Texte intégral
Actuellement, et nous nous en réjouissons tous, les principales crises sur le continent africain tendent à se stabiliser : des perspectives de paix apparaissent en Angola, en Ethiopie et en Erythrée, au Soudan et même dans les Grands Lacs. Ceci résulte pour l'essentiel des efforts des Africains eux-mêmes qu'accompagne l'engagement de la communauté internationale. Aujourd'hui, l'essentiel des moyens consacrés au maintien de la paix par les Nations unies sont déployés en Afrique.
A l'heure où nous progressons ainsi dans la résolution des conflits, il est essentiel de tout mettre en uvre pour favoriser également le développement économique du continent africain. Car il n'y pas de paix durable sans développement, ni de développement possible sans paix installée.
A ce titre, le NEPAD constitue une initiative extrêmement prometteuse par laquelle les Africains manifestent la décision de prendre en main leur destin. Tous, nous devons apporter une réponse qui soit à la hauteur des enjeux, mais aussi des efforts des Africains eux-mêmes. Pour les pays développés c'est le moment de réaffirmer leur solidarité à l'égard du destin de l'Afrique.
Cette rencontre, dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, est l'occasion de procéder à un bilan d'étape et de fixer de nouvelles perspectives.
Partant de la philosophie générale du NEPAD qui repose notamment sur le principe de partenariat et sur l'appropriation de ce projet par les Africains, plusieurs constats positifs peuvent être faits aujourd'hui.
D'abord, le NEPAD est un projet commun à toute l'Afrique, y compris l'Afrique du Nord. Ensuite, des institutions se mettent en place, à travers un comité directeur et un comité de pilotage. Enfin, de nombreux chefs d'Etat africains s'impliquent personnellement dans cette démarche : je tiens à saluer notamment les présidents Wade, Obasanjo, Mbeki, Moubarak et Bouteflika.
Dès lors, nous avons aujourd'hui toutes les raisons d'être optimistes.
Optimistes quant à la qualité des efforts africains, en premier lieu. Car l'Afrique, en se mobilisant, fait du NEPAD un élément essentiel du calendrier national, régional et international. Le continent se fixe des priorités réalistes et pertinentes : les infrastructures, l'éducation, l'eau, la lutte contre la pauvreté et la bonne gouvernance.
Autour de ces objectifs conjoints, l'Afrique met en place un processus d'évaluation de ses efforts : le mécanisme d'évaluation par les pairs. Les Africains ont donc à la fois fixé les buts à atteindre et la méthode à suivre.
Nous pouvons également être optimistes quant à la démarche des pays développés. La prise de conscience générale de l'urgence que constitue la lutte contre la pauvreté a désormais émergé. Prenant bonne note des évolutions favorables en Afrique, les pays développés sont disposés à mettre en place des relations nouvelles avec ce continent, selon une logique de partenariat. Les engagements pris à Monterrey pour un renforcement de l'aide publique au développement, alliant une mobilisation plus large des différents acteurs, publics et privés, constituent des jalons essentiels.
Quelles sont aujourd'hui les perspectives ?
L'année écoulée a été marquée par une série de rencontres qui convergent toutes vers la même idée : il faut mettre en pratique les objectifs du NEPAD.
Nous attendons donc maintenant de nos amis africains qu'ils ciblent précisément les objectifs prioritaires, qu'ils expliquent les mécanismes concrets qu'ils veulent mettre en place et qu'ils définissent le rôle exact de l'Union africaine.
Le développement constitue un défi immense. Sa réussite exige que le mouvement initié par le NEPAD s'enracine désormais profondément : le dialogue diplomatique est nécessaire, mais il n'est pas suffisant. Les Africains doivent donc mobiliser toutes les forces vives de leurs sociétés, afin de donner à cette volonté politique un contenu concret.
Le Sommet de Kananaskis a lancé un processus. Le Plan pour l'Afrique défini par le G8 a amorcé une réponse au NEPAD : il définit les grands thèmes et prévoit des moyens pour les traiter. Les pays développés doivent maintenant s'y conformer.
L'urgence, désormais, consiste à concrétiser nos engagements et à mettre en forme un partenariat structuré entre le Nord et le Sud. La France exercera la présidence du G8 à partir de 2003. Elle entend absolument mettre à profit cette année pour faire de l'Afrique une priorité et poursuivre le travail effectué à Kananaskis, afin de construire un partenariat "généreux, précis et exigeant", comme le président de la République en a émis le souhait. La France portera cette exigence et ces efforts avec détermination lors du Sommet d'Evian du G8, en juin 2003.
Nous entendons agir selon deux axes prioritaires. Premièrement, augmenter notre effort d'Aide publique au développement de 50% sur cinq ans pour mettre en oeuvre les engagements de Monterrey. Cet effort sera principalement consacré à l'Afrique. Deuxièmement, mobiliser le secteur privé et encourager les investissements en Afrique. C'est tout le sens de l'initiative franco-britannique annoncée par le président de la République française et le Premier ministre britannique au Sommet de Johannesburg.
Nous aurons plusieurs occasions de renforcer et de préciser le dialogue avec l'Afrique. Tant la Conférence franco-africaine que le Sommet européen sur l'Afrique puis le Sommet du G8 feront du NEPAD un thème majeur. Il faut parvenir à une lecture commune du partenariat et de son articulation avec le G8. Parallèlement, la notion de "responsabilité mutuelle" doit pouvoir répondre, en contrepoint, au mécanisme d'évaluation par les pairs que met en place l'Afrique.
Nous sommes, je l'espère, à l'aube d'une ère nouvelle pour l'Afrique. A travers le NEPAD vous avez conçu l'outil nécessaire. Il reste maintenant à le construire et à l'utiliser. C'est votre défi. Et c'est aussi le nôtre.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2002)
A l'heure où nous progressons ainsi dans la résolution des conflits, il est essentiel de tout mettre en uvre pour favoriser également le développement économique du continent africain. Car il n'y pas de paix durable sans développement, ni de développement possible sans paix installée.
A ce titre, le NEPAD constitue une initiative extrêmement prometteuse par laquelle les Africains manifestent la décision de prendre en main leur destin. Tous, nous devons apporter une réponse qui soit à la hauteur des enjeux, mais aussi des efforts des Africains eux-mêmes. Pour les pays développés c'est le moment de réaffirmer leur solidarité à l'égard du destin de l'Afrique.
Cette rencontre, dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, est l'occasion de procéder à un bilan d'étape et de fixer de nouvelles perspectives.
Partant de la philosophie générale du NEPAD qui repose notamment sur le principe de partenariat et sur l'appropriation de ce projet par les Africains, plusieurs constats positifs peuvent être faits aujourd'hui.
D'abord, le NEPAD est un projet commun à toute l'Afrique, y compris l'Afrique du Nord. Ensuite, des institutions se mettent en place, à travers un comité directeur et un comité de pilotage. Enfin, de nombreux chefs d'Etat africains s'impliquent personnellement dans cette démarche : je tiens à saluer notamment les présidents Wade, Obasanjo, Mbeki, Moubarak et Bouteflika.
Dès lors, nous avons aujourd'hui toutes les raisons d'être optimistes.
Optimistes quant à la qualité des efforts africains, en premier lieu. Car l'Afrique, en se mobilisant, fait du NEPAD un élément essentiel du calendrier national, régional et international. Le continent se fixe des priorités réalistes et pertinentes : les infrastructures, l'éducation, l'eau, la lutte contre la pauvreté et la bonne gouvernance.
Autour de ces objectifs conjoints, l'Afrique met en place un processus d'évaluation de ses efforts : le mécanisme d'évaluation par les pairs. Les Africains ont donc à la fois fixé les buts à atteindre et la méthode à suivre.
Nous pouvons également être optimistes quant à la démarche des pays développés. La prise de conscience générale de l'urgence que constitue la lutte contre la pauvreté a désormais émergé. Prenant bonne note des évolutions favorables en Afrique, les pays développés sont disposés à mettre en place des relations nouvelles avec ce continent, selon une logique de partenariat. Les engagements pris à Monterrey pour un renforcement de l'aide publique au développement, alliant une mobilisation plus large des différents acteurs, publics et privés, constituent des jalons essentiels.
Quelles sont aujourd'hui les perspectives ?
L'année écoulée a été marquée par une série de rencontres qui convergent toutes vers la même idée : il faut mettre en pratique les objectifs du NEPAD.
Nous attendons donc maintenant de nos amis africains qu'ils ciblent précisément les objectifs prioritaires, qu'ils expliquent les mécanismes concrets qu'ils veulent mettre en place et qu'ils définissent le rôle exact de l'Union africaine.
Le développement constitue un défi immense. Sa réussite exige que le mouvement initié par le NEPAD s'enracine désormais profondément : le dialogue diplomatique est nécessaire, mais il n'est pas suffisant. Les Africains doivent donc mobiliser toutes les forces vives de leurs sociétés, afin de donner à cette volonté politique un contenu concret.
Le Sommet de Kananaskis a lancé un processus. Le Plan pour l'Afrique défini par le G8 a amorcé une réponse au NEPAD : il définit les grands thèmes et prévoit des moyens pour les traiter. Les pays développés doivent maintenant s'y conformer.
L'urgence, désormais, consiste à concrétiser nos engagements et à mettre en forme un partenariat structuré entre le Nord et le Sud. La France exercera la présidence du G8 à partir de 2003. Elle entend absolument mettre à profit cette année pour faire de l'Afrique une priorité et poursuivre le travail effectué à Kananaskis, afin de construire un partenariat "généreux, précis et exigeant", comme le président de la République en a émis le souhait. La France portera cette exigence et ces efforts avec détermination lors du Sommet d'Evian du G8, en juin 2003.
Nous entendons agir selon deux axes prioritaires. Premièrement, augmenter notre effort d'Aide publique au développement de 50% sur cinq ans pour mettre en oeuvre les engagements de Monterrey. Cet effort sera principalement consacré à l'Afrique. Deuxièmement, mobiliser le secteur privé et encourager les investissements en Afrique. C'est tout le sens de l'initiative franco-britannique annoncée par le président de la République française et le Premier ministre britannique au Sommet de Johannesburg.
Nous aurons plusieurs occasions de renforcer et de préciser le dialogue avec l'Afrique. Tant la Conférence franco-africaine que le Sommet européen sur l'Afrique puis le Sommet du G8 feront du NEPAD un thème majeur. Il faut parvenir à une lecture commune du partenariat et de son articulation avec le G8. Parallèlement, la notion de "responsabilité mutuelle" doit pouvoir répondre, en contrepoint, au mécanisme d'évaluation par les pairs que met en place l'Afrique.
Nous sommes, je l'espère, à l'aube d'une ère nouvelle pour l'Afrique. A travers le NEPAD vous avez conçu l'outil nécessaire. Il reste maintenant à le construire et à l'utiliser. C'est votre défi. Et c'est aussi le nôtre.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2002)