Tribune de MM. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports et à la mer et Henri Plagnol, secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat, membres de l'UMP, dans "Le Figaro" du 12 février 2003, sur la création de l'UMP, intitulée "Génération UMP et vieilles chapelles".

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Texte intégral

La création de l'UMP est une révolution dont nous n'avons pas fini de mesurer les conséquences. Pour la première fois, dans l'histoire politique des droites françaises et du centre, des partis politiques ont accepté de se fondre au sein d'un nouvel ensemble. C'est un pas décisif dans la modernisation de la vie politique de notre pays. Nous avons ainsi tiré toutes les conséquences de l'avertissement des Français lors du premier tour de l'élection présidentielle. Les électeurs ne s'y sont d'ailleurs pas trompés puisqu'ils ont plébiscité l'UMP.
Comme toujours dans notre pays, les vraies réformes se heurtent à la coalition des conservatismes et aux cris d'orfraie de tous ceux qui ont intérêt à perpétuer le statu quo. Nous assistons depuis quelques semaines à un déferlement de discours et d'attaques contre l'UMP chargée de tous les maux. Nous serions coupables de monolithisme et de sectarisme parce que trop puissants ! Comme s'il n'était pas risible de reprocher à un parti politique de s'élargir pour créer les conditions de la victoire ! Comme si, surtout, toute entreprise politique digne de ce nom ne devait pas s'assigner comme objectif de rassembler le plus grand nombre possible de Français !
En réalité, nous assistons au grand bal des nostalgiques du bon vieux temps, qui permettait à chacun de faire sa petite cuisine dans son petit coin. Le résultat n'a été que trop clair dans le passé : encourager les divisions artificielles et empêcher tout renouvellement des hommes et des femmes. Plus grave encore, la soi-disant diversité offerte à l'électeur, poussée à l'extrême, se traduit par l'éparpillement des suffrages et l'impossibilité d'exprimer par le vote un choix clair de gouvernement.
Loin de vouloir faire marche arrière, nous qui représentons la génération UMP souhaitons au contraire que l'on aille jusqu'au bout de l'entreprise de modernisation politique. La réforme des modes de scrutin est indispensable si l'on veut rendre nos régions gouvernables et empêcher le chantage des extrêmes ou des minorités agissantes. Souvenons-nous d'ailleurs de la catastrophe des élections régionales de 1998 qui a fait voler en éclats les partis traditionnels soumis au chantage du Front national. Il a fallu l'intervention du président de la République pour mettre un terme à cette tragi-comédie. Nous n'avons donc aucune leçon de morale à recevoir de ceux qui, sous couvert de défendre la démocratie, entretiennent des jeux politiciens que les Français ont clairement condamnés.
Assez de caricatures sur le fonctionnement de l'UMP ! Pour notre génération, l'UMP représente une fantastique aventure pour faire de la politique autrement. Nous pouvons témoigner de ce que l'UMP est beaucoup plus transparente que ne l'ont jamais été les partis antérieurs. Dans chacune de nos circonscriptions et fédérations, la liste des adhérents est consultable et chaque militant peut être candidat à tout poste de responsabilité. Nous nous faisons d'ailleurs un devoir de veiller à ce que la règle démocratique soit scrupuleusement respectée. Nous nous réjouissons de constater que les nouveaux adhérents représentent près de la moitié de nos effectifs. Une telle évolution est encourageante, même si nous savons bien que le chemin sera long pour réconcilier le citoyen avec la politique. Car tel est bien le seul combat qui vaille : faire reculer l'abstention et la résignation.
Sans un profond renouveau du militantisme, nous n'avons aucune chance de combler le fossé entre les électeurs et les élus. Le succès de l'UMP se mesurera à notre capacité à fidéliser ces nouveaux adhérents qui veulent bien redonner une chance à l'engagement politique. Pour cela, nous devons être le parti du débat. Il faut que chaque militant ait le sentiment de participer à la mise en oeuvre des réformes entreprises par le gouvernement. Tout démontre que, sur la santé, les retraites, l'environnement, la sécurité... les Français ont des choses à dire à leurs élus. Or, c'est justement parce que l'UMP fédère des courants de pensée très divers qu'il est possible d'y organiser de vrais débats ayant un sens. Et c'est pourquoi, sans hésiter, nous invitons tous nos sympathisants à s'engager sur les sujets de vie quotidienne qui les intéressent. Nous voulons bâtir une formation politique moderne qui donne la possibilité à chaque militant de peser par ses convictions et son vote sur la définition de notre projet pour la France. C'est à cette condition que l'UMP réussira à être le garant du contrat de confiance passé entre les Français et la majorité. C'est ainsi que nous parviendrons à redonner à la politique ses lettres de noblesse.
Nous sommes riches d'une extraordinaire diversité. L'UMP peut et doit être le lieu d'élaboration de la synthèse de gouvernement à laquelle aspirent les Français. Dans chacun des grands débats de société, nous cherchons ensemble à nous enrichir de nos différences et à réussir l'alchimie entre le meilleur des traditions démocrate-chrétienne, gaulliste, libérale et radicale. C'est cela aussi inventer une autre manière de faire de la politique. Sur la décentralisation, sur l'Europe, nous ne cherchons nullement à faire fi de nos divergences de sensibilité. Au contraire, c'est en les assumant que nous parviendrons à refléter l'aspiration de la majorité des Français, qui ne se retrouvent ni dans les utopies fédéralistes ni dans les nostalgies souverainistes. A nous d'inventer un modèle institutionnel respectueux de notre histoire avec des régions plus vivantes, un Etat d'autant plus fort qu'il sera recentré sur ses missions essentielles, et une Europe plus proche de nos concitoyens.
Le temps des chapelles idéologiques repliées sur elles-mêmes est révolu. Le temps est venu des grands rassemblements permettant la participation du plus grand nombre aux réformes nécessaires. C'est aussi la condition pour faire vivre le débat dont nous avons besoin sur l'Europe politique. L'éclatement des partis traditionnels avait conduit à réduire l'influence française au Parlement européen de Strasbourg. Tous nos partenaires se réjouissent de ce que, grâce à l'UMP, la France fait à nouveau entendre sa voix au sein du Parti populaire européen.
L'UMP doit tenir les promesses de son baptême. Elle est née de la terrible secousse du premier tour de l'élection présidentielle. Il serait criminel d'écouter les sirènes de tous ceux qui entretiennent les mauvaises querelles gauloises. Trop de combats essentiels, trop de réformes différées nous attendent pour perdre du temps inutilement. Nous avons été les premiers à vouloir le renouveau de la République ; nous irons jusqu'au bout pour défendre la seule entreprise qui vaille la peine de s'engager en politique. Alors prenez parti, engagez-vous pour l'UMP !
(ce texte est cosigné par les députés UMP Jean-Claude BEAULIEU, Xavier BERTRAND, Etienne BLANC, Emile BLESSIG, Philippe BRIAND, Yves BUR, Yves CENSI, Jérôme CHARTIER, Luc CHATEL, Philippe COCHET, Edouard COURTIAL, Marc-Philippe DAUBRESSE, Renaud DONNEDIEU DE VABRES, Dominique DORD, Pierre-Louis FAGNIEZ, Nicolas FORISSIER, Louis GISCARD D'ESTAING, Arlette GROSSKOST, Serge GROUARD, Laurent HENART, Sébastien HUYGHE, Yves JEGO, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Geneviève LEVY, Hervé MARITON, Nadine MORANO, Pierre MOREL-A-L'HUISSIER, Yves NICOLIN, Valérie PECRESSE, Axel PONIATOWSKI, Philippe ROUAULT, Martial SADDIER, Frédéric de SAINT-SERNIN, Dominique TIAN, Georges TRON, Eric WOERTH).
(Source http://www.u-m-p.org, le 12 février 2003)