Texte intégral
Mesdames et Messieurs, chers amis, pardonnez-moi de vous infliger un petit discours, j'essaierai d'être bref, mais vous comprendrez que je veuille saisir l'occasion qui m'est offerte par M. l'ambassadeur, que je remercie de vous avoir réunis, pour vous dire quelques mots.
Je voudrais d'abord vous dire le plaisir que j'éprouve à être ici, à Nairobi, que j'avais entr'aperçu il y a une douzaine d'années, avec une autre casquette, mais où je viens cette fois comme ministre du gouvernement français, le premier à y revenir depuis huit ans. C'est dire si les visites ministérielles ne sont pas la première préoccupation des ambassadeurs à Nairobi - mais je le dis en plaisantant parce que je sais que vous avez consacré beaucoup de soin à la réussite de cette mission.
Je voudrais, Mesdames et Messieurs, vous dire qu'à l'occasion des entretiens que j'ai eus ce matin j'ai pu mesurer la très bonne image qu'a la communauté française dans ce pays.
La France a des relations anciennes, fortes, avec beaucoup de pays africains, car héritée de l'histoire, mais il est vrai que c'était surtout avec les pays francophones, et que symétriquement la France semblait nourrir une certaine ignorance vis-à-vis des pays de l'autre Afrique, anglophone celle-ci.
Je suis heureux de pouvoir illustrer par ce voyage la réforme de la coopération française, voulue très fortement par Lionel Jospin, que j'ai conduite en liaison avec Hubert Védrine, et qui avait pour ambition d'ouvrir la France à toute l'Afrique et de permettre une coopération avec les pays d'Afrique qui le souhaitaient. Une coopération qui a les moyens de son efficacité, puisqu'aussi bien nous avons redessiné la zone de solidarité prioritaire de la France, c'est de la responsabilité du comité interministériel que préside le Premier ministre et que nous y avons inscrit à peu près tous les pays de votre zone, hormis le Botswana et le Malawi notamment. Si pour le Botswana les statistiques rendent peu probable que nous puissions modifier la carte de la ZSP, pour le Malawi, qui compte - hélas ! - parmi les pays les plus pauvres de la planète, nous allons examiner ce dessin peut-être quelque peu modifié. L'intérêt de cette inscription dans la ZSP, c'est la possibilité de mobiliser, ici au Kenya, les outils de la coopération que représentent en particulier l'Agence française de développement et sa filiale Proparco, qui, pour une fois, s'est d'ailleurs installée avant l'Agence, puisque Proparco était là en 1995 et l'Agence en 1997.
Depuis ce matin, j'ai rencontré plusieurs responsable kenyans, à commencer par la Président, que j'avais d'ailleurs salué lors du sommet Afrique-France au mois de décembre dernier à Paris ; j'ai vu également le ministre des Affaires étrangères, M. Godana, que j'avais rencontré lui à New-York il y a un mois ; j'ai vu aussi le nouveau ministre des Finances, M. Okemo, et je crois que ces trois entretiens ont permis de faire un large tour d'horizon, comme on dit, de la situation, en particulier de la situation internationale, mais nous avons aussi consolidé une coopération qui se développe je crois à un bon niveau.
Le Kenya considère l'intégration économique régionale comme un vecteur important, il revendique un rôle moteur dans la construction de la Comesa, de l'East African Cooperation ou dans le renforcement de l'IGAD.
La France partage cette ambition, cet espoir, et j'ai pu dire à mes interlocuteurs que nous appuyions aussi les mesures de redressement et de réforme de la gouvernance économique entreprises par les autorités. Je disais cet après-midi que la lutte engagée contre la corruption est certainement le plus sûr moyen d'attirer les investisseurs français et européens dans ce pays.
La montée en puissance du bureau régional de l'Agence française de développement, ouvert il y a deux ans, concrétise en tous cas notre engagement et illustre notre volonté de contribuer au développement de ce pays et de cette région. Et dans le même sens, d'importants volets de coopération technique vont être ouverts qui mobiliseront l'expertise française. J'ai dit ma confiance, à mes interlocuteurs, dans la compétitivité des entreprises françaises déjà présentes au Kenya où qui désirent y venir.
Le potentiel du Kenya est en effet important, vous le mesurez tous les jours, nous avons un intérêt mutuel au développement de nos échanges industriels et commerciaux. J'espère que vos projets seront encouragés et que vous participerez de cette relation nouvelle entre nos pays. Je rappelle, par exemple, les projets de privatisation qui se profilent et l'appel très direct du ministre des Finances pour que les entreprises françaises s'intéressent aussi bien à la privatisation des télécommunications que du secteur bancaire ou de celui des assurances.
Mais j'ai pu constater aussi une autre présence française, c'est la présence culturelle. J'ai observé une demande croissante de notre langue, qui rencontre - et c'est heureux - un outil d'enseignement adapté, efficace, intégré à une action culturelle ambitieuse. J'ai visité cet après-midi la Maison de France, dont j'ai pu admirer - par rapport à d'autres que j'avais visitées sous d'autres cieux - la parfaite fonctionnalité, l'excellente situation dans la ville, même si les encombrements en compliquent parfois l'accès. Mais nous pouvons je pense aussi être fiers du lycée Diderot, comme de la Maison française, qui est désormais un des principaux, sinon le principal lieu culturel dans la capitale kenyane. Et que dire de l'Alliance Française, qui fête ses 50 ans au Kenya, sinon souhaiter à ses responsables de conserver le même enthousiasme et de poursuivre le même travail fécond.
Le ministre de la Francophonie que je suis également entend souvent la plainte exprimée dans les pays francophones : l'anglais y progresserait. Et alors ? Faut-il à ce point s'en inquiéter ? Est-ce que de notre côté nous ne faisons pas des efforts pour que nos enfants apprenent mieux l'anglais ? Comment reprocher à des Africains de l'Ouest, francophones, d'encourager leurs enfants à apprendre cette langue qui de toute évidence est aussi une des langues essentielles de communication en Afrique. Mais plus intéressant, c'est l'appétance de français que j'observe dans les pays anglophones. Le Kenya en est un bon exemple.
Je crois qu'il faut se mettre en situation de pouvoir répondre à cette demande. Plus importante enfin est la bataille que nous avons engagée pour que la diversité culturelle soit reconnue, soutenue par nos partenaires européens et si possible recueille un large assentiment d'autres pays sur d'autres continents. Je m'y emploie, en Asie où j'étais la semaine dernière, où en Amérique Latine, par exemple, de façon à faire prévaloir l'idée qu'un monde multipolaire culturel est indispensable, que la culture n'est pas une marchandise, qu'il vaudrait mieux en parler à l'UNESCO qu'à l'Organisation mondiale du commerce.
Je voudrais dire un mot maintenant d'un autre dossier qui je sais vous préoccupe, et à juste titre, c'est celui de la sécurité. J'ai dit les signes positifs que je ressentais ici et qui facilitent la présence française, mais je sais que ce dossier de la sécurité fait partie des lourdes difficultés que vous rencontrez au quotidien. Je voudrais vous dire que le gouvernement français y est très attentif, c'est un souci majeur pour nous. Sans sécurité, pas de coopération, pas d'investissements, pas de relations pérennes et confiantes. Les Français expatriés ont d'ailleurs pu observer, trop souvent l'année dernière, qu'à chaque événement grave, le gouvernement met tout en oeuvre pour garantir la sécurité de nos compatriotes. J'ai d'ailleurs voulu tout à l'heure manifester notre solidarité avec les victimes de l'attentat du 7 août 1998, en déposant une gerbe à leur mémoire, en notre nom à tous. Pardonnez-moi de terminer sur cette note un peu grave, mais je voudrais exprimer surtout l'espoir que jamais des circonstances comparables ne se reproduisent.
Mesdames et Messieurs, même si on ne le vous fait pas savoir suffisamment, même si on ne vous visite pas autant qu'il le faudrait, je voudrais vous convaincre que nous savons le rôle que vous jouez ici, nous savons que la présence française c'est vous. Ce sont, sans doute, heureusement, les ambassadeurs, les personnels diplomatiques, les enseignants français, mais c'est plus globalement chaque Française et Français dans son entreprise, dans son travail quotidien, dans son association parfois, qui sont garants de cette présence et de cette influence.
Et puisque la France a l'ambition d'avoir une diplomatie universelle - je le disais cet après-midi, nous avons probablement le réseau diplomatique le plus dense au monde - cela nous vaut quelques contraintes, mais je crois qu'il est important que la France puisse continuer d'être à l'échelle de la planète une puissance diplomatique écoutée surtout dans les pays en développement, qui la reconnaissent comme un interlocuteur qui a une longue histoire commune avec eux.
Je voudrais conclure mon propos en remerciant à nouveau M. Depaigne pour cette réunion, vous saluer tous, saluer évidemment les Bretons qui sont ici. Pardon d'avoir cette note tout à fait régionaliste, mais j'ai promis à mes électeurs de saluer leurs compatriotes à chaque fois que je me déplace, et fort heureusement j'en rencontre assez souvent. Je conclus comme souvent par le mot de Jean Guehenno qui disait que, quand deux Bretons sont dans une foule, il est à peu près sûr qu'ils vont se retrouver, jusque là c'est sympathique, le reste l'est un peu moins, parce qu'il conclut "et il faudra que tout le monde le sache".
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 octobre 1999)
Je voudrais d'abord vous dire le plaisir que j'éprouve à être ici, à Nairobi, que j'avais entr'aperçu il y a une douzaine d'années, avec une autre casquette, mais où je viens cette fois comme ministre du gouvernement français, le premier à y revenir depuis huit ans. C'est dire si les visites ministérielles ne sont pas la première préoccupation des ambassadeurs à Nairobi - mais je le dis en plaisantant parce que je sais que vous avez consacré beaucoup de soin à la réussite de cette mission.
Je voudrais, Mesdames et Messieurs, vous dire qu'à l'occasion des entretiens que j'ai eus ce matin j'ai pu mesurer la très bonne image qu'a la communauté française dans ce pays.
La France a des relations anciennes, fortes, avec beaucoup de pays africains, car héritée de l'histoire, mais il est vrai que c'était surtout avec les pays francophones, et que symétriquement la France semblait nourrir une certaine ignorance vis-à-vis des pays de l'autre Afrique, anglophone celle-ci.
Je suis heureux de pouvoir illustrer par ce voyage la réforme de la coopération française, voulue très fortement par Lionel Jospin, que j'ai conduite en liaison avec Hubert Védrine, et qui avait pour ambition d'ouvrir la France à toute l'Afrique et de permettre une coopération avec les pays d'Afrique qui le souhaitaient. Une coopération qui a les moyens de son efficacité, puisqu'aussi bien nous avons redessiné la zone de solidarité prioritaire de la France, c'est de la responsabilité du comité interministériel que préside le Premier ministre et que nous y avons inscrit à peu près tous les pays de votre zone, hormis le Botswana et le Malawi notamment. Si pour le Botswana les statistiques rendent peu probable que nous puissions modifier la carte de la ZSP, pour le Malawi, qui compte - hélas ! - parmi les pays les plus pauvres de la planète, nous allons examiner ce dessin peut-être quelque peu modifié. L'intérêt de cette inscription dans la ZSP, c'est la possibilité de mobiliser, ici au Kenya, les outils de la coopération que représentent en particulier l'Agence française de développement et sa filiale Proparco, qui, pour une fois, s'est d'ailleurs installée avant l'Agence, puisque Proparco était là en 1995 et l'Agence en 1997.
Depuis ce matin, j'ai rencontré plusieurs responsable kenyans, à commencer par la Président, que j'avais d'ailleurs salué lors du sommet Afrique-France au mois de décembre dernier à Paris ; j'ai vu également le ministre des Affaires étrangères, M. Godana, que j'avais rencontré lui à New-York il y a un mois ; j'ai vu aussi le nouveau ministre des Finances, M. Okemo, et je crois que ces trois entretiens ont permis de faire un large tour d'horizon, comme on dit, de la situation, en particulier de la situation internationale, mais nous avons aussi consolidé une coopération qui se développe je crois à un bon niveau.
Le Kenya considère l'intégration économique régionale comme un vecteur important, il revendique un rôle moteur dans la construction de la Comesa, de l'East African Cooperation ou dans le renforcement de l'IGAD.
La France partage cette ambition, cet espoir, et j'ai pu dire à mes interlocuteurs que nous appuyions aussi les mesures de redressement et de réforme de la gouvernance économique entreprises par les autorités. Je disais cet après-midi que la lutte engagée contre la corruption est certainement le plus sûr moyen d'attirer les investisseurs français et européens dans ce pays.
La montée en puissance du bureau régional de l'Agence française de développement, ouvert il y a deux ans, concrétise en tous cas notre engagement et illustre notre volonté de contribuer au développement de ce pays et de cette région. Et dans le même sens, d'importants volets de coopération technique vont être ouverts qui mobiliseront l'expertise française. J'ai dit ma confiance, à mes interlocuteurs, dans la compétitivité des entreprises françaises déjà présentes au Kenya où qui désirent y venir.
Le potentiel du Kenya est en effet important, vous le mesurez tous les jours, nous avons un intérêt mutuel au développement de nos échanges industriels et commerciaux. J'espère que vos projets seront encouragés et que vous participerez de cette relation nouvelle entre nos pays. Je rappelle, par exemple, les projets de privatisation qui se profilent et l'appel très direct du ministre des Finances pour que les entreprises françaises s'intéressent aussi bien à la privatisation des télécommunications que du secteur bancaire ou de celui des assurances.
Mais j'ai pu constater aussi une autre présence française, c'est la présence culturelle. J'ai observé une demande croissante de notre langue, qui rencontre - et c'est heureux - un outil d'enseignement adapté, efficace, intégré à une action culturelle ambitieuse. J'ai visité cet après-midi la Maison de France, dont j'ai pu admirer - par rapport à d'autres que j'avais visitées sous d'autres cieux - la parfaite fonctionnalité, l'excellente situation dans la ville, même si les encombrements en compliquent parfois l'accès. Mais nous pouvons je pense aussi être fiers du lycée Diderot, comme de la Maison française, qui est désormais un des principaux, sinon le principal lieu culturel dans la capitale kenyane. Et que dire de l'Alliance Française, qui fête ses 50 ans au Kenya, sinon souhaiter à ses responsables de conserver le même enthousiasme et de poursuivre le même travail fécond.
Le ministre de la Francophonie que je suis également entend souvent la plainte exprimée dans les pays francophones : l'anglais y progresserait. Et alors ? Faut-il à ce point s'en inquiéter ? Est-ce que de notre côté nous ne faisons pas des efforts pour que nos enfants apprenent mieux l'anglais ? Comment reprocher à des Africains de l'Ouest, francophones, d'encourager leurs enfants à apprendre cette langue qui de toute évidence est aussi une des langues essentielles de communication en Afrique. Mais plus intéressant, c'est l'appétance de français que j'observe dans les pays anglophones. Le Kenya en est un bon exemple.
Je crois qu'il faut se mettre en situation de pouvoir répondre à cette demande. Plus importante enfin est la bataille que nous avons engagée pour que la diversité culturelle soit reconnue, soutenue par nos partenaires européens et si possible recueille un large assentiment d'autres pays sur d'autres continents. Je m'y emploie, en Asie où j'étais la semaine dernière, où en Amérique Latine, par exemple, de façon à faire prévaloir l'idée qu'un monde multipolaire culturel est indispensable, que la culture n'est pas une marchandise, qu'il vaudrait mieux en parler à l'UNESCO qu'à l'Organisation mondiale du commerce.
Je voudrais dire un mot maintenant d'un autre dossier qui je sais vous préoccupe, et à juste titre, c'est celui de la sécurité. J'ai dit les signes positifs que je ressentais ici et qui facilitent la présence française, mais je sais que ce dossier de la sécurité fait partie des lourdes difficultés que vous rencontrez au quotidien. Je voudrais vous dire que le gouvernement français y est très attentif, c'est un souci majeur pour nous. Sans sécurité, pas de coopération, pas d'investissements, pas de relations pérennes et confiantes. Les Français expatriés ont d'ailleurs pu observer, trop souvent l'année dernière, qu'à chaque événement grave, le gouvernement met tout en oeuvre pour garantir la sécurité de nos compatriotes. J'ai d'ailleurs voulu tout à l'heure manifester notre solidarité avec les victimes de l'attentat du 7 août 1998, en déposant une gerbe à leur mémoire, en notre nom à tous. Pardonnez-moi de terminer sur cette note un peu grave, mais je voudrais exprimer surtout l'espoir que jamais des circonstances comparables ne se reproduisent.
Mesdames et Messieurs, même si on ne le vous fait pas savoir suffisamment, même si on ne vous visite pas autant qu'il le faudrait, je voudrais vous convaincre que nous savons le rôle que vous jouez ici, nous savons que la présence française c'est vous. Ce sont, sans doute, heureusement, les ambassadeurs, les personnels diplomatiques, les enseignants français, mais c'est plus globalement chaque Française et Français dans son entreprise, dans son travail quotidien, dans son association parfois, qui sont garants de cette présence et de cette influence.
Et puisque la France a l'ambition d'avoir une diplomatie universelle - je le disais cet après-midi, nous avons probablement le réseau diplomatique le plus dense au monde - cela nous vaut quelques contraintes, mais je crois qu'il est important que la France puisse continuer d'être à l'échelle de la planète une puissance diplomatique écoutée surtout dans les pays en développement, qui la reconnaissent comme un interlocuteur qui a une longue histoire commune avec eux.
Je voudrais conclure mon propos en remerciant à nouveau M. Depaigne pour cette réunion, vous saluer tous, saluer évidemment les Bretons qui sont ici. Pardon d'avoir cette note tout à fait régionaliste, mais j'ai promis à mes électeurs de saluer leurs compatriotes à chaque fois que je me déplace, et fort heureusement j'en rencontre assez souvent. Je conclus comme souvent par le mot de Jean Guehenno qui disait que, quand deux Bretons sont dans une foule, il est à peu près sûr qu'ils vont se retrouver, jusque là c'est sympathique, le reste l'est un peu moins, parce qu'il conclut "et il faudra que tout le monde le sache".
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 octobre 1999)