Texte intégral
C'est pour moi un honneur et un plaisir de prendre part à ce déjeuner organisé aujourd'hui par le Centre suédois du commerce extérieur, en collaboration avec la Chambre de Commerce suédoise en France et la fédération des industries suédoises, sous la présidence de Sa Majesté, le Roi de Suède.
Je tiens à remercier le comité franco-suédois, créé par le CNPF et la Fédération des industries suédoises, qui est à l'origine de cette rencontre entre chefs d'entreprises de nos deux pays. Sous l'impulsion de MM. François-Xavier Ortoli et Bo Rydin, le Comité franco-suédois a beaucoup oeuvré au rapprochement de nos économies.
Celui-ci est, plus que jamais à l'ordre du jour avec la décision historique de la Communauté européenne et de la Suède, le ler mars dernier, de conclure un accord politique ouvrant la voie à une participation pleine et entière de la Suède à la Communauté européenne le ler janvier 1995, si, naturellement tous les peuples d'Europe ratifient cet accord.
Pour ma part, je le souhaite. Je me réjouis qu'un pas décisif ait été fait dans cette direction.
La Suède a une histoire originale, une culture ancienne et prestigieuse. C'est une démocratie forte. C'est aussi une économie très développée et efficace, dotée d'entreprises performantes, dont certaines sont largement connues au-delà des frontières suédoises.
Pour toutes ces raisons, mais aussi parce que Gustave-Adolphe, la Reine Christine, Charles XII et Charles XIV sont des figures de notre histoire européenne, parce que Linné, Celsius, Swedenborg, Nobel, Bergmann et tant d'autres font partie intégrante de l'héritage culturel commun aux hommes de ce continent, l'Europe économique et politique ne peut achever sa construction sans la Suède.
Un traité d'adhésion n'est pas une affaire simple. Beaucoup de volonté politique, un sens aigu du compromis sont de part et d'autre nécessaires pour y parvenir.
La Suède et la Communauté ont toutes deux montré ces qualités.
La Suède a su adapter peu à peu son économie, et en particulier son agriculture, aux normes du marché communautaire.
Candidate à l'adhésion depuis 3 ans, elle s'y est préparée avec constance, d'un point de vue économique et législatif. Tous les négociateurs français et européens ont été également impressionnés par les talents de négociateurs de leurs homologues suédois et leur parfaite connaissance des mécanismes communautaires.
La Communauté, pour sa part, a été pragmatique. Les Européens ont certes cherché à préserver l'acquis communautaire, c'est-à-dire ce socle de politiques communes, d'acquis institutionnels qui fondent l'identité de l'Union européenne et la distinguent d'une simple zone de libre-échange.
Mais en même temps, la Communauté a su trouver, sur tel ou tel sujet, des solutions qui, respectant les traditions nationales, satisfont aux spécificités et aux particularités, régionales ou autres, de la Suède. La Communauté a surtout consenti un grand sacrifice en acceptant que le poids budgétaire de l'adhésion soit atténué les premières années.
Cet accord, comme tout accord, n'est pas parfait. Je crois néanmoins qu'il est bon pour l'Union comme pour la Suède.
Je forme donc des voeux pour que les difficultés subsistant au sein même de la Communauté, n'entravent pas l'adhésion effective de la Suède. La France n'a cessé d'en appeler sur ce sujet, à la raison de chacun. Elle continuera de soutenir la Présidence pour que des solutions acceptables soient trouvées.
Je souhaite que le peuple suédois, appelé à se prononcer sur ce traité d'adhésion, comprenne l'importance de cette démarche, manifeste, lui aussi, sa confiance dans la construction européenne et adhère aux politiques communes.
L'Union européenne ne peut être une simple zone de libre-échange. Au-delà de la suppression des droits de douane, un marché unique implique une harmonisation fiscale et réglementaire, une convergence sans cesse accrue des politiques économiques, enfin la stabilité des changes. On ne peut prétendre à la fois vouloir le marché unique et admettre une totale flexibilité des changes.
L'attrait qu'exerce l'Union européenne et son influence dépendent bien sûr de sa capacité croissante à s'exprimer d'une seule voix sur la scène internationale. La négociation du GATT a été un succès parce que l'Europe est demeurée solidaire et a pesé ainsi de tout son poids pour infléchir le cours de la négociation.
De même, en adhérant à l'Union européenne, la Suède a compris que la dimension politique de l'Union est aussi importante que sa dimension économique ou commerciale. En participant à la politique étrangère et à la politique de sécurité commune, la Suède contribuera à l'émergence d'une Europe plus forte. Son implication en Bosnie montre qu'elle sait accorder ses actes et ses discours.
La disparition de l'antagonisme est-ouest ouvre de nouvelles perspectives. L'Europe unie peut faire entendre sa voix, sans crainte de porter atteinte au partenariat transatlantique, ni élever de nouvelles barrières au sein de notre continent. Quand notre environnement, au sud comme à l'est, est incertain, l'un des premiers enjeux de la politique étrangère et de sécurité commune est donc de gager la stabilité de notre continent sur l'Union européenne.
A cette fin, le gouvernement français a proposé de conclure un Pacte de stabilité en Europe. L'Union européenne a fait sienne cette idée et a décidé d'en faire l'une de ses premières actions communes. Une conférence de lancement se tiendra à Paris les 26 et 27 mai prochains. Je souhaite que la Suède y prenne la part active qui revient à un futur membre de l'Union européenne et à une puissance de la région baltique. Cette zone requiert un effort particulier en faveur de la stabilité.
Au même moment, nous avons offert aux pays d'Europe centrale et orientale et aux pays baltes de s'associer à l'UEO. Les nouveaux membres de l'Union européenne auront pour leur part vocation à participer pleinement aux activités de l'UEO, qui est le prolongement de l'Union européenne pour les questions de défense.
Les aspects économiques, politiques ou de sécurité sont autant de facettes de ce même ensemble qu'est la construction européenne. C'est en préservant cette unité que l'on peut envisager l'ouverture de l'Union européenne à de nouveaux membres.
L'entrée dans l'Union de nouveaux membres impose que les mécanismes de prise de décision et les structures de l'Europe soient adaptés.
La réforme de 1996 constituera une étape majeure dans cette perspective.
N'en concluez pas que la France rêve d'une construction ignorant les Etats. Je suis très attaché à l'idée de subsidiarité. Je crois surtout que les Etats nations constituent le cadre naturel où s'exercera la souveraineté populaire. Mais s'ils n'ont pas la volonté politique de s'unir, de coopérer, comment tiendront-ils la place que, leur culture, leur histoire, leur économie, leur donnent sur la scène internationale.
J'ai beaucoup parlé de l'Europe, comme l'actualité m'invitait à le faire. Sire, Mesdames, Messieurs, les relations entre nos deux pays ne se limitent bien évidemment pas, aussi importante soit-elle, à cette ambition qu'ils partagent de participer pleinement à la prospérité et à la stabilité du continent.
La France et la Suède doivent, dans le cadre européen, renforcer leurs relations, dans tous les domaines. Mais il n'y a pas qu'une route entre Stockholm et Paris, et celle-ci ne passe pas toujours, ni seulement, par Bruxelles et Strasbourg.
Une amitié immémoriale lie nos deux peuples. Celle-ci se nourrit d'échanges culturels solides. L'inauguration par le Président de la République, en présence de Sa Majesté le Roi de Suède, de la plus grande exposition qui ait jamais été consacrée aux relations culturelles qu'entretenaient nos deux pays au siècle des lumières, en témoigne. Cette exposition a eu un grand succès à Stockholm. Je ne doute pas que le public français ne lui réserve un accueil comparable.
Je souhaite également que notre coopération économique et industrielle se renforce. Cette coopération a, reconnaissons-le, connu quelques difficultés ces derniers temps. La fusion Renault-Volvo, qui aurait dû prendre effet au 1er janvier 1994, aurait pu être une belle aventure. Hommage soit rendu à ceux qui l'ont défendue.
Mais nous ne devons pas demeurer sur le souvenir de cet échec, J'invite les entreprises françaises, dans la domaine civil comme dans le domaine militaire, à être plus présentes sur le marché suédois, à montrer leur savoir-faire, à suivre l'exemple de Thomson, de Framatome, de France Telecom et de bien d'autres encore. J'invite les entreprises suédoises à investir en France. Elles y trouveront, j'en suis sûr, des conditions favorables à leur développement et à leur compétitivité.
L'Europe se construit d'abord par les coopérations industrielles, les investissements, les collaborations techniques, les échanges intellectuels, scientifiques ou commerciaux.
Le 1er mars, nous avons montré notre volonté d'un destin commun. Sachons à présent faire vivre et croître cette espérance.
Soyez convaincus, Sire, Mesdames, Messieurs, que mon gouvernement fera tout en ce sens.
Pour conclure, je tiens, au nom du gouvernement, à assurer votre Majesté du plaisir très particulier que nous avons à l'accueillir en France. Nous saluons le rôle qu'elle joue dans le renforcement des liens entre nos deux peuples.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2004)
Je tiens à remercier le comité franco-suédois, créé par le CNPF et la Fédération des industries suédoises, qui est à l'origine de cette rencontre entre chefs d'entreprises de nos deux pays. Sous l'impulsion de MM. François-Xavier Ortoli et Bo Rydin, le Comité franco-suédois a beaucoup oeuvré au rapprochement de nos économies.
Celui-ci est, plus que jamais à l'ordre du jour avec la décision historique de la Communauté européenne et de la Suède, le ler mars dernier, de conclure un accord politique ouvrant la voie à une participation pleine et entière de la Suède à la Communauté européenne le ler janvier 1995, si, naturellement tous les peuples d'Europe ratifient cet accord.
Pour ma part, je le souhaite. Je me réjouis qu'un pas décisif ait été fait dans cette direction.
La Suède a une histoire originale, une culture ancienne et prestigieuse. C'est une démocratie forte. C'est aussi une économie très développée et efficace, dotée d'entreprises performantes, dont certaines sont largement connues au-delà des frontières suédoises.
Pour toutes ces raisons, mais aussi parce que Gustave-Adolphe, la Reine Christine, Charles XII et Charles XIV sont des figures de notre histoire européenne, parce que Linné, Celsius, Swedenborg, Nobel, Bergmann et tant d'autres font partie intégrante de l'héritage culturel commun aux hommes de ce continent, l'Europe économique et politique ne peut achever sa construction sans la Suède.
Un traité d'adhésion n'est pas une affaire simple. Beaucoup de volonté politique, un sens aigu du compromis sont de part et d'autre nécessaires pour y parvenir.
La Suède et la Communauté ont toutes deux montré ces qualités.
La Suède a su adapter peu à peu son économie, et en particulier son agriculture, aux normes du marché communautaire.
Candidate à l'adhésion depuis 3 ans, elle s'y est préparée avec constance, d'un point de vue économique et législatif. Tous les négociateurs français et européens ont été également impressionnés par les talents de négociateurs de leurs homologues suédois et leur parfaite connaissance des mécanismes communautaires.
La Communauté, pour sa part, a été pragmatique. Les Européens ont certes cherché à préserver l'acquis communautaire, c'est-à-dire ce socle de politiques communes, d'acquis institutionnels qui fondent l'identité de l'Union européenne et la distinguent d'une simple zone de libre-échange.
Mais en même temps, la Communauté a su trouver, sur tel ou tel sujet, des solutions qui, respectant les traditions nationales, satisfont aux spécificités et aux particularités, régionales ou autres, de la Suède. La Communauté a surtout consenti un grand sacrifice en acceptant que le poids budgétaire de l'adhésion soit atténué les premières années.
Cet accord, comme tout accord, n'est pas parfait. Je crois néanmoins qu'il est bon pour l'Union comme pour la Suède.
Je forme donc des voeux pour que les difficultés subsistant au sein même de la Communauté, n'entravent pas l'adhésion effective de la Suède. La France n'a cessé d'en appeler sur ce sujet, à la raison de chacun. Elle continuera de soutenir la Présidence pour que des solutions acceptables soient trouvées.
Je souhaite que le peuple suédois, appelé à se prononcer sur ce traité d'adhésion, comprenne l'importance de cette démarche, manifeste, lui aussi, sa confiance dans la construction européenne et adhère aux politiques communes.
L'Union européenne ne peut être une simple zone de libre-échange. Au-delà de la suppression des droits de douane, un marché unique implique une harmonisation fiscale et réglementaire, une convergence sans cesse accrue des politiques économiques, enfin la stabilité des changes. On ne peut prétendre à la fois vouloir le marché unique et admettre une totale flexibilité des changes.
L'attrait qu'exerce l'Union européenne et son influence dépendent bien sûr de sa capacité croissante à s'exprimer d'une seule voix sur la scène internationale. La négociation du GATT a été un succès parce que l'Europe est demeurée solidaire et a pesé ainsi de tout son poids pour infléchir le cours de la négociation.
De même, en adhérant à l'Union européenne, la Suède a compris que la dimension politique de l'Union est aussi importante que sa dimension économique ou commerciale. En participant à la politique étrangère et à la politique de sécurité commune, la Suède contribuera à l'émergence d'une Europe plus forte. Son implication en Bosnie montre qu'elle sait accorder ses actes et ses discours.
La disparition de l'antagonisme est-ouest ouvre de nouvelles perspectives. L'Europe unie peut faire entendre sa voix, sans crainte de porter atteinte au partenariat transatlantique, ni élever de nouvelles barrières au sein de notre continent. Quand notre environnement, au sud comme à l'est, est incertain, l'un des premiers enjeux de la politique étrangère et de sécurité commune est donc de gager la stabilité de notre continent sur l'Union européenne.
A cette fin, le gouvernement français a proposé de conclure un Pacte de stabilité en Europe. L'Union européenne a fait sienne cette idée et a décidé d'en faire l'une de ses premières actions communes. Une conférence de lancement se tiendra à Paris les 26 et 27 mai prochains. Je souhaite que la Suède y prenne la part active qui revient à un futur membre de l'Union européenne et à une puissance de la région baltique. Cette zone requiert un effort particulier en faveur de la stabilité.
Au même moment, nous avons offert aux pays d'Europe centrale et orientale et aux pays baltes de s'associer à l'UEO. Les nouveaux membres de l'Union européenne auront pour leur part vocation à participer pleinement aux activités de l'UEO, qui est le prolongement de l'Union européenne pour les questions de défense.
Les aspects économiques, politiques ou de sécurité sont autant de facettes de ce même ensemble qu'est la construction européenne. C'est en préservant cette unité que l'on peut envisager l'ouverture de l'Union européenne à de nouveaux membres.
L'entrée dans l'Union de nouveaux membres impose que les mécanismes de prise de décision et les structures de l'Europe soient adaptés.
La réforme de 1996 constituera une étape majeure dans cette perspective.
N'en concluez pas que la France rêve d'une construction ignorant les Etats. Je suis très attaché à l'idée de subsidiarité. Je crois surtout que les Etats nations constituent le cadre naturel où s'exercera la souveraineté populaire. Mais s'ils n'ont pas la volonté politique de s'unir, de coopérer, comment tiendront-ils la place que, leur culture, leur histoire, leur économie, leur donnent sur la scène internationale.
J'ai beaucoup parlé de l'Europe, comme l'actualité m'invitait à le faire. Sire, Mesdames, Messieurs, les relations entre nos deux pays ne se limitent bien évidemment pas, aussi importante soit-elle, à cette ambition qu'ils partagent de participer pleinement à la prospérité et à la stabilité du continent.
La France et la Suède doivent, dans le cadre européen, renforcer leurs relations, dans tous les domaines. Mais il n'y a pas qu'une route entre Stockholm et Paris, et celle-ci ne passe pas toujours, ni seulement, par Bruxelles et Strasbourg.
Une amitié immémoriale lie nos deux peuples. Celle-ci se nourrit d'échanges culturels solides. L'inauguration par le Président de la République, en présence de Sa Majesté le Roi de Suède, de la plus grande exposition qui ait jamais été consacrée aux relations culturelles qu'entretenaient nos deux pays au siècle des lumières, en témoigne. Cette exposition a eu un grand succès à Stockholm. Je ne doute pas que le public français ne lui réserve un accueil comparable.
Je souhaite également que notre coopération économique et industrielle se renforce. Cette coopération a, reconnaissons-le, connu quelques difficultés ces derniers temps. La fusion Renault-Volvo, qui aurait dû prendre effet au 1er janvier 1994, aurait pu être une belle aventure. Hommage soit rendu à ceux qui l'ont défendue.
Mais nous ne devons pas demeurer sur le souvenir de cet échec, J'invite les entreprises françaises, dans la domaine civil comme dans le domaine militaire, à être plus présentes sur le marché suédois, à montrer leur savoir-faire, à suivre l'exemple de Thomson, de Framatome, de France Telecom et de bien d'autres encore. J'invite les entreprises suédoises à investir en France. Elles y trouveront, j'en suis sûr, des conditions favorables à leur développement et à leur compétitivité.
L'Europe se construit d'abord par les coopérations industrielles, les investissements, les collaborations techniques, les échanges intellectuels, scientifiques ou commerciaux.
Le 1er mars, nous avons montré notre volonté d'un destin commun. Sachons à présent faire vivre et croître cette espérance.
Soyez convaincus, Sire, Mesdames, Messieurs, que mon gouvernement fera tout en ce sens.
Pour conclure, je tiens, au nom du gouvernement, à assurer votre Majesté du plaisir très particulier que nous avons à l'accueillir en France. Nous saluons le rôle qu'elle joue dans le renforcement des liens entre nos deux peuples.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2004)