Texte intégral
A. Hausser -. Les hôpitaux sont au bord de l'asphyxie, la médecine libérale est malade, vous avez du appeler au calme dans la médecine. Est-ce que vous allez y arriver ?
- "Je pense que oui. C'est nécessaire et je pense que les médecins savent que la médecine ne s'exerce que dans le calme et la sérénité. Donc, on a besoin de ça."
Ce n'est pas ce qui se passe en ce moment !
- "L'enjeu est suffisamment important pour que chacun comprenne qu'il faut aborder les négociations entre les caisses d'assurance maladie et les syndicats de médecins avec la sérénité indispensable. Cela ne veut pas dire que chacun abandonne ses convictions au vestiaire, cela veut dire simplement qu'il faut aboutir."
Demain, les agents hospitaliers doivent se prononcer sur les aménagements des 35 heures - puisque c'est un peu ce qui est à l'origine du drame à l'hôpital. Imaginons que ces aménagement soient rejetés. Que se passerait-il ?
- "On vient de parler de la médecine de ville avec les accords conventionnels, maintenant, nous passons à la médecine hospitalière : l'hôpital est confronté à un grave problème qui est celui du personnel, qui est d'ailleurs admirable de dévouement et de compétences, mais qui est en nombre insuffisant, qui doit faire face à l'application des 35 heures qui n'ont pas été préparées ni accompagnées, avec, en plus, l'application d'une directive européenne depuis le 1er janvier, qui contraint à compter le temps de garde dans le temps de travail général, ce qui fait une baisse moyenne de temps de travail pour le personnel soignant dans les hôpitaux de 20%. Il faut donc trouver, avec les agents hospitaliers, le personnel soignant et les médecins, des modalités transitoires permettant de n'appliquer les 35 heures véritablement que lorsque les postes qui ont été créés ou qui vont l'être seront pourvus et qu'on aura les compétences pour le faire. [S'agissant de] ces accords, je crois qu'on a été au bout de ce que l'on pouvait faire. On a créé un compte épargne-temps qui est comme un carnet de caisse d'épargne : quand on travaille et qu'on n'aurait pas dû, on peut épargner, cela produit un intérêt à la fin de l'année ; on peut également racheter des jours lorsqu'on a travaillé et qu'on n'aurait pas dû jusqu'à une certaine limite et dans le cadre d'une contrainte de service. Pour les médecins s'ajoute l'achat de plages additionnelles de travail. Autrement dit, je crois qu'on a fait les efforts nécessaires. C'est un dispositif transitoire. Mais s'il n'était pas accepté, je crois que nous irions vers de vrais désordres."
Et en ce qui concerne la médecine libérale, actuellement, les femmes accouchent auprès de médecins réquisitionnés.
- "Il ne faut pas exagérer. Parce que, voyez-vous, je comprends la difficulté des obstétriciens : ils ne sont pas assez nombreux, leurs charges sont importantes, leurs assurances ont augmenté. Mais, quand même, il faut rappeler que leurs revenus ont été augmentés en quelques mois - quinze mois - de 63% et qu'il y a eu des revalorisations au début de l'année dernière, au milieu de l'année dernière, et là, maintenant, au 1er janvier et que leurs assurances, la caisse d'assurance maladie propose d'en prendre les 2/3 à sa charge, dans le cadre de la convention. Donc, je crois qu'il n'est pas bon de faire une grève alors qu'on est en pleine négociation. De toute façon, ce ne sont pas de bonnes pratiques."
Ce n'est pas une bonne pratique. Mais comment sortir de ce mouvement ?
- "Encore une fois, comme je suis de la partie, je connais les obstétriciens et leurs difficultés. Mais ce n'est pas par des mouvements comme cela - d'ailleurs, les chirurgiens manifestent aussi, les anesthésistes-réanimateurs pourraient le faire, les pédiatres n'en peuvent plus : c'est l'ensemble du corps médical, aujourd'hui, qui traverse de graves difficultés. Ce n'est pas en jouant chacun sa partition personnelle, qu'on va y arriver. Je m'efforce - et franchement, si quelqu'un peut y mettre du sien c'est moi -, d'arranger les choses et d'essayer de sortir de ces difficultés. Mais je ne peux pas le faire en un jour. Pour former un accoucheur, même quand on joue au niveau de la préparation de l'internat, il faut quatre ans ! Et donc, je souhaite que chacun comprenne qu'il faut encore un peu d'effort et reconstruire notre système. On ne peut pas le laisser aller à vau-l'eau comme ça, parce que les patients n'attendent pas ça !"
Les patients attendent qu'on les soigne, qu'on s'occupe d'eux...
- "Les patients attendent qu'on les soigne, qu'on ait des gens compétents, dévoués. Je dois dire que, lorsqu'on s'engage dans le milieu médical, dans la profession médicale, c'est le malade qui doit primer d'abord."
Et quand vous dites : "On ne peut pas continuer", pratiquement, vous proposez d'en sortir comment ? Vous allez me dire que ce sont les caisses, mais cela ne veut rien dire...
- "Pour les obstétriciens de ville, je crois qu'avec la convention, les accords avec l'assurance-maladie qui prendra en charge deux tiers des polices d'assurance, on a quelque chose qui est à peu près satisfaisant. Naturellement, il faudra aller vers des revalorisations, mais chacun comprend aussi la difficulté économique de ce pays. En période de croissance, il est beaucoup plus facile de faire des réformes que maintenant. Maintenant, on a une période économique qui est difficile. Nous faisons vraiment le maximum, je vous assure ! Je reçois chacun, je suis attentif. Il faut que chacun se retrousse les manches. J'ai un message à faire passer, qui est un message de mobilisation, un message d'enthousiasme aussi, parce que si on n'y croit pas, on n'y arrivera pas. On a une des meilleures médecines au monde, on ne va quand même pas la laisser filer comme ça !"
Oui, mais on la laisse filer manifestement..
- "Non. Je pourrais quand même donner des détails sur le niveau des revenus de chacun. C'est vrai sur les contraintes, c'est vrai sur un certain nombre de choses ; tout n'est pas mauvais. Je visite des hôpitaux, je vois des réalisations qui sont belles, je vois des médecins qui sont passionnés. Que chacun défende, encore une fois je le comprends, mais il arrive un moment où il faut entendre raison, et où on marque une pause."
Il faut sortir du corporatisme ?
- "Il faut sortir du corporatisme, tout simplement. Ce n'est pas péjoratif ce que je dis là. Chacun sait que je ne serais pas à cette place si je n'aimais pas la médecine, les médecins et d'abord les malades. Mais je pense que chacun doit s'y mettre."
Une question qui est tout à fait d'actualité : la loi bioéthique va revenir au Sénat fin janvier, je crois. Il y avait une disposition sur le clonage. Est-elle renforcée après ce qui se passe aux Etats-Unis ?
- "Elle est renforcée, non pas après ce qui se passe aux Etats-Unis, mais parce que je vais proposer ce que j'avais proposé lors de la première lecture, c'est-à-dire de créer une nouvelle incrimination contre le clonage reproductif. A mon sens, c'est un crime contre la dignité humaine, c'est un crime contre l'espèce humaine. Et donc, cela doit évidemment connaître une peine très lourde, et cela doit bénéficier d'un certain nombre de dispositions particulières, notamment l'extraterritorialité. C'est-à-dire que si vous allez vous faire cloner ailleurs mais que vous êtes français, comme pour le tourisme sexuel par exemple, vous serez puni quand même en France."
Dernière question : est-ce que la France est prête, en cas d'attaque
bioterroriste ?
- "La France est prête, la France continue de se préparer. Pour tous les dangers identifiés, la France a pris les mesures nécessaires. Naturellement, il y a toujours les agents nouveaux, ceux qui pourraient surprendre. Mais croyez-moi, nous sommes très attentifs à cela."
Et prêts à réagir ?
- "Et prêts à réagir."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 janvier 2003)
- "Je pense que oui. C'est nécessaire et je pense que les médecins savent que la médecine ne s'exerce que dans le calme et la sérénité. Donc, on a besoin de ça."
Ce n'est pas ce qui se passe en ce moment !
- "L'enjeu est suffisamment important pour que chacun comprenne qu'il faut aborder les négociations entre les caisses d'assurance maladie et les syndicats de médecins avec la sérénité indispensable. Cela ne veut pas dire que chacun abandonne ses convictions au vestiaire, cela veut dire simplement qu'il faut aboutir."
Demain, les agents hospitaliers doivent se prononcer sur les aménagements des 35 heures - puisque c'est un peu ce qui est à l'origine du drame à l'hôpital. Imaginons que ces aménagement soient rejetés. Que se passerait-il ?
- "On vient de parler de la médecine de ville avec les accords conventionnels, maintenant, nous passons à la médecine hospitalière : l'hôpital est confronté à un grave problème qui est celui du personnel, qui est d'ailleurs admirable de dévouement et de compétences, mais qui est en nombre insuffisant, qui doit faire face à l'application des 35 heures qui n'ont pas été préparées ni accompagnées, avec, en plus, l'application d'une directive européenne depuis le 1er janvier, qui contraint à compter le temps de garde dans le temps de travail général, ce qui fait une baisse moyenne de temps de travail pour le personnel soignant dans les hôpitaux de 20%. Il faut donc trouver, avec les agents hospitaliers, le personnel soignant et les médecins, des modalités transitoires permettant de n'appliquer les 35 heures véritablement que lorsque les postes qui ont été créés ou qui vont l'être seront pourvus et qu'on aura les compétences pour le faire. [S'agissant de] ces accords, je crois qu'on a été au bout de ce que l'on pouvait faire. On a créé un compte épargne-temps qui est comme un carnet de caisse d'épargne : quand on travaille et qu'on n'aurait pas dû, on peut épargner, cela produit un intérêt à la fin de l'année ; on peut également racheter des jours lorsqu'on a travaillé et qu'on n'aurait pas dû jusqu'à une certaine limite et dans le cadre d'une contrainte de service. Pour les médecins s'ajoute l'achat de plages additionnelles de travail. Autrement dit, je crois qu'on a fait les efforts nécessaires. C'est un dispositif transitoire. Mais s'il n'était pas accepté, je crois que nous irions vers de vrais désordres."
Et en ce qui concerne la médecine libérale, actuellement, les femmes accouchent auprès de médecins réquisitionnés.
- "Il ne faut pas exagérer. Parce que, voyez-vous, je comprends la difficulté des obstétriciens : ils ne sont pas assez nombreux, leurs charges sont importantes, leurs assurances ont augmenté. Mais, quand même, il faut rappeler que leurs revenus ont été augmentés en quelques mois - quinze mois - de 63% et qu'il y a eu des revalorisations au début de l'année dernière, au milieu de l'année dernière, et là, maintenant, au 1er janvier et que leurs assurances, la caisse d'assurance maladie propose d'en prendre les 2/3 à sa charge, dans le cadre de la convention. Donc, je crois qu'il n'est pas bon de faire une grève alors qu'on est en pleine négociation. De toute façon, ce ne sont pas de bonnes pratiques."
Ce n'est pas une bonne pratique. Mais comment sortir de ce mouvement ?
- "Encore une fois, comme je suis de la partie, je connais les obstétriciens et leurs difficultés. Mais ce n'est pas par des mouvements comme cela - d'ailleurs, les chirurgiens manifestent aussi, les anesthésistes-réanimateurs pourraient le faire, les pédiatres n'en peuvent plus : c'est l'ensemble du corps médical, aujourd'hui, qui traverse de graves difficultés. Ce n'est pas en jouant chacun sa partition personnelle, qu'on va y arriver. Je m'efforce - et franchement, si quelqu'un peut y mettre du sien c'est moi -, d'arranger les choses et d'essayer de sortir de ces difficultés. Mais je ne peux pas le faire en un jour. Pour former un accoucheur, même quand on joue au niveau de la préparation de l'internat, il faut quatre ans ! Et donc, je souhaite que chacun comprenne qu'il faut encore un peu d'effort et reconstruire notre système. On ne peut pas le laisser aller à vau-l'eau comme ça, parce que les patients n'attendent pas ça !"
Les patients attendent qu'on les soigne, qu'on s'occupe d'eux...
- "Les patients attendent qu'on les soigne, qu'on ait des gens compétents, dévoués. Je dois dire que, lorsqu'on s'engage dans le milieu médical, dans la profession médicale, c'est le malade qui doit primer d'abord."
Et quand vous dites : "On ne peut pas continuer", pratiquement, vous proposez d'en sortir comment ? Vous allez me dire que ce sont les caisses, mais cela ne veut rien dire...
- "Pour les obstétriciens de ville, je crois qu'avec la convention, les accords avec l'assurance-maladie qui prendra en charge deux tiers des polices d'assurance, on a quelque chose qui est à peu près satisfaisant. Naturellement, il faudra aller vers des revalorisations, mais chacun comprend aussi la difficulté économique de ce pays. En période de croissance, il est beaucoup plus facile de faire des réformes que maintenant. Maintenant, on a une période économique qui est difficile. Nous faisons vraiment le maximum, je vous assure ! Je reçois chacun, je suis attentif. Il faut que chacun se retrousse les manches. J'ai un message à faire passer, qui est un message de mobilisation, un message d'enthousiasme aussi, parce que si on n'y croit pas, on n'y arrivera pas. On a une des meilleures médecines au monde, on ne va quand même pas la laisser filer comme ça !"
Oui, mais on la laisse filer manifestement..
- "Non. Je pourrais quand même donner des détails sur le niveau des revenus de chacun. C'est vrai sur les contraintes, c'est vrai sur un certain nombre de choses ; tout n'est pas mauvais. Je visite des hôpitaux, je vois des réalisations qui sont belles, je vois des médecins qui sont passionnés. Que chacun défende, encore une fois je le comprends, mais il arrive un moment où il faut entendre raison, et où on marque une pause."
Il faut sortir du corporatisme ?
- "Il faut sortir du corporatisme, tout simplement. Ce n'est pas péjoratif ce que je dis là. Chacun sait que je ne serais pas à cette place si je n'aimais pas la médecine, les médecins et d'abord les malades. Mais je pense que chacun doit s'y mettre."
Une question qui est tout à fait d'actualité : la loi bioéthique va revenir au Sénat fin janvier, je crois. Il y avait une disposition sur le clonage. Est-elle renforcée après ce qui se passe aux Etats-Unis ?
- "Elle est renforcée, non pas après ce qui se passe aux Etats-Unis, mais parce que je vais proposer ce que j'avais proposé lors de la première lecture, c'est-à-dire de créer une nouvelle incrimination contre le clonage reproductif. A mon sens, c'est un crime contre la dignité humaine, c'est un crime contre l'espèce humaine. Et donc, cela doit évidemment connaître une peine très lourde, et cela doit bénéficier d'un certain nombre de dispositions particulières, notamment l'extraterritorialité. C'est-à-dire que si vous allez vous faire cloner ailleurs mais que vous êtes français, comme pour le tourisme sexuel par exemple, vous serez puni quand même en France."
Dernière question : est-ce que la France est prête, en cas d'attaque
bioterroriste ?
- "La France est prête, la France continue de se préparer. Pour tous les dangers identifiés, la France a pris les mesures nécessaires. Naturellement, il y a toujours les agents nouveaux, ceux qui pourraient surprendre. Mais croyez-moi, nous sommes très attentifs à cela."
Et prêts à réagir ?
- "Et prêts à réagir."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 janvier 2003)