Texte intégral
Q - Bonjour, commençons si vous le voulez bien avec l'Iraq, les inspecteurs de l'ONU ont rendu hier leur rapport, 230 sites inspectés, peu de résultats probants, comment interprétez-vous ce rapport de Hans Blix ?
R - Le rapport de MM. Blix et El Baradeï fait le point sur ce qui a été fait au cours des deux derniers mois. Le grand nombre de sites qui ont été visités - 300 environ sont visités chaque mois -, cela fait un grand nombre d'informations. Il fait donc un rapport d'étape sur ce qui a été fait et sur ce qu'il reste à faire.
Nous sommes dans un processus évolutif où les inspections ont bien pour but de permettre le désarmement de l'Iraq. C'est dans ce cadre que nous travaillons, que la communauté internationale travaille avec la résolution 1441 du Conseil de sécurité qui prévoit une logique de coopération en deux étapes. D'abord, tout faire pour que les inspections et que la coopération puisse fonctionner et si ce n'est pas le cas, le Conseil de sécurité devra se réunir pour en tirer toutes les conclusions.
Q - Y a-t-il un nouveau délai fixé au 15 février, c'est une proposition émise ou est-ce effectivement un nouveau rendez-vous qui a été donné ?
R - Il n'y a pas de date butoir prévue par la résolution du Conseil de sécurité mais des rapports d'étape qui doivent et peuvent être faits devant le Conseil de sécurité pour le tenir informé. Ce dernier n'a pas d'autres informations de terrain que celles que veulent bien donner les inspecteurs. Les inspecteurs sur le terrain sont à la fois l'oeil et la main du Conseil de sécurité. Nous avons donc souhaité qu'à intervalles réguliers, ces inspecteurs puissent faire rapport devant le Conseil de sécurité et nous avons demandé que chacun des Etats membres du Conseil et qui peuvent disposer d'informations particulières - c'est certainement le cas des membres permanents du Conseil, les Etats-Unis, la France, la Russie, le Royaume-Uni - puissent apporter leur concours et donner tous les éléments dont ils disposent.
Q - J'imagine que vous faites une allusion directe à des propos tenus par Georges Bush au cours des dernières heures où il dit qu'il a effectivement, à disposition, des informations extrêmement précises sur les armes que détiendrait l'Iraq et qu'il pourrait produire ces documents.
R - Il appartient aux Américains de donner ces informations aux inspecteurs pour qu'ils puissent en faire le meilleur usage, c'est-à-dire recouper ces informations avec celles dont ils disposent sur le terrain et faire en sorte que ces inspections soient les plus efficaces possible.
Q - Mais cela ne vous choque pas que les services secrets américains disent officiellement qu'ils ont des informations sur les armes en Iraq et ne les diffuseront qu'à leur convenance ?
R - Tous les services secrets, de quelque pays que ce soit, disposent d'informations. Si nous voulons que les inspecteurs puissent travailler efficacement, ces informations doivent être partagées avec eux qui recouperont ainsi celles qu'ils ont eues de par leur travail sur le terrain afin de nous assurer que le désarmement de l'Iraq peut se passer dans les meilleures conditions, dans le cadre d'une coopération que nous voulons active. C'est pour cela qu'au travers du rapport d'hier, il y a un message très ferme à Saddam Hussein : coopérez activement, faites en sorte que, véritablement, la communauté internationale puisse aller jusqu'au bout de son ambition, de l'objectif qui est le sien, le désarmement.
Q - Aujourd'hui y a-t-il une position un peu plus proche concernant les Européens ? On a eu le sentiment que les Britanniques qui étaient un peu "va-t-en-guerre" disons, ont un peu infléchi leur position.
R - Il y a plusieurs semaines que nous travaillons à la recherche d'une position commune entre Européens, hier encore, au terme d'une concertation que nous avons engagée avec les quatre pays européens, et c'est un fait exceptionnel qu'il faut souligner, quatre pays européens qui siègent ensemble au Conseil de sécurité, le Royaume-Uni et la France comme membres permanents, mais aussi l'Espagne et l'Allemagne.
Nous avons donc étudié ensemble la situation et nous sommes arrivés, en liaison avec les responsables de l'Europe, la Troïka, à l'expression d'une position claire qui dit que le Conseil de sécurité est bien l'organe par lequel il faut passer pour trouver une solution à la crise. Nous avons posé un objectif, là encore commun, le désarmement de l'Iraq et la nécessité de faire en sorte que les inspecteurs puissent poursuivre et intensifier leurs efforts. Nous voyons bien que sur l'ensemble de ces principes, il y a une position de l'Europe.
Q - Il se dit de plus en plus que les Américains, pour ne pas être confrontés à un veto du Conseil de sécurité, pourraient passer outre et dire que cette résolution 1441 permet, puisque nous n'avons pas les résultats escomptés, d'aller à l'offensive en Iraq.
R - Nous l'avons dit très clairement à nos amis américains et nous ne cessons de le rappeler à l'ensemble des membres de la communauté internationale, pour être efficace vis-à-vis de l'Iraq et des autres dossiers - car il y a d'autres dossiers de prolifération, nous le voyons avec la Corée du Nord -, il faut être légitime et pour l'être, il faut travailler ensemble dans le cadre le plus approprié qui est celui du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est donc très important que chacun respecte les engagements pris par cette résolution qui fixe un cadre, qui est de travailler ensemble dans le sens des inspections. Si nous sommes dans une impasse, et bien évidemment il appartiendra aux inspecteurs de nous dire s'ils ne peuvent plus travailler sur le terrain, ensemble, nous en tirerons alors toutes les conclusions. Mais, ne mettons pas à mal l'unanimité qui a été possible entre tous les pays du Conseil de sécurité, une résolution votée à l'unanimité. Cela marque la détermination de la collectivité internationale, c'est quelque chose qui mérite d'être défendu car c'est lorsque nous sommes unis que nous sommes les plus efficaces.
Q - Pour être tout à fait clair, en l'état, si les inspecteurs de l'ONU n'apportent pas davantage d'éléments, la France maintient sa position, c'est-à-dire le veto, il n'est donc pas question d'aller au conflit en Iraq.
R - Nous l'avons dit clairement, nous avons des responsabilités mondiales, nous souhaitons donc garder la liberté d'appréciation qui est la nôtre en fonction des circonstances. Nous sommes dans une situation internationale où les choses évoluent vite, il faut constamment apprécier la menace que représente l'Iraq. La guerre est une chose sérieuse, on ne la fait pas à la légère, on la fait en fonction d'une certaine menace qu'il nous appartient d'évaluer collectivement.
Dans les circonstances présentes, nous restons fidèles aux principes qui sont ceux du Conseil de sécurité, qui sont ceux de la communauté internationale : le respect du droit et de la morale. Nous serons donc jusqu'au bout, fidèles à ces principes.
Q - Il y aura donc veto si effectivement...
R - Je l'ai dit clairement, l'exercice du droit de veto est une prérogative d'un membre permanent du Conseil de sécurité. Il y a cinq pays qui ont cette responsabilité, une fois de plus, à chaque étape - le président Chirac l'a dit clairement -, le Conseil de sécurité doit se réunir pour examiner les choses. Nous sommes dans le temps de la coopération. Tant que les inspections se poursuivent, il n'y a pas de raison de se situer dans une autre logique. Si les inspections ne marchent plus, nous évaluerons les choses ensemble pour essayer de déterminer une position commune.
Q - Une dernière question sur l'Iraq, aujourd'hui 150 000 hommes sont envoyés par les Etats-Unis et la Grande Bretagne sur place. Vraiment, la guerre est-elle évitable ?
R - Il y a beaucoup moins que cela aujourd'hui, il y a environ 60 000 Américains sur place, c'est évidemment une force considérable qui a vocation encore à s'accroître, mais cette force se situe dans le cadre de la légalité internationale, et c'est un élément de pression. Si les Américains décidaient d'aller plus loin dans le cadre d'une action unilatérale, le président Chirac l'a dit très clairement, nous ne pourrions nous associer à une telle action.
Q - Revenons à la Côte d'Ivoire, le président Gbagbo aujourd'hui, concernant les accords de Marcoussis, parle de propositions ; il a dit aux Ivoiriens que certains points d'accord pourraient être adaptés. Pensez-vous que c'est, de sa part, un double langage ou qu'il s'adapte à une réalité complexe de la Côte d'Ivoire ? En un mot, comprenez-vous sa position, considérez-vous qu'elle est légitime ou au contraire, vous vous sentez un peu trahi ?
R - A Paris, il y a eu une table ronde réunissant l'ensemble des forces politiques ivoiriennes. Il y a donc eu des accords signés par l'ensemble de ces forces politiques. Cet accord a été accepté par le président Gbagbo et garanti par la communauté internationale, l'ensemble des chefs d'Etat de la région, le président de l'Union africaine, le Secrétaire général des Nations unies. Nous avons donc un accord qui fait l'unanimité. Evidemment, les accords sont parfois difficiles à expliquer et nous connaissons la situation qui a régné au cours des derniers jours à Abidjan. Il est important que chacun puisse expliquer aux siens, à ses partisans, la situation. Il y a toujours des extrémistes qui souhaitent, à tel ou tel moment en découdre. Il faut donc que chacun comprenne quelle est la logique : la paix, la réconciliation et la reconstruction.
La réconciliation, c'est toujours difficile. Ne l'oublions pas, la Côte d'Ivoire est un pays en guerre, divisé en deux. Par définition, si vous voulez la paix et la réconciliation, il faut que chacun puisse travailler ensemble. Le gouvernement doit être formé par M. Diara, le Premier ministre qui est un Premier ministre de consensus.
Q - Mais le gouvernement n'a pas été formé à Paris, contrairement à ce que l'on a pu croire à un moment donné.
R - A Paris, ce sont les forces politiques qui se sont entendues. Le Premier ministre a été choisi par M. Gbagbo, c'est un Premier ministre de consensus. Il doit former un gouvernement sur la base d'un certain nombre de règles décidées par les Africains eux-mêmes, par les Ivoiriens, garanties par les chefs d'Etats présents.
Il y a donc un processus qui doit maintenant suivre son cours. Il appartient au Premier ministre, en liaison avec le président Gbagbo, dans le respect des accords de Paris, de faire en sorte que ce gouvernement puisse être agréé par l'ensemble des parties et que chacun des dirigeants ivoiriens explique aux siens dans quel esprit cela a été fait.
Q - Et l'armée régulière respectera ces accords si le président Gbagbo le leur demande ?
R - Nous sommes aujourd'hui dans une situation où deux armées se font face. Bien sûr, pour se réconcilier, il faut que l'ensemble puisse trouver sa place dans la nouvelle Côte d'Ivoire. Ce travail implique effectivement un engagement très fort de tous les responsables ivoiriens ; il appartient au président Gbagbo d'expliquer à ses militants, aux extrémistes de son camp dans quel esprit les choses sont faites. C'est bien dans l'intérêt de chacun et dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire.
Je suis convaincu qu'au cours des prochaines heures, par ce travail de conciliation, le Premier ministre, M. Diara, en liaison avec le président Gbagbo et l'ensemble des forces politiques, dans le respect des accords de Paris, trouvera la solution pour apaiser les esprits.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2003)
R - Le rapport de MM. Blix et El Baradeï fait le point sur ce qui a été fait au cours des deux derniers mois. Le grand nombre de sites qui ont été visités - 300 environ sont visités chaque mois -, cela fait un grand nombre d'informations. Il fait donc un rapport d'étape sur ce qui a été fait et sur ce qu'il reste à faire.
Nous sommes dans un processus évolutif où les inspections ont bien pour but de permettre le désarmement de l'Iraq. C'est dans ce cadre que nous travaillons, que la communauté internationale travaille avec la résolution 1441 du Conseil de sécurité qui prévoit une logique de coopération en deux étapes. D'abord, tout faire pour que les inspections et que la coopération puisse fonctionner et si ce n'est pas le cas, le Conseil de sécurité devra se réunir pour en tirer toutes les conclusions.
Q - Y a-t-il un nouveau délai fixé au 15 février, c'est une proposition émise ou est-ce effectivement un nouveau rendez-vous qui a été donné ?
R - Il n'y a pas de date butoir prévue par la résolution du Conseil de sécurité mais des rapports d'étape qui doivent et peuvent être faits devant le Conseil de sécurité pour le tenir informé. Ce dernier n'a pas d'autres informations de terrain que celles que veulent bien donner les inspecteurs. Les inspecteurs sur le terrain sont à la fois l'oeil et la main du Conseil de sécurité. Nous avons donc souhaité qu'à intervalles réguliers, ces inspecteurs puissent faire rapport devant le Conseil de sécurité et nous avons demandé que chacun des Etats membres du Conseil et qui peuvent disposer d'informations particulières - c'est certainement le cas des membres permanents du Conseil, les Etats-Unis, la France, la Russie, le Royaume-Uni - puissent apporter leur concours et donner tous les éléments dont ils disposent.
Q - J'imagine que vous faites une allusion directe à des propos tenus par Georges Bush au cours des dernières heures où il dit qu'il a effectivement, à disposition, des informations extrêmement précises sur les armes que détiendrait l'Iraq et qu'il pourrait produire ces documents.
R - Il appartient aux Américains de donner ces informations aux inspecteurs pour qu'ils puissent en faire le meilleur usage, c'est-à-dire recouper ces informations avec celles dont ils disposent sur le terrain et faire en sorte que ces inspections soient les plus efficaces possible.
Q - Mais cela ne vous choque pas que les services secrets américains disent officiellement qu'ils ont des informations sur les armes en Iraq et ne les diffuseront qu'à leur convenance ?
R - Tous les services secrets, de quelque pays que ce soit, disposent d'informations. Si nous voulons que les inspecteurs puissent travailler efficacement, ces informations doivent être partagées avec eux qui recouperont ainsi celles qu'ils ont eues de par leur travail sur le terrain afin de nous assurer que le désarmement de l'Iraq peut se passer dans les meilleures conditions, dans le cadre d'une coopération que nous voulons active. C'est pour cela qu'au travers du rapport d'hier, il y a un message très ferme à Saddam Hussein : coopérez activement, faites en sorte que, véritablement, la communauté internationale puisse aller jusqu'au bout de son ambition, de l'objectif qui est le sien, le désarmement.
Q - Aujourd'hui y a-t-il une position un peu plus proche concernant les Européens ? On a eu le sentiment que les Britanniques qui étaient un peu "va-t-en-guerre" disons, ont un peu infléchi leur position.
R - Il y a plusieurs semaines que nous travaillons à la recherche d'une position commune entre Européens, hier encore, au terme d'une concertation que nous avons engagée avec les quatre pays européens, et c'est un fait exceptionnel qu'il faut souligner, quatre pays européens qui siègent ensemble au Conseil de sécurité, le Royaume-Uni et la France comme membres permanents, mais aussi l'Espagne et l'Allemagne.
Nous avons donc étudié ensemble la situation et nous sommes arrivés, en liaison avec les responsables de l'Europe, la Troïka, à l'expression d'une position claire qui dit que le Conseil de sécurité est bien l'organe par lequel il faut passer pour trouver une solution à la crise. Nous avons posé un objectif, là encore commun, le désarmement de l'Iraq et la nécessité de faire en sorte que les inspecteurs puissent poursuivre et intensifier leurs efforts. Nous voyons bien que sur l'ensemble de ces principes, il y a une position de l'Europe.
Q - Il se dit de plus en plus que les Américains, pour ne pas être confrontés à un veto du Conseil de sécurité, pourraient passer outre et dire que cette résolution 1441 permet, puisque nous n'avons pas les résultats escomptés, d'aller à l'offensive en Iraq.
R - Nous l'avons dit très clairement à nos amis américains et nous ne cessons de le rappeler à l'ensemble des membres de la communauté internationale, pour être efficace vis-à-vis de l'Iraq et des autres dossiers - car il y a d'autres dossiers de prolifération, nous le voyons avec la Corée du Nord -, il faut être légitime et pour l'être, il faut travailler ensemble dans le cadre le plus approprié qui est celui du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est donc très important que chacun respecte les engagements pris par cette résolution qui fixe un cadre, qui est de travailler ensemble dans le sens des inspections. Si nous sommes dans une impasse, et bien évidemment il appartiendra aux inspecteurs de nous dire s'ils ne peuvent plus travailler sur le terrain, ensemble, nous en tirerons alors toutes les conclusions. Mais, ne mettons pas à mal l'unanimité qui a été possible entre tous les pays du Conseil de sécurité, une résolution votée à l'unanimité. Cela marque la détermination de la collectivité internationale, c'est quelque chose qui mérite d'être défendu car c'est lorsque nous sommes unis que nous sommes les plus efficaces.
Q - Pour être tout à fait clair, en l'état, si les inspecteurs de l'ONU n'apportent pas davantage d'éléments, la France maintient sa position, c'est-à-dire le veto, il n'est donc pas question d'aller au conflit en Iraq.
R - Nous l'avons dit clairement, nous avons des responsabilités mondiales, nous souhaitons donc garder la liberté d'appréciation qui est la nôtre en fonction des circonstances. Nous sommes dans une situation internationale où les choses évoluent vite, il faut constamment apprécier la menace que représente l'Iraq. La guerre est une chose sérieuse, on ne la fait pas à la légère, on la fait en fonction d'une certaine menace qu'il nous appartient d'évaluer collectivement.
Dans les circonstances présentes, nous restons fidèles aux principes qui sont ceux du Conseil de sécurité, qui sont ceux de la communauté internationale : le respect du droit et de la morale. Nous serons donc jusqu'au bout, fidèles à ces principes.
Q - Il y aura donc veto si effectivement...
R - Je l'ai dit clairement, l'exercice du droit de veto est une prérogative d'un membre permanent du Conseil de sécurité. Il y a cinq pays qui ont cette responsabilité, une fois de plus, à chaque étape - le président Chirac l'a dit clairement -, le Conseil de sécurité doit se réunir pour examiner les choses. Nous sommes dans le temps de la coopération. Tant que les inspections se poursuivent, il n'y a pas de raison de se situer dans une autre logique. Si les inspections ne marchent plus, nous évaluerons les choses ensemble pour essayer de déterminer une position commune.
Q - Une dernière question sur l'Iraq, aujourd'hui 150 000 hommes sont envoyés par les Etats-Unis et la Grande Bretagne sur place. Vraiment, la guerre est-elle évitable ?
R - Il y a beaucoup moins que cela aujourd'hui, il y a environ 60 000 Américains sur place, c'est évidemment une force considérable qui a vocation encore à s'accroître, mais cette force se situe dans le cadre de la légalité internationale, et c'est un élément de pression. Si les Américains décidaient d'aller plus loin dans le cadre d'une action unilatérale, le président Chirac l'a dit très clairement, nous ne pourrions nous associer à une telle action.
Q - Revenons à la Côte d'Ivoire, le président Gbagbo aujourd'hui, concernant les accords de Marcoussis, parle de propositions ; il a dit aux Ivoiriens que certains points d'accord pourraient être adaptés. Pensez-vous que c'est, de sa part, un double langage ou qu'il s'adapte à une réalité complexe de la Côte d'Ivoire ? En un mot, comprenez-vous sa position, considérez-vous qu'elle est légitime ou au contraire, vous vous sentez un peu trahi ?
R - A Paris, il y a eu une table ronde réunissant l'ensemble des forces politiques ivoiriennes. Il y a donc eu des accords signés par l'ensemble de ces forces politiques. Cet accord a été accepté par le président Gbagbo et garanti par la communauté internationale, l'ensemble des chefs d'Etat de la région, le président de l'Union africaine, le Secrétaire général des Nations unies. Nous avons donc un accord qui fait l'unanimité. Evidemment, les accords sont parfois difficiles à expliquer et nous connaissons la situation qui a régné au cours des derniers jours à Abidjan. Il est important que chacun puisse expliquer aux siens, à ses partisans, la situation. Il y a toujours des extrémistes qui souhaitent, à tel ou tel moment en découdre. Il faut donc que chacun comprenne quelle est la logique : la paix, la réconciliation et la reconstruction.
La réconciliation, c'est toujours difficile. Ne l'oublions pas, la Côte d'Ivoire est un pays en guerre, divisé en deux. Par définition, si vous voulez la paix et la réconciliation, il faut que chacun puisse travailler ensemble. Le gouvernement doit être formé par M. Diara, le Premier ministre qui est un Premier ministre de consensus.
Q - Mais le gouvernement n'a pas été formé à Paris, contrairement à ce que l'on a pu croire à un moment donné.
R - A Paris, ce sont les forces politiques qui se sont entendues. Le Premier ministre a été choisi par M. Gbagbo, c'est un Premier ministre de consensus. Il doit former un gouvernement sur la base d'un certain nombre de règles décidées par les Africains eux-mêmes, par les Ivoiriens, garanties par les chefs d'Etats présents.
Il y a donc un processus qui doit maintenant suivre son cours. Il appartient au Premier ministre, en liaison avec le président Gbagbo, dans le respect des accords de Paris, de faire en sorte que ce gouvernement puisse être agréé par l'ensemble des parties et que chacun des dirigeants ivoiriens explique aux siens dans quel esprit cela a été fait.
Q - Et l'armée régulière respectera ces accords si le président Gbagbo le leur demande ?
R - Nous sommes aujourd'hui dans une situation où deux armées se font face. Bien sûr, pour se réconcilier, il faut que l'ensemble puisse trouver sa place dans la nouvelle Côte d'Ivoire. Ce travail implique effectivement un engagement très fort de tous les responsables ivoiriens ; il appartient au président Gbagbo d'expliquer à ses militants, aux extrémistes de son camp dans quel esprit les choses sont faites. C'est bien dans l'intérêt de chacun et dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire.
Je suis convaincu qu'au cours des prochaines heures, par ce travail de conciliation, le Premier ministre, M. Diara, en liaison avec le président Gbagbo et l'ensemble des forces politiques, dans le respect des accords de Paris, trouvera la solution pour apaiser les esprits.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2003)