Interview de M. Alain Madelin, président de Démocratie libérale, dans "Le Midi libre" du 30 novembre 1999, sur le "manque d'union" à droite lors des élections européennes, le bilan de la gauche au pouvoir et la préparation des élections municipales de 2001 dans le Gard, notamment à Nîmes.

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Midi Libre : Après votre divorce avec l'UDF, votre éloignement avec le RPR, Démocratie libérale reste bien isolée. Vous apparaissez de plus en plus comme un aiguillon de la droite. Mais sans véritable message clair ni propositions... Une stratégie bien floue pour reconquérir l'opinion ?
Alain Madelin : Je voudrais juste rappeler à vos lecteurs que l'étape des élections européennes a été, pour la droite, destructrice par manque d'union. Si nous avions fait, commune je l'avais préconisé dès le départ, une grande liste d'union RPR-UDF-DL, vous n'auriez certainement pas posé ce genre de question. Démocratie libérale a toujours été une force de propositions. Grâce à ses députés et à leur travail exemplaire, elle constitue aujourd'hui le fer de lance de l'opposition. Nous ne ferons aucun cadeau au gouvernement sur des dossiers comme la Corse ou la Mnef. Le gouvernement prépare très mal l'avenir et les solutions libérales que nous préconisons sont les seules solutions qui peuvent préparer la France de demain.
Le bilan de la gauche au pouvoir est plutôt bien apprécié des Français. Sur quels thèmes forts estimez-vous pouvoir bâtir une ligne politique novatrice intéressant nos concitoyens ?
La gauche a bénéficié d'une conjoncture économique extraordinaire grâce à la gestion du gouvernement précédent. Ne l'oublions pas! Mais, faire croire aux Français qu'avec une politique comme celle des 35 heures obligatoires, nous parviendrons au plein emploi, cela est une hérésie. Depuis que la gauche est au pouvoir, aucune réforme de fond n'a été véritablement engagée. Au lieu de réformer l'État en profondeur, elle augmente la dépense publique. Elle n'a rien fait en matière d'éducation, de retraite. Rien. Le bilan est négatif et les Français s'en apercevront bientôt.
La politique novatrice dont vous parlez se trouve chez les libéraux. Nous avons été les premiers à tirer la sonnette d'alarme sur les retraites. Cela fait vingt ans que nous proposons la mise en place de fonds de pension, tout en favorisant le développement de l'économie et de l'emploi. Laissons aussi aux Français le choix de travailler comme ils le désirent. Ne leur imposons pas les 35 heures. Le temps de travail doit être librement négocié. Nous devons faire le choix de la confiance dans la liberté d'entreprendre pour retrouver le chemin du plein emploi.
J'ai organisé à DL, en septembre, un grand débat sur l'éducation. Nos propositions ont séduit, notamment sur la suppression progressive de la carte scolaire qui, contrairement à ce que l'on croit, fabrique de véritables injustices et une école à deux vitesses. Je veux la meilleure école pour mes enfants: expérimentons des établissements autonomes. Valorisons la fonction d'enseignant.
Ne restons pas à la traîne du monde en manquant d'audace sur les grandes réformes sociales. D'ailleurs, dès la semaine prochaine, nous organiserons un grand débat sur la sécurité Il est temps de sortir des idées reçues pour faire reculer l'insécurité. Et la aussi, DL surprendra dans ses propositions.
Au plan national, l'opposition est morcelée, divisée. Dans le Gard, tout particulièrement à Nîmes, la situation est encore pire. Quel message allez-vous apporter à la droite de cette région ?
L'opposition a vocation à s'unir au niveau national pour préparer les prochaines échéances électorales. L'addition de l'ensemble de ses composantes est une condition 'indispensable pour gagner. Nous devons montrer partout, mais peut-être encore plus particulièrement dans le Gard et à Nîmes, que nous avons tiré les leçons des échecs passés et qu'aucune victoire ne sera possible sans une union forte de l'ensemble des famillles de l'opposition. A cet égard, l'initiative prise par Franck Proust, visant à désigner le
meilleur candidat de la droite contre l'actuelle municipalité communiste de Nîmes, me semble répondre à l'attente de nos électeurs et à des impératifs d'efficacité. C'est pour soutenir cette initiative et Franck Proust que je viens à Nîmes, en espérant que le climat de coopération qui existe ici entre nos différentes familles servira d'exemple au plan. national.
Un des enseignements du sondage Ipsos-Midi Libre, paru la semaine dernière, est bien de montrer la nécessité de l'union à droite, face à une gauche dont la gestion se crédibilise. Mais l'union apparaît comme une panacée. Quel rôle aimeriez-vous que les élus DL comme Franck Proust jouent dans ce contexte ?
Démocratie libérale a un triple rôle à jouer dans la préparation des élections municipales. Nous devons tout d'abord être au premier rang du combat d'opposition à l'actuelle équipe municipale. DL doit s'imposer à Nîmes comme la fondation la plus combative, la plus dynamique, la plus présente et la plus responsable. Nous devons, en deuxième lieu, être les porteurs du profond besoin de renouvellement qu'ont exprimé nos électeurs: renouvellement des attitudes, des idées, mais également des hommes et des femmes qui défendent notre projet Il faut faire émerger des têtes nouvelles, et notamment des femmes et des jeunes.
Enfin, j'entends que notre formation soit le combattant infatigable de l'union de l'opposition pour assurer la victoire de nos idées. Je sais qu'à Nîmes et dans le Gard, je peux faire confiance à nos responsables pour défendre cette triple exigence de dynamisme, de renouvellement et d'union.
(Source http://www.demlib.com, le 7 février 2001)