Texte intégral
F. Laborde-. Nous allons revenir sur la vie du Parti socialiste et de la gauche plurielle qui, ce week-end, nous a réservé quelques surprises. Alors, d'abord le Parti socialiste. Il y avait une grande réunion autour de F. Hollande, l'idée c'était de rassembler ou de présenter un peu les cahiers de doléances, il y a eu 10 000 réunions environ au cours des trois derniers mois, avec des militants qui sont assez sévères à l'égard des leaders.
- "Oui, c'est normal, après une telle défaite, qu'on soit exigent à l'égard des dirigeants, quand on est un militant du Parti socialiste ou un nouvel adhérent, parce qu'il y en a beaucoup. En même temps, F. Hollande a bien compris le message essentiel : c'est-à-dire une aspiration profonde à la rénovation du Parti socialiste et de son identité pour lui permettre d'être le grand parti de l'alternance à gauche, en France, aux prochaines échéances."
C'est un peu ce que vous lui aviez demandé, vous aviez fait des appels du pied.
- "Si on veut, si on veut."
Avez-vous le sentiment alors - je ne sais pas si c'est l'expression qu'il faut employer, parce qu'elle a été beaucoup utilisée - qu'il a fondu l'armure ? Est-ce qu'il s'est imposé comme le leader du Parti socialiste de demain ?
- "Moi je crois qu'il a - c'est comme une chrysalide - là, il est sorti de lui-même avec beaucoup d'énergie et de talent, et il est en position de réussir d'être le bon successeur de L. Jospin, ce n'était quand même pas facile après le 21 avril. Là, il y a quelque chose qui s'est passé dimanche dernier, qui est tout à fait porteur d'avenir pour le Parti socialiste."
Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est qu'il a montré une capacité d'écoute de la base et une capacité à rassembler autour de lui ?
- "Oui. Et puis, il a affirmé une autorité tranquille. Je crois qu'il appartient aussi à cette génération qui peut porter les espoirs de la gauche pour les années à venir. Et puis il a été très très clair sur l'identité du Parti socialiste. L'objectif qui est de faire un Parti socialiste qui dépasse les 30 %, un peu comme le font les grands partis sociaux démocrates, je pense par exemple au parti social démocratique suédois, c'est-à-dire un parti qui est accroché à ses valeurs fondamentales et qui admet que son logiciel a vieilli mais qui ne brise pas pour autant son disque dur, si vous permettez cette comparaison, c'est-à-dire son ancrage à gauche et un parti qui dit clairement qu'il est attaché aux valeurs républicaines, qu'il est européen et que c'est de cette façon qu'on peut peser sur la mondialisation. Et un parti qui dit aussi que son but ce n'est pas simplement d'être protestataire, d'être dans des jeux gauchistes, comme certains se laisseraient tenter d'aller mais d'être un parti qui représente les intérêts du peuple, un parti qui parle à la société et qui peut être le parti de l'alternance. C'est aussi cela que les Français attendent."
Il y aura un congrès dans six mois à Dijon qui sera décisif. On sait que F. Hollande y présentera une motion, on sait aussi qu'il y a des oppositions à terme, c'est la vie si je puis dire démocratique au PS. On peut résumer : avec, d'un côté les nouveaux, les jeunes poussés par Montebourg, les quadras ; il y a le tandem Mélenchon-Emmanuelli plus à gauche ; et puis il y a les modernes autour de Fabius et peut-être Strauss-Kahn. Est-ce ce que courant, si courant il y a, ou est ce que F. Hollande aura à votre avis la majorité à ce congrès ?
- "S'il continue comme il est parti, après cette réunion de Montreuil, je le crois, mais il faut aussi que ce soit un parti de la clarté. Il ne s'agit pas de vouloir à tout prix terminer le congrès par " embrassons-nous Folville, on est d'accord sur tout ." Je crois qu'il faut en même temps que ce soit un congrès de la clarification, un congrès aussi du rassemblement. Parce qu'on ne peut pas réussir, on ne peut pas recréer la confiance auprès des Français si on se donne, comme les Verts viennent de le faire, ce week-end, le spectacle de la division, du déchirement et cela nous est déjà arrivé, vous savez, au congrès de Rennes. Cela a mal fini et nous a coûté très très cher et je crois que la clarification oui, le débat, oui, et puis à un moment, il faudra se rassembler. Je crois que ce rassemblement doit se faire autour de F. Hollande."
Alors les Verts ont donné un spectacle ce week-end qui était pas franchement très valorisant pour eux. Que pensez-vous, que c'est des démons dont ils ne se relèveront jamais ? C'est " Petits meurtres entre amis en permanence " ?
- "On a l'impression qu'ils n'ont rien appris. Qu'on désigne un candidat qui s'appelle Lipietz, et puis après il ne fait pas l'affaire parce qu'il est mauvais dans les sondages..."
C'était pour la présidentielle.
- "On nomme Mamère qui fait le meilleur score d'un candidat vert à la présidentielle, et puis après, on le jette à nouveau. M. Lipietz devrait se souvenir que son parti est un peu comme beaucoup de choses : c'est biodégradable et il a une responsabilité. Cette responsabilité, il l'a aussi vis-à-vis de ses électeurs. Et la grande majorité de ses électeurs, je les connais parce que j'en connais à Nantes dans ma ville, et je travaille depuis 1989 avec des élus verts qui respectent le contrat, ce n'est pas une orientation gauchiste, comme les Verts viennent de décider ce week-end dernier. Donc, si les Verts ne prennent pas leurs responsabilités, le Parti socialiste est tout à fait prêt à jouer son rôle."
C'est-à-dire que si les Verts sont biodégradables, pour reprendre votre image, le Parti socialiste pourrait, lui, s'appuyer sur un nouveau composte et s'intéresser aux questions écologiques et pas laisser ce terrain là ouvert ?
- "Oui, enfin. La question du développement durable est à la fois une question sociale, une question environnementale, c'est aussi une question politique et donc le Parti socialiste en tout état de cause, sans volonté hégémonique, prendra ses responsabilités? Il ne va pas se laisser intimider par ces petits jeux de personnes, de querelles de pouvoir, qui ne sont pas à la hauteur des enjeux."
Mais est-ce qu'au fond ce n'est pas une décision que le Parti socialiste a déjà prise, c'est-à-dire de ne pas laisser le terrain de l'environnement, de l'écologie, du développement aux Verts ?
- "Oui, moi, je suis un maire écologiste d'une certaine façon. Ce n'est pas parce que j'ai des élus écologistes, c'est parce que je crois beaucoup qu'une partie des questions - je pense notamment, dans nos villes, aux questions de pollution, de déplacement par exemple - ne peuvent pas se traiter comme autrefois. Nous avons aussi des questions qui se posent à l'échelle de la planète. La réforme de la Politique agricole commune, par exemple, il ne suffit pas de faire des discours comme J. Chirac, il faut aussi la réformer."
Puisque vous parliez du développement durable, le président d'ATTAC, nouvellement élu, serait, dit-on, tenté de créer une formation politique, ou pourrait faire évoluer son association sous forme de parti. Cela vous inquiète ?
- "Moi je pense que c'est très archaïque. Si ATTAC reste un mouvement, qui est un aiguillon, tant mieux. Si monsieur Nikonoff a la nostalgie de refaire un faux parti communiste, je ne crois pas que cela leur donne beaucoup d'espoir, les lendemains qui chantent. Je crois qu'il faudrait quand même qu'on finisse par comprendre que cela fait partie du passé."
Un dernier mot sur la politique gouvernementale. Il y a beaucoup de sujets d'actualité en ce moment : il y a le budget, il y a l'UNEDIC qui est en discussion lundi... Vous avez le sentiment qu'ils sont en train quand même....
- "Je trouve que, là, il y a une vraie escroquerie politique et financière de la part du Gouvernement. Il vient de faire voter par sa majorité un budget. Et puis, depuis quelques jours, il annonce un gel des crédits de 5 milliards d'euro - c 'est énorme - et donc il y a tromperie. C'est le cadeau de Noël de M. Raffarin, bien emballé dans un papier d'argent qui brille, mais cela va être pour les Français, à la rentrée, un plan d'austérité. Il va falloir qu'il se serre la ceinture."
Vous pensez qu'il y aura un plan d'austérité et par exemple augmentation des cotisations.
- "Augmentation des cotisations chômage, baisse des remboursements pour l'assurance maladie, et puis alors ce qu'on nous prépare pour les retraites, on ne sait pas trop ce que c'est, mais d'après ce qu'on entend, ce n'est pas du tout réjouissant."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 décembre 2002)
- "Oui, c'est normal, après une telle défaite, qu'on soit exigent à l'égard des dirigeants, quand on est un militant du Parti socialiste ou un nouvel adhérent, parce qu'il y en a beaucoup. En même temps, F. Hollande a bien compris le message essentiel : c'est-à-dire une aspiration profonde à la rénovation du Parti socialiste et de son identité pour lui permettre d'être le grand parti de l'alternance à gauche, en France, aux prochaines échéances."
C'est un peu ce que vous lui aviez demandé, vous aviez fait des appels du pied.
- "Si on veut, si on veut."
Avez-vous le sentiment alors - je ne sais pas si c'est l'expression qu'il faut employer, parce qu'elle a été beaucoup utilisée - qu'il a fondu l'armure ? Est-ce qu'il s'est imposé comme le leader du Parti socialiste de demain ?
- "Moi je crois qu'il a - c'est comme une chrysalide - là, il est sorti de lui-même avec beaucoup d'énergie et de talent, et il est en position de réussir d'être le bon successeur de L. Jospin, ce n'était quand même pas facile après le 21 avril. Là, il y a quelque chose qui s'est passé dimanche dernier, qui est tout à fait porteur d'avenir pour le Parti socialiste."
Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est qu'il a montré une capacité d'écoute de la base et une capacité à rassembler autour de lui ?
- "Oui. Et puis, il a affirmé une autorité tranquille. Je crois qu'il appartient aussi à cette génération qui peut porter les espoirs de la gauche pour les années à venir. Et puis il a été très très clair sur l'identité du Parti socialiste. L'objectif qui est de faire un Parti socialiste qui dépasse les 30 %, un peu comme le font les grands partis sociaux démocrates, je pense par exemple au parti social démocratique suédois, c'est-à-dire un parti qui est accroché à ses valeurs fondamentales et qui admet que son logiciel a vieilli mais qui ne brise pas pour autant son disque dur, si vous permettez cette comparaison, c'est-à-dire son ancrage à gauche et un parti qui dit clairement qu'il est attaché aux valeurs républicaines, qu'il est européen et que c'est de cette façon qu'on peut peser sur la mondialisation. Et un parti qui dit aussi que son but ce n'est pas simplement d'être protestataire, d'être dans des jeux gauchistes, comme certains se laisseraient tenter d'aller mais d'être un parti qui représente les intérêts du peuple, un parti qui parle à la société et qui peut être le parti de l'alternance. C'est aussi cela que les Français attendent."
Il y aura un congrès dans six mois à Dijon qui sera décisif. On sait que F. Hollande y présentera une motion, on sait aussi qu'il y a des oppositions à terme, c'est la vie si je puis dire démocratique au PS. On peut résumer : avec, d'un côté les nouveaux, les jeunes poussés par Montebourg, les quadras ; il y a le tandem Mélenchon-Emmanuelli plus à gauche ; et puis il y a les modernes autour de Fabius et peut-être Strauss-Kahn. Est-ce ce que courant, si courant il y a, ou est ce que F. Hollande aura à votre avis la majorité à ce congrès ?
- "S'il continue comme il est parti, après cette réunion de Montreuil, je le crois, mais il faut aussi que ce soit un parti de la clarté. Il ne s'agit pas de vouloir à tout prix terminer le congrès par " embrassons-nous Folville, on est d'accord sur tout ." Je crois qu'il faut en même temps que ce soit un congrès de la clarification, un congrès aussi du rassemblement. Parce qu'on ne peut pas réussir, on ne peut pas recréer la confiance auprès des Français si on se donne, comme les Verts viennent de le faire, ce week-end, le spectacle de la division, du déchirement et cela nous est déjà arrivé, vous savez, au congrès de Rennes. Cela a mal fini et nous a coûté très très cher et je crois que la clarification oui, le débat, oui, et puis à un moment, il faudra se rassembler. Je crois que ce rassemblement doit se faire autour de F. Hollande."
Alors les Verts ont donné un spectacle ce week-end qui était pas franchement très valorisant pour eux. Que pensez-vous, que c'est des démons dont ils ne se relèveront jamais ? C'est " Petits meurtres entre amis en permanence " ?
- "On a l'impression qu'ils n'ont rien appris. Qu'on désigne un candidat qui s'appelle Lipietz, et puis après il ne fait pas l'affaire parce qu'il est mauvais dans les sondages..."
C'était pour la présidentielle.
- "On nomme Mamère qui fait le meilleur score d'un candidat vert à la présidentielle, et puis après, on le jette à nouveau. M. Lipietz devrait se souvenir que son parti est un peu comme beaucoup de choses : c'est biodégradable et il a une responsabilité. Cette responsabilité, il l'a aussi vis-à-vis de ses électeurs. Et la grande majorité de ses électeurs, je les connais parce que j'en connais à Nantes dans ma ville, et je travaille depuis 1989 avec des élus verts qui respectent le contrat, ce n'est pas une orientation gauchiste, comme les Verts viennent de décider ce week-end dernier. Donc, si les Verts ne prennent pas leurs responsabilités, le Parti socialiste est tout à fait prêt à jouer son rôle."
C'est-à-dire que si les Verts sont biodégradables, pour reprendre votre image, le Parti socialiste pourrait, lui, s'appuyer sur un nouveau composte et s'intéresser aux questions écologiques et pas laisser ce terrain là ouvert ?
- "Oui, enfin. La question du développement durable est à la fois une question sociale, une question environnementale, c'est aussi une question politique et donc le Parti socialiste en tout état de cause, sans volonté hégémonique, prendra ses responsabilités? Il ne va pas se laisser intimider par ces petits jeux de personnes, de querelles de pouvoir, qui ne sont pas à la hauteur des enjeux."
Mais est-ce qu'au fond ce n'est pas une décision que le Parti socialiste a déjà prise, c'est-à-dire de ne pas laisser le terrain de l'environnement, de l'écologie, du développement aux Verts ?
- "Oui, moi, je suis un maire écologiste d'une certaine façon. Ce n'est pas parce que j'ai des élus écologistes, c'est parce que je crois beaucoup qu'une partie des questions - je pense notamment, dans nos villes, aux questions de pollution, de déplacement par exemple - ne peuvent pas se traiter comme autrefois. Nous avons aussi des questions qui se posent à l'échelle de la planète. La réforme de la Politique agricole commune, par exemple, il ne suffit pas de faire des discours comme J. Chirac, il faut aussi la réformer."
Puisque vous parliez du développement durable, le président d'ATTAC, nouvellement élu, serait, dit-on, tenté de créer une formation politique, ou pourrait faire évoluer son association sous forme de parti. Cela vous inquiète ?
- "Moi je pense que c'est très archaïque. Si ATTAC reste un mouvement, qui est un aiguillon, tant mieux. Si monsieur Nikonoff a la nostalgie de refaire un faux parti communiste, je ne crois pas que cela leur donne beaucoup d'espoir, les lendemains qui chantent. Je crois qu'il faudrait quand même qu'on finisse par comprendre que cela fait partie du passé."
Un dernier mot sur la politique gouvernementale. Il y a beaucoup de sujets d'actualité en ce moment : il y a le budget, il y a l'UNEDIC qui est en discussion lundi... Vous avez le sentiment qu'ils sont en train quand même....
- "Je trouve que, là, il y a une vraie escroquerie politique et financière de la part du Gouvernement. Il vient de faire voter par sa majorité un budget. Et puis, depuis quelques jours, il annonce un gel des crédits de 5 milliards d'euro - c 'est énorme - et donc il y a tromperie. C'est le cadeau de Noël de M. Raffarin, bien emballé dans un papier d'argent qui brille, mais cela va être pour les Français, à la rentrée, un plan d'austérité. Il va falloir qu'il se serre la ceinture."
Vous pensez qu'il y aura un plan d'austérité et par exemple augmentation des cotisations.
- "Augmentation des cotisations chômage, baisse des remboursements pour l'assurance maladie, et puis alors ce qu'on nous prépare pour les retraites, on ne sait pas trop ce que c'est, mais d'après ce qu'on entend, ce n'est pas du tout réjouissant."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 décembre 2002)