Texte intégral
Permettez-moi de me réjouir tout d'abord de la présence à Paris aujourd'hui de mon homologue et ami italien Franco Frattini, à double titre.
D'abord c'est la première visite en France d'un ministre italien des Affaires étrangères depuis le mois d'août 2001. Ensuite cette visite s'inscrit dans un contexte de reprise des échanges bilatéraux depuis mai 2002, selon un rythme particulièrement dense. Comme vous le savez, l'Italie est un pays très important pour la France. C'est notre premier partenaire culturel, notre second partenaire commercial au sein de l'Union européenne et c'est notre quatrième débouché commercial. La France est devenue la première destination des investissements italiens en 2001. Mais la richesse de nos relations, c'est aussi l'émergence d'initiatives nouvelles qui associent tous les acteurs de la société civile des deux pays. Je veux citer bien sûr d'abord le Forum franco-italien sur la société civile dont la création a été décidée lors de notre dernier sommet bilatéral à Rome en novembre dernier et que nous allons bientôt installer. Je veux saluer aussi le cercle de Varenne qui est une idée lancée par l'ambassadeur d'Italie à Paris et qui vise à réunir régulièrement des industriels français et italiens, décidés à investir dans nos pays respectifs. Nous avons procédé à un échange de vue approfondi sur de nombreuses questions, l'Iraq bien sûr, le Proche-Orient, la Corée du Nord, et, comme vous l'imaginez, les questions européennes, la convention sur l'avenir de l'Europe, et les priorités de la future présidence de l'Union européenne au second semestre 2003.
S'agissant de l'Iraq, je voudrais tout d'abord souligner le fait qu'il est important que les Etats membres de l'Union puissent échanger, développer leur point de vue sans artifice et de manière amicale. Je crois que nos deux pays partagent la volonté commune de voir l'ONU jouer pleinement son rôle et le désarmement de l'Iraq se faire par la voie pacifique. Ce sont là des principes qui ont été approuvés par les Quinze lors du Conseil européen de Bruxelles le 17 février dernier. Il est prévu une réunion du Conseil de sécurité pour entendre un nouveau rapport des inspecteurs probablement vers le 7 mars. D'ici là nous devons poursuivre nos efforts en vue de privilégier la voie des inspections et permettre aux inspecteurs d'accomplir leur travail. Dans le même temps, nous lançons un appel aux autorités iraquiennes, la France lance un appel aux autorités iraquiennes pour qu'elles coopèrent activement avec les inspecteurs des Nations unies et répondent positivement à leurs demandes s'agissant en particulier de la destruction des missiles Al-Samoud.
Le Proche-Orient fait naturellement partie de nos préoccupations communes et nous avons longuement abordé cette question. L'Italie aura un rôle important à jouer dans cette région, dans le cadre de sa présidence de l'Union européenne au second semestre de cette année et nous l'assurons de notre soutien.
Concernant la Corée du Nord, nous nous sommes entretenus de la situation de ce pays et sommes convenus que l'Union devait afficher un front commun et ferme face aux initiatives de Pyongyang.
S'agissant des travaux de la Convention sur l'avenir de l'Union européenne, nous avons eu un échange de vue très ouvert sur l'ensemble des sujets en débat. En tant qu'Etats fondateurs de cette Union, nos positions sont très proches et nous sommes convenus de travailler pour les rapprocher encore. En ce qui concerne la présidence italienne de l'Union au second semestre de cette année, j'ai assuré Franco Frattini de tout mon soutien et de celui de la France.
Q - M. de Villepin, considérez-vous que la prise de position des huit pays européens au sujet de la crise iraquienne a été une contribution à la construction communautaire, ou a-t-on raté une bonne occasion de se taire ?
R - C'est un sujet qui a déjà été débattu lors du Conseil européen extraordinaire de Bruxelles. Je ne reviendrai pas sur cet aspect des choses. Ce qui est important, c'est que chacun maintenant, parmi tous les Européens, nous unissions nos efforts en vue de rechercher une solution pacifique à une crise importante, puisqu'elle engage en grande partie l'avenir des prochains mois. Il est donc important que cette mobilisation se fasse et toutes nos énergies sont tendues vers cet objectif, et vers nul autre.
Q - Est-ce que la France est prête à aller jusqu'au bout et à utiliser son droit de veto ? Il y a des craintes parmi votre propre majorité.
R - La position de la France, vous la connaissez, vous me permettrez de la réaffirmer, c'est d'appuyer l'application de la résolution 1441 qui pose clairement les choses, qui indique que dans un premier temps, les inspections doivent se dérouler sur le terrain sur la base des rapports faits par les inspecteurs eux-mêmes et si nous étions dans une impasse, il appartient aux inspecteurs de faire rapport au Conseil de sécurité, et au Conseil de sécurité de prendre ses propres responsabilités. Nous sommes dans une situation aujourd'hui où il y a un projet de résolution. Il n'y a pas d'actualité pour le moment au vote d'une résolution. Par ailleurs, je vous confirme que la situation au sein du Conseil de sécurité pour qu'il puisse être envisagé un veto implique qu'un pays puisse disposer de neuf voix pour faire voter son projet. Je crois qu'aujourd'hui nous ne sommes pas dans cette situation, donc il n'y a pas lieu d'évoquer cette hypothèse.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2003)
D'abord c'est la première visite en France d'un ministre italien des Affaires étrangères depuis le mois d'août 2001. Ensuite cette visite s'inscrit dans un contexte de reprise des échanges bilatéraux depuis mai 2002, selon un rythme particulièrement dense. Comme vous le savez, l'Italie est un pays très important pour la France. C'est notre premier partenaire culturel, notre second partenaire commercial au sein de l'Union européenne et c'est notre quatrième débouché commercial. La France est devenue la première destination des investissements italiens en 2001. Mais la richesse de nos relations, c'est aussi l'émergence d'initiatives nouvelles qui associent tous les acteurs de la société civile des deux pays. Je veux citer bien sûr d'abord le Forum franco-italien sur la société civile dont la création a été décidée lors de notre dernier sommet bilatéral à Rome en novembre dernier et que nous allons bientôt installer. Je veux saluer aussi le cercle de Varenne qui est une idée lancée par l'ambassadeur d'Italie à Paris et qui vise à réunir régulièrement des industriels français et italiens, décidés à investir dans nos pays respectifs. Nous avons procédé à un échange de vue approfondi sur de nombreuses questions, l'Iraq bien sûr, le Proche-Orient, la Corée du Nord, et, comme vous l'imaginez, les questions européennes, la convention sur l'avenir de l'Europe, et les priorités de la future présidence de l'Union européenne au second semestre 2003.
S'agissant de l'Iraq, je voudrais tout d'abord souligner le fait qu'il est important que les Etats membres de l'Union puissent échanger, développer leur point de vue sans artifice et de manière amicale. Je crois que nos deux pays partagent la volonté commune de voir l'ONU jouer pleinement son rôle et le désarmement de l'Iraq se faire par la voie pacifique. Ce sont là des principes qui ont été approuvés par les Quinze lors du Conseil européen de Bruxelles le 17 février dernier. Il est prévu une réunion du Conseil de sécurité pour entendre un nouveau rapport des inspecteurs probablement vers le 7 mars. D'ici là nous devons poursuivre nos efforts en vue de privilégier la voie des inspections et permettre aux inspecteurs d'accomplir leur travail. Dans le même temps, nous lançons un appel aux autorités iraquiennes, la France lance un appel aux autorités iraquiennes pour qu'elles coopèrent activement avec les inspecteurs des Nations unies et répondent positivement à leurs demandes s'agissant en particulier de la destruction des missiles Al-Samoud.
Le Proche-Orient fait naturellement partie de nos préoccupations communes et nous avons longuement abordé cette question. L'Italie aura un rôle important à jouer dans cette région, dans le cadre de sa présidence de l'Union européenne au second semestre de cette année et nous l'assurons de notre soutien.
Concernant la Corée du Nord, nous nous sommes entretenus de la situation de ce pays et sommes convenus que l'Union devait afficher un front commun et ferme face aux initiatives de Pyongyang.
S'agissant des travaux de la Convention sur l'avenir de l'Union européenne, nous avons eu un échange de vue très ouvert sur l'ensemble des sujets en débat. En tant qu'Etats fondateurs de cette Union, nos positions sont très proches et nous sommes convenus de travailler pour les rapprocher encore. En ce qui concerne la présidence italienne de l'Union au second semestre de cette année, j'ai assuré Franco Frattini de tout mon soutien et de celui de la France.
Q - M. de Villepin, considérez-vous que la prise de position des huit pays européens au sujet de la crise iraquienne a été une contribution à la construction communautaire, ou a-t-on raté une bonne occasion de se taire ?
R - C'est un sujet qui a déjà été débattu lors du Conseil européen extraordinaire de Bruxelles. Je ne reviendrai pas sur cet aspect des choses. Ce qui est important, c'est que chacun maintenant, parmi tous les Européens, nous unissions nos efforts en vue de rechercher une solution pacifique à une crise importante, puisqu'elle engage en grande partie l'avenir des prochains mois. Il est donc important que cette mobilisation se fasse et toutes nos énergies sont tendues vers cet objectif, et vers nul autre.
Q - Est-ce que la France est prête à aller jusqu'au bout et à utiliser son droit de veto ? Il y a des craintes parmi votre propre majorité.
R - La position de la France, vous la connaissez, vous me permettrez de la réaffirmer, c'est d'appuyer l'application de la résolution 1441 qui pose clairement les choses, qui indique que dans un premier temps, les inspections doivent se dérouler sur le terrain sur la base des rapports faits par les inspecteurs eux-mêmes et si nous étions dans une impasse, il appartient aux inspecteurs de faire rapport au Conseil de sécurité, et au Conseil de sécurité de prendre ses propres responsabilités. Nous sommes dans une situation aujourd'hui où il y a un projet de résolution. Il n'y a pas d'actualité pour le moment au vote d'une résolution. Par ailleurs, je vous confirme que la situation au sein du Conseil de sécurité pour qu'il puisse être envisagé un veto implique qu'un pays puisse disposer de neuf voix pour faire voter son projet. Je crois qu'aujourd'hui nous ne sommes pas dans cette situation, donc il n'y a pas lieu d'évoquer cette hypothèse.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2003)