Allocution de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, devant la communauté française à Phnom Penh, le 8, et son discours d'ouverture devant la commission mixte franco-cambodgienne le 9 mai 2000, sur les relations franco-cambodgiennes, la coopération entre les deux pays et l'aide de la France au Cambodge, Phnom Penh (Cambodge) les 8 et 9 mai 2000.

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Circonstance : Réunion de la 3eme session de la Commission mixte franco-cambodgienne à Phnom Penh (Cambodge) le 9 mai 2000

Texte intégral

Allocution devant la communauté française à Phnom Penh
le 8 mai 2000
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Excellences,
Monsieur l'Ambassadeur,
Chers Amis,
Je souhaiterais tout d'abord vous dire combien je suis heureux, sept mois après ma première visite au Cambodge, d'être de nouveau parmi vous ce soir à Phnom Penh.
Vous dire aussi qu'en revenant ici, je ne peux que rendre hommage à la population de ce pays ami et à ses autorités pour leurs efforts visibles de reconstruction.
De fait, il me semble que le Cambodge écrit aujourd'hui, sous la sage autorité de sa majesté le Roi, une nouvelle page de son histoire. Le Cambodge se tourne résolument vers la paix, la stabilisation intérieure et le développement, ainsi que l'intégration régionale.
Les bailleurs de fonds, dont la France, ne s'y sont pas trompés et ont confirmé leur soutien au gouvernement royal qui conduit son programme de réformes avec détermination.
La France est heureuse de participer, par sa coopération, à cet effort. Elle le fait sans ingérence d'aucune sorte dans la politique intérieure du pays. Mais, il me revient de rappeler que nous considérons qu'un développement équilibre et durable repose en particulier sur le renforcement de l'Etat de droit et de la démocratie. Cela signifie des actions en faveur de la promotion des Droits de l'Homme, une justice solide et une administration efficace. Cela passe par la lutte contre l'impunité, afin que le peuple cambodgien puisse se tourner vers l'avenir avec confiance.
La France continuera à accorder tout son soutien au Cambodge, à titre bilatéral, en s'appuyant sur ses relations anciennes, fondées sur une longue tradition de connaissance, de confiance et d'amitié, mais aussi par son action dans le cadre européen et dans les institutions internationales.
Vous le savez, le Cambodge fait partie des pays en développement dont la France se sent proche, ce qui se traduit, concrètement, par un effort particulier de solidarité.
Une raison essentielle de ma visite est tenue de la troisième Commission mixte de coopération culturelle, scientifique et technique. Celle-ci tiendra ses travaux demain sous la co-présidence de M. le Ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et de moi-même.
Cette Commission mixte permettra d'évaluer les multiples facettes de notre coopération et de définir ses nouvelles orientations dans les principaux domaines où s'exerce notre action commune : santé, éducation, formation des cadres, sauvegarde et valorisation du patrimoine culturel, développement rural.
J'ai rappelé l'importance que revêt à mes yeux pour l'avenir du Cambodge, la consolidation de l'Etat de droit. Les autorités cambodgiennes en ont clairement fait l'un de leurs objectifs.
Pour la coopération française, cela se traduit notamment par la formation de juristes, de magistrats ou de cadres de l'administration, mais aussi par l'aide à la rédaction d'un nouveau corpus juridique visant à l'émergence d'une justice et d'une administration plus solides, au service des citoyens.
Je voudrais souligner également - puisque le Cambodge témoigne de multiples façons de son attachement à la Francophonie - que le français constitue un des outils importants de notre coopération. Vecteur de savoirs modernes, la langue française est un précieux instrument de rapprochement entre nos deux pays et un moyen d'ouverture sur le monde pour de nombreux Cambodgiens.
Avant de terminer, je voudrais rendre hommage à tous nos compatriotes qui sont installés ici. Ils sont l'indispensable relais de l'action de la France. La communauté française au Cambodge est en accroissement, dynamique dans de nombreux secteurs, au sein des ONG, qui continuent d'être l'un des instruments majeurs de la solidarité entre Cambodgiens et Français, ou au sein des entreprises françaises.
Mesdames, Messieurs,
A vous tous, je veux dire merci pour votre contribution au développement des relations franco-cambodgiennes.
Vive le Cambodge !
Vive l'amitié franco-cambodgienne !
Je vous remercie./.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mai 2000)
Discours d'ouverture de la 3eme session de la Commission mixte franco-cambodgienne le 9 mai 2000
Monsieur le Ministre d'Etat,
Mesdames et Messieurs les membres de la délégation cambodgienne,
Je suis très sensible, Monsieur le Ministre d'Etat, aux mots de bienvenue que vous avez eus pour la délégation française et pour moi-même, ainsi qu'à l'accueil qu'une fois de plus, les autorités cambodgiennes - et vous-même- nous réservent.
Il y a quelques mois, j'avais eu le plaisir d'évoquer avec Sa Majesté le Roi et son Excellence le Premier ministre, les perspectives de dialogue qu'offrirait notre troisième commission mixte. Ils avaient bien voulu me communiquer leurs priorités et très précisément situer le rôle qu'ils accordaient à la coopération française dans le développement économique, social et culturel de votre pays.
Ce rendez-vous important va nous permettre de confronter nos points de vue et de hiérarchiser ensemble nos priorités.
Facilité par notre appartenance commune à la francophonie, notre dialogue s'inscrit dans les relations confiantes et amicales qui unissent le Cambodge et la France. Pour en porter témoignage, le gouvernement que je représente a d'ailleurs inscrit, comme vous le savez, le Cambodge dans la liste des pays dont la France se sent le plus solidaire et à qui s'adresse désormais l'essentiel de son aide publique au développement.
Sur le plan politique, les contacts ont été nombreux au cours de l'année écoulée, au niveau des gouvernements comme à celui des parlementaires. M. Christian Poncelet, Président du Sénat, était d'ailleurs ici il y a peu. Ces échanges témoignent de la volonté de la France de manifester ses encouragements au Cambodge dont les efforts en faveur du renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit, ainsi que du développement économique et social, sont tangibles et déterminés.
A cet égard, le gouvernement cambodgien s'est engagé dans la mise en oeuvre d'importantes réformes structurelles. La France, comme les autres bailleurs de fonds, s'en réjouit et lui a confirmé leur soutien.
Ce soutien se fait sans ingérence d'aucune sorte dans la politique intérieure du Cambodge. Mais permettez au représentant d'un pays ami - et combien meurtri aussi par l'histoire - de rappeler que l'avenir d'une nation repose, entre autres, sur le devoir de mémoire. C'est pourquoi il nous paraît essentiel que soit menée à son terme la lutte contre l'impunité, et que soient jugés les principaux responsables du génocide commis sous le régime khmer rouge.
Au niveau économique, nos échanges commerciaux ont repris leur progression de façon vigoureuse, en hausse de 29% en un an. Le contexte est désormais favorable pour que nos entreprises renforcent leur présence au Cambodge. Tout ce que fait, et fera, votre gouvernement pour améliorer le cadre juridique et économique dans lequel évoluent les investisseurs favorisera ce courant. Je voudrais vous assurer, Monsieur le Ministre d'Etat, que les sociétés françaises sont prêtes à participer davantage encore à la mise en oeuvre des multiples projets liés à la reconstruction et au développement économique et social de votre pays.
Mais c'est aujourd'hui la coopération culturelle, scientifique et technique qui nous intéresse plus particulièrement. La France souhaite construire avec le Cambodge un partenariat durable, enraciné dans une connaissance mutuelle et des liens toujours plus étroits.
J'évoquerai quelques projets pour illustrer la richesse et la diversité de notre coopération.
Je mentionnerai d'abord le projet d'appui à l'Etat de droit, centré sur la formation des magistrats et des officiers de police judiciaire. Nous sommes heureux de la confiance que les autorités cambodgiennes témoignent en ce domaine à l'expertise française.
Comment ne pas mentionner aussi ce qui forme le noyau de notre coopération: la formation des cadres du pays, hauts fonctionnaires, ingénieurs, techniciens, médecins, économistes ou juristes, etc.
Le programme que nous avons engagé pour protéger et valoriser le site d'Angkor constitue un autre exemple de la qualité de nos échanges. Il est emblématique de l'intérêt que la France porte à la civilisation et au patrimoine khmers et à un développement maîtrisé du tourisme au Cambodge.
La lutte contre la pauvreté est également au coeur de nos préoccupations. Elle constitue l'objectif principal des projets de développement rural financés par l'Agence Française de Développement.
Il sera également bien sûr question de nos échanges culturels, artistiques et linguistiques.
Je n'entrerai pas plus dans le détail de notre coopération. Nos travaux, aujourd'hui, détermineront la meilleure façon de valoriser les différents programmes et projets que nous menons depuis quelques années avec succès.
Ainsi cette session de notre commission mixte s'ouvre-t-elle sous les meilleurs auspices.
J'ajouterai, Monsieur le Ministre d'Etat, que le gouvernement français est prêt à poursuivre, dans la durée, son appui au développement du Cambodge, par les voies bilatérales, européennes et multilatérales. A cet égard, il est honoré d'accueillir prochainement à Paris votre Premier ministre, qui participera au groupe consultatif de la Banque mondiale. Le gouvernement cambodgien pourra faire part à cette occasion à la communauté des bailleurs de fonds, des progrès enregistrés dans les réformes que vous avez engagées.
Je forme le voeu que nos travaux contribuent à consolider les liens anciens d'amitié qui unissent la France et le Cambodge.
Je vous remercie./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mai 2000)