Texte intégral
C'est un honneur pour nous de recevoir, ici, au Palais des Affaires étrangères, le chef de l'Etat d'un pays ami, l'Azerbaïdjan, avec lequel les Français ont, de longue date, entretenu des relations de voyages, de commerce et d'amitié.
C'est aussi un plaisir pour nous, Monsieur le Président, d'honorer en votre personne un ami de la France. Et, que votre modestie me permette de souligner, de rendre hommage à un grand homme d'Etat, témoin privilégié de son siècle et qu'une longue et remarquable carrière a amené aux plus hautes fonctions.
Nous avons réuni, ce soir, Monsieur le Président, la France moderne, celle des grandes réalisations et des techniques d'avenir, qui manifeste, à plus d'un titre, son intérêt pour l'Azerbaïdjan : la haute technologie liée à l'espace et aux communications ; nos compagnies pétrolières et gazières, présentes aujourd'hui sur tous les continents ; la France aussi de la tradition agricole et des industries agro-alimentaires, puisque l'Azerbaïdjan dispose, comme notre pays, d'un très ancien patrimoine rural.
Nous avons aussi avec nous ce soir -et il m'est particulièrement agréable de les saluer - les meilleurs connaisseurs des langues, des civilisations, des littératures de votre région.
De fait, je devrais dire de vos régions, tant il est vrai, Monsieur le Président, que votre pays est l'épicentre d'un des plus anciens confluents de civilisations : c'est le Caucase, terre de refuge et d'asile, terre de pluralité et de fierté, terre de diversité par ses peuples et ses langues.
C'est aussi le monde turc, le monde persan et le monde russe qui, après divers épisodes grec, arabe ou mongol, se sont succédé et rencontrés, en Azerbaïdjan.
Et c'est bien cette vocation immémoriale de contacts et d'échanges, que l'Union européenne, et la France, se proposent de rétablir en recréant un axe horizontal de communications entre l'Asie centrale et l'Europe, à travers la Caspienne et la mer Noire, unies par ce que l'on avait coutume d'appeler " l'isthme ponto-caspien ".
Si je reviens à cette antique appellation, c'est que les voyageurs du siècle dernier l'utilisaient couramment, à commencer par le plus célèbre d'entre eux, Alexandre Dumas : nul doute que sa découverte du Caucase en 1858 et le très beau livre qui en a résulté, a contribué à l'attrait magique que le nom du Caucase exerce sur mes compatriotes.
Plus près de nous, le rôle stratégique du Caucase, région charnière entre Europe et Asie avait été très bien perçu par le général de Gaulle qui s'est rendu à Bakou dès la fin novembre 1944.
Les Français de Normandie-Niemen venaient de témoigner leur solidarité dans un combat commun contre un adversaire redoutable. Je ne voudrais pas manquer à cet égard, de rendre hommage à vos compatriotes azerbaïdjanais qui se sont portés volontaires dans les rangs de la résistance et dont un certain nombre sont tombés au champ d'honneur entre Montauban et Rodez, pour la libération de la France. A travers vous, Monsieur le Président, qu'ils en soient à jamais remerciés.
Vous connaissez la vocation qui est la nôtre depuis toujours d'entretenir des relations ouvertes avec toutes les nations, sans exclusive, et de rappeler la nécessité de respecter les grands principes du droit international, qui, tous, visent à instaurer la paix et l'équité entre les peuples.
C'est dans cet esprit que mon pays s'est soucié de l'absence de progrès dans le conflit qui, de manière si douloureuse et si infortunée, divise votre région et oppose deux pays qu'au contraire tout devait rapprocher, la République d'Azerbaïdjan et la République d'Arménie, tous deux rendus à leur indépendance.
Le développement et la prospérité de l'Azerbaïdjan sont indissociables du développement harmonieux de la région qui passe par une réconciliation véritable et durable entre les nations qui la composent. La France est et sera à vos côtés pour avancer dans cette voie, car une paix juste et durable dans le Caucase est pour l'Europe un enjeu important.
La volonté d'être plus présents à vos côtés se retrouve également chez un grand nombre de mes compatriotes : entrepreneurs, industriels, commerçants, membres d'organisations humanitaires non-gouvernementales ou représentants de toutes les branches du savoir intellectuel et technologique. Je les encourage vivement à participer au vaste mouvement de reconversion et de reconstruction que l'Azerbaïdjan a entrepris, sous votre haute égide.
La signature, coup sur coup, de deux importants contrats, associant Elf-Aquitaine, en juin dernier, au troisième consortium pétrolier dans la Caspienne, et à Paris hier au cinquième, dit de Lenkoran, avec une majorité française, ouvre une ère de coopération nouvelle : elle augure d'un avenir qui devrait être prometteur.
D'ores et déjà de premiers projets industriels, associant notre pays au vôtre, arrivent à maturité dans les domaines de l'eau, du gaz et du ciment. D'autres pourraient s'y ajouter, dans des domaines, comme ceux des infrastructures, des communications, du développement rural ou de la réforme de l'Etat. La France est disposée à participer au développement et à la diversification de l'économie azerbaïdjanaise.
Faut-il préciser, Monsieur le Président, que nous sommes également désireux de renforcer nos liens dans les domaines de la culture et des échanges artistiques.
Nous espérons, Monsieur le Président que votre nouvelle visite dans notre pays concrétisera les grandes ambitions que les Azerbaïdjanais et les Français ont aujourd'hui ensemble : les accords bilatéraux que nous venons de signer en sont un premier témoignage et autant de symboles sur lesquels se construit et se renforce, jour après jour, visite après visite, I'amitié entre nos peuples.
Je lèverai donc mon verre, comme je l'avais fait à votre table, le 11 octobre dernier, au destin de notre Europe, de Brest à Bakou.
Mesdames et Messieurs, je vous invite également à lever votre verre avec moi à la santé du président Haïdar Aliev, au bonheur du peuple azerbaïdjanais, à la prospérité de son pays et à l'avenir de l'amitié franco-azerbaïdjanaise .
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 octobre 2001)