Texte intégral
Comment avez-vous accueilli les propos de M. Juppé, qui juge "inacceptable" que Gilles de Robien, "membre du gouvernement", soutienne un candidat de l'UDF, dans la législative partielle des Yvelines, "alors qu'il y a un candidat UMP" ?
Les relations dans la majorité devraient être marquées par l'esprit de responsabilité et le respect mutuel et pas par l'énervement. Que craint Alain Juppé ? Son parti a tous les postes de responsabilité sans exception, la majorité absolue à l'Assemblée nationale et au Sénat, tous les moyens d'agir. L'UMP a 365 députés ! Est-ce qu'il a vraiment besoin d'une circonscription de plus ? On peut mettre cela sur le coup de la fatigue, mais il vaudrait mieux avoir d'autres types de relations à l'intérieur de la majorité, à laquelle l'UDF appartient, librement mais autant que l'UMP.
Pourquoi pensez-vous que M. Juppé a fait cette déclaration ?
Chaque fois qu'un parti se retrouve au pouvoir, il est pris par la tentation du caporalisme. Franchement, si ce type de conduite se perpétue, c'est très mauvais signe. Je le dis à mon tour et sérieusement, on ne peut pas faire du sectarisme le principe qui régit la majorité.
Dans des circonstances normales, l'UMP aurait dit : "Cette circonscription a été gagnée par l'UDF au printemps ; le gouvernement a choisi de nommer Anne-Marie Idrac à la RATP, parce qu'il a estimé qu'elle est la meilleure pour cette responsabilité ; nous soutenons donc le candidat que l'UDF choisira." Au lieu de cela Alain Juppé prétend interdire à l'UDF de présenter un candidat et à un ministre UDF de le soutenir. Il se trompe. Les électeurs ont besoin que l'on préserve leur liberté de choix.
Nicolas Sarkozy et Pierre Bédier on fait de cette partielle un test national pour le gouvernement...
On devrait répondre à ces déclarations par un grand éclat de rire ! Disons la vérité : on veut forcer la main aux électeurs parce que le candidat UMP est pour le moins controversé. Il y a derrière tout cela une grande question, celle du pluralisme. On veut obliger les électeurs à y renoncer. C'est profondément malsain. La démocratie, ce n'est pas cela. Les Français ne se laisseront pas arracher un de leurs biens le plus précieux : leur indépendance et leur liberté de choix. C'est particulièrement vrai lorsqu'un parti décide de s'ouvrir vers la société civile. Cette ouverture est nécessaire pour les électeurs eux-mêmes. Ils ne veulent pas obéir aux oukases d'un appareil, ils veulent choisir librement leurs représentants. Ils comprennent le besoin de renouveler le personnel politique et d'élargir vers la société civile un monde politique trop fermé.
Que répondez-vous quand M. Juppé déclare que vous donnez votre "investiture à n'importe qui" ?
La politique a constamment besoin de l'apport extérieur d'hommes de qualité. Christian Blanc n'est pas "n'importe qui" ! Il est probablement un des hommes qui a apporté le plus de preuves de réussite dans des situations inextricables. C'est l'homme qui a porté la paix en Nouvelle-Calédonie et qui a redressé Air France, à l'époque au bord du dépôt de bilan, pour en faire une entreprise performante au niveau de la planète.
Rien n'est plus important à mes yeux que de voir des responsables de la société civile s'investir dans l'action publique. Jacques Chirac l'a dit à plusieurs reprises. Et voilà que quand cela se réalise, on les traite avec superbe, condescendance et mépris. Or la superbe, la condescendance et le mépris conduisent tout droit dans le mur.
Pourquoi avez-vous choisi Christian Blanc, un ami de Michel Rocard ?
C'est un homme de caractère, qui a eu le courage de rompre deux fois avec des gouvernements socialistes. La première fois, sur le service minimum à la RATP, qu'il avait négocié et qu'on l'a empêché d'instaurer. La deuxième fois, sur l'ouverture du capital d'Air France.
Or ma conviction, c'est que notre pays a besoin d'hommes de caractère. Il faut les rassembler. C'est ainsi que se constituera le grand courant novateur dont la France a besoin. L'UDF tendra la main à tous ceux qui veulent soutenir la réforme, en conservant toute leur liberté de parole.
Propos recueillis par Christiane Chombeau
(Source http://www.udf.org, le 27 décembre 2002)
Les relations dans la majorité devraient être marquées par l'esprit de responsabilité et le respect mutuel et pas par l'énervement. Que craint Alain Juppé ? Son parti a tous les postes de responsabilité sans exception, la majorité absolue à l'Assemblée nationale et au Sénat, tous les moyens d'agir. L'UMP a 365 députés ! Est-ce qu'il a vraiment besoin d'une circonscription de plus ? On peut mettre cela sur le coup de la fatigue, mais il vaudrait mieux avoir d'autres types de relations à l'intérieur de la majorité, à laquelle l'UDF appartient, librement mais autant que l'UMP.
Pourquoi pensez-vous que M. Juppé a fait cette déclaration ?
Chaque fois qu'un parti se retrouve au pouvoir, il est pris par la tentation du caporalisme. Franchement, si ce type de conduite se perpétue, c'est très mauvais signe. Je le dis à mon tour et sérieusement, on ne peut pas faire du sectarisme le principe qui régit la majorité.
Dans des circonstances normales, l'UMP aurait dit : "Cette circonscription a été gagnée par l'UDF au printemps ; le gouvernement a choisi de nommer Anne-Marie Idrac à la RATP, parce qu'il a estimé qu'elle est la meilleure pour cette responsabilité ; nous soutenons donc le candidat que l'UDF choisira." Au lieu de cela Alain Juppé prétend interdire à l'UDF de présenter un candidat et à un ministre UDF de le soutenir. Il se trompe. Les électeurs ont besoin que l'on préserve leur liberté de choix.
Nicolas Sarkozy et Pierre Bédier on fait de cette partielle un test national pour le gouvernement...
On devrait répondre à ces déclarations par un grand éclat de rire ! Disons la vérité : on veut forcer la main aux électeurs parce que le candidat UMP est pour le moins controversé. Il y a derrière tout cela une grande question, celle du pluralisme. On veut obliger les électeurs à y renoncer. C'est profondément malsain. La démocratie, ce n'est pas cela. Les Français ne se laisseront pas arracher un de leurs biens le plus précieux : leur indépendance et leur liberté de choix. C'est particulièrement vrai lorsqu'un parti décide de s'ouvrir vers la société civile. Cette ouverture est nécessaire pour les électeurs eux-mêmes. Ils ne veulent pas obéir aux oukases d'un appareil, ils veulent choisir librement leurs représentants. Ils comprennent le besoin de renouveler le personnel politique et d'élargir vers la société civile un monde politique trop fermé.
Que répondez-vous quand M. Juppé déclare que vous donnez votre "investiture à n'importe qui" ?
La politique a constamment besoin de l'apport extérieur d'hommes de qualité. Christian Blanc n'est pas "n'importe qui" ! Il est probablement un des hommes qui a apporté le plus de preuves de réussite dans des situations inextricables. C'est l'homme qui a porté la paix en Nouvelle-Calédonie et qui a redressé Air France, à l'époque au bord du dépôt de bilan, pour en faire une entreprise performante au niveau de la planète.
Rien n'est plus important à mes yeux que de voir des responsables de la société civile s'investir dans l'action publique. Jacques Chirac l'a dit à plusieurs reprises. Et voilà que quand cela se réalise, on les traite avec superbe, condescendance et mépris. Or la superbe, la condescendance et le mépris conduisent tout droit dans le mur.
Pourquoi avez-vous choisi Christian Blanc, un ami de Michel Rocard ?
C'est un homme de caractère, qui a eu le courage de rompre deux fois avec des gouvernements socialistes. La première fois, sur le service minimum à la RATP, qu'il avait négocié et qu'on l'a empêché d'instaurer. La deuxième fois, sur l'ouverture du capital d'Air France.
Or ma conviction, c'est que notre pays a besoin d'hommes de caractère. Il faut les rassembler. C'est ainsi que se constituera le grand courant novateur dont la France a besoin. L'UDF tendra la main à tous ceux qui veulent soutenir la réforme, en conservant toute leur liberté de parole.
Propos recueillis par Christiane Chombeau
(Source http://www.udf.org, le 27 décembre 2002)