Texte intégral
Quand vous m'avez sollicitée, il y a déjà quelques mois, c'est bien volontiers que j'avais accepté de venir ici à Nice, sur ce site hospitalo-universitaire de l'Archet, pour participer à la pose de la première pierre de ce bâtiment d'enseignement et de recherche médicale que vous avez baptisé du beau nom d'ARCHI-MED. Vous savez que les événements tragiques de la perte de la navette américaine et de la mort de 7 astronautes en ont décidé autrement à la dernière minute. Le Président de la République et le Premier ministre ont souhaité en effet que j'exprime lors de la cérémonie de Houston la sympathie attristée et les condoléances de la France au peuple américain et aux familles des astronautes en ces heures de deuil qui affectent la grande famille de l'espace. Je suis doublement désolée de mon absence. J'ai chargé mon directeur de cabinet de vous adresser les propos que j'avais préparés à votre intention.
Naturellement, vous n'avez pas manqué de penser, en faisant ce choix d'ARCHI-MED, à l'homonymie avec le célèbre géomètre et physicien originaire de Syracuse et qui en est l'auteur. Ce parrainage conférera, à n'en pas douter, à cette opération les meilleures chances d'une réussite équilibrée et harmonieuse entre ses missions de recherche, de santé publique et de formation.
C'est toujours avec enthousiasme, et un intérêt marqué, que je viens en région, sur le terrain, à la rencontre des chercheurs, des universitaires, des hauts responsables des collectivités et des entreprises partenaires du développement scientifique, culturel, social et économique de nos territoires. C'est pour moi l'occasion d'une perception directe des enjeux auxquels vous êtes confrontés, des difficultés de mise en œuvre des actions entreprises pour y répondre que vous rencontrez, et aussi et surtout, je l'espère, des réussites qui sont les vôtres. C'est la raison pour laquelle je m'organise pour établir régulièrement ces contacts. Après Lille récemment, Grenoble, Besançon, Strasbourg, Dijon, il y a quelques mois ou semaines, j'ai le plaisir de me retrouver à Nice, dans cette belle région, porteuse de dynamisme scientifique et d'innovation.
La construction de ce bâtiment s'inscrit dans le cadre de la politique de soutien public à la recherche et à l'innovation du gouvernement, et tout particulièrement à la recherche biomédicale et aux biotechnologies.
Avec ces objectifs, j'ai moi-même présenté le 4 décembre 2002 en Conseil des Ministres cette politique en matière de recherche, et Nicole Fontaine, Ministre déléguée à l'Industrie et moi-même en tant que ministre déléguée à la recherche, avons présenté le 11 décembre 2002, à nouveau en Conseil des Ministres, un Plan en faveur de l'Innovation. Ces deux communications visent à dynamiser notre recherche au service de la croissance économique, des emplois et du progrès social.
Le détail de ces communications est disponible sur le site du Ministère. Permettez-moi d'en rappeler les grandes lignes. Les mesures adoptées sont d'abord destinées à optimiser notre dispositif national de recherche (amélioration de la gouvernance des organismes publics, développement des financements sur projets, mise en place d'une véritable gestion des ressources humaines, renforcement des liens entre organismes publics et entreprises, meilleure prise en compte de la réalité de la construction de l'espace européen de la recherche).
Ensuite, tout en veillant à préserver une base large de compétences de recherche fondamentale, cette politique de recherche a l'ambition de dégager des priorités fortes, légitimées scientifiquement, socialement et économiquement : je veux parler de la recherche biomédicale, du développement durable, des nouvelles technologies et les sciences et technologies de l'information et de la communication, de la politique spatiale.
Cette politique réaffirme la nécessité de réinscrire la science dans la Cité et d'attirer les jeunes vers les carrières scientifiques. Elle souligne la complémentarité indispensable des contributions financières de l'Etat, des collectivités territoriales, de l'Union européenne, du grand public et des entreprises pour progresser vers l'objectif du montant national de 3% dépenses de recherche et développement (DIRD) par rapport au produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2010 que s'est fixé le pays. Dans cette perspective, sera recherchée l'optimisation de l'effet levier du financement public pour dynamiser l'innovation et l'investissement des entreprises.
Au niveau de l'innovation, il s'agit d'augmenter le financement de la recherche engagé par les entreprises, de mieux valoriser les résultats de la recherche publique, de développer l'esprit d'entreprendre chez nos chercheurs et nos étudiants, enfin ici tout particulièrement de replacer cette dynamique à une échelle européenne.
Je vous invite, dès à présent, ainsi que vos collègues, à participer à la consultation nationale sur ce Plan en faveur de l'innovation qu'a lancé le gouvernement avec l'objectif d'affiner les principales mesures en concertation avec les acteurs de la recherche et du développement technologique.
Dans la continuité de ce plan, le Gouvernement s'attelle actuellement à l'élaboration d'un Plan de soutien en faveur des biotechnologies, une des priorités du gouvernement. Il devrait être prêt en juin 2003.
Un des axes forts de ce Plan sera le rapprochement entre institutions d'enseignement, laboratoires de recherche, entreprises de biotechnologies, sociétés pharmaceutiques et services cliniques hospitaliers. L'objectif est la création de passerelles pour leur permettre de mieux travailler ensemble.
Les biotechnologies ont besoin de cet environnement favorable et de ce continuum essentiel pour naître et grandir. Il appartient à l'Etat de leur offrir.
Ce bâtiment d'ARCHI-MED qui rassemblera un potentiel exemplaire d'enseignement, de laboratoires de recherche et de services cliniques hospitaliers de grande qualité s'inscrit donc pleinement dans cette logique grâce à la motivation et au professionnalisme des femmes et des hommes qui en ont la charge. Je m'en réjouis.
En effet, il ne peut y avoir d'avancées scientifiques majeures dans ce domaine sans une relation étroite des chercheurs avec ceux qui ont une bonne connaissance du malade et de la maladie, sans une confrontation avec la pratique médicale, sans un accès direct aux échantillons cliniques et au suivi des patients.
Il faudra aussi garder ouvert ce futur bâtiment au dialogue avec les entrepreneurs pharmaceutiques. En effet, je ne doute pas que de très belles découvertes scientifiques au service de la santé humaine, sur le thème fédérateur des pathologies environnementales, soient faites dans ces futurs locaux. Il faudra savoir les valoriser et les mettre à la disposition des patients en développant des médicaments ou de nouvelles pratiques thérapeutiques. L'entreprise et les entrepreneurs seront des partenaires indispensables à cette étape de l'innovation.
Ce bâtiment donc reflétera la volonté forte de développer la recherche en biologie au service de la santé, au cours du 21ème siècle.
Il reflétera aussi la volonté du gouvernement de soutenir l'innovation, la recherche biomédicale et les biotechnologies dérivées en permettant à tous les acteurs de ce secteur de travailler ensemble.
Pour toutes ces raisons, je me réjouis du fait que chacun se soit senti et se sente encore impliqué dans cette opération. Les collectivités locales, la ville de Nice, le département des Alpes Maritimes, la région PACA que je salue et remercie, ont largement contribué à cette construction aux côtés de l'Etat. J'ai cru comprendre que des compléments devaient déjà être envisagés. Les collectivités ont immédiatement manifesté leur volonté de continuer à financer ce complément de construction du bâtiment. Vous avez souhaité solliciter à nouveau la participation de l'Etat. Les trop brefs délais accordés, quelques heures, n'ont pas permis à mes services d'instruire cette demande que je leur ai immédiatement transmise. Je ne manquerai pas de vous faire part dès que possible des résultats de cette instruction, dans un contexte budgétaire national contraint.
L'heure de la pose de cette première pierre du chantier ARCHI-MED par Monsieur le Préfet, en mon nom, est venue. Je le remercie de sa compréhension.
Cette pose, c'est le symbole de l'engagement qui est le mien de construire sur le long terme, pierre après pierre, de manière coordonnée avec nos partenaires, une action politique homogène, durable et cohérente en faveur de la recherche et de l'innovation. Vous pouvez compter sur ma détermination. Pour ma part, je sais que vous serez à nos côtés pour accomplir ce travail au service de notre pays et de nos concitoyens.
Je vous en remercie par avance comme je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 10 février 2003)