Texte intégral
F. Laborde.- Nous allons évoquer le débat qui aura lieu cet après-midi à l'Assemblée nationale et au Sénat sur l'Irak. La France a une position extrêmement ferme dans cette crise irakienne, est-ce qu'elle peut la conserver ?
- "La diplomatie française a fait un sans faute depuis quelques mois. C'est d'ailleurs le sentiment général de mes collègues à l'Assemblée nationale au nom desquels je m'exprimerai cet après-midi. Pourquoi ? Parce que d'abord, nous avons très clairement défini nos objectifs : désarmer l'Irak. Pour nous, cela ne fait de discussion, le régime irakien est une menace pour la paix dans la région, il faut le désarmer, le faire dans le cadre des Nations unies, bien entendu, et le faire en allant jusqu'au bout des moyens pacifiques que l'on peut mettre en oeuvre, en particulier les inspections qui sont actuellement en cours. Nous continuons à penser que c'est cette ligne-là qu'il faut suivre et qu'il y a encore un temps pour les inspections dans les semaines qui viennent."
Avant de revenir sur la ligne diplomatique française, d'un mot : à l'intérieur de l'UMP, certaines voix se sont élevées ; on a entendu P. Lellouche, C. Goasguen, dire : "attention, il ne faut pas tomber dans l'anti-américanisme, on préfère Bush et Aznar plutôt que Poutine et Saddam". Vous leur répondez quoi ? Ce sont des gens qui s'expriment après vous avoir fait part de leurs réticences, ou ce sont des francs-tireurs ?
- "Moi, j'ai expliqué hier devant mon groupe ce que j'allais dire, et j'ai constaté qu'il y avait un très large consensus pour appuyer la politique française. Cela dit, il y a des nuances. Nous sommes une grande formation politique, avec des nuances, et certains sont plus attachés à la relation transatlantique que d'autres. Pour ma part, je ne fais pas du tout dans l'anti-américanisme, j'aime bien les Etats-Unis ; nous avons avec eux des liens que tout le monde connaît, nous sommes attachés à un partenariat avec les Etats-Unis. Mais cela ne doit pas nous empêcher, quand nous ne sommes pas d'accord, de le dire. L'Europe, et la France en particulier, ne sont pas des Etats vassaux. Nous voulons un partenariat avec les Etats-Unis. Je voulais dire simplement que le point sur lequel nous ne sommes pas d'accord et qui est fondamental, c'est sur cette idée qu'une intervention militaire en Irak va permettre de remodeler le Proche-Orient et d'y introduire tout naturellement la démocratie. Nous pensons que c'est une illusion dangereuse."
Mais alors, pas d'accord jusqu'au point d'aller au veto, ou à votre avis ce ne sera pas nécessaire ?
- "Je crois que la diplomatie française, le président de la République, D. de Villepin, qui a été formidable dans toute cette période, ont bien eu raison de ne pas brandir en permanence le droit de veto, comme certains le leur demandaient, parce que le veto, c'est comme la dissuasion. Il n'est pas nécessaire de dire très longtemps à l'avance exactement dans quelles conditions on va s'en servir. Et puis la question n'est pas à l'ordre du jour. Aujourd'hui, au moment où nous parlons - ça peut évoluer, bien entendu - mais aujourd'hui, il n'y a pas de majorité au Conseil de sécurité pour voter une déclaration de guerre."
Cela veut dire que la Chine ou Moscou ne vont pas tourner casaque ou ne vont pas être influencés par les Etats-Unis ?
- "Les entretiens très utiles que nous avons eus avec monsieur Poutine que vous citiez tout à l'heure, montrent que la Russie partage tout à fait notre approche, comme l'Allemagne, comme la Chine, comme beaucoup d'autres pays du Conseil de sécurité, et comme beaucoup d'autres pays à travers la planète. Vous avez vu que les 52 chefs d'Etat africains réunis à Paris, il y a quelques jours, sont tout à fait sur cette ligne. Les non-alignés qui sont réunis aujourd'hui en Malaisie, et qui représentent plus de 100 pays, sont également sur la recherche d'une solution pacifique et sur le refus, dans les circonstances actuelles, de la guerre."
Comment peut-on surmonter l'antagonisme qui se fait jour entre les Britanniques, les Américains et les Français ? On a vu la presse américaine, britannique, absolument déchaînée contre la France, déversant des torrents de boue sur la France en général et le président de la République en particulier. Est-ce qu'il faut répondre à cela ? Faut-il porter le fer à notre tour ou bien essayer de calmer le jeu ?
- "La meilleure façon d'éviter que cela ne se dégrade, c'est de ne pas entrer précisément dans la politique. Gardons notre sang-froid. Nous sommes habitués à ces débordements de la presse anglo-saxonne. Je crois qu'il faut réaffirmer notre volonté de partenariat avec les Etats-Unis, ce sont nos alliés ; nous souhaitons que l'Europe et les Etats-Unis marchent main dans la main dans la façon de voir l'évolution de la planète. Mais aujourd'hui, nous avons une divergence et notre devoir, c'est de le dire."
Mais est-ce que la position de la France n'est pas un petit peu fragile, parce qu'au fond, on n'a pas présenté d'alternative à la guerre. On ne dit pas qu'on ne veut pas la guerre, mais on ne dit pas ce qu'on veut à la place de la guerre.
- "Je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Nous avons présenté une alternative où nous avons dit : donnons aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique et de l'ONU, les moyens d'aller jusqu'au bout de leur mission. Nous venons même de faire une proposition, lundi dernier, avec un calendrier - 120 jours, si je me souviens bien - et un renforcement des moyens des inspections. Nous avons été toujours en initiative. Ca a été ça aussi le mérite de la diplomatie française. C'est pour cela que nous avons entraîné avec nous ce qui est aujourd'hui la majorité de la communauté internationale."
Oui, mais les Américains disent bien aujourd'hui qu'il ne s'agit pas seulement de désarmer Saddam, mais de s'en débarrasser. Ils veulent réinstaurer la démocratie en Irak, c'est le discours officiel américain, qui a un peu évoluer de ce point de vue.
- "Il y a longtemps qu'ils disent cela. Moi, je n'ai aucune sympathie pour le régime de Saddam. Saddam est un dictateur, il opprime son peuple, il le réduit à la misère, c'est clair. Mais est-ce que nous allons envoyer des corps expéditionnaires dans tous les pays où il y a des dictateurs ? Est-ce que nous allons, par exemple, envoyer un corps expéditionnaire en Corée du Nord, qui est un pays qui prolifère aussi, qui a même fait un essai de missile il y a 48 heures dans la Mer du Japon."
Pensez-vous qu'il y a deux poids deux mesures dans l'esprit des Américains, qui sont très indulgents à l'égard de la Corée, très sévères à l'égard de l'Irak ?
- "Il y a parfois de la realpolitik dans certaines régions, et ça aussi, c'est un des enjeux de la discussion actuelle. D. de Villepin a dit de manière très précise et très positive, à mon avis, qu'il fallait bâtir maintenant des modalités d'intervention de la communauté internationale, pour s'attaquer à chacun de ces problèmes de prolifération et le faire de manière pacifique. C'est pour cela que l'enjeu est considérable. Si nous cassons la mécanique des Nations unies, de quoi va-t-on se servir demain pour traiter ces problèmes qui sont aussi cruciaux, aussi difficiles, aussi dangereux que l'est aujourd'hui la situation en Irak ?"
Je voudrais qu'on passe aux conséquences économiques de cette crise. On a entendu le Premier ministre dire qu'on n'atteindrait pas les 2,5 % de croissance, que sans doute on dépasserait les 3 % de déficit budgétaire, mais que pour autant, il n'y aurait pas de rigueur. Mais alors, on va renoncer à quoi, parce qu'on ne va pas tout faire non plus ?
- "Qui peut nier que la situation internationale actuelle a des conséquences sur nos économies ? C'est vrai pour la France, c'est vrai pour l'Allemagne, c'est vrai pour tous les pays européens, c'est même vrai pour les Etats-Unis. Voilà une situation qui, je l'espère, ne durera pas mais qui modifie un petit peu les données du problème. Je crois que le Premier ministre a eu tout à fait raison de dire : gardons notre ligne. Quelle est notre ligne ? C'est de redonner à l'économie française des chances de croissance supplémentaires. Nous avons perdu, au cours des dernières années, de notre compétitivité, c'est clair. Il faut donc reconstituer cette compétitivité pour que demain, nous puissions à nouveau augmenter notre potentiel de croissance. Et cela passe par des réformes profondes. Il faut arriver à moderniser notre système public."
Les retraites...
- "Les retraites. Nous allons faire cette réforme."
Comme le laisse entendre F. Fillon, y aura-t-il un alignement de la durée de cotisation du public sur le privé ? 40 ans pour tout le monde ?
- "C'est une des orientations qu'il a tracées. Je crois que beaucoup de Français le comprennent. Au nom de l'équité, il faut rapprocher les conditions de départ à la retraite dans le public et dans le privé ; il y a la durée de cotisation qui n'est pas le seul paramètre. Et surtout, il faut le faire dans la durée. Ce à quoi le Premier ministre et F. Fillon tiennent beaucoup, c'est de dire qu'il ne s'agit pas de changer brutalement les choses dans les deux ou trois ans qui viennent. C'est un plan sur cinq ans ou dix ans, et même quinze ans, qu'il faut mettre en application progressivement. Donc, cette réforme va se faire ; il y en a d'autres, comme la décentralisation par exemple. J'espère - je n'en suis pas tout à fait sûr - qu'elle amènera à maîtriser les coûts, à faire en sorte que la machine publique fonctionne de manière plus efficace, à moindre coût et de manière plus proche des Françaises et des Français."
Et la baisse des impôts ?
- "La baisse des impôts, elle a eu lieu. Les impôts ont baissé de 6 % depuis l'année dernière. Nous avons toujours dit, et là on ne peut pas accuser J. Chirac de ne pas avoir annoncé clairement la couleur, que cette baisse des impôts dépendrait du rythme de croissance. Il ne faut pas en abandonner le principe, il faut se fixer cet objectif, et puis il faut travailler dans la durée. Nous sommes aujourd'hui dans une situation difficile mais nous avons le temps devant nous pour remettre, je le répète, l'économie française en situation de croissance, en modernisant son système public, sa sphère publique, ses administrations publiques. C'est là qu'est le véritable enjeu et je sais que ce n'est pas facile."
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 février 2003)
- "La diplomatie française a fait un sans faute depuis quelques mois. C'est d'ailleurs le sentiment général de mes collègues à l'Assemblée nationale au nom desquels je m'exprimerai cet après-midi. Pourquoi ? Parce que d'abord, nous avons très clairement défini nos objectifs : désarmer l'Irak. Pour nous, cela ne fait de discussion, le régime irakien est une menace pour la paix dans la région, il faut le désarmer, le faire dans le cadre des Nations unies, bien entendu, et le faire en allant jusqu'au bout des moyens pacifiques que l'on peut mettre en oeuvre, en particulier les inspections qui sont actuellement en cours. Nous continuons à penser que c'est cette ligne-là qu'il faut suivre et qu'il y a encore un temps pour les inspections dans les semaines qui viennent."
Avant de revenir sur la ligne diplomatique française, d'un mot : à l'intérieur de l'UMP, certaines voix se sont élevées ; on a entendu P. Lellouche, C. Goasguen, dire : "attention, il ne faut pas tomber dans l'anti-américanisme, on préfère Bush et Aznar plutôt que Poutine et Saddam". Vous leur répondez quoi ? Ce sont des gens qui s'expriment après vous avoir fait part de leurs réticences, ou ce sont des francs-tireurs ?
- "Moi, j'ai expliqué hier devant mon groupe ce que j'allais dire, et j'ai constaté qu'il y avait un très large consensus pour appuyer la politique française. Cela dit, il y a des nuances. Nous sommes une grande formation politique, avec des nuances, et certains sont plus attachés à la relation transatlantique que d'autres. Pour ma part, je ne fais pas du tout dans l'anti-américanisme, j'aime bien les Etats-Unis ; nous avons avec eux des liens que tout le monde connaît, nous sommes attachés à un partenariat avec les Etats-Unis. Mais cela ne doit pas nous empêcher, quand nous ne sommes pas d'accord, de le dire. L'Europe, et la France en particulier, ne sont pas des Etats vassaux. Nous voulons un partenariat avec les Etats-Unis. Je voulais dire simplement que le point sur lequel nous ne sommes pas d'accord et qui est fondamental, c'est sur cette idée qu'une intervention militaire en Irak va permettre de remodeler le Proche-Orient et d'y introduire tout naturellement la démocratie. Nous pensons que c'est une illusion dangereuse."
Mais alors, pas d'accord jusqu'au point d'aller au veto, ou à votre avis ce ne sera pas nécessaire ?
- "Je crois que la diplomatie française, le président de la République, D. de Villepin, qui a été formidable dans toute cette période, ont bien eu raison de ne pas brandir en permanence le droit de veto, comme certains le leur demandaient, parce que le veto, c'est comme la dissuasion. Il n'est pas nécessaire de dire très longtemps à l'avance exactement dans quelles conditions on va s'en servir. Et puis la question n'est pas à l'ordre du jour. Aujourd'hui, au moment où nous parlons - ça peut évoluer, bien entendu - mais aujourd'hui, il n'y a pas de majorité au Conseil de sécurité pour voter une déclaration de guerre."
Cela veut dire que la Chine ou Moscou ne vont pas tourner casaque ou ne vont pas être influencés par les Etats-Unis ?
- "Les entretiens très utiles que nous avons eus avec monsieur Poutine que vous citiez tout à l'heure, montrent que la Russie partage tout à fait notre approche, comme l'Allemagne, comme la Chine, comme beaucoup d'autres pays du Conseil de sécurité, et comme beaucoup d'autres pays à travers la planète. Vous avez vu que les 52 chefs d'Etat africains réunis à Paris, il y a quelques jours, sont tout à fait sur cette ligne. Les non-alignés qui sont réunis aujourd'hui en Malaisie, et qui représentent plus de 100 pays, sont également sur la recherche d'une solution pacifique et sur le refus, dans les circonstances actuelles, de la guerre."
Comment peut-on surmonter l'antagonisme qui se fait jour entre les Britanniques, les Américains et les Français ? On a vu la presse américaine, britannique, absolument déchaînée contre la France, déversant des torrents de boue sur la France en général et le président de la République en particulier. Est-ce qu'il faut répondre à cela ? Faut-il porter le fer à notre tour ou bien essayer de calmer le jeu ?
- "La meilleure façon d'éviter que cela ne se dégrade, c'est de ne pas entrer précisément dans la politique. Gardons notre sang-froid. Nous sommes habitués à ces débordements de la presse anglo-saxonne. Je crois qu'il faut réaffirmer notre volonté de partenariat avec les Etats-Unis, ce sont nos alliés ; nous souhaitons que l'Europe et les Etats-Unis marchent main dans la main dans la façon de voir l'évolution de la planète. Mais aujourd'hui, nous avons une divergence et notre devoir, c'est de le dire."
Mais est-ce que la position de la France n'est pas un petit peu fragile, parce qu'au fond, on n'a pas présenté d'alternative à la guerre. On ne dit pas qu'on ne veut pas la guerre, mais on ne dit pas ce qu'on veut à la place de la guerre.
- "Je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Nous avons présenté une alternative où nous avons dit : donnons aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique et de l'ONU, les moyens d'aller jusqu'au bout de leur mission. Nous venons même de faire une proposition, lundi dernier, avec un calendrier - 120 jours, si je me souviens bien - et un renforcement des moyens des inspections. Nous avons été toujours en initiative. Ca a été ça aussi le mérite de la diplomatie française. C'est pour cela que nous avons entraîné avec nous ce qui est aujourd'hui la majorité de la communauté internationale."
Oui, mais les Américains disent bien aujourd'hui qu'il ne s'agit pas seulement de désarmer Saddam, mais de s'en débarrasser. Ils veulent réinstaurer la démocratie en Irak, c'est le discours officiel américain, qui a un peu évoluer de ce point de vue.
- "Il y a longtemps qu'ils disent cela. Moi, je n'ai aucune sympathie pour le régime de Saddam. Saddam est un dictateur, il opprime son peuple, il le réduit à la misère, c'est clair. Mais est-ce que nous allons envoyer des corps expéditionnaires dans tous les pays où il y a des dictateurs ? Est-ce que nous allons, par exemple, envoyer un corps expéditionnaire en Corée du Nord, qui est un pays qui prolifère aussi, qui a même fait un essai de missile il y a 48 heures dans la Mer du Japon."
Pensez-vous qu'il y a deux poids deux mesures dans l'esprit des Américains, qui sont très indulgents à l'égard de la Corée, très sévères à l'égard de l'Irak ?
- "Il y a parfois de la realpolitik dans certaines régions, et ça aussi, c'est un des enjeux de la discussion actuelle. D. de Villepin a dit de manière très précise et très positive, à mon avis, qu'il fallait bâtir maintenant des modalités d'intervention de la communauté internationale, pour s'attaquer à chacun de ces problèmes de prolifération et le faire de manière pacifique. C'est pour cela que l'enjeu est considérable. Si nous cassons la mécanique des Nations unies, de quoi va-t-on se servir demain pour traiter ces problèmes qui sont aussi cruciaux, aussi difficiles, aussi dangereux que l'est aujourd'hui la situation en Irak ?"
Je voudrais qu'on passe aux conséquences économiques de cette crise. On a entendu le Premier ministre dire qu'on n'atteindrait pas les 2,5 % de croissance, que sans doute on dépasserait les 3 % de déficit budgétaire, mais que pour autant, il n'y aurait pas de rigueur. Mais alors, on va renoncer à quoi, parce qu'on ne va pas tout faire non plus ?
- "Qui peut nier que la situation internationale actuelle a des conséquences sur nos économies ? C'est vrai pour la France, c'est vrai pour l'Allemagne, c'est vrai pour tous les pays européens, c'est même vrai pour les Etats-Unis. Voilà une situation qui, je l'espère, ne durera pas mais qui modifie un petit peu les données du problème. Je crois que le Premier ministre a eu tout à fait raison de dire : gardons notre ligne. Quelle est notre ligne ? C'est de redonner à l'économie française des chances de croissance supplémentaires. Nous avons perdu, au cours des dernières années, de notre compétitivité, c'est clair. Il faut donc reconstituer cette compétitivité pour que demain, nous puissions à nouveau augmenter notre potentiel de croissance. Et cela passe par des réformes profondes. Il faut arriver à moderniser notre système public."
Les retraites...
- "Les retraites. Nous allons faire cette réforme."
Comme le laisse entendre F. Fillon, y aura-t-il un alignement de la durée de cotisation du public sur le privé ? 40 ans pour tout le monde ?
- "C'est une des orientations qu'il a tracées. Je crois que beaucoup de Français le comprennent. Au nom de l'équité, il faut rapprocher les conditions de départ à la retraite dans le public et dans le privé ; il y a la durée de cotisation qui n'est pas le seul paramètre. Et surtout, il faut le faire dans la durée. Ce à quoi le Premier ministre et F. Fillon tiennent beaucoup, c'est de dire qu'il ne s'agit pas de changer brutalement les choses dans les deux ou trois ans qui viennent. C'est un plan sur cinq ans ou dix ans, et même quinze ans, qu'il faut mettre en application progressivement. Donc, cette réforme va se faire ; il y en a d'autres, comme la décentralisation par exemple. J'espère - je n'en suis pas tout à fait sûr - qu'elle amènera à maîtriser les coûts, à faire en sorte que la machine publique fonctionne de manière plus efficace, à moindre coût et de manière plus proche des Françaises et des Français."
Et la baisse des impôts ?
- "La baisse des impôts, elle a eu lieu. Les impôts ont baissé de 6 % depuis l'année dernière. Nous avons toujours dit, et là on ne peut pas accuser J. Chirac de ne pas avoir annoncé clairement la couleur, que cette baisse des impôts dépendrait du rythme de croissance. Il ne faut pas en abandonner le principe, il faut se fixer cet objectif, et puis il faut travailler dans la durée. Nous sommes aujourd'hui dans une situation difficile mais nous avons le temps devant nous pour remettre, je le répète, l'économie française en situation de croissance, en modernisant son système public, sa sphère publique, ses administrations publiques. C'est là qu'est le véritable enjeu et je sais que ce n'est pas facile."
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 février 2003)