Interview de M. Jean-François Lamour, ministre des sports, sur "Europe 1" le 17 septembre 2002, sur les états généraux du sport en région.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Tout de suite, Jean-François LAMOUR, Ministre des Sports. Pourquoi le Ministre des Sports sur EUROPE ce soir ? Eh bien, parce que les états généraux ont donc été officiellement lancés, en début de semaine. Des états généraux du Sport, dont les conclusions seront rendues à la veille de Noël, dans la première quinzaine de Noël très exactement, le 8 décembre prochain. Explication de texte, avec Jean-François LAMOUR, donc, le ministre, devant Jérôme LENFANT.
Je crois qu'on a eu le temps législatif, deux lois importantes ; la loi sur le sport, la loi sur le dopage, qui rencontrent d'ailleurs, quelquefois, quelques difficultés à être appliquées au profit, d'ailleurs, du mouvement sportif. Je crois qu'il est temps de ce moment de réflexion et de dialogue, entre l'ensemble des intervenants, que ce soit les amateurs, les clubs locaux ; c'est pour cela qu'on tient beaucoup, Henri SERANDOUR et moi-même, à ce que les états-généraux en région soient un succès. On aura 26 états-généraux en région qui se tiendront en même temps que les groupes de travail nationaux réfléchiront aux systèmes qui ont été choisis. Pour, qu'ensuite, effectivement on aboutisse ensemble, également, à une synthèse de cette réflexion et, si nécessaire, à une évolution législative. Mais, ce n'est pas la priorité, encore une fois ; essayons d'appliquer, au mieux, la réglementation où les lois, pour que le sport français, confronté à un certain nombre d'évolutions, peut-être difficilement maîtrisables, trouve, là, les ressources pour se structurer, pour évoluer sur un peu plus de décentralisation, ou une articulation des compétences différentes. Et, tout cela, bien évidemment, au profit des usagers.
Votre rôle c'est d'écouter ou d'essayer de faire passer des messages qui ne sont peut-être pas faciles à entendre par les sportifs ou les organisateurs de sport ?
Je crois que c'est exactement les deux, c'est-à-dire écouter ; parce que nous avons beaucoup d'initiatives locales, tout particulièrement dans le domaine de l'insertion par le sport, qui sont remarquables. Qui sont, par contre, très difficiles à généraliser ; je crois qu'il faut bien se rendre compte, on le disait tout à l'heure, avec Henri SERANDOUR, des initiatives locales s'appuient avant tout sur des hommes, sur des passionnés. Il est toujours très difficile de généraliser un projet, s'il es dénaturé par la qualité de ceux qui les portent. Et la deuxième chose, dans cet esprit également c'est, essayer encore une fois de tracer quelques lignes directrices. Il ne s'agit pas d'imposer quelque chose mais bien de travailler sur le développement et de la pratique, une pratique encadrée mais avec un rôle central des fédérations. Il y a un thème qui revient en ce moment dans tous les esprits, et qui est d'actualité, c'est : sport pro, sport amateur, comment faire pour que ces deux entités, qui sont de plus en plus éloignées, se retrouvent au sein de la fédération, au sein d'une fédération. Ca, je crois que c'est un des défis que nous avons à relever pendant ces trois mois.
Les acteurs, les sportifs en activité s'étonnent de ne pas faire partie de ces groupes de travail. C'est une chose à laquelle vous avez pensé ?
Je ne vois pas de quels sportifs on veut parler. Déjà, un sportif professionnel - on le sait, je l'ai vécu - a de grandes difficultés pour se rendre libre trois, quatre fois sur une période de trois mois. Donc, je pense qu'il était bon - c'est un choix d'ailleurs délibéré de choisir des sportifs qui viennent d'arrêter leur carrière, mais qui ont eu aussi, j'allais dire, une autre expérience. Je vais vous donner un exemple, moi, qui me tient beaucoup à coeur, c'est ceux qui se sont investis dans une mission politique locale : adjoint aux sports ou conseiller municipal. Je trouve que, plutôt d'avoir des sportifs qui sont là pour être sportifs, je préfère ceux qui, au-delà de leur expérience professionnelle, ou amateurs mais de très, très haut niveau, apportent quelque chose de plus parce qu'ils se rendent compte des difficultés maintenant, en tant qu'élu, de l'organisation du sport au niveau local. C'est un problème de financement, d'encadrement, d'arbitrage et je crois qu'il était important, justement, de bénéficier de l'expertise de quelques-uns d'entre eux. Mais, nous n'avons pas oublié, pour au moins d'eux d'entre eux, des athlètes de haut niveau en activité et, deuxième élément, c'est que par exemple la Commission nationale du sport de haut niveau du CNO, sera auditionnée par un des groupes de travail ; ce qui permettra, aux athlètes en activité, d'être écoutés. Sans compter bien évidemment, s'ils le demandent, les sportifs professionnels de faire la même chose.
Compte tenu, qu'il y a déjà des lois récentes qui existent, comment, sur quoi peuvent déboucher ces états généraux ?
Eh bien, je crois qu'on l'a dit également tout à l'heure, des mesures immédiatement applicables, un dossier qui nous tient fortement à coeur entre mouvements sportifs et l'Etat, c'est le rôle du FNDS : le Front National de Développement du Sport. Il faut que cet outil d'investissement et de fonctionnement, un outil financier lourd, c'est près de 1,3 milliard - je parle en francs - c'est près de 1,3 milliard qui, chaque année, est distribué aux mouvements sportifs, ou aux collectivités pour construire des équipements sportifs. Donc, voilà un sujet important qui devra trouver des solutions à l'issue des réflexions des groupes de synthèse. Le deuxième aspect, c'est un aspect sur le moyen terme, j'allais dire. C'est, comment ensemble, Etat et mouvements sportifs et collectivités, avancer sur une meilleure articulation des compétences ; en résumé, la décentralisation. Quelles sont les missions qui doivent être celles de l'Etat ? Je pense par exemple au haut niveau ; c'est bien évidemment avec les Fédérations, à l'Etat, à aider le sport de haut niveau, à aider les filières de haut niveau. Mais, par contre, sur la partie fonction sociale du sport éducatif, l'Etat et mouvements sportifs doivent impulser et les collectivités locales, doivent prendre le relais. Donc voilà un certain nombre de sujets qui seront abordés et qui devront déboucher, là, sur des préconisations, en tout cas une réflexion à moyen terme.
Un décret, peut-être ?
Eh bien vous savez, le décret sur des insertions sociales par le sport, pas vraiment. Je crois que c'est plutôt une affaire d'homme, de passion et de volonté. Par contre oui, dans le cadre de la décentralisation - et ça c'est un sujet qui ne touche pas simplement le sport, qui touche l'ensemble des services de l'Etat - oui, bien évidemment il y aura une adaptation législative.
Alors, jusqu'au 8 décembre, vous mobilisez les compétences, les énergies de nombreux Français. Qu'est-ce qui se passera pour eux, après, à partir du 9 décembre ?
Eh bien, nous allons, nous, mobiliser 26 états généraux en région ; j'espère en faire au moins, au moins une grosse moitié ; Henri SERANDOUR fera également pareil et, encore, je crois que c'est une étape. Il y avait beaucoup de choses qui ont été faites avant. Le CNO par exemple, a beaucoup réfléchi, effectivement, sur un certain nombre de dossiers sports et territoire, Henri le dira mieux que moi. Mais bien évidemment on ne s'arrêtera pas le 9 décembre, aux conclusions ; on continuera à travailler dans cet esprit. Je vous parlais, tout à l'heure, du problème, en tout cas du dossier de la décentralisation ; voilà un dossier qui continuera à être porté, ensemble, par les différents acteurs, jusqu'à ce qu'on aborde le domaine de l'expérimentation puis de la généralisation.
(source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 19 septembre 2002)