Texte intégral
La Présidente - La parole est à Jean-Luc MELENCHON,
Jean-Luc MELENCHON - J'ai la facilité et le confort de situation que l'essentiel de ce que nous avions à dire l'a été par Henri tout à l'heure. Cela me permet, pour une fois, de pouvoir m'étendre sur une seule idée : le respect qui est dû aux idées.
J'y reviens parce que j'ai lu dans un journal qui commente notre débat avant qu'il ait eu lieu et qui publie un discours avant qu'on l'ait entendu, que nous aurions été admonestés sur le fait qu'il ne fallait pas "jeter d'anathème" ni "faire de caricature".
Eh bien, j'en suis tout à fait d'accord. Mais je ne comprends pas pourquoi cela nous est spécialement adressé et je vais dire pourquoi.
Ce n'est pas moi qui ai inventé "ni mollétisme ni blairisme" !
François HOLLANDE - Moi non plus.
Jean-Luc MELENCHON - D'une manière générale je veux dire aux camarades que ce n'est pas une bonne habitude que l'habitude intellectuelle du "ni ni" car la vie n'est pas faite de "ni ni" ; elle est souvent faite assez tragiquement de "et et". Et qu'on ne comprend rien à ce "ni ni" même s'il arrive que d'aucuns soient très drôles. Par exemple, j'ai lu il n'y a pas longtemps un nouveau concept inventé: "ni basisme ni oui-ouisme".
Le respect dû aux idées, c'est que l'on respecte ce que disent les gens. Et après, tout est facile, tout est simple. Moi, j'apprécie de pouvoir polémiquer avec Jean-Christophe CAMBADELIS. Il me critique durement mais sur le fond.
J'apprécie ce que j'ai entendu il y a un instant qui est la première forme de réponse concrète, qui se discute, faite par Laurent au grand problème de l'impasse stratégique du mouvement socialiste, pas français mais mondial : que faisons nous face à la mondialisation libérale ? Car il ne suffit pas de dire qu'il y a un problème. Il faut dire que nous sommes pris à revers, radicalement à revers, car la social-démocratie s'est construite toujours dans le cadre national. C'est là qu'elle pouvait faire des compromis. Quand son partenaire/adversaire n'est plus dans un cadre national, comment faire des compromis ? Et par conséquent, dès lors que le capital s'est transnationalisé, il faut faire une rupture avec la déréglementation et introduire de la réglementation, introduire du cadre légal, du cadre civique, du cadre citoyen ; c'est cela que cela veut dire les ruptures. Que vous croyez-vous que ce soit d'autre ? Comme l'a dit Henri, c'est au pluriel, mais ce n'est pas une nouveauté, mes camarades.
François, lis au moins les revues de ton propre parti ! Par exemple celle dirigée par un ancien trotskiste, ce qui indique assez la matrice qui l'anime, et dans laquelle j'ai publié un article qui par ailleurs est également paru dans la revue "Témoin", ce qui prouve qu'il n'était donc pas si détestable, dans lequel j'explique ce que sont des ruptures en cascade qui change l'état de la société.
En plus, je reconnais que c'est un peu de la prétention, à l'imitation des pères fondateurs du socialisme, je me pique de vouloir rénover le matérialisme historique et, mettant en cause la vision du déterminisme telle qu'elle est chez MARX, j'essaie de la mettre à la sauce de ce qu'on a appris depuis. Et donc, j'explique pourquoi cela ne peut pas être autrement qu'au pluriel et des ruptures en grappes, parce que le déterminisme historique n'est plus un déterminisme linéaire.
Pardon de cette parenthèse, ce n'est pas une idée que j'improvise à cet instant pour complaire au débat, ce sont les réflexions de fond que moralement un socialiste doit s'imposer parce que la théorie c'est important pour comprendre le réel. On ne peut pas comprendre le réel si on n'a pas les idées claires et des théories claires. C'est aussi vieux que le Socialisme, ce souci ! Quand tu dis François et que cela barre toute la page du " Monde " que la rupture est un argument de rhétorique, peut-être que c'est un argument de rhétorique pour l'intérieur du parti, que cela fait plaisir pendant quelques instants de me rhabiller dans les habits qui ont été les miens, et que je ne renie pas, du temps où j'étais étudiant et qu'il y avait des révolutions dans le monde et que j'étais un révolutionnaire trotskiste, mais cela ne fait rien avancer dans la gauche, cela aggrave les choses.
Louis MERMAZ tour à l'heure s'en est tiré à bon compte ! Alors Louis, c'est quand même toi qui nous a convaincus de voter tout cela pendant des années !
Louis MERMAZ - Je n'ai pas changé d'idée.
Jean-Luc MELENCHON - Cela ne s'est pas entendu ! Et MAUROY, il est passé où ? Alors, la rupture ? C'était d'abord la rupture avec ses engagements ?
Louis MERMAZ - Attend qu'il soit là pour lui parler.
Jean-Luc MELENCHON - C'est notre histoire commune ! Elle ne se raye pas d'un trait de plume ! Il faut en faire un bilan plus approfondi. La vérité ce n'est pas que nous avons eu tort parce que nous voulions des ruptures, c'est parce que la stratégie de ces ruptures n'était pas adaptée à l'état du capitalisme du moment où nous avons décidé ces ruptures. Parce que nous n'avions pas vu qu'il s'était déjà transnationalisé. Et c'est pourquoi nous avons mis au point une stratégie de rechange qui était de tout faire reposer sur la construction européenne peut recréer un cadre légal pertinent pour les ruptures ! C'était une stratégie, la construction de l'Europe par rapport au socialisme et pas seulement par rapport à notre idéal humaniste d'unification de l'humanité, c'était une stratégie socialiste.
C'est quoi la stratégie d'aujourd'hui ? Quand on parle de l'élargissement, c'est aussi dans des termes du socialisme qu'il faut en parler, En quoi l'élargissement qui nous est proposé nous permet d'approcher de l'idéal qui est le nôtre ? Je vous le dis : en rien !
Et donc, quand on dit qu'il faut que les conditions de la réussite soient réunies, oui tout cela c'est de la rhétorique. Réunies quand ? avant ou après ? Est-ce que nous disons au peuple français : "Faites confiance, l'intégration économique finira par produire un jour de l'intégration politique." Est-ce que nous continuons à le penser? Ma réponse est non, C'est une erreur de le croire. L'intégration économique ne produira plus jamais de l'intégration politique parce que le capitalisme a changé.
Voilà ce qui met en impasse stratégique une certaine vision de l'Europe, c'est pourquoi il faut que les conditions soient respectées préalablement à l'élargissement car sinon celui-ci ne fera pas plus d'Europe mais infiniment moins. Voilà un exemple concret où des idées très abstraites trouvent une application très concrète.
J'arrive à la fin. Si vous persistez à dire que la rupture est un argument de rhétorique, alors vous annoncez à tous ceux qui haïssent, détestent pour être plus convenable, ne supportent pas cet ordre du monde, injuste, brutal, qui sont les logiques de l'accumulation qui mettent aux postes de commande des valeurs humaines auxquelles nous ne croyons pas et auxquelles nous sommes viscéralement hostiles, que vous n'avez plus rien à faire avec eux.
La rupture n'est pas un argument de rhétorique, c'est la raison d'être du socialisme, François, la raison d'être.
La question est de savoir comment on peut mener des ruptures viables et durables. Ce n'est pas la question de la rupture qui est posée, c'est celle de sa durabilité et de sa viabilité. C'est à cela que sert un Parti Socialiste : à mettre au point une stratégie qui le rende possible. C'est parce que c'est possible qu'alors on répond à la question qu'a posée Laurent FABIUS tout à l'heure, qui a dit et il a achevé par là : "n'oublions pas d'abord la bataille contre la droite". Lui au moins ne donnait pas de leçons aux autres ! Mais pour qu'il y ait bataille contre la droite, il n'est pas possible de la mener si on n'a pas les idées claires sur l'objectif qu'on poursuit, c'est impossible. La clarification est consubstantiellement liée à l'affrontement avec la droite parce qu'on ne peut pas affronter la droite dans l'affaire d'EDF. si on ne sait pas si on est pour ou contre l'ouverture du capital. On ne peut pas affronter la droite sur la question de l'Europe si on ne sait pas au profit de quelle Europe on se bat, voyez-vous.
Voilà pourquoi ces 3 questions sont liées : les idées, la nature du congrès et la bataille que nous menons contre la droite. Pour le reste, ce n'est pas nous qui avons décidé que ce congrès dure jusqu'en juin prochain. Nous on fait avec et on essaie de le faire aussi bien qu'on peut !
Mais quoi ? Vous vous effarouchez comme une plaisanterie d'un conte de Walt Disney qui me vaut d'entendre dire que ce sont des "comparaisons guerrières". "Feu sur le quartier général" ? Mes pauvres amis, cela vous fait peur parce que c'est repris de Mao Tsé Toung ?
François, tu n'as jamais fait des blagues ?
François HOLLANDE - Si, mais des meilleures.
Jean-Luc MELENCHON - Mais je pourrais te recommander la même vigilance sur d'autres choses comme les " Cent fleurs " car sur ce sujet, c'est aussi stupide d'en être heureux que de l'être à propos de la Nuit de Cristal ! Les " Cent fleurs ", c'est une immense opération d'appareil ! Tant qu'à avoir de la mémoire historique, tâchez de ne pas avoir des éclipses dedans ! J'en reste au ton qu'il faut qu'on ait... (rires).
Donc François, je n'ai pas moins d'humour que toi, tu le vois bien. Tu es d'accord ?
François HOLLANDE - Sur ce point, on peut faire synthèse.
Jean-Luc MELENCHON - Je t'en donne acte. Tu es souvent mon maître dans ce domaine, il n'y a pas de problème.
Mais je vous adjure, camarades, que par confort de situation vous n'alliez pas, pour une facilité de tribune, en repeignant l'un ou l'autre d'entre nous en révolutionnaire de circonstance, voir Ayrault me dire " Oh, les pseudo révolutionnaires... " Du coup, j'en ai déduit qu'il préférait les vrais ! Eh bien, d'avance, merci pour eux !
D'autres disent : " non au pôle de la radicalité ". Mais nous ne le sommes pas ! Précisément, cher François, le front unique c'est fait pour empêcher qu'il y ait un pôle de la gestion et un pôle de la radicalité, pour que ces forces aillent dans le même sens. Un camarade me dit: " Il ne faut plus parler de front unique, il faut dire front de classe ". Apparemment, cela vous rassure, Front de Classe ? Si vous préférez, cela me va. Je croyais vous faire plaisir en trouvant quelque chose de moins sévère. N'utilisez pas les conforts de situation qui mettraient ce parti dans une situation extrêmement sérieuse parce qu'ils donneraient à entendre à la jeunesse et à de nombreux électeurs qui sont en rupture morale, culturelle, philosophique, intellectuelle avec le capitalisme que nous, on n'en a rien à fiche parce qu'on a seulement décidé de le gérer. Merci.
(source http://www.gauche-socialiste.com, le 2 décembre 2002)
Jean-Luc MELENCHON - J'ai la facilité et le confort de situation que l'essentiel de ce que nous avions à dire l'a été par Henri tout à l'heure. Cela me permet, pour une fois, de pouvoir m'étendre sur une seule idée : le respect qui est dû aux idées.
J'y reviens parce que j'ai lu dans un journal qui commente notre débat avant qu'il ait eu lieu et qui publie un discours avant qu'on l'ait entendu, que nous aurions été admonestés sur le fait qu'il ne fallait pas "jeter d'anathème" ni "faire de caricature".
Eh bien, j'en suis tout à fait d'accord. Mais je ne comprends pas pourquoi cela nous est spécialement adressé et je vais dire pourquoi.
Ce n'est pas moi qui ai inventé "ni mollétisme ni blairisme" !
François HOLLANDE - Moi non plus.
Jean-Luc MELENCHON - D'une manière générale je veux dire aux camarades que ce n'est pas une bonne habitude que l'habitude intellectuelle du "ni ni" car la vie n'est pas faite de "ni ni" ; elle est souvent faite assez tragiquement de "et et". Et qu'on ne comprend rien à ce "ni ni" même s'il arrive que d'aucuns soient très drôles. Par exemple, j'ai lu il n'y a pas longtemps un nouveau concept inventé: "ni basisme ni oui-ouisme".
Le respect dû aux idées, c'est que l'on respecte ce que disent les gens. Et après, tout est facile, tout est simple. Moi, j'apprécie de pouvoir polémiquer avec Jean-Christophe CAMBADELIS. Il me critique durement mais sur le fond.
J'apprécie ce que j'ai entendu il y a un instant qui est la première forme de réponse concrète, qui se discute, faite par Laurent au grand problème de l'impasse stratégique du mouvement socialiste, pas français mais mondial : que faisons nous face à la mondialisation libérale ? Car il ne suffit pas de dire qu'il y a un problème. Il faut dire que nous sommes pris à revers, radicalement à revers, car la social-démocratie s'est construite toujours dans le cadre national. C'est là qu'elle pouvait faire des compromis. Quand son partenaire/adversaire n'est plus dans un cadre national, comment faire des compromis ? Et par conséquent, dès lors que le capital s'est transnationalisé, il faut faire une rupture avec la déréglementation et introduire de la réglementation, introduire du cadre légal, du cadre civique, du cadre citoyen ; c'est cela que cela veut dire les ruptures. Que vous croyez-vous que ce soit d'autre ? Comme l'a dit Henri, c'est au pluriel, mais ce n'est pas une nouveauté, mes camarades.
François, lis au moins les revues de ton propre parti ! Par exemple celle dirigée par un ancien trotskiste, ce qui indique assez la matrice qui l'anime, et dans laquelle j'ai publié un article qui par ailleurs est également paru dans la revue "Témoin", ce qui prouve qu'il n'était donc pas si détestable, dans lequel j'explique ce que sont des ruptures en cascade qui change l'état de la société.
En plus, je reconnais que c'est un peu de la prétention, à l'imitation des pères fondateurs du socialisme, je me pique de vouloir rénover le matérialisme historique et, mettant en cause la vision du déterminisme telle qu'elle est chez MARX, j'essaie de la mettre à la sauce de ce qu'on a appris depuis. Et donc, j'explique pourquoi cela ne peut pas être autrement qu'au pluriel et des ruptures en grappes, parce que le déterminisme historique n'est plus un déterminisme linéaire.
Pardon de cette parenthèse, ce n'est pas une idée que j'improvise à cet instant pour complaire au débat, ce sont les réflexions de fond que moralement un socialiste doit s'imposer parce que la théorie c'est important pour comprendre le réel. On ne peut pas comprendre le réel si on n'a pas les idées claires et des théories claires. C'est aussi vieux que le Socialisme, ce souci ! Quand tu dis François et que cela barre toute la page du " Monde " que la rupture est un argument de rhétorique, peut-être que c'est un argument de rhétorique pour l'intérieur du parti, que cela fait plaisir pendant quelques instants de me rhabiller dans les habits qui ont été les miens, et que je ne renie pas, du temps où j'étais étudiant et qu'il y avait des révolutions dans le monde et que j'étais un révolutionnaire trotskiste, mais cela ne fait rien avancer dans la gauche, cela aggrave les choses.
Louis MERMAZ tour à l'heure s'en est tiré à bon compte ! Alors Louis, c'est quand même toi qui nous a convaincus de voter tout cela pendant des années !
Louis MERMAZ - Je n'ai pas changé d'idée.
Jean-Luc MELENCHON - Cela ne s'est pas entendu ! Et MAUROY, il est passé où ? Alors, la rupture ? C'était d'abord la rupture avec ses engagements ?
Louis MERMAZ - Attend qu'il soit là pour lui parler.
Jean-Luc MELENCHON - C'est notre histoire commune ! Elle ne se raye pas d'un trait de plume ! Il faut en faire un bilan plus approfondi. La vérité ce n'est pas que nous avons eu tort parce que nous voulions des ruptures, c'est parce que la stratégie de ces ruptures n'était pas adaptée à l'état du capitalisme du moment où nous avons décidé ces ruptures. Parce que nous n'avions pas vu qu'il s'était déjà transnationalisé. Et c'est pourquoi nous avons mis au point une stratégie de rechange qui était de tout faire reposer sur la construction européenne peut recréer un cadre légal pertinent pour les ruptures ! C'était une stratégie, la construction de l'Europe par rapport au socialisme et pas seulement par rapport à notre idéal humaniste d'unification de l'humanité, c'était une stratégie socialiste.
C'est quoi la stratégie d'aujourd'hui ? Quand on parle de l'élargissement, c'est aussi dans des termes du socialisme qu'il faut en parler, En quoi l'élargissement qui nous est proposé nous permet d'approcher de l'idéal qui est le nôtre ? Je vous le dis : en rien !
Et donc, quand on dit qu'il faut que les conditions de la réussite soient réunies, oui tout cela c'est de la rhétorique. Réunies quand ? avant ou après ? Est-ce que nous disons au peuple français : "Faites confiance, l'intégration économique finira par produire un jour de l'intégration politique." Est-ce que nous continuons à le penser? Ma réponse est non, C'est une erreur de le croire. L'intégration économique ne produira plus jamais de l'intégration politique parce que le capitalisme a changé.
Voilà ce qui met en impasse stratégique une certaine vision de l'Europe, c'est pourquoi il faut que les conditions soient respectées préalablement à l'élargissement car sinon celui-ci ne fera pas plus d'Europe mais infiniment moins. Voilà un exemple concret où des idées très abstraites trouvent une application très concrète.
J'arrive à la fin. Si vous persistez à dire que la rupture est un argument de rhétorique, alors vous annoncez à tous ceux qui haïssent, détestent pour être plus convenable, ne supportent pas cet ordre du monde, injuste, brutal, qui sont les logiques de l'accumulation qui mettent aux postes de commande des valeurs humaines auxquelles nous ne croyons pas et auxquelles nous sommes viscéralement hostiles, que vous n'avez plus rien à faire avec eux.
La rupture n'est pas un argument de rhétorique, c'est la raison d'être du socialisme, François, la raison d'être.
La question est de savoir comment on peut mener des ruptures viables et durables. Ce n'est pas la question de la rupture qui est posée, c'est celle de sa durabilité et de sa viabilité. C'est à cela que sert un Parti Socialiste : à mettre au point une stratégie qui le rende possible. C'est parce que c'est possible qu'alors on répond à la question qu'a posée Laurent FABIUS tout à l'heure, qui a dit et il a achevé par là : "n'oublions pas d'abord la bataille contre la droite". Lui au moins ne donnait pas de leçons aux autres ! Mais pour qu'il y ait bataille contre la droite, il n'est pas possible de la mener si on n'a pas les idées claires sur l'objectif qu'on poursuit, c'est impossible. La clarification est consubstantiellement liée à l'affrontement avec la droite parce qu'on ne peut pas affronter la droite dans l'affaire d'EDF. si on ne sait pas si on est pour ou contre l'ouverture du capital. On ne peut pas affronter la droite sur la question de l'Europe si on ne sait pas au profit de quelle Europe on se bat, voyez-vous.
Voilà pourquoi ces 3 questions sont liées : les idées, la nature du congrès et la bataille que nous menons contre la droite. Pour le reste, ce n'est pas nous qui avons décidé que ce congrès dure jusqu'en juin prochain. Nous on fait avec et on essaie de le faire aussi bien qu'on peut !
Mais quoi ? Vous vous effarouchez comme une plaisanterie d'un conte de Walt Disney qui me vaut d'entendre dire que ce sont des "comparaisons guerrières". "Feu sur le quartier général" ? Mes pauvres amis, cela vous fait peur parce que c'est repris de Mao Tsé Toung ?
François, tu n'as jamais fait des blagues ?
François HOLLANDE - Si, mais des meilleures.
Jean-Luc MELENCHON - Mais je pourrais te recommander la même vigilance sur d'autres choses comme les " Cent fleurs " car sur ce sujet, c'est aussi stupide d'en être heureux que de l'être à propos de la Nuit de Cristal ! Les " Cent fleurs ", c'est une immense opération d'appareil ! Tant qu'à avoir de la mémoire historique, tâchez de ne pas avoir des éclipses dedans ! J'en reste au ton qu'il faut qu'on ait... (rires).
Donc François, je n'ai pas moins d'humour que toi, tu le vois bien. Tu es d'accord ?
François HOLLANDE - Sur ce point, on peut faire synthèse.
Jean-Luc MELENCHON - Je t'en donne acte. Tu es souvent mon maître dans ce domaine, il n'y a pas de problème.
Mais je vous adjure, camarades, que par confort de situation vous n'alliez pas, pour une facilité de tribune, en repeignant l'un ou l'autre d'entre nous en révolutionnaire de circonstance, voir Ayrault me dire " Oh, les pseudo révolutionnaires... " Du coup, j'en ai déduit qu'il préférait les vrais ! Eh bien, d'avance, merci pour eux !
D'autres disent : " non au pôle de la radicalité ". Mais nous ne le sommes pas ! Précisément, cher François, le front unique c'est fait pour empêcher qu'il y ait un pôle de la gestion et un pôle de la radicalité, pour que ces forces aillent dans le même sens. Un camarade me dit: " Il ne faut plus parler de front unique, il faut dire front de classe ". Apparemment, cela vous rassure, Front de Classe ? Si vous préférez, cela me va. Je croyais vous faire plaisir en trouvant quelque chose de moins sévère. N'utilisez pas les conforts de situation qui mettraient ce parti dans une situation extrêmement sérieuse parce qu'ils donneraient à entendre à la jeunesse et à de nombreux électeurs qui sont en rupture morale, culturelle, philosophique, intellectuelle avec le capitalisme que nous, on n'en a rien à fiche parce qu'on a seulement décidé de le gérer. Merci.
(source http://www.gauche-socialiste.com, le 2 décembre 2002)