Interview de M. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, à Europe 1 le 10 septembre 2002, sur la crise des différentes filières agricoles et son impact sur le revenu des agriculteurs, ainsi que la nécessité d'un accord avec la grande distribution sur le prix des produits agricoles.

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Média : Europe 1

Texte intégral

André DUMAS.- Jean-Pierre RAFFARIN se rend à Rennes tout à l'heure pour inaugurer le salon " Space ", le grand rendez-vous annuel de l'élevage. Jean-Michel LEMETAYER bonjour.
Jean-Michel LEMETAYER.- Bonjour.
André DUMAS.- Vous êtes le président de la FNSEA, mais aussi de ce salon, donc, " Space ". Alors, j'imagine que vous attendez beaucoup de ce premier discours de politique agricole du Premier ministre.
Jean-Michel LEMETAYER.- Eh bien nous attendons beaucoup parce que les agriculteurs sont dans une situation difficile et très clairement on ne cesse de le répéter, ils n'ont pas le moral, on va de crise en crise et puis on n'avait pas besoin de ces évènements exceptionnels vécus dans le Midi de la France, donc on a vraiment besoin d'un engagement fort du gouvernement à l'égard de l'agriculture et des paysans.
André DUMAS.- Oui. Vous aviez déjà tiré la sonnette d'alarme au début du mois en disant que tous les secteurs de l'agriculture étaient en crise.
Jean-Michel LEMETAYER.- Mais malheureusement on a rarement connu une année comme 2002 puisque l'on n'est pas sorti de cette crise bovine encore, mais il s'est ajouté des crises dans le secteur de la volaille, dans le secteur porc, évidemment, des filières qui sont très présentes au " Space ", et puis le secteur des céréales est aussi en difficultés, lié à des importations massives venant de la Mer Noire, donc c'est vrai que le revenu des agriculteurs quand on voit la baisse de prix depuis le début de l'année de - 3,4 % en moyenne sur l'ensemble du secteur, on sait que d'ores et déjà le revenu de l'année est fortement touché.
André DUMAS.- Et la viticulture est aussi concernée aujourd'hui par les inondations dans le Sud Est. Décidément ce n'est pas de chance.
Jean-Michel LEMETAYER.- On n'a vraiment pas de chance et c'est vrai que, bon, les premiers échos que j'ai du Midi de la France, bon, il est impossible aujourd'hui d'évaluer les pertes considérables puisque les vendanges n'étaient même pas commencées, j'espère que la solidarité nationale va jouer. Personnellement, je me rendrai en début de semaine prochaine dans la région, sans doute plus précisément dans le département du Gard qui apparaît le département le plus touché, mais c'est vrai qu'il faut que tout de suite la solidarité s'exprime.
André DUMAS.- Dans vos propos, au début du mois, vous vous en étiez pris aussi au secteur de la grande distribution.
Jean-Michel LEMETAYER.- Oui, parce que nous... je suis favorable au dialogue et bien évidemment la distribution sont... ne sont pas des adversaires mais des partenaires, il n'en reste pas moins que quand on voit le prix du porc qui a frôlé les 1euro, là, il y a quelques semaines, et que dans le même temps les consommateurs paient toujours le même prix, que l'on n'arrive pas à débattre clairement de la transparence des pratiques commerciales, c'est vrai que tout récemment j'en ai appelé au Secrétaire d'Etat au commerce, monsieur Renaud DUTREIL, pour que l'on se mette tous autour d'une table et que des engagements soient pris notamment de la part de la distribution pour que l'on avance en matière de transparence de pratiques commerciales et que chacun comprenne bien que chaque maillon de la filière doit pouvoir gagner sa vie si on veut que les producteurs continuent d'investir pour répondre aux attentes de la société en matière d'environnement, en matière de qualité des produits et puis aussi investir pour que dans les entreprises, pour que l'on poursuive nos innovations et satisfaire le consommateur.
André DUMAS.- C'est ce que vous allez dire tout à l'heure à Jean-Pierre RAFFARIN ?
Jean-Michel LEMETAYER.- Ce sera effectivement la teneur de mon propos et j'espère que le Premier ministre saura, au-delà de décisions précises mais surtout montrer que l'agriculture, les paysans, sont une priorité pour notre pays.
André DUMAS.- Jean-Michel LEMETAYER, merci.
(Source http://www.fnsea.fr, le 12 septembre 2002)