Texte intégral
Chers-e-s camarades,
C'est à propos de ma décision, immédiatement rendue publique, de ne pas solliciter du prochain Congrès le renouvellement de mon mandat de président du Parti que je veux intervenir brièvement aujourd'hui.
Et d'abord deux mots sur le moyen par lequel je l'ai rendu publique. Des camarades se sont interrogés - c'est naturel - sur le choix que j'avais fait du Parisien plutôt que de l'Humanité. En réalité, je n'ai pas eu à faire ce choix. D'abord - on s'en réjouit ou on le déplore mais c'est un fait - parce que la rédaction de l'Humanité veille à ne plus être le "journal officiel" du Parti. Ensuite parce que, depuis plusieurs mois, de nombreux médias me demandent de répondre à leurs questions sur le débat dans notre parti, l'avenir de celui-ci, de sa direction, et mon avenir personnel. L'Humanité a publié ces derniers mois des articles et des contributions diverses, dont beaucoup, c'est normal, émettaient un avis, ou un jugement, sur les orientations du parti quand j'en étais le premier responsable. J'ai, de ma propre initiative, proposé à l'Huma un point de vue dans ce débat, publié le 12 septembre, comme j'ai proposé ensuite au Monde une tribune sur le débat dans la gauche. La rédaction de l'Humanité, quant à elle, ne m'a sollicité pour aucune interview depuis le 21 avril. Je n'ai donc pas eu à faire le choix évoqué tout à l'heure. Simplement, j'ai répondu à une interview demandée depuis longtemps par le Parisien.
Cela dit, venons-en à ce qui est à mes yeux l'essentiel et que je veux encore préciser devant vous, les membres du Conseil national : pourquoi cette décision ? Et pourquoi l'avoir rendue publique à ce moment ?
On s'en souvient, le principe de "codirection" - avec Marie George comme secrétaire nationale, et moi comme président - a beaucoup fait discuter lors du dernier Congrès, à la Défense. Certes, notre fermeté à vouloir rompre avec une longue période de centralisation et de personnalisation excessives de notre direction avait été bien perçue. De même que notre détermination à instituer une véritable rotation des dirigeants, impliquant que l'on sache tirer parti des compétences de celles et ceux qui n'exerçaient plus de responsabilités premières, sans pour autant être parvenus au terme de leur vie militante. Mais la solution proposée, avec ce que certains ont baptisé du nom de "bicéphalité", n'a pas réellement convaincu. Ce qui l'a finalement emporté c'est, tout à la fois, la volonté d'aller vers plus de collégialité, la satisfaction d'élire une femme - Marie George - comme secrétaire nationale, et le souci de souligner, par mon élection comme président, l'attachement du Congrès à la mutation et à sa poursuite.
La vie a montré - en tout cas je le pense comme apparemment beaucoup de communistes - qu'ayant voulu faire plus efficace, nous avons, en réalité, fait plus compliqué. J'ai estimé que je devais le dire, et proposer que l'on mette un terme à l'expérience entreprise. Et qu'il fallait le faire sans attendre, précisément au moment où nous abordions une phase nouvelle, en vue du Congrès, avec des choses beaucoup plus importantes à débattre que de savoir s'il fallait ou non maintenir un dispositif dont tout le monde voit bien aujourd'hui qu'il ne convient pas.
Non seulement le débat sur la place et le rôle à la direction du parti d'une secrétaire nationale et d'un président risquait de nuire au nécessaire débat de fond sur les idées, les projets, la stratégie et la pratique du parti, en le déviant vers des questions de pouvoirs et de personnes, mais cela me posait personnellement un grave problème. Ce débat de fond, je me dois en effet d'y participer. Et je veux pouvoir le faire pleinement !
Or, on y évoque et évoquera tout naturellement ce qu'ont été mon action et mes responsabilités au cours des années écoulées. Je n'ai aucunement l'intention de me soustraire aux questions, aux critiques, à la recherche des corrections ou des changements à apporter. Les choses doivent alors être claires : ce que je dirai - ce que j'ai déjà commencé à dire - sur ces questions de fond ne peut être et ne sera jamais une autojustification ou une autocritique destinée à préserver pour l'avenir une "position de pouvoir".
Il me semble avoir toujours été clair, d'ailleurs, dans mon attitude par rapport à la question du pouvoir dans le parti. Dès mon élection comme secrétaire national, j'ai indiqué mon intention de ne pas occuper cette responsabilité aussi longtemps que mes prédécesseurs. Moins de huit ans plus tard, j'ai proposé à Marie George de me succéder. Je n'ai pas changé d'avis. Je veux contribuer à ce qu'elle puisse exercer pleinement sa responsabilité. La décision que je viens de prendre et de rendre publique va dans ce sens.
Je me devais, en même temps, de préciser ce que cette décision implique pour moi. Je n'ai nullement l'intention de prendre mes distances avec la vie politique. Et je n'ai pas davantage l'intention de me tenir dorénavant "à l'écart" du parti et de sa direction. Je l'ai dit : je veux être pleinement partie prenante du débat de notre Congrès. Je veux contribuer à notre effort commun pour aller de l'avant, avec un parti rassemblé, offensif, en capacité de prendre les grandes initiatives politiques novatrices qu'appelle la situation de notre pays et de notre peuple, particulièrement face à la politique ultra-libérale de la droite. Et, si les communistes en décident ainsi lors du Congrès, je prendrai à l'avenir ma part au travail de la direction, à la place et dans les conditions qui seront alors clairement définies.
Là encore, je veux être clair, sur la base des principes qui sont les miens, et qui ont quelque chose à voir avec la morale en politique. Lorsque l'on quitte - bien avant que l'âge ne vous y contraigne - une responsabilité première (pas seulement la première : c'est aussi valable pour d'autres) il ne peut être selon moi question ni de se refuser à contribuer à l'effort collectif, ni de "tricher" en s'octroyant, par le biais d'une responsabilité "taillée sur mesure", un pouvoir qui n'a pas lieu d'être. Et pas davantage d'occuper un poste plus ou moins honorifique aménageant, aux frais du parti, une sorte de pré-retraite pendant laquelle on ne contribue pas vraiment à l'effort communquand on ne le contrarie pas d'une façon ou d'une autre ! Il ne s'agit pas là de simples considérations générales. Nous n'avons jamais su gérer de bonne façon le départ de camarades ayant occupé des postes de premières responsabilités.
C'est parce que j'avais tout cela à l'esprit que j'ai voulu dire, clairement, comment pour l'avenir je me voyais utile au parti.
C'est dans ces conditions que j'ai évoqué la création d'une Fondation à vocation politique. De telles Fondations existent et se développent dans tous les grands pays. Elles sont des lieux privilégiés d'échanges, de recherches, de confrontations théoriques, aux niveaux national et international. Elles sont également indépendantes, c'est la loi, des forces politiques qui les créent - par leurs locaux, leur financement, leur budget, leur conseil d'administration - mais toutes sont aussi ouvertement liées à ces forces politiques, dans leurs objectifs, leurs activités et par les responsables qui les dirigent et les animent.
L'idée que le Parti Communiste Français s'engage dans la création d'une Fondation n'est pas nouvelle. Nous y réfléchissons depuis un certain temps, à partir des possibilités qu'ouvre la législation actuelle en la matière. Nous avions chargé Patrice Cohen-Séat d'y travailler ces dernières années. Nous en avons plusieurs fois discuté avec Marie George bien avant que je prenne la décision que je viens de faire connaître, et nous avons envisagé ensemble que je crée cette Fondation et que je l'anime - avec d'autres camarades auxquels nous ferons appel - dans l'esprit que j'évoquais précédemment d'ouverture à toutes celles et tous ceux qui inscrivent leur réflexion et leur action dans la perspective d'une alternative citoyenne et sociale à la mondialisation capitaliste. Je pense pouvoir ainsi être utile au Parti, à sa direction. Et ce faisant, je veux aider les efforts de Marie George et du collectif qui l'entourera dans les domaines où nous avons beaucoup à faire.
J'ai beaucoup parlé de moi, vous m'en excuserez je pense Il était difficile de faire autrement pour commenter une décision si personnelle ! Je veux maintenant parler de nous, Conseil national. Quelques mots simplement.
J'ai dit combien ma décision me "libère" en ce sens qu'elle me permet d'intervenir dans le débat sur le fond sans que cela puisse être rapporté, de quelque façon que ce soit, à des enjeux de pouvoir dans le Parti.
Et ce qui vaut pour moi, vaut pour nous tous ici. Déjà, d'ailleurs, certains commençaient à interpréter nos débats et nos actes qu'à travers la grille de lecture d'un "combat de chefs", doublé d'un combat de "clans". J'évoque là des journalistes, bien sûr, mais pas seulement. Ici même, dans cette maison, certains se sont laissés entraîner sur cette voie qui aurait fait de notre prochain Congrès un vaste "règlement de comptes", au détriment de l'indispensable débat de fond. Finalement, au détriment du parti et du combat pour une véritable transformation sociale qui est sa raison d'être.
Nous pouvons aujourd'hui nous engager dans un débat sérieux, rigoureux, approfondi et novateur, portant sur les raisons de nos difficultés et les menaces qui pèsent sur l'existence même du parti dans l'avenir. Un débat sur notre identité, nos liens avec notre peuple, notre projet pour contribuer à libérer la société et le monde du capitalisme ; sur nos idées et propositions pour répondre aux questions qui assaillent les Françaises et les Français ; sur notre action et les rassemblements auxquels nous devons travailler. Un débat, enfin, sur la façon dont doit discuter, élaborer, agir, notre parti pour faire face aux enjeux qu'il doit affronter.
La lecture des contributions des membres du CN me confirme que c'est bien cela qui est à l'ordre du jour, et renforce ma conviction qu'il nous faut accomplir de formidables efforts. J'aurai certainement l'occasion d'y revenir lorsque nous discuterons de la "base commune", mais je suis vraiment persuadé que nous n'avons pas le droit à l'à peu près, au flou, à la médiocrité. Vraiment, oui : il faut identifier les erreurs commises, les insuffisances de notre travail d'élaboration, les raisons profondes de la distorsion de nos liens avec les salariés, la population en général - elle ne tiennent pas qu'à "la crise de la politique" ! - et il faut remettre en cause, corriger ce qui doit l'être.
Mais vraiment, non : ce dont nous avons besoin ce n'est pas d'un retour en arrière dans les idées et les comportements. Ce n'est pas - je persiste et je signe - d'un repliement sur une sorte de "populisme communiste" qui nous mènerait à de nouvelles impasses. La mutation est pour moi plus actuelle et nécessaire que jamais. Il faut innover pour aller de l'avant. Les contributions écrites et la discussion qui s'engage ici me conduisent à penser que nous avons, si nous le voulons, les moyens d'y parvenir.
(Source http://www.pcf.fr, le 19 novembre 2002)
C'est à propos de ma décision, immédiatement rendue publique, de ne pas solliciter du prochain Congrès le renouvellement de mon mandat de président du Parti que je veux intervenir brièvement aujourd'hui.
Et d'abord deux mots sur le moyen par lequel je l'ai rendu publique. Des camarades se sont interrogés - c'est naturel - sur le choix que j'avais fait du Parisien plutôt que de l'Humanité. En réalité, je n'ai pas eu à faire ce choix. D'abord - on s'en réjouit ou on le déplore mais c'est un fait - parce que la rédaction de l'Humanité veille à ne plus être le "journal officiel" du Parti. Ensuite parce que, depuis plusieurs mois, de nombreux médias me demandent de répondre à leurs questions sur le débat dans notre parti, l'avenir de celui-ci, de sa direction, et mon avenir personnel. L'Humanité a publié ces derniers mois des articles et des contributions diverses, dont beaucoup, c'est normal, émettaient un avis, ou un jugement, sur les orientations du parti quand j'en étais le premier responsable. J'ai, de ma propre initiative, proposé à l'Huma un point de vue dans ce débat, publié le 12 septembre, comme j'ai proposé ensuite au Monde une tribune sur le débat dans la gauche. La rédaction de l'Humanité, quant à elle, ne m'a sollicité pour aucune interview depuis le 21 avril. Je n'ai donc pas eu à faire le choix évoqué tout à l'heure. Simplement, j'ai répondu à une interview demandée depuis longtemps par le Parisien.
Cela dit, venons-en à ce qui est à mes yeux l'essentiel et que je veux encore préciser devant vous, les membres du Conseil national : pourquoi cette décision ? Et pourquoi l'avoir rendue publique à ce moment ?
On s'en souvient, le principe de "codirection" - avec Marie George comme secrétaire nationale, et moi comme président - a beaucoup fait discuter lors du dernier Congrès, à la Défense. Certes, notre fermeté à vouloir rompre avec une longue période de centralisation et de personnalisation excessives de notre direction avait été bien perçue. De même que notre détermination à instituer une véritable rotation des dirigeants, impliquant que l'on sache tirer parti des compétences de celles et ceux qui n'exerçaient plus de responsabilités premières, sans pour autant être parvenus au terme de leur vie militante. Mais la solution proposée, avec ce que certains ont baptisé du nom de "bicéphalité", n'a pas réellement convaincu. Ce qui l'a finalement emporté c'est, tout à la fois, la volonté d'aller vers plus de collégialité, la satisfaction d'élire une femme - Marie George - comme secrétaire nationale, et le souci de souligner, par mon élection comme président, l'attachement du Congrès à la mutation et à sa poursuite.
La vie a montré - en tout cas je le pense comme apparemment beaucoup de communistes - qu'ayant voulu faire plus efficace, nous avons, en réalité, fait plus compliqué. J'ai estimé que je devais le dire, et proposer que l'on mette un terme à l'expérience entreprise. Et qu'il fallait le faire sans attendre, précisément au moment où nous abordions une phase nouvelle, en vue du Congrès, avec des choses beaucoup plus importantes à débattre que de savoir s'il fallait ou non maintenir un dispositif dont tout le monde voit bien aujourd'hui qu'il ne convient pas.
Non seulement le débat sur la place et le rôle à la direction du parti d'une secrétaire nationale et d'un président risquait de nuire au nécessaire débat de fond sur les idées, les projets, la stratégie et la pratique du parti, en le déviant vers des questions de pouvoirs et de personnes, mais cela me posait personnellement un grave problème. Ce débat de fond, je me dois en effet d'y participer. Et je veux pouvoir le faire pleinement !
Or, on y évoque et évoquera tout naturellement ce qu'ont été mon action et mes responsabilités au cours des années écoulées. Je n'ai aucunement l'intention de me soustraire aux questions, aux critiques, à la recherche des corrections ou des changements à apporter. Les choses doivent alors être claires : ce que je dirai - ce que j'ai déjà commencé à dire - sur ces questions de fond ne peut être et ne sera jamais une autojustification ou une autocritique destinée à préserver pour l'avenir une "position de pouvoir".
Il me semble avoir toujours été clair, d'ailleurs, dans mon attitude par rapport à la question du pouvoir dans le parti. Dès mon élection comme secrétaire national, j'ai indiqué mon intention de ne pas occuper cette responsabilité aussi longtemps que mes prédécesseurs. Moins de huit ans plus tard, j'ai proposé à Marie George de me succéder. Je n'ai pas changé d'avis. Je veux contribuer à ce qu'elle puisse exercer pleinement sa responsabilité. La décision que je viens de prendre et de rendre publique va dans ce sens.
Je me devais, en même temps, de préciser ce que cette décision implique pour moi. Je n'ai nullement l'intention de prendre mes distances avec la vie politique. Et je n'ai pas davantage l'intention de me tenir dorénavant "à l'écart" du parti et de sa direction. Je l'ai dit : je veux être pleinement partie prenante du débat de notre Congrès. Je veux contribuer à notre effort commun pour aller de l'avant, avec un parti rassemblé, offensif, en capacité de prendre les grandes initiatives politiques novatrices qu'appelle la situation de notre pays et de notre peuple, particulièrement face à la politique ultra-libérale de la droite. Et, si les communistes en décident ainsi lors du Congrès, je prendrai à l'avenir ma part au travail de la direction, à la place et dans les conditions qui seront alors clairement définies.
Là encore, je veux être clair, sur la base des principes qui sont les miens, et qui ont quelque chose à voir avec la morale en politique. Lorsque l'on quitte - bien avant que l'âge ne vous y contraigne - une responsabilité première (pas seulement la première : c'est aussi valable pour d'autres) il ne peut être selon moi question ni de se refuser à contribuer à l'effort collectif, ni de "tricher" en s'octroyant, par le biais d'une responsabilité "taillée sur mesure", un pouvoir qui n'a pas lieu d'être. Et pas davantage d'occuper un poste plus ou moins honorifique aménageant, aux frais du parti, une sorte de pré-retraite pendant laquelle on ne contribue pas vraiment à l'effort communquand on ne le contrarie pas d'une façon ou d'une autre ! Il ne s'agit pas là de simples considérations générales. Nous n'avons jamais su gérer de bonne façon le départ de camarades ayant occupé des postes de premières responsabilités.
C'est parce que j'avais tout cela à l'esprit que j'ai voulu dire, clairement, comment pour l'avenir je me voyais utile au parti.
C'est dans ces conditions que j'ai évoqué la création d'une Fondation à vocation politique. De telles Fondations existent et se développent dans tous les grands pays. Elles sont des lieux privilégiés d'échanges, de recherches, de confrontations théoriques, aux niveaux national et international. Elles sont également indépendantes, c'est la loi, des forces politiques qui les créent - par leurs locaux, leur financement, leur budget, leur conseil d'administration - mais toutes sont aussi ouvertement liées à ces forces politiques, dans leurs objectifs, leurs activités et par les responsables qui les dirigent et les animent.
L'idée que le Parti Communiste Français s'engage dans la création d'une Fondation n'est pas nouvelle. Nous y réfléchissons depuis un certain temps, à partir des possibilités qu'ouvre la législation actuelle en la matière. Nous avions chargé Patrice Cohen-Séat d'y travailler ces dernières années. Nous en avons plusieurs fois discuté avec Marie George bien avant que je prenne la décision que je viens de faire connaître, et nous avons envisagé ensemble que je crée cette Fondation et que je l'anime - avec d'autres camarades auxquels nous ferons appel - dans l'esprit que j'évoquais précédemment d'ouverture à toutes celles et tous ceux qui inscrivent leur réflexion et leur action dans la perspective d'une alternative citoyenne et sociale à la mondialisation capitaliste. Je pense pouvoir ainsi être utile au Parti, à sa direction. Et ce faisant, je veux aider les efforts de Marie George et du collectif qui l'entourera dans les domaines où nous avons beaucoup à faire.
J'ai beaucoup parlé de moi, vous m'en excuserez je pense Il était difficile de faire autrement pour commenter une décision si personnelle ! Je veux maintenant parler de nous, Conseil national. Quelques mots simplement.
J'ai dit combien ma décision me "libère" en ce sens qu'elle me permet d'intervenir dans le débat sur le fond sans que cela puisse être rapporté, de quelque façon que ce soit, à des enjeux de pouvoir dans le Parti.
Et ce qui vaut pour moi, vaut pour nous tous ici. Déjà, d'ailleurs, certains commençaient à interpréter nos débats et nos actes qu'à travers la grille de lecture d'un "combat de chefs", doublé d'un combat de "clans". J'évoque là des journalistes, bien sûr, mais pas seulement. Ici même, dans cette maison, certains se sont laissés entraîner sur cette voie qui aurait fait de notre prochain Congrès un vaste "règlement de comptes", au détriment de l'indispensable débat de fond. Finalement, au détriment du parti et du combat pour une véritable transformation sociale qui est sa raison d'être.
Nous pouvons aujourd'hui nous engager dans un débat sérieux, rigoureux, approfondi et novateur, portant sur les raisons de nos difficultés et les menaces qui pèsent sur l'existence même du parti dans l'avenir. Un débat sur notre identité, nos liens avec notre peuple, notre projet pour contribuer à libérer la société et le monde du capitalisme ; sur nos idées et propositions pour répondre aux questions qui assaillent les Françaises et les Français ; sur notre action et les rassemblements auxquels nous devons travailler. Un débat, enfin, sur la façon dont doit discuter, élaborer, agir, notre parti pour faire face aux enjeux qu'il doit affronter.
La lecture des contributions des membres du CN me confirme que c'est bien cela qui est à l'ordre du jour, et renforce ma conviction qu'il nous faut accomplir de formidables efforts. J'aurai certainement l'occasion d'y revenir lorsque nous discuterons de la "base commune", mais je suis vraiment persuadé que nous n'avons pas le droit à l'à peu près, au flou, à la médiocrité. Vraiment, oui : il faut identifier les erreurs commises, les insuffisances de notre travail d'élaboration, les raisons profondes de la distorsion de nos liens avec les salariés, la population en général - elle ne tiennent pas qu'à "la crise de la politique" ! - et il faut remettre en cause, corriger ce qui doit l'être.
Mais vraiment, non : ce dont nous avons besoin ce n'est pas d'un retour en arrière dans les idées et les comportements. Ce n'est pas - je persiste et je signe - d'un repliement sur une sorte de "populisme communiste" qui nous mènerait à de nouvelles impasses. La mutation est pour moi plus actuelle et nécessaire que jamais. Il faut innover pour aller de l'avant. Les contributions écrites et la discussion qui s'engage ici me conduisent à penser que nous avons, si nous le voulons, les moyens d'y parvenir.
(Source http://www.pcf.fr, le 19 novembre 2002)