Texte intégral
A. Hausser.- La rentrée parlementaire, c'est pour demain mais l'UMP organise sa journée parlementaire aujourd'hui. C'est quand même très peu quand on sait qu'autrefois, il y avait deux ou trois jours de journées parlementaires de préparation à une session. Vous avez un programme pourtant très chargé - vous vous en vantiez beaucoup...
- "Le choix de J. Barrot et de B. Accoyer a été d'organiser effectivement une première journée de travail. L'idée, d'ailleurs, est d'aller au-delà puisque tous les mois, il y aura une journée thématique dans laquelle on fera plancher tous les ministres ou ceux qui ont des textes importants, sur tous les sujets. Cela peut être la rentrée sociale, la rentrée économique, et puis toutes les grandes questions de sécurité ou de décentralisation. De quoi donner beaucoup d'informations et surtout avoir beaucoup de remontées de terrain de la part des parlementaires."
Il y a une grande première : vous ne rassemblez pas députés et sénateurs. C'est parce que les députés sont trop nombreux ?
- "Si, de manière alternative, il y a des ateliers prévus au Sénat et à l'Assemblée sur ces différents sujets. Et donc, chacun pourra ainsi se retrouver."
Pas ensemble ?
- "Il y a un problème de nombre et c'est vrai qu'il y a beaucoup de thèmes à traiter. Donc, le choix retenu a été de dire : on alterne au Sénat et à l'Assemblée en fonction des thèmes. Les députés et sénateurs étant les bienvenus."
Vous avez, je le disais, un programme très chargé. On commence par l'aménagement du temps de travail - certains disent "la suppression des 35 heures"-, ensuite le budget, il y a aussi une réforme constitutionnelle. Comment allez-vous mettre tout cela en...
- "D'abord, ce n'est pas parce que certains disent "la suppression", que c'est la suppression, il s'agit bien de l'assouplissement. Comment va-t-on organiser tout cela ? Tout simplement sur la base d'un calendrier très chargé. Mais c'est l'actualité qui l'exige. Nous avons quelques grands rendez-vous à prendre pour tenir l'ensemble des engagements qui ont été présentés aux Français lors du premier semestre de cette année 2002. Et c'est vrai que les trois grands rendez-vous, c'est un rendez-vous économique et social, un rendez-vous sur les questions régaliennes : sécurité, justice, défense. Et troisièmement, le grand rendez-vous avec la décentralisation et la réforme de l'Etat. Sur tous ces sujets, il y a beaucoup à faire et on aura une session très chargée."
Comment pouvez-vous vous délocaliser - c'est ce que vous avait demandé le Premier ministre -, en période de session parlementaire ?
- "C'est une délocalisation qui vise surtout à prendre le pouls du terrain. C'est par exemple l'exercice auquel s'est livré J.-J. Aillagon. L'idée c'est tout simplement d'aller passer quelques jours avec son administration dans des régions pour bien voir précisément les problèmes qui se posent, les attentes des gens, des responsables locaux et aussi des habitants en matière de réformes. Et donc, pour chacun des grands ministères, l'idée est de faire en sorte que l'on voie un peu sur le terrain la différence qui peut exister entre ce qui se décide à Paris et ce qui se fait sur place."
C'est très formel quand même.
- "C'est une première. Ce n'est pas parce qu'on prend des initiatives qu'il faut commencer par les critiquer ou être sceptique. Ce qui est intéressant c'est d'essayer différentes formules. C'est à cela qu'on se livre et je trouve que c'est plutôt original de voir des ministres qui vont sur le terrain, écouter, échanger."
C'est la moindre des choses non ?!
- "Je suis bien d'accord avec vous, c'est la moindre des choses, comme quoi on peut innover à tout instant."
Vous êtes à l'écoute du Parlement dites-vous. En général, les députés et les sénateurs sont à l'écoute de la population. En période d'augmentation du chômage, l'emploi ne redevient-il pas la première préoccupation avant la sécurité ?
- "Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut hiérarchiser les choses et faire une course en tête entre première ou deuxième priorité. Il y a clairement deux priorités exprimées par les Français depuis de nombreux mois : l'une, c'est le rétablissement de la sécurité, de tout le volet régalien. Et sur ce point, nous sommes déterminés à mettre en oeuvre toutes les mesures qui s'imposent. Et de l'autre, effectivement, les mesures de soutien à l'emploi. Et vous avez vu que sur ce point, le Premier ministre a été très clair. Notre stratégie repose sur deux jambes équilibrées : d'un côté, le soutien au pouvoir d'achat - parce qu'il faut inciter à la consommation, à l'investissement, à l'embauche -, et de l'autre, le soutien à l'emploi. Dans un cas, c'est la baisse des impôts, l'abondement de la PPE, l'augmentation progressive du Smic dans des proportions inédites - c'est tout ce qui concerne les bas salaires. Et de l'autre..."
...Et plus de contrats emploi solidarité ?
- "...Attendez, j'y viens. Et de l'autre, une politique d'allégement du coût du travail. Car nous savons bien que la lutte contre le chômage passe par la capacité des entreprises françaises à pouvoir embaucher. Pour nous, la clé de la lutte contre le chômage, c'est la capacité du secteur des entreprises à embaucher et non pas exclusivement du secteur public. Sinon, on retombe dans les errements passés. Et vous l'avez vu, cela a conduit à des situations budgétaires absolument calamiteuses. C'est cela aujourd'hui que nous essayons de redresser."
Mais quand le patronat vous dit que la baisse des charges va à peine compenser l'augmentation du Smic, que répondez-vous ?
- "Je réponds qu'il faut regarder entreprise par entreprise. Nous avons fait délibérément le choix de donner aux PME, dont nous savons qu'elles sont aujourd'hui les premières créatrices d'emplois, toutes les marges de manoeuvre nécessaires pour embaucher. C'est à cela que nous nous attelons avec le choix que nous avons fait en matière d'allégement des charges sociales."
Régulièrement, le Gouvernement veut revaloriser le Parlement, veut lui donner plus de place. Mais il y a toujours un décalage entre les textes qui sont examinés au Parlement - ne serait-ce que parce que c'est le processus -, et ce qui fait débat dans l'opinion. Alors là, on recommence : on a eu donc la suppression... enfin, plutôt l'aménagement des 35 heures, mais en fait, ce qui fait débat maintenant, c'est l'aménagement du Code pénal et éventuellement la situation en Corse. Est-ce qu'on va construire... est-ce qu'on va réunir les prisonniers corses dans l'île ? Va-t-on réaménager le statut de la Corse ? Car là, encore une fois, ce n'est pas établi. Comment pouvez-vous concilier ce décalage ?
- "Vous me disiez tout à l'heure qu'une des priorités c'était l'emploi. Donc, dans le domaine de l'emploi, il y a tout un volet économique et social que nous mettons en oeuvre. Maintenant, sur tout ce qui concerne la sécurité, vous avez vu que l'action conduite par N. Sarkozy comme par D. Perben, vise à réorganiser, à rendre plus efficace tout ce qui touche à l'autorité de l'Etat. Cela concerne la sécurité, cela concerne la justice. Alors, effectivement, il y a beaucoup de sujets différents, c'est vrai que les ministres sont aujourd'hui sur tous les fronts. Pour ce qui concerne la Corse, vous savez que pour le Gouvernement, et cela a été l'un des grands messages de N. Sarkozy et de J.-P. Raffarin lors de leur déplacement en Corse, c'est évidemment d'ouvrir au dialogue, largement, et de faire en sorte que la Corse bénéficie largement de tout ce qui touche aujourd'hui aux grandes questions de décentralisation, de réforme de l'Etat, d'expérimentation. En même temps, il y a une ligne jaune qui sera pas franchie, c'est tout ce qui touche à la violence, effectivement."
Mais fallait-il autant critiquer le processus de Matignon ?
- "Ce qui a été très lourdement reproché à l'époque - et comment ne pas l'avoir reproché ? -, c'est le fait qu'on interdise aux autres régions françaises qu'à la Corse, ce droit à l'expérimentation. Aujourd'hui, cette chose-là va changer puisque le droit à l'expérimentation sera introduit dans l'ensemble du territoire national. Et donc, il n'y a aucune raison, bien au contraire. Tout doit être fait pour permettre à la Corse d'être, si je puis m'exprimer ainsi, en "pole position" dans ce domaine, si elle le souhaite."
Et concernant la réforme du Code pénal sur laquelle travaille N. Sarkozy, on entend déjà des voix s'élever, disant que c'est un projet liberticide.
- "Vous connaissez l'histoire, elle est éternelle : il y a d'un côté ceux qui agissent, et de l'autre, ceux qui donnent les bons et les mauvais points. Dans ce domaine-là, je pense que nous ne pouvons pas caler. Les sujets traités méthodiquement par N. Sarkozy sont ceux qui empoisonnent la vie des Français et pour lesquels il faut des réponses concrètes. Sinon, cela veut dire qu'on n'aurait rien compris au message du 21 avril. Des sujets aussi concrets que le problèmes des gens du voyage, la prostitution, la mendicité, les bandes qui sont dans les halls d'immeubles et qui génèrent de l'insécurité. Pour tout cela, aujourd'hui, le Code pénal n'est pas adapté, il faut le changer. Et nous sommes déterminés à le faire. En tenant compte, bien entendu, de la situation, de la nécessaire approche pragmatique, réaliste, soucieuse des droits, mais en même temps très ferme, dès lors qu'il s'agit d'atteinte à la liberté des gens."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 sept 2002)
- "Le choix de J. Barrot et de B. Accoyer a été d'organiser effectivement une première journée de travail. L'idée, d'ailleurs, est d'aller au-delà puisque tous les mois, il y aura une journée thématique dans laquelle on fera plancher tous les ministres ou ceux qui ont des textes importants, sur tous les sujets. Cela peut être la rentrée sociale, la rentrée économique, et puis toutes les grandes questions de sécurité ou de décentralisation. De quoi donner beaucoup d'informations et surtout avoir beaucoup de remontées de terrain de la part des parlementaires."
Il y a une grande première : vous ne rassemblez pas députés et sénateurs. C'est parce que les députés sont trop nombreux ?
- "Si, de manière alternative, il y a des ateliers prévus au Sénat et à l'Assemblée sur ces différents sujets. Et donc, chacun pourra ainsi se retrouver."
Pas ensemble ?
- "Il y a un problème de nombre et c'est vrai qu'il y a beaucoup de thèmes à traiter. Donc, le choix retenu a été de dire : on alterne au Sénat et à l'Assemblée en fonction des thèmes. Les députés et sénateurs étant les bienvenus."
Vous avez, je le disais, un programme très chargé. On commence par l'aménagement du temps de travail - certains disent "la suppression des 35 heures"-, ensuite le budget, il y a aussi une réforme constitutionnelle. Comment allez-vous mettre tout cela en...
- "D'abord, ce n'est pas parce que certains disent "la suppression", que c'est la suppression, il s'agit bien de l'assouplissement. Comment va-t-on organiser tout cela ? Tout simplement sur la base d'un calendrier très chargé. Mais c'est l'actualité qui l'exige. Nous avons quelques grands rendez-vous à prendre pour tenir l'ensemble des engagements qui ont été présentés aux Français lors du premier semestre de cette année 2002. Et c'est vrai que les trois grands rendez-vous, c'est un rendez-vous économique et social, un rendez-vous sur les questions régaliennes : sécurité, justice, défense. Et troisièmement, le grand rendez-vous avec la décentralisation et la réforme de l'Etat. Sur tous ces sujets, il y a beaucoup à faire et on aura une session très chargée."
Comment pouvez-vous vous délocaliser - c'est ce que vous avait demandé le Premier ministre -, en période de session parlementaire ?
- "C'est une délocalisation qui vise surtout à prendre le pouls du terrain. C'est par exemple l'exercice auquel s'est livré J.-J. Aillagon. L'idée c'est tout simplement d'aller passer quelques jours avec son administration dans des régions pour bien voir précisément les problèmes qui se posent, les attentes des gens, des responsables locaux et aussi des habitants en matière de réformes. Et donc, pour chacun des grands ministères, l'idée est de faire en sorte que l'on voie un peu sur le terrain la différence qui peut exister entre ce qui se décide à Paris et ce qui se fait sur place."
C'est très formel quand même.
- "C'est une première. Ce n'est pas parce qu'on prend des initiatives qu'il faut commencer par les critiquer ou être sceptique. Ce qui est intéressant c'est d'essayer différentes formules. C'est à cela qu'on se livre et je trouve que c'est plutôt original de voir des ministres qui vont sur le terrain, écouter, échanger."
C'est la moindre des choses non ?!
- "Je suis bien d'accord avec vous, c'est la moindre des choses, comme quoi on peut innover à tout instant."
Vous êtes à l'écoute du Parlement dites-vous. En général, les députés et les sénateurs sont à l'écoute de la population. En période d'augmentation du chômage, l'emploi ne redevient-il pas la première préoccupation avant la sécurité ?
- "Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut hiérarchiser les choses et faire une course en tête entre première ou deuxième priorité. Il y a clairement deux priorités exprimées par les Français depuis de nombreux mois : l'une, c'est le rétablissement de la sécurité, de tout le volet régalien. Et sur ce point, nous sommes déterminés à mettre en oeuvre toutes les mesures qui s'imposent. Et de l'autre, effectivement, les mesures de soutien à l'emploi. Et vous avez vu que sur ce point, le Premier ministre a été très clair. Notre stratégie repose sur deux jambes équilibrées : d'un côté, le soutien au pouvoir d'achat - parce qu'il faut inciter à la consommation, à l'investissement, à l'embauche -, et de l'autre, le soutien à l'emploi. Dans un cas, c'est la baisse des impôts, l'abondement de la PPE, l'augmentation progressive du Smic dans des proportions inédites - c'est tout ce qui concerne les bas salaires. Et de l'autre..."
...Et plus de contrats emploi solidarité ?
- "...Attendez, j'y viens. Et de l'autre, une politique d'allégement du coût du travail. Car nous savons bien que la lutte contre le chômage passe par la capacité des entreprises françaises à pouvoir embaucher. Pour nous, la clé de la lutte contre le chômage, c'est la capacité du secteur des entreprises à embaucher et non pas exclusivement du secteur public. Sinon, on retombe dans les errements passés. Et vous l'avez vu, cela a conduit à des situations budgétaires absolument calamiteuses. C'est cela aujourd'hui que nous essayons de redresser."
Mais quand le patronat vous dit que la baisse des charges va à peine compenser l'augmentation du Smic, que répondez-vous ?
- "Je réponds qu'il faut regarder entreprise par entreprise. Nous avons fait délibérément le choix de donner aux PME, dont nous savons qu'elles sont aujourd'hui les premières créatrices d'emplois, toutes les marges de manoeuvre nécessaires pour embaucher. C'est à cela que nous nous attelons avec le choix que nous avons fait en matière d'allégement des charges sociales."
Régulièrement, le Gouvernement veut revaloriser le Parlement, veut lui donner plus de place. Mais il y a toujours un décalage entre les textes qui sont examinés au Parlement - ne serait-ce que parce que c'est le processus -, et ce qui fait débat dans l'opinion. Alors là, on recommence : on a eu donc la suppression... enfin, plutôt l'aménagement des 35 heures, mais en fait, ce qui fait débat maintenant, c'est l'aménagement du Code pénal et éventuellement la situation en Corse. Est-ce qu'on va construire... est-ce qu'on va réunir les prisonniers corses dans l'île ? Va-t-on réaménager le statut de la Corse ? Car là, encore une fois, ce n'est pas établi. Comment pouvez-vous concilier ce décalage ?
- "Vous me disiez tout à l'heure qu'une des priorités c'était l'emploi. Donc, dans le domaine de l'emploi, il y a tout un volet économique et social que nous mettons en oeuvre. Maintenant, sur tout ce qui concerne la sécurité, vous avez vu que l'action conduite par N. Sarkozy comme par D. Perben, vise à réorganiser, à rendre plus efficace tout ce qui touche à l'autorité de l'Etat. Cela concerne la sécurité, cela concerne la justice. Alors, effectivement, il y a beaucoup de sujets différents, c'est vrai que les ministres sont aujourd'hui sur tous les fronts. Pour ce qui concerne la Corse, vous savez que pour le Gouvernement, et cela a été l'un des grands messages de N. Sarkozy et de J.-P. Raffarin lors de leur déplacement en Corse, c'est évidemment d'ouvrir au dialogue, largement, et de faire en sorte que la Corse bénéficie largement de tout ce qui touche aujourd'hui aux grandes questions de décentralisation, de réforme de l'Etat, d'expérimentation. En même temps, il y a une ligne jaune qui sera pas franchie, c'est tout ce qui touche à la violence, effectivement."
Mais fallait-il autant critiquer le processus de Matignon ?
- "Ce qui a été très lourdement reproché à l'époque - et comment ne pas l'avoir reproché ? -, c'est le fait qu'on interdise aux autres régions françaises qu'à la Corse, ce droit à l'expérimentation. Aujourd'hui, cette chose-là va changer puisque le droit à l'expérimentation sera introduit dans l'ensemble du territoire national. Et donc, il n'y a aucune raison, bien au contraire. Tout doit être fait pour permettre à la Corse d'être, si je puis m'exprimer ainsi, en "pole position" dans ce domaine, si elle le souhaite."
Et concernant la réforme du Code pénal sur laquelle travaille N. Sarkozy, on entend déjà des voix s'élever, disant que c'est un projet liberticide.
- "Vous connaissez l'histoire, elle est éternelle : il y a d'un côté ceux qui agissent, et de l'autre, ceux qui donnent les bons et les mauvais points. Dans ce domaine-là, je pense que nous ne pouvons pas caler. Les sujets traités méthodiquement par N. Sarkozy sont ceux qui empoisonnent la vie des Français et pour lesquels il faut des réponses concrètes. Sinon, cela veut dire qu'on n'aurait rien compris au message du 21 avril. Des sujets aussi concrets que le problèmes des gens du voyage, la prostitution, la mendicité, les bandes qui sont dans les halls d'immeubles et qui génèrent de l'insécurité. Pour tout cela, aujourd'hui, le Code pénal n'est pas adapté, il faut le changer. Et nous sommes déterminés à le faire. En tenant compte, bien entendu, de la situation, de la nécessaire approche pragmatique, réaliste, soucieuse des droits, mais en même temps très ferme, dès lors qu'il s'agit d'atteinte à la liberté des gens."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 sept 2002)