsabilités à nos concitoyens.
La société du XXIème siècle doit replacer l'homme au centre de ses préoccupations.
L'Homme citoyen, salarié, chef de famille, entrepreneur doit y prendre toute sa place,
pour retrouver sa liberté et son libre arbitre.
Plutôt que la même règle pour tous : 35 heures obligatoires, système scolaire identique, retraite couperet au même âge, nous voulons une solution adaptée à chacun.
Nous devons permettre à la famille et à l'école de jouer pleinement leur rôle en matière d'apprentissage de la responsabilité, des règles sociales, des valeurs de civisme et de courage, et de respect de l'autre.
A l'approche des élections, Monsieur Jospin vient de redécouvrir la famille après l'avoir matraquée fiscalement. Pour nous, la famille n'est pas un enjeu électoral, mais le fondement d'une société de responsabilité et de liberté.
Il convient donc de la soutenir par des mesures appropriées. Il faut notamment permettre aux femmes qui le souhaitent de concilier leur rôle de mère avec un engagement actif dans la société.
Plutôt que 80% de jeunes au niveau du baccalauréat, le véritable objectif doit être 100% de jeunes aptes à être insérés dans la vie sociale et professionnelle.
L'école doit redevenir une promesse pour nos enfants.
L'initiative, l'innovation, la prise de risque trop souvent découragées par notre système fiscal, doivent être encouragées.
Nous sommes trop souvent incapables de favoriser un climat incitant à la création
d'entreprise et à la prise de risque.
Valoriser la responsabilité, c'est aussi pour l'État, savoir reconnaître le mérite de ses
propres agents. Ceux qui assument les charges difficiles -comme les chefs de certains établissements scolaires- doivent être soutenus et récompensés de leurs efforts.
Nous ne faisons de la Fonction publique une idée noble. La Fonction publique, c'est la qualité avant d'être le statut.
Il s'agit ensuite de renouveler les relations sociales.
Depuis 25 ans, la société a été traversée par des bouleversements aussi rapides que
profonds : montée du chômage et de l'exclusion ; perte des valeurs ; régression du lien social ; urbanisation mal maîtrisée ; désarroi des jeunes.
Dans un monde trop marqué par le repli sur soi et le refus de l'autre, nous avons besoin de retisser du lien entre les hommes, de recréer de nouvelles solidarités entre les générations et de retrouver des nouveaux équilibres pour notre société.
L'insertion des personnes handicapées est le symbole même d'une société véritablement solidaire.
Souvenons nous que c'est Jacques Chirac, Premier ministre, qui a fait adopter en 1975 la première grande loi en la matière.
Souvenons nous que c'est Jacques Chirac, Premier ministre, qui a fait voter en 1987
l'obligation pour les entreprises d'intégrer en leur sein des personnes handicapées.
Favoriser une solidarité active, c'est protéger les personnes contre les aléas de la vie par un filet de sécurité. Ce sont les minima sociaux. Faisons en sorte qu'ils ne constituent pas un frein à l'emploi, mais qu'ils débouchent sur l'insertion professionnelle.
Favoriser une solidarité active, c'est aussi tout faire pour permettre à ces personnes de sortir d'une situation d'assistanat passif qui porte atteinte à leur dignité.
Aidons les partenaires sociaux à refonder notre Démocratie sociale, comme les y a invité Jacques Chirac.
Assurer la cohésion entre les générations, c'est un maintenir système de retraites par
répartition auquel nous sommes attachés, mais en le complétant par des mécanismes propres à le renforcer.
Assurer la cohésion nationale, c'est aussi veiller à ce que ne se forment pas dans notre pays des ghettos communautaires, que n'existent pas des discrimination fondées sur la différence de sexe, de religion, d'origine géographique, voire ethnique.
Quand on parle d'intégration, pourquoi évoque t-on toujours les échecs et jamais les
réussites et l'apparition d'une classe moyenne issue de l'immigration, dynamique et
motivée.
Nous devons moderniser l'Etat et les institutions.
L'État est le garant de la cohésion sociale, de l'intérêt général.
Un Etat efficace pour remplir ses missions et d'abord celles de service public, auxquelles les Français sont profondément attachés.
Il doit être capable de mobiliser nos compatriotes contre la montée des insécurités, car la sécurité est un droit, elle ne doit pas devenir le privilège des plus favorisés.
Nous prônons une politique de tolérance zéro en matière de criminalité et de délinquance; chacun doit y être associé : parents, école, justice, police.
Lorsqu'un petit caïd de quartier intime l'ordre à un policier de quitter son territoire, il démontre que la puissance publique n'est plus ni puissance, ni publique.
Il faut accroître les pouvoirs de police du maire en lui confiant la maîtrise d'une vraie
police de proximité préventive de la petite délinquance.
Mais, dans le monde contemporain, la protection contre les insécurités ne saurait se
réduire à l'assurance de pouvoir circuler dans la rue sans crainte.
L'Etat doit aussi assurer la qualité de vie de nos concitoyens : leur santé ou la protection de leur environnement.
En matière de santé : la qualité des soins, l'excellence de l'hôpital, la préservation du libre choix du praticien, la garantie de remboursement des soins sont les exigences des Français.
Nous devons y répondre en étroite collaboration avec les professions de santé.
Un Etat moderne capable de s'adapter pour exercer ses missions, et d'observer avec
humilité ce qui se passe à la base. C'est à lui d'appuyer les initiatives et de faire en sorte qu'elles se concrétisent.
L'entrepreneur vit trop souvent dans l'univers kafkaïen des diktats réglementaires aussi tatillons qu'inefficaces. L'Etat, s'il veut servir l'économie, ne doit pas être un mirador mais un partenaire.
Au règlement-punition, nous devons substituer la règle-incitative, et passer d'une culture de la suspicion à une culture de l'innovation.
Il faut simplifier les rapports entre les citoyens et l'Administration, qui doit être un service de proximité. Je pense par exemple au guichet unique.
Un Etat moderne est un Etat qui libère les " nouvelles énergies démocratiques locales ", pour répondre à l'appel de Jacques Chirac devant le Conseil Régional de Bretagne en 1998, grâce à une relance de la décentralisation.
Pour que les élus soient issus de l'ensemble de la société, il convient de les doter d'un statut, sans lequel la parité notamment restera un effet d'annonce.
Mais c'est aussi un Etat qui est le garant de la solidarité et de l'équilibre entre les différents territoires de notre pays.
Renforçons cette mission essentielle de l'Etat : cette vision prospective, qui transcende cette tyrannie de l'éphémère que l'on veut nous imposer.
Les modes, comme le disait Victor Hugo " font plus de dégâts que les révolutions ". Or, la vraie modernité, c'est introduire de la durée dans le changement.
Quel meilleur exemple de stabilité que notre Constitution qui a démontré sa capacité à surmonter les situations les plus diverses.
Tout en conservant intacts les fondements de l'édifice constitutionnel, il nous appartient de permettre à nos concitoyens d'être plus souvent associés aux grands choix qui les concernent. Le quinquennat répond à cette exigence.
Mais, afin d'éviter l'ouverture d'un véritable concours Lépine de la réforme constitutionnelle et la dénaturation de nos institutions, le Président de la République a adopté une position raisonnable , en préconisant une réduction de la durée du mandat présidentiel sans autre modification.
Enfin, il faut permettre aux citoyens de s'orienter dans la mondialisation.
La France a vocation à porter un message qui lui est propre, un message de paix, de
solidarité et d'ouverture.
La construction européenne est un moyen de donner une plus grande résonance à ce message. La France et l'Union européenne ont vocation " à humaniser la
mon dialisation ", comme a pu le dire Jacques Chirac.
L'Europe ne saurait se limiter à n'être qu'un espace de libre-échange ouvert au
mouvement de capitaux planétaires.
Elle doit devenir le ciment de la solidarité entre nations et en aucun cas se substituer à elles. Pour nous, la subsidiarité est la condition de l'efficacité et de la liberté en Europe.
La France est aussi une puissance mondiale, et les gaullistes y tiennent. Présente grâce à sa langue, et la francophonie doit saisir les nouvelles opportunités technologiques pour participer à la bataille pour le respect de la diversité culturelle.
Encore faut-il que nous soyons capables de produire les programmes et les contenus que véhiculent ces nouvelles technologies.
La France doit redevenir un pôle attractif de formation sur le plan international.
On attend d'abord de la France qu'elle contribue à maintenir dans un monde multipolaire, le pluralisme et la diversité des nations et des modes de vie, menacés par la démesure de la globalisation de l'information et des échanges.
Grâce à l'attention qu'elle porte au développement des pays du Sud, notamment à travers notre coopération renouvelée avec le continent Africain, la France a en Europe un rôle particulier à jouer dans la solidarité Nord-Sud, car nos destins sont liés.
L'engagement de la France, conformément à sa tradition de générosité et dans l'intérêt des peuples, est de renforcer la coopération, une coopération décentralisée, notamment avec nos amis Africains.
Construire un puits, c'est souvent plus utile qu'une ligne de crédit.
Chacun de nous sent, parfois avec un mélange d'angoisse et de fascination, que nous sommes dans une période charnière, qui s'apparente à une mutation de civilisation.
Les temps tumultueux que nous vivons peu à peu voit le monde ancien s'effacer sans qu'un monde nouveau n'apparaisse avec précision.
Nous pressentons cette " terre inconnue ", marquée par l'emballement des mouvements de capitaux, la toute puissance de la communication planétaire, les formidables espoirs d'une vie moins pénible et plus longue.
Cette " terre inconnue " est une forêt de possibles à imaginer et de menaces à conjurer.
Songeons aux problèmes de l'alimentation, du clonage, de la protection de
l'environnement ou, tout simplement, au défi posé par les progrès techniques fulgurants qui s'accompagnent souvent d'une démission du politique, qui entérine ce qu'il n'a su accompagner.
Cette " terre inconnue " dont nous commençons à peine d'aborder les rivages ne sera, ni le paradis virtuel de la nouvelle économie, ni l'enfer réel d'une société en perte de repères mais tout simplement ce que nous en ferons !
On parle à satiété de " fin " de l'histoire, de " fin des nations ", et même de " fin du
gaullisme " ! Or, notre message est au cur des enjeux d'aujourd'hui.
En effet, qui d'autre que nous peut répondre aux grands défis de demain ? Qui mieux que nous sait conjuguer responsabilité individuelle et solidarité collective, liberté de chacun et destin national, construction européenne et respect des identités.
Le Gaullisme fut, est et sera l'irruption de la liberté dans l'Histoire. La certitude qu'un
destin ne s'accomplit pas mais se conjure !
Face aux éternelles Cassandres du renoncement, à ceux pour qui le présent est régi par un " éternel hier ", face aux prophètes du marché roi ou aux nostalgiques de l'Etat tout puissant, nous devons incarner cette volonté en marche, grâce à laquelle la France s'accomplit, en se transcendant.
Autour de Michèle Alliot-Marie, nous voici enthousiastes et rassemblés pour que gagnent nos idées, et donc, que gagne Jacques Chirac, que gagne la France.
MESSAGE-FLASH
A l'attention de Madames et Messieurs les Secrétaires et les Chargés de Mission Départementaux.
Veuillez trouver ci-joint le texte du rapport de synthèse présenté par Adrien GOUTEYRON, Secrétaire Général, lors des XIèmes Assises, et établi à partir des résultats de la consultation de préparation des Assises dans les Fédérations, du document d'orientation adopté par le Comité politique du 27 mai, du rapport soumis aux mandataires et du travail des ateliers qui se sont tenus lors des Assises du 17 juin.
(Source http://www.rpr.fr, le 17 juin 2000).