Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Je voudrais vous dire que nous sommes venus à Ouagadougou, Charles Josselin et moi-même, pour la réunion ministérielle de suivi de la 19ème conférence des chefs d'Etat de France et d'Afrique. Nous avons tenu naturellement à passer ici vous voir et avoir ce contact bref mais toujours sympathique. Nous avons tenu à vous voir pour vous donner un certain nombre d'indications sur la façon dont nous travaillons ensemble à propos de la politique africaine de la France, de cette politique de coopération qui a été récemment modifiée et renouvelée, et pour vous dire dans quel esprit nous abordons non seulement l'échéance de demain, pour laquelle nous sommes venus, mais toutes les échéances à venir entre la France et l'Afrique.
Le point fondamental, c'est que ce lien sera maintenu étroitement. C'est un élément tout à fait important de la politique actuelle. Il y a un accord véritable, précis et complet entre le président de la république et le gouvernement sur ce sujet.
La réforme de la Coopération était à l'étude et à l'esprit depuis des années - pour ne pas dire depuis des décennies. Elle a été soigneusement et sérieusement étudiée pendant plusieurs mois. Elle a fait l'objet d'une réflexion animée par le Premier ministre : il voulait cette réforme, cette adaptation nécessaire et indispensable par rapport à la réalité de l'Afrique d'aujourd'hui. Cette réflexion a été menée avec le ministre des Finances mais surtout avec nous deux. Quand le Premier ministre est arrivé à un dispositif d'ensemble, répondant à la fois aux besoins et répondant par avance aux interrogations, aux inquiétudes de certains, il en a parlé avec le président de la République. Il y a eu encore une petite phase d'adaptation sur certains points et cette réforme a été annoncée.
Nous sommes maintenant tous les deux dans la phase de mise en oeuvre. Nous sommes en train d'organiser le rapprochement de nos services, des budgets, des personnels, étant entendu qu'il était clairement spécifié que tous les instruments, notamment les services, les budgets, les titres budgétaires qui concourent à la mise en oeuvre de la politique française de coopération au développement seront clairement identifiés à travers et à l'intérieur de l'ensemble des Affaires étrangères. Ils sont d'ailleurs dotés d'un ministre au sens plein du terme puisque Charles Josselin est ministre délégué à la Coopération, sous tous ces aspects : la coopération au développement, qui concerne en priorité les pays de cette région - et donc les partenaires anciens et traditionnels de la France sur le continent africain - mais aussi ceux de la Francophonie, la coopération internationale sous toutes ses faces. Nous sommes donc engagés avec le gouvernement tout entier dans une action d'ensemble concernant la politique africaine de la France qui est marquée, au premier chef, par sa volonté de fidélité à ses partenaires mais, en même temps, par une volonté d'adaptation imposée par toutes sortes de raisons et par l'évolution elle-même de l'Afrique, continent qui cherche en ce moment à retrouver ou élaborer son unité. Ce continent s'ouvre au monde et diversifie ses relations.
A cet égard, nous sommes les premiers à nous réjouir de voir les Etats-Unis manifester un intérêt pour l'Afrique, ce qui a été rarement le cas dans le passé. Au fond, ce qui est indiqué dans les objectifs de cette démarche américaine nouvelle, c'est un soutien à la bonne gouvernance : c'est aussi notre idée. C'est aussi un de nos principes : un soutien au développement économique. Quel pays à cet égard est plus engagé que la France ?
C'est aussi un soutien à la consolidation politique de l'Afrique : pour notre part, nous y oeuvrons de toutes les façons et nous espérons que les autres pays, les Etats-Unis, mais on peut penser à beaucoup d'autres aussi, seront capables à leur tour de faire un effort conséquent comme le fait la France en matière d'aide au développement. Cette dernière dimension, quel que soit le développement des autres formes de la vitalité économique, de l'échange et du commerce, ne doit évidemment pas être oubliée ou sacrifiée.
Il faut l'adapter de plus en plus à une relation qui, aujourd'hui, doit être fondée sur le respect mutuel entre les pays d'Afrique et la France, entre l'Europe et les pays d'Afrique, respect mutuel, partenariat pour élaborer ensemble ce qu'il est nécessaire de faire aujourd'hui. Tous ces pays - notamment ce pays dans lequel vous constituez une communauté française nombreuse, dynamique et vivante - tous ces pays ont besoin d'un apport, d'une sorte d'expertise en matière d'élaboration d'Etat de bon droit. On peut toujours donner de l'extérieur des conseils démocratiques bien intentionnés et un peu vagues mais c'est encore plus utile et plus important d'aider à la consolidation, à l'enracinement de l'Etat de droit qui passe par des actions concrètes en matière de formation, de justice, de police, de législation, de réglementation en matière d'élections, dans toutes sortes de domaines précis. Il y a aussi, évidemment, énormément à faire en matière sociale, en matière culturelle et sur tous les autres plans.
Voilà quelques-uns des sujets dont nous venons de parler avec le président Compaore. Nous avons parlé avec lui du programme, de l'ordre du jour de la Conférence ministérielle de demain. Nous avons parlé de nos relations bilatérales, nous avons parlé de la région au sens large, des points rassurants comme des sujets de préoccupation sur lesquels il est utile que nous ayons l'occasion d'échanger nos vues. Nous avons parlé de quelques autres points d'actualité dans le monde qui requièrent également notre attention.
Je voulais aussi vous dire que notre double présence traduit bien la volonté et la façon dont nous travaillons ensemble, maintenant plus étroitement que jamais, la façon dont nos services travaillent ensemble, la façon dont nous plaçons ensemble ces questions de l'Afrique, du développement, de la Francophonie à une place très élevée dans la priorité des actions politiques étrangères de la France.
Je dirais pour conclure - il faut que nous puissions bénéficier de la possibilité de parler ensemble - qu'en ce qui me concerne, comme ministre des Affaires étrangères chaque fois que je suis quelque part dans le monde, sur ce continent, mais pas aussi souvent que je le souhaiterai, chaque fois que j'ai à me préoccuper dans une enceinte de défendre les intérêts de la France, les principes, les idées, les valeurs, les conceptions, les propositions de la France, chaque fois que l'on évoque la place de notre pays aujourd'hui et pour demain à travers une négociation apparemment économique ou scientifique, technologique ou diplomatique, juridique, je n'oublie jamais que la présence de notre pays, sa capacité d'entraînement, son impact ne passent pas que par des experts et par des diplomates, mais aussi largement par des communautés comme la vôtre. Chacun est ici pour des raisons personnelles ou professionnelles. Vous formez un élément de la chaîne, un maillon essentiel qui fait que notre pays n'est absent d'aucun endroit de cette planète.
Ce que nous représentons et ce que nous voulons continuer à représenter, en l'adaptant aux formes modernes de la concurrence et de la compétition qui sont intenses et impitoyables dans le monde globalisé, cela passe par des hommes et des femmes qui, à travers tous les métiers, à travers toutes les formes d'attachement à leur pays et au pays où ils sont, amènent jour après jour ce témoignage et cette action.
Chaque fois que nous en avons l'occasion, il faut aussi vous en remercier. Car c'est un élément très important pour notre pays. Merci encore. Nous nous réjouis
sons tous les deux de cette rencontre de ce soir./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)
Mes chers compatriotes,
Je voudrais vous dire que nous sommes venus à Ouagadougou, Charles Josselin et moi-même, pour la réunion ministérielle de suivi de la 19ème conférence des chefs d'Etat de France et d'Afrique. Nous avons tenu naturellement à passer ici vous voir et avoir ce contact bref mais toujours sympathique. Nous avons tenu à vous voir pour vous donner un certain nombre d'indications sur la façon dont nous travaillons ensemble à propos de la politique africaine de la France, de cette politique de coopération qui a été récemment modifiée et renouvelée, et pour vous dire dans quel esprit nous abordons non seulement l'échéance de demain, pour laquelle nous sommes venus, mais toutes les échéances à venir entre la France et l'Afrique.
Le point fondamental, c'est que ce lien sera maintenu étroitement. C'est un élément tout à fait important de la politique actuelle. Il y a un accord véritable, précis et complet entre le président de la république et le gouvernement sur ce sujet.
La réforme de la Coopération était à l'étude et à l'esprit depuis des années - pour ne pas dire depuis des décennies. Elle a été soigneusement et sérieusement étudiée pendant plusieurs mois. Elle a fait l'objet d'une réflexion animée par le Premier ministre : il voulait cette réforme, cette adaptation nécessaire et indispensable par rapport à la réalité de l'Afrique d'aujourd'hui. Cette réflexion a été menée avec le ministre des Finances mais surtout avec nous deux. Quand le Premier ministre est arrivé à un dispositif d'ensemble, répondant à la fois aux besoins et répondant par avance aux interrogations, aux inquiétudes de certains, il en a parlé avec le président de la République. Il y a eu encore une petite phase d'adaptation sur certains points et cette réforme a été annoncée.
Nous sommes maintenant tous les deux dans la phase de mise en oeuvre. Nous sommes en train d'organiser le rapprochement de nos services, des budgets, des personnels, étant entendu qu'il était clairement spécifié que tous les instruments, notamment les services, les budgets, les titres budgétaires qui concourent à la mise en oeuvre de la politique française de coopération au développement seront clairement identifiés à travers et à l'intérieur de l'ensemble des Affaires étrangères. Ils sont d'ailleurs dotés d'un ministre au sens plein du terme puisque Charles Josselin est ministre délégué à la Coopération, sous tous ces aspects : la coopération au développement, qui concerne en priorité les pays de cette région - et donc les partenaires anciens et traditionnels de la France sur le continent africain - mais aussi ceux de la Francophonie, la coopération internationale sous toutes ses faces. Nous sommes donc engagés avec le gouvernement tout entier dans une action d'ensemble concernant la politique africaine de la France qui est marquée, au premier chef, par sa volonté de fidélité à ses partenaires mais, en même temps, par une volonté d'adaptation imposée par toutes sortes de raisons et par l'évolution elle-même de l'Afrique, continent qui cherche en ce moment à retrouver ou élaborer son unité. Ce continent s'ouvre au monde et diversifie ses relations.
A cet égard, nous sommes les premiers à nous réjouir de voir les Etats-Unis manifester un intérêt pour l'Afrique, ce qui a été rarement le cas dans le passé. Au fond, ce qui est indiqué dans les objectifs de cette démarche américaine nouvelle, c'est un soutien à la bonne gouvernance : c'est aussi notre idée. C'est aussi un de nos principes : un soutien au développement économique. Quel pays à cet égard est plus engagé que la France ?
C'est aussi un soutien à la consolidation politique de l'Afrique : pour notre part, nous y oeuvrons de toutes les façons et nous espérons que les autres pays, les Etats-Unis, mais on peut penser à beaucoup d'autres aussi, seront capables à leur tour de faire un effort conséquent comme le fait la France en matière d'aide au développement. Cette dernière dimension, quel que soit le développement des autres formes de la vitalité économique, de l'échange et du commerce, ne doit évidemment pas être oubliée ou sacrifiée.
Il faut l'adapter de plus en plus à une relation qui, aujourd'hui, doit être fondée sur le respect mutuel entre les pays d'Afrique et la France, entre l'Europe et les pays d'Afrique, respect mutuel, partenariat pour élaborer ensemble ce qu'il est nécessaire de faire aujourd'hui. Tous ces pays - notamment ce pays dans lequel vous constituez une communauté française nombreuse, dynamique et vivante - tous ces pays ont besoin d'un apport, d'une sorte d'expertise en matière d'élaboration d'Etat de bon droit. On peut toujours donner de l'extérieur des conseils démocratiques bien intentionnés et un peu vagues mais c'est encore plus utile et plus important d'aider à la consolidation, à l'enracinement de l'Etat de droit qui passe par des actions concrètes en matière de formation, de justice, de police, de législation, de réglementation en matière d'élections, dans toutes sortes de domaines précis. Il y a aussi, évidemment, énormément à faire en matière sociale, en matière culturelle et sur tous les autres plans.
Voilà quelques-uns des sujets dont nous venons de parler avec le président Compaore. Nous avons parlé avec lui du programme, de l'ordre du jour de la Conférence ministérielle de demain. Nous avons parlé de nos relations bilatérales, nous avons parlé de la région au sens large, des points rassurants comme des sujets de préoccupation sur lesquels il est utile que nous ayons l'occasion d'échanger nos vues. Nous avons parlé de quelques autres points d'actualité dans le monde qui requièrent également notre attention.
Je voulais aussi vous dire que notre double présence traduit bien la volonté et la façon dont nous travaillons ensemble, maintenant plus étroitement que jamais, la façon dont nos services travaillent ensemble, la façon dont nous plaçons ensemble ces questions de l'Afrique, du développement, de la Francophonie à une place très élevée dans la priorité des actions politiques étrangères de la France.
Je dirais pour conclure - il faut que nous puissions bénéficier de la possibilité de parler ensemble - qu'en ce qui me concerne, comme ministre des Affaires étrangères chaque fois que je suis quelque part dans le monde, sur ce continent, mais pas aussi souvent que je le souhaiterai, chaque fois que j'ai à me préoccuper dans une enceinte de défendre les intérêts de la France, les principes, les idées, les valeurs, les conceptions, les propositions de la France, chaque fois que l'on évoque la place de notre pays aujourd'hui et pour demain à travers une négociation apparemment économique ou scientifique, technologique ou diplomatique, juridique, je n'oublie jamais que la présence de notre pays, sa capacité d'entraînement, son impact ne passent pas que par des experts et par des diplomates, mais aussi largement par des communautés comme la vôtre. Chacun est ici pour des raisons personnelles ou professionnelles. Vous formez un élément de la chaîne, un maillon essentiel qui fait que notre pays n'est absent d'aucun endroit de cette planète.
Ce que nous représentons et ce que nous voulons continuer à représenter, en l'adaptant aux formes modernes de la concurrence et de la compétition qui sont intenses et impitoyables dans le monde globalisé, cela passe par des hommes et des femmes qui, à travers tous les métiers, à travers toutes les formes d'attachement à leur pays et au pays où ils sont, amènent jour après jour ce témoignage et cette action.
Chaque fois que nous en avons l'occasion, il faut aussi vous en remercier. Car c'est un élément très important pour notre pays. Merci encore. Nous nous réjouis
sons tous les deux de cette rencontre de ce soir./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2001)