Déclarations de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, sur le développement de la coopération économique, scientifique et culturelle entre la France et l'Argentine, les investissements français et les échanges entre l'Union européenne et le MERCOSUR, Paris le 4 février 1997.

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Circonstance : Ouverture de la 6ème commission générale franco-argentine à Paris le 4 février 1997

Texte intégral

Permettez-moi de vous dire tout le plaisir que j'éprouve à vous accueillir aujourd'hui pour procéder avec vous, cher Monsieur Di Tella, à l'ouverture solennelle de la 6ème Commission générale franco-argentine.

Je sais que, venant d'horizons divers, vos préoccupations quotidiennes portent sur des dossiers bien différents. Nous voilà néanmoins tous réunis, et nous avec vous, pour marquer notre attachement à un même objectif, celui de l'approfondissement du dialogue franco-argentin dans tous ses aspects. Ce dialogue, chers amis, je crois que nous pouvons être fiers de son dynamisme : 1996 a enfin été marquée par la visite très remarquée du président Menem à Paris au mois de février, à l'occasion de laquelle nos présidents ont notamment pris deux initiatives nouvelles : il s'agissait de mener à bien une opération humanitaire conjointe en Haïti, sous l'égide des casques blancs, à votre initiative et de lancer une coopération étroite dans le domaine sensible de la lutte contre le Sida. Je me réjouis de constater aujourd'hui que ces deux projets exemplaires, initiés par nos présidents et dans lesquels se mêlent le coeur et le savoir-faire, sont aujourd'hui en cours d'exécution. Mais 1997 va nous donner l'occasion de connaître un nouveau temps fort de nos relations bilatérales avec la visite du président français à Buenos Aires, dont le principe est d'ores et déjà arrêté pour le mois de mars prochain et les modalités déjà bien avancées. Cette étape sud-américaine argentine prendra place dans le cadre d'une tournée sud-américaine destinée à marquer clairement l'importance que la France attache à son partenariat avec l'Amérique latine. Sachez, Mesdames et Messieurs, qu'il vous revient aussi, par vos travaux et par les projets que vous vous préparez à développer de contribuer à faire de cette visite une grande réussite pour nos deux pays.

La Commission générale constitue, en effet, un moment privilégié de notre dialogue puisqu'elle nous donne l'occasion, tous les deux ans, de faire le point sur les trois volets de notre coopération : le volet politique, le volet économique et le volet culturel.

Je constate avec plaisir que la périodicité des réunions de la Commission est respectée sans faille, ce qui fait de notre Commission générale un modèle du genre dans la vie internationale.

Dans le domaine politique, nous avons pu constater, lors de notre entretien qui vient de s'achever, combien était grande notre convergence sur les principaux dossiers internationaux. Nous aurons l'occasion d'en poursuivre l'examen à table dans quelques minutes. C'est ainsi que nous manifestons la même détermination en matière de lutte contre le terrorisme, dont nos deux pays ont été récemment victimes. Je suis également très frappé par le parallélisme de nos démarches en matière d'intégration régionale, Mercosur d'un côté, l'Union européenne de l'autre, désormais réunis depuis décembre 1995 par un accord-cadre interrégional tout à fait inédit et remarquable.

Dans le domaine économique, la France est très fière d'avoir été, au travers de ses entreprises, un partenaire fidèle de la modernisation de l'Argentine depuis 1991. Elle ne s'est pas dérobée il y a deux ans, lorsque les temps étaient plus difficiles, et à présent qu'une nouvelle période de croissance très brillante s'annonce dans votre pays, elle entend continuer à figurer au premier rang des investisseurs étrangers. Nous sommes attentifs comme vous à l'équilibre de ces échanges économiques et nous souhaitons, avec vous, y contribuer.

Enfin, pour ce qui est de la coopération, comment ne pas se réjouir de la diversité et de la qualité de nos échanges dans les domaines scientifique, technique, éducatif, linguistique ou artistique. Je voudrais seulement m'arrêter aujourd'hui sur le document que nous allons signer dans un instant, en matière de formation à la recherche scientifique et technique : ce texte s'inscrit dans la ligne de la lettre d'intention que vous-même et M. Juppé aviez signée à Buenos Aires en 1994, à l'occasion de la précédente Commission générale, pour réorganiser notre coopération scientifique et technique. Le système d'échanges qu'il met en place permettra aux enseignants et chercheurs de nos deux pays de développer des projets de recherche-formation qui favoriseront, je n'en doute pas, la formation doctorale d'étudiants français et argentins. Ce texte prévoit également la mise en oeuvre, en association avec le secteur productif de projets de type recherche-industrie, en vue de valoriser les résultats des recherches conjointes et des transferts de technologies dont nous pensons qu'ils constituent la base de la vie de nos industries dans le futur. Nous tenons là un instrument indispensable à la montée en puissance de notre coopération sur la base d'un co-financement. Je suis donc heureux de saluer ici les membres argentins et français du Comité de suivi chargé de veiller à l'application de cet accord.
Cette Commission générale est donc un important rendez-vous politique
économique et culturel, mais comment ne pas y voir aussi et tout simplement, un rendez-vous de l'amitié, un moment de complicité partagée.

Cette complicité, dont vient de nous donner une belle image il y a quelques jours, la réception à l'Académie française de M. Hector Bianciotti, que nous sommes particulièrement fiers de compter désormais parmi nos Immortels.

Permettez-moi d'ailleurs, Monsieur le Ministre, de saisir cette occasion pour évoquer le souci que représente pour nous la situation de la langue française dans votre pays. Vous savez que je vous en parle à chaque fois que nous nous rencontrons. Il nous semble en effet que la langue française, au même titre que les autres grandes langues européennes, fait partie intégrante du patrimoine culturel de l'Argentine, ce pays dont nous avons le plaisir à imaginer qu'il est une heureuse symbiose des composantes de l'Europe à l'autre bout du monde.

Alors, je vous propose, avec les autorités fédérales et locales de votre pays, d'unir nos force pour défendre ensemble ce patrimoine fragile : seule une politique affirmée de soutien à une offre plurilingue dans l'enseignement sera de nature à conforter la relation privilégiée que l'Argentine et le Mercosur entendent développer avec la France et l'Union européenne. Me permettrez-vous de rappeler que près de la moitié des élèves français apprennent l'espagnol, ce qui n'est sans doute pas étranger à l'engouement que suscite l'Amérique latine dans notre jeunesse ?

Mais le moment est à présent venu pour chacun d'entre vous de rejoindre les différentes enceintes dans lesquelles vous allez travailler. Je sais combien votre calendrier sera chargé ces prochains jours. Alors permettez-moi de conclure en vous souhaitant, Mesdames et Messieurs, au nom de mon collègue et de moi-même, enthousiasme et efficacité dans vos travaux.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2001)