Texte intégral
Mes chers amis,
C'est avec beaucoup d'émotion que je prends la parole pour la dernière fois devant les cadres et les militants du RPR comme je l'ai fait tant de fois depuis de si nombreuses années.
C'est finalement notre première rencontre collective depuis notre double victoire des présidentielles et des législatives. Après tant de déceptions et de défaites, ces deux victoires constituent un capital que nous ne devons pas dilapider. Elle est trop précieuse cette confiance. Elle est trop pressante cette espérance pour que nous ne mesurions pas le poids des responsabilités qui pèsent aujourd'hui sur nos épaules. Nous n'avons pas le droit de décevoir. Cette fois-ci doit être la bonne. Nous devons réussir.
Et pour cela, une fois de plus, nous avons besoin de vous. Il y aurait d'ailleurs un paradoxe à ce que, alors que tout semblait perdu, vous soyez resté fidèles, mobilisés, solides et qu'alors qu'aujourd'hui, enfin, tout peut recommencer nous nous laissions envahir par la nostalgie, le doute, ou, tout simplement le désintérêt.
Oui je l'affirme, c'est aujourd'hui que commence une nouvelle aventure exaltante : démontrer que la droite républicaine est capable de mettre en oeuvre la politique pour laquelle elle a été élue, d'obtenir des résultats et d'installer durablement nos idées au coeur de la vie politique française.
Formidable défi qui doit nous permettre de retrouver la confiance de ces millions de Français qui nous ont quitté pour se réfugier dans un vote extrême qui représente une impasse tant pour eux que pour la France. D'élargir notre base électorale qui n'a cessé de se recroqueviller tout au long des décennies pour retrouver cet esprit de rassemblement qui doit rester notre obsession. Et surtout de rendre crédit et autorité à la parole publique en prouvant par notre action de tous les jours que la politique peut peser sur la réalité, que ses résultats peuvent être évalués, que ce qu'on dit, on le fait.. .
Enfin ! C'est par ce chemin et aucun autre, que nous ramènerons dans les bureaux de vote ces millions de Français désabusés qui ne croient plus en rien, qui ont été si souvent déçus et qui doivent retrouver la confiance non par nos mots et nos discours mais par nos actes. Pour réussir nous avons besoin de ce vaste rassemblement moderne, divers, populaire capable de soutenir notre action, d'éclairer notre réflexion, de mobiliser les Français, qu'est l'UMP. Nous devons nous engager sans réserve dans ce projet, c'est notre responsabilité, c'est la volonté de nos électeurs, ce sont les premiers pas de notre avenir commun que nous écrivons. Mais sans réserve ne veut pas dire sans référence, sans histoire, sans convictions. Nous devons aller vers cette nouvelle formation avec toutes nos forces, toutes nos convictions, tout notre patrimoine. L'UMP n'est pas une page blanche venue de nulle part. Elle doit se construire sur les racines des grands courants politiques qui vont l'irriguer. L'UMP est riche de cette histoire. Elle ne doit pas la nier. Elle doit s'en enrichir. C'est donc avec notre expérience et nos acquis que nous devons construire cette nouvelle formation politique. Et je veux dire que le premier de ces acquis c'est notre pratique démocratique que nous avons eu du mal à acquérir mais qui a fini par devenir réelle.
Ce n'était pas gagné d'avance tant la tradition gaulliste nous fait accepter l'aventure collective derrière le leader que nous nous sommes choisis avec un appétit naturel. Et malgré cela nous y sommes arrivés. Et petit à petit tous nos responsables jusqu'aux plus élevés ont été élus par l'ensemble des militants. La démocratie vivante, sincère, complète c'est un acquis sur lequel nul ne doit ni ne peut revenir car il est la garantie de la solidité des liens qui nous unissent. Ce dont nous avons besoin c'est d'une adhésion librement consentie de nos militants, c'est d'hommes et de femmes convaincus qui partagent les mêmes convictions, et, envisagent l'avenir ensemble. Chacun devra pouvoir se faire entendre, pourra librement choisir ses dirigeants, sera assuré de sa capacité à faire respecter son identité. Il ne faut pas avoir peur de la démocratie interne. Elle est une preuve de confiance, de force, d'avenir. Chaque fois que le débat a été ouvert, nous avons trouvé la bonne solution. Chaque fois qu'il a été fermé, nous nous sommes enfoncés un peu davantage. Il n'y a pas d'autres façons modernes de diriger une famille politique que par la confiance et donc par la démocratie. Ce que nous avions réussi à faire au RPR nous devons le consolider dans l'UMP. Et je précise que les fameux courants ne sont pas pour moi la garantie de la démocratie. D'ailleurs avoir refusé trois formations différentes pour hériter d'autant de courants ou davantage, ce serait, de mon point de vue, cumuler les inconvénients sans les avantages.
La démocratie, nous la réussirons si tous se sentent associés à la direction future de notre mouvement, et si dans la pratique de tous les jours comme au moment des grands choix, le débat entre nous peut prospérer loyalement, complètement, sincèrement. Les militants comme nos concitoyens ont bien changé depuis toutes ces dernières années. Toujours aussi enthousiastes. Toujours aussi fidèles. Toujours aussi prompt à partir pour de nouvelles campagnes. Mais moins que jamais décidé à accepter au nom de je ne sais quelles considérations comme ce fut parfois le cas dans le passé, que l'on transige avec nos idées, que l'on impose des responsables sans légitimité ou même qu'on leur explique ce qu'ils devraient penser ou dire au mépris de leurs convictions intimes. Les militants n'ont pas toujours raison mais ils n'ont pas toujours tort non plus. Et j'ai noté que bien souvent leur mécontentement était le signe précurseur de celui des Français. Sachons ne pas oublier les enseignements du passé. Les militants constituent toujours cette même immense armée. Mais ce n'est plus une armée constituée de muets du sérail. C'est bien pourquoi elle est devenue plus forte ! Mais il y a un second acquis de la culture du RPR que nous devons emporter avec nous pour le faire fructifier dans l'UMP. C'est celui de notre capacité à définir une ligne politique sans ambiguïté au service de propositions fortes. Cela n'a pas toujours été le cas dans le passé. Chaque fois que nous avons été frileux, hésitants, incertains, confus, les électeurs nous ont sanctionnés.
A l'inverse, chaque fois que nous avons assuré sans complexe et sans outrance nos différences avec la gauche, nous avons gagné. Il faut s'en souvenir. Et je le dis tout net, l'UMP ne doit pas se contenter d'une ligne politique qui ne serait que l'expression fade du plus petit dénominateur commun. Cette ligne nous conduirait à l'échec car elle nous interdirait de dire, de faire, de proposer des idées fortes sous prétexte de ne pas gêner tel ou tel aux convictions sans doute légitimes mais en l'occurrence moins affirmées. Par le débat, par la démocratie, nous devons confronter nos aspirations politiques. Certes, il faut toujours être prêt aux concessions qu'il convient, mais pas au prix du renoncement, de la tiédeur systématique ou du consensus mou. Cinq millions de Français qui ont voté pour le Front National, c'est plus qu'un avertissement c'est une alerte.
Quand la droite et la gauche cèdent à la facilité de la ressemblance, des Français exaspérés désertent alors le champ des valeurs républicaines pour se réfugier dans une protestation stérile. L'union entre nous était indispensable. Nos électeurs ne l'ont que trop attendue. Mais l'union n'est pas une fin en soi. Elle est un moyen au service d'une cause : celle d'un projet politique fort. Fort ne veut pas dire outrancier, c'est même l'inverse. L'outrance dans les propos survient toujours dans la bouche de celui qui a accumulé tant de retards qu'il cherche à le faire oublier par la violence de son propos. Rappelez-vous, ce fut le cas à propos de l'immigration où tétanisés par la pensée unique de l'époque, nous avions fini par déserter le débat des idées. D'autres ont alors pris notre place avec des idées qui n'étaient pas les nôtres. A l'inverse, avec la question de l'insécurité, nous avons compris l'attente des Français. Le Président de la République l'a mise au coeur de sa campagne.
Le Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin au centre de son action. Les socialistes ont été battus parce qu'ils n'ont pas su entendre le message des Français. Quant aux extrêmes, ils ont depuis perdu le tiers de leurs suffrages. La leçon à retenir est à mon sens simple à comprendre et à suivre ; nous ne devons pas avoir peur de dire, de faire, de mettre en oeuvre ce que nous croyons juste. C'est ainsi que nous n'avons nullement à nous excuser de décider de la baisse de l'impôt sur le revenu. Il convient au contraire de la revendiquer fortement. Et tant pis pour ceux à qui cela ne plaît pas. Après tout, on ne peut pas plaire à tout le monde. Et tant pis pour ceux qui n'ont pas compris qu'il était définitivement difficile de diminuer les impôts de ceux qui n'en payent pas. Et tant pis encore pour les socialistes qui ne l'ont jamais fait, qui ont été sanctionnés pour cela.
Et tant mieux pour ces 16 millions 800 000 familles depuis trop longtemps accablées d'impôts, qui attendaient un signe qu'enfin l'Etat les laisseraient disposer d'une plus grande partie du fruit de leur travail. Ce n'est que justice et qu'équité. Et tant mieux pour toutes ces femmes et ces hommes qui ont par la force de leur travail construit pas à pas leur propre promotion sociale. Ce sont eux qui nous ont maintes fois demandé de remettre au goût du jour ces valeurs éternelles que sont le travail, la récompense, le mérite, l'effort : c'est une grande affaire de justice sociale que de reconnaître le mérite et le travail. Et tant mieux pour notre économie qui pâtit d'un contexte international passablement déprimé et qui a besoin que l'on soutienne la demande en renforçant le pouvoir d'achat des Français justement par la réduction d'impôt.
La réduction des impôts, c'est bon pour l'économie. C'est bon pour l'emploi. C'est bon pour les Français. C'est même utile pour le montant des rentrées fiscales et donc pour la réduction des déficits dans l'avenir.
Nous l'avions promis parce que nous y croyons. Nous le faisons parce que nous l'avions dit. C'est aussi cela la morale en politique !
J'entends dire que les socialistes vont mener une grande offensive s'agissant des 35 heures. Bigre .. . J'en frémis à l'avance. Mais cela montre de façon éloquente que nos adversaires n'ont rien compris à ce qu'il leur est arrivé. Les 35 heures ont été imposées aux salariés et aux entreprises sans qu'aucun dialogue social ne soit mis en oeuvre. Elles ont été appliquées sans souplesse, sans mesure, sans précaution. Elles ont pénalisé nos compatriotes les plus modestes en leur interdisant de travailler davantage pour gagner davantage. Elles ont compliqué la tâche de nos entreprises dans la compétition rude qu'elles doivent mener chaque jour. Elles ont rendu la vie impossible à des dizaines de milliers de commerçants, d'artisans, de professionnels libéraux. Nous avions dit avant les élections que nous rendrions la liberté de travailler aux Français. Que ceux qui veulent rester aux 35 heures, le fassent. Ils le pourront. Que ceux qui veulent en faire plus pour vivre mieux, pour assurer la promotion sociale de leur famille pour augmenter la feuille de paye le fassent. Il n'était que temps de leur reconnaître ce droit. Redonner la liberté de choisir sa vie. De décider de ses priorités. D'aménager son rythme au gré de ses choix personnels faisaient partie de nos engagements. Faire confiance aux Français c'est leur rendre la liberté de décider. Nous l'avions dit, nous le faisons. C'est une heureuse nouvelle pour tous ceux qui ont espéré en notre victoire. Quant à la sécurité, que n'ai-je entendu depuis quatre mois ! Les socialistes ont d'abord prétendu que je me contentais de les copier.
Mon Dieu quel jugement cruel à mon endroit ! Autrement dit que je mettais en oeuvre ce qu'ils avaient déjà décidé mais qu'ils n'avaient pas eu le temps de faire.. en 5 ans. Il leur avait manqué certainement quelques jours ou quelques semaines. Ensuite ils ont dit que j'en faisais trop. Trop pressé. Trop entreprenant sans jamais se demander si par hasard ce n'était pas eux qui n'en avaient pas fait assez. Il y a eu aussi les chiffres de la délinquance. En juillet, ils ont monté. Ils étaient justes, il convenait de m'en accuser. En août, ils ont baissé. Ils étaient devenus faux, il convenait de me le reprocher. Cela faisait longtemps que ce n'était pas arrivé. Enfin, à force de se contredire, les socialistes ont choisi la stratégie la mieux adaptée à leur bilan : le silence. Je crains qu'ils n'aient fini par oublier mon nom. Quelle est l'alternative sur la question des sans papiers où j'ai refusé tout à la fois la régularisation globale qui pousse à l'exaspération et la brutalité qui ne peut se substituer à une authentique politique de l'immigration si longtemps défaillante. Je ne prétends pas résoudre la question de Sangatte par un coup de baguette magique mais je n'ai pas de leçon à recevoir de Mesdames Aubry et Guigou qui en 4 ans n'ont pas trouvé une minute pour visiter ces malheureux de l'autre bout du monde qui n'ont rien et qui espèrent trop de nous qui ne pouvons les accueillir tous. Je continuerai donc sans plus me soucier des commentaires des uns et des autres à mettre en oeuvre la politique que je crois juste pour donner à chaque Français la tranquillité à laquelle il a droit. Et d'abord aux plus modestes d'entre nous, ceux qui exercent les métiers les moins valorisants, ceux qui habitent le plus loin de notre centre ville privilégié, ceux qui ont chaque jour les durées de transport les plus harassantes. Je n'accepte pas l'idée que ceux de nos compatriotes qui ont les vies plus difficiles, soient également ceux qui ont peur. Peur pour leurs enfants scolarisés dans des écoles où plus personne ne veut étudier. Peur pour leur famille qui réside dans des quartiers où plus personne ne veut résider. Peur pour eux mêmes dans les transports en commun à des heures où plus personne ne veut les emprunter. Cette France là a été la grande oubliée des années Jospin. C'est à la droite Républicaine et modérée qu'il revient de lui donner l'attention et l'écoute qu'elle mérite. C'est notre conception d'une politique sociale ambitieuse. Et elle est juste cette politique ! Un dernier mot enfin. L'UMP, cette nouvelle formation, qui va tous nous abriter, sera une réussite si nous la vivons comme une aventure profondément collective. Aucun parmi nous ne peut réussir sans l'aide des autres, de tous les autres.
L'UMP sera une affaire d'équipe où ne sera pas. Nous avons notre destin en main à nous d'être assez sage pour en faire le meilleur usage. Pour comprendre qu'ensemble nous sommes fort, divisés nous ne sommes plus rien. Pour utiliser les compétences du plus grand nombre. Pour que personne ne se sente écarté, mis de côté, ignoré. Soyons assez sage pour ne pas trop anticiper les rendez-vous qui nous attendent dans le futur dont nul ne sait dans quelles conditions ils se présenteront. A trop se projeter dans l'avenir on en finit par négliger le présent, or c'est pourtant bien celui-ci que les Français nous demandent de prendre à bras le corps. L'heure n'est donc ni aux compétitions individuelles, ni aux affrontements stériles. L'heure est au rassemblement. Celui-ci n'aurait aucun sens, si au moment où nous le réalisons avec nos partenaires d'hier nous n'étions pas capables de le mettre en oeuvre entre nous.
Alain, Jean-Claude, Philippe, je serai donc l'un des vôtres avec loyauté, avec enthousiasme, avec énergie.
(Source http://www.rpr.org, le 24 septembre 2002)
C'est avec beaucoup d'émotion que je prends la parole pour la dernière fois devant les cadres et les militants du RPR comme je l'ai fait tant de fois depuis de si nombreuses années.
C'est finalement notre première rencontre collective depuis notre double victoire des présidentielles et des législatives. Après tant de déceptions et de défaites, ces deux victoires constituent un capital que nous ne devons pas dilapider. Elle est trop précieuse cette confiance. Elle est trop pressante cette espérance pour que nous ne mesurions pas le poids des responsabilités qui pèsent aujourd'hui sur nos épaules. Nous n'avons pas le droit de décevoir. Cette fois-ci doit être la bonne. Nous devons réussir.
Et pour cela, une fois de plus, nous avons besoin de vous. Il y aurait d'ailleurs un paradoxe à ce que, alors que tout semblait perdu, vous soyez resté fidèles, mobilisés, solides et qu'alors qu'aujourd'hui, enfin, tout peut recommencer nous nous laissions envahir par la nostalgie, le doute, ou, tout simplement le désintérêt.
Oui je l'affirme, c'est aujourd'hui que commence une nouvelle aventure exaltante : démontrer que la droite républicaine est capable de mettre en oeuvre la politique pour laquelle elle a été élue, d'obtenir des résultats et d'installer durablement nos idées au coeur de la vie politique française.
Formidable défi qui doit nous permettre de retrouver la confiance de ces millions de Français qui nous ont quitté pour se réfugier dans un vote extrême qui représente une impasse tant pour eux que pour la France. D'élargir notre base électorale qui n'a cessé de se recroqueviller tout au long des décennies pour retrouver cet esprit de rassemblement qui doit rester notre obsession. Et surtout de rendre crédit et autorité à la parole publique en prouvant par notre action de tous les jours que la politique peut peser sur la réalité, que ses résultats peuvent être évalués, que ce qu'on dit, on le fait.. .
Enfin ! C'est par ce chemin et aucun autre, que nous ramènerons dans les bureaux de vote ces millions de Français désabusés qui ne croient plus en rien, qui ont été si souvent déçus et qui doivent retrouver la confiance non par nos mots et nos discours mais par nos actes. Pour réussir nous avons besoin de ce vaste rassemblement moderne, divers, populaire capable de soutenir notre action, d'éclairer notre réflexion, de mobiliser les Français, qu'est l'UMP. Nous devons nous engager sans réserve dans ce projet, c'est notre responsabilité, c'est la volonté de nos électeurs, ce sont les premiers pas de notre avenir commun que nous écrivons. Mais sans réserve ne veut pas dire sans référence, sans histoire, sans convictions. Nous devons aller vers cette nouvelle formation avec toutes nos forces, toutes nos convictions, tout notre patrimoine. L'UMP n'est pas une page blanche venue de nulle part. Elle doit se construire sur les racines des grands courants politiques qui vont l'irriguer. L'UMP est riche de cette histoire. Elle ne doit pas la nier. Elle doit s'en enrichir. C'est donc avec notre expérience et nos acquis que nous devons construire cette nouvelle formation politique. Et je veux dire que le premier de ces acquis c'est notre pratique démocratique que nous avons eu du mal à acquérir mais qui a fini par devenir réelle.
Ce n'était pas gagné d'avance tant la tradition gaulliste nous fait accepter l'aventure collective derrière le leader que nous nous sommes choisis avec un appétit naturel. Et malgré cela nous y sommes arrivés. Et petit à petit tous nos responsables jusqu'aux plus élevés ont été élus par l'ensemble des militants. La démocratie vivante, sincère, complète c'est un acquis sur lequel nul ne doit ni ne peut revenir car il est la garantie de la solidité des liens qui nous unissent. Ce dont nous avons besoin c'est d'une adhésion librement consentie de nos militants, c'est d'hommes et de femmes convaincus qui partagent les mêmes convictions, et, envisagent l'avenir ensemble. Chacun devra pouvoir se faire entendre, pourra librement choisir ses dirigeants, sera assuré de sa capacité à faire respecter son identité. Il ne faut pas avoir peur de la démocratie interne. Elle est une preuve de confiance, de force, d'avenir. Chaque fois que le débat a été ouvert, nous avons trouvé la bonne solution. Chaque fois qu'il a été fermé, nous nous sommes enfoncés un peu davantage. Il n'y a pas d'autres façons modernes de diriger une famille politique que par la confiance et donc par la démocratie. Ce que nous avions réussi à faire au RPR nous devons le consolider dans l'UMP. Et je précise que les fameux courants ne sont pas pour moi la garantie de la démocratie. D'ailleurs avoir refusé trois formations différentes pour hériter d'autant de courants ou davantage, ce serait, de mon point de vue, cumuler les inconvénients sans les avantages.
La démocratie, nous la réussirons si tous se sentent associés à la direction future de notre mouvement, et si dans la pratique de tous les jours comme au moment des grands choix, le débat entre nous peut prospérer loyalement, complètement, sincèrement. Les militants comme nos concitoyens ont bien changé depuis toutes ces dernières années. Toujours aussi enthousiastes. Toujours aussi fidèles. Toujours aussi prompt à partir pour de nouvelles campagnes. Mais moins que jamais décidé à accepter au nom de je ne sais quelles considérations comme ce fut parfois le cas dans le passé, que l'on transige avec nos idées, que l'on impose des responsables sans légitimité ou même qu'on leur explique ce qu'ils devraient penser ou dire au mépris de leurs convictions intimes. Les militants n'ont pas toujours raison mais ils n'ont pas toujours tort non plus. Et j'ai noté que bien souvent leur mécontentement était le signe précurseur de celui des Français. Sachons ne pas oublier les enseignements du passé. Les militants constituent toujours cette même immense armée. Mais ce n'est plus une armée constituée de muets du sérail. C'est bien pourquoi elle est devenue plus forte ! Mais il y a un second acquis de la culture du RPR que nous devons emporter avec nous pour le faire fructifier dans l'UMP. C'est celui de notre capacité à définir une ligne politique sans ambiguïté au service de propositions fortes. Cela n'a pas toujours été le cas dans le passé. Chaque fois que nous avons été frileux, hésitants, incertains, confus, les électeurs nous ont sanctionnés.
A l'inverse, chaque fois que nous avons assuré sans complexe et sans outrance nos différences avec la gauche, nous avons gagné. Il faut s'en souvenir. Et je le dis tout net, l'UMP ne doit pas se contenter d'une ligne politique qui ne serait que l'expression fade du plus petit dénominateur commun. Cette ligne nous conduirait à l'échec car elle nous interdirait de dire, de faire, de proposer des idées fortes sous prétexte de ne pas gêner tel ou tel aux convictions sans doute légitimes mais en l'occurrence moins affirmées. Par le débat, par la démocratie, nous devons confronter nos aspirations politiques. Certes, il faut toujours être prêt aux concessions qu'il convient, mais pas au prix du renoncement, de la tiédeur systématique ou du consensus mou. Cinq millions de Français qui ont voté pour le Front National, c'est plus qu'un avertissement c'est une alerte.
Quand la droite et la gauche cèdent à la facilité de la ressemblance, des Français exaspérés désertent alors le champ des valeurs républicaines pour se réfugier dans une protestation stérile. L'union entre nous était indispensable. Nos électeurs ne l'ont que trop attendue. Mais l'union n'est pas une fin en soi. Elle est un moyen au service d'une cause : celle d'un projet politique fort. Fort ne veut pas dire outrancier, c'est même l'inverse. L'outrance dans les propos survient toujours dans la bouche de celui qui a accumulé tant de retards qu'il cherche à le faire oublier par la violence de son propos. Rappelez-vous, ce fut le cas à propos de l'immigration où tétanisés par la pensée unique de l'époque, nous avions fini par déserter le débat des idées. D'autres ont alors pris notre place avec des idées qui n'étaient pas les nôtres. A l'inverse, avec la question de l'insécurité, nous avons compris l'attente des Français. Le Président de la République l'a mise au coeur de sa campagne.
Le Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin au centre de son action. Les socialistes ont été battus parce qu'ils n'ont pas su entendre le message des Français. Quant aux extrêmes, ils ont depuis perdu le tiers de leurs suffrages. La leçon à retenir est à mon sens simple à comprendre et à suivre ; nous ne devons pas avoir peur de dire, de faire, de mettre en oeuvre ce que nous croyons juste. C'est ainsi que nous n'avons nullement à nous excuser de décider de la baisse de l'impôt sur le revenu. Il convient au contraire de la revendiquer fortement. Et tant pis pour ceux à qui cela ne plaît pas. Après tout, on ne peut pas plaire à tout le monde. Et tant pis pour ceux qui n'ont pas compris qu'il était définitivement difficile de diminuer les impôts de ceux qui n'en payent pas. Et tant pis encore pour les socialistes qui ne l'ont jamais fait, qui ont été sanctionnés pour cela.
Et tant mieux pour ces 16 millions 800 000 familles depuis trop longtemps accablées d'impôts, qui attendaient un signe qu'enfin l'Etat les laisseraient disposer d'une plus grande partie du fruit de leur travail. Ce n'est que justice et qu'équité. Et tant mieux pour toutes ces femmes et ces hommes qui ont par la force de leur travail construit pas à pas leur propre promotion sociale. Ce sont eux qui nous ont maintes fois demandé de remettre au goût du jour ces valeurs éternelles que sont le travail, la récompense, le mérite, l'effort : c'est une grande affaire de justice sociale que de reconnaître le mérite et le travail. Et tant mieux pour notre économie qui pâtit d'un contexte international passablement déprimé et qui a besoin que l'on soutienne la demande en renforçant le pouvoir d'achat des Français justement par la réduction d'impôt.
La réduction des impôts, c'est bon pour l'économie. C'est bon pour l'emploi. C'est bon pour les Français. C'est même utile pour le montant des rentrées fiscales et donc pour la réduction des déficits dans l'avenir.
Nous l'avions promis parce que nous y croyons. Nous le faisons parce que nous l'avions dit. C'est aussi cela la morale en politique !
J'entends dire que les socialistes vont mener une grande offensive s'agissant des 35 heures. Bigre .. . J'en frémis à l'avance. Mais cela montre de façon éloquente que nos adversaires n'ont rien compris à ce qu'il leur est arrivé. Les 35 heures ont été imposées aux salariés et aux entreprises sans qu'aucun dialogue social ne soit mis en oeuvre. Elles ont été appliquées sans souplesse, sans mesure, sans précaution. Elles ont pénalisé nos compatriotes les plus modestes en leur interdisant de travailler davantage pour gagner davantage. Elles ont compliqué la tâche de nos entreprises dans la compétition rude qu'elles doivent mener chaque jour. Elles ont rendu la vie impossible à des dizaines de milliers de commerçants, d'artisans, de professionnels libéraux. Nous avions dit avant les élections que nous rendrions la liberté de travailler aux Français. Que ceux qui veulent rester aux 35 heures, le fassent. Ils le pourront. Que ceux qui veulent en faire plus pour vivre mieux, pour assurer la promotion sociale de leur famille pour augmenter la feuille de paye le fassent. Il n'était que temps de leur reconnaître ce droit. Redonner la liberté de choisir sa vie. De décider de ses priorités. D'aménager son rythme au gré de ses choix personnels faisaient partie de nos engagements. Faire confiance aux Français c'est leur rendre la liberté de décider. Nous l'avions dit, nous le faisons. C'est une heureuse nouvelle pour tous ceux qui ont espéré en notre victoire. Quant à la sécurité, que n'ai-je entendu depuis quatre mois ! Les socialistes ont d'abord prétendu que je me contentais de les copier.
Mon Dieu quel jugement cruel à mon endroit ! Autrement dit que je mettais en oeuvre ce qu'ils avaient déjà décidé mais qu'ils n'avaient pas eu le temps de faire.. en 5 ans. Il leur avait manqué certainement quelques jours ou quelques semaines. Ensuite ils ont dit que j'en faisais trop. Trop pressé. Trop entreprenant sans jamais se demander si par hasard ce n'était pas eux qui n'en avaient pas fait assez. Il y a eu aussi les chiffres de la délinquance. En juillet, ils ont monté. Ils étaient justes, il convenait de m'en accuser. En août, ils ont baissé. Ils étaient devenus faux, il convenait de me le reprocher. Cela faisait longtemps que ce n'était pas arrivé. Enfin, à force de se contredire, les socialistes ont choisi la stratégie la mieux adaptée à leur bilan : le silence. Je crains qu'ils n'aient fini par oublier mon nom. Quelle est l'alternative sur la question des sans papiers où j'ai refusé tout à la fois la régularisation globale qui pousse à l'exaspération et la brutalité qui ne peut se substituer à une authentique politique de l'immigration si longtemps défaillante. Je ne prétends pas résoudre la question de Sangatte par un coup de baguette magique mais je n'ai pas de leçon à recevoir de Mesdames Aubry et Guigou qui en 4 ans n'ont pas trouvé une minute pour visiter ces malheureux de l'autre bout du monde qui n'ont rien et qui espèrent trop de nous qui ne pouvons les accueillir tous. Je continuerai donc sans plus me soucier des commentaires des uns et des autres à mettre en oeuvre la politique que je crois juste pour donner à chaque Français la tranquillité à laquelle il a droit. Et d'abord aux plus modestes d'entre nous, ceux qui exercent les métiers les moins valorisants, ceux qui habitent le plus loin de notre centre ville privilégié, ceux qui ont chaque jour les durées de transport les plus harassantes. Je n'accepte pas l'idée que ceux de nos compatriotes qui ont les vies plus difficiles, soient également ceux qui ont peur. Peur pour leurs enfants scolarisés dans des écoles où plus personne ne veut étudier. Peur pour leur famille qui réside dans des quartiers où plus personne ne veut résider. Peur pour eux mêmes dans les transports en commun à des heures où plus personne ne veut les emprunter. Cette France là a été la grande oubliée des années Jospin. C'est à la droite Républicaine et modérée qu'il revient de lui donner l'attention et l'écoute qu'elle mérite. C'est notre conception d'une politique sociale ambitieuse. Et elle est juste cette politique ! Un dernier mot enfin. L'UMP, cette nouvelle formation, qui va tous nous abriter, sera une réussite si nous la vivons comme une aventure profondément collective. Aucun parmi nous ne peut réussir sans l'aide des autres, de tous les autres.
L'UMP sera une affaire d'équipe où ne sera pas. Nous avons notre destin en main à nous d'être assez sage pour en faire le meilleur usage. Pour comprendre qu'ensemble nous sommes fort, divisés nous ne sommes plus rien. Pour utiliser les compétences du plus grand nombre. Pour que personne ne se sente écarté, mis de côté, ignoré. Soyons assez sage pour ne pas trop anticiper les rendez-vous qui nous attendent dans le futur dont nul ne sait dans quelles conditions ils se présenteront. A trop se projeter dans l'avenir on en finit par négliger le présent, or c'est pourtant bien celui-ci que les Français nous demandent de prendre à bras le corps. L'heure n'est donc ni aux compétitions individuelles, ni aux affrontements stériles. L'heure est au rassemblement. Celui-ci n'aurait aucun sens, si au moment où nous le réalisons avec nos partenaires d'hier nous n'étions pas capables de le mettre en oeuvre entre nous.
Alain, Jean-Claude, Philippe, je serai donc l'un des vôtres avec loyauté, avec enthousiasme, avec énergie.
(Source http://www.rpr.org, le 24 septembre 2002)