Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à mon invitation.
Je vous ai réunis pour vous parler de l'avenir du Théâtre national de la Danse et de l'Image de Châteauvallon mais vous comprendrez qu'auparavant je souhaite, compte tenu de mon engagement contre le Front national, vous donner très brièvement mon sentiment sur la situation politique issue des derniers scrutins.
Nous venons d'assister à la débâcle morale d'une partie de la droite. Il s'agit d'un véritable tournant de la vie politique française : une partie de la droite républicaine a accepté, quoi qu'elle en ait dit, de pactiser avec ceux qui, dans leurs discours et dans leurs actes, renient les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui fondent la République.
Si, dans les heures et les jours qui viennent, les présidents de région élus grâce au soutien des représentants du Front national ne démissionnent pas, en dépit des propos extrêmement clairs du Président de la République, la situation politique au sein des Conseils Régionaux concernés, risque fort de paralyser ces collectivités territoriales pendant six ans. C'est grave pour la décentralisation et pour la politique de contractualisation entre l'Etat et ces collectivités, nécessaire à leur développement. Il est dramatique en particulier que des régions, dont la vocation est de préparer l'avenir de nos jeunes et de favoriser le développement économique et culturel, soient gérées grâce à l'appui d'une force politique dont l'idéologie renvoie au passé le plus sombre de notre histoire.
Le second tour des élections cantonales nous apporte l'espoir qu'une très grande part des électeurs de la droite républicaine n'acceptera pas ces alliances honteuses qui heurtent au plus profond leurs convictions. Ce que certains pensent gagner à l'extrême droite, ils le perdront à droite et au centre et en seront ainsi pour leurs frais. Ils auront gagné ou conservé un poste mais auront perdu l'essentiel, la considération de la grande majorité des Français, et, comme l'a dit le Président de la République, leur dignité même.
La situation du Théâtre national de la danse et de l'image de Chateauvallon illustre, dans le domaine culturel, la nécessité de faire preuve de la plus grande vigilance à l'égard du Front national et de ses élus.
La Cour d'appel de Grenoble vient de prononcer la dissolution de l'association TNDI. Je ne ferai aucun commentaire sur cette décision. Je m'inquiète cependant des circonstances dans lesquelles cette décision de justice a pu être rendue.
Comme vous le savez, le maire Front national de Toulon connaissait cette décision une semaine avant qu'elle ne soit prononcée publiquement par le Tribunal. L'enquête en cours, diligentée par le garde des sceaux, déterminera s'il y a eu, en la matière, violation du secret du délibéré.
Cette affaire est grave. Elle témoigne, s'il en était encore besoin, du mépris qu'affiche le Front national à l'égard des institutions de la République.
Mais il est surtout clair que le Maire Front national a voulu s'offrir un coup médiatique en période électorale, car il savait que cette dissolution, aujourd'hui prononcée, ne prendrait pas de court les partenaires républicains rassemblés autour du projet culturel de Chateauvallon.
Vous connaissez en effet ma position dans cette affaire : si la Cour d'Appel de Grenoble n'avait pas prononcé la dissolution, il aurait fallu auto-dissoudre l'association afin de ne pas rester l'otage la la municipalité de Toulon. Cette résolution avait été prise dès le mois de septembre 1997 entre le Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Conseil Général du Var, la commune d'Ollioules et mes plus proches collaborateurs sur mes instructions expresses.
Aujourd'hui la situation est conforme à celle que nous voulions délibérément créer :
- Les partenaires républicains que je viens de citer sont fermement rassemblés autour d'un nouveau projet culturel, et l'élection, hier, de Michel Vauzelle à la tête de la région renforce ma confiance pour l'avenir. L'activité dominante de ce projet qui prendra en considération l'héritage artistique du TNDI, demeurera axée autour de la chorégraphie, mais elle s'étendra aux autres secteurs du spectacle vivant, en particulier théâtral et musical.
- Une nouvelle association sera créée dans les jours à venir, le temps que les différentes assemblées délibèrent et votent leur adhésion. Cette nouvelle association sera fondée sous la dénomination : "Centre national de Création et de diffusion culturelle ".
- La nouvelle association permettra de créer les conditions de réinsertion de la totalité du personnel salarié du TNDI.
- Le recrutement du directeur de la nouvelle structure après appel à candidature permettra qu'au début du mois de mai soit défini de manière tout à fait opérationnelle un projet artistique pour une durée de trois ans.
Tous les partenaires consultés sont d'accord avec ce schéma d'action qui prend effet dès aujourd'hui. Nous aurons, avec eux, dans les tous prochains jours, les réunions qui s'imposent pour convenir ensemble des derniers ajustements.
La dissolution judiciaire, comme la dissolution volontaire que nous aurions provoquée le cas échéant, entraîne cependant une conséquence pratique : l'utilisation du site de Chateauvallon ne sera pas possible avant le terme des opérations de liquidation des biens de l'association et des opérations de dissolution du syndicat intercommunal qui gère le patrimoine immobilier du site.
Ce syndicat intercommunal, vous le savez, regroupe depuis 1975 les communes d'Ollioules et de Toulon. Mais la commune d'Ollioules est propriétaire du site de Chateauvallon ; cette donnée est bien entendu fondamentale.
Je ne méconnaissais pas ces complications et je savais qu'une dissolution judiciaire ou volontaire risquait d'éloigner pendant quelques mois la nouvelle association et son personnel du site de Chateauvallon.
Une fois encore, je tiens à préciser que ces données objectives ont été présentées il y a déjà plusieurs mois, respectivement aux collectivités locales partenaires et aux salariés de Châteauvallon. Je peux dire aujourd'hui que tous étaient d'accord pour continuer "Hors les murs" plutôt que de supporter longtemps encore les agissements et les manoeuvres de la municipalité Front national de Toulon.
L'activité artistique et culturelle de la nouvelle association se déroulera, pour un temps, Hors les murs : elle s'enracinera d'autant plus à Toulon et dans le Var, elle s'ouvrira d'autant mieux à la population toulonnaise et varoise.
Nous serons Hors les murs sans le Front national, nous reviendrons dans les murs sans le Front national. Voilà quel est le sens de l'action entreprise depuis plusieurs mois par tous les partenaires institutionnels ; voilà quel est également le voeu des salariés du TNDI.
Pour l'heure, la direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur et les services du Conseil général recherchent activement un lieu permanent à Toulon afin d'y installer les activités de la nouvelle association. Ils sont pratiquement au point d'aboutir. Mais j'appelle plus largement toutes les collectivités locales du Var et les structures culturelles de Toulon et du département à se mobiliser pour accueillir les futures programmations de la nouvelle association.
Je sais pouvoir attendre des acteurs culturels de la région PACA une solidarité concrète et sans faille. Je prendrai l'initiative de les réunir prochainement afin de définir, avec eux, les modalités de leur implication.
Je tiens à saluer tous les membres du personnel du TNDI. Je veux leur dire l'estime et le respect que je leur porte pour la résistance dont ils ont fait preuve. Je sais les moments de doute et d'angoisse qu'ils ont dû traverser. Je veux qu'ils sachent que l'action que j'ai menée depuis plusieurs mois a toujours tenu compte de la défense de leurs intérêts moraux et matériels.
Je m'adresse à présent à Gérard Paquet, avec lequel mes collaborateurs ont toujours eu des contacts fréquents et loyaux depuis maintenant neuf mois. En juin 1995, après l'arrivée du Front national à la mairie de Toulon, Gérard Paquet a refusé toute collaboration institutionnelle et financière avec cette municipalité. A l'heure où certains responsables politiques de droite s'abandonnent moralement et abdiquent toute dignité républicaine pour conserver leur pouvoir régional, je veux rendre hommage à la lucidité de Gérard Paquet.
En plein accord avec lui, je souhaite aujourd'hui lui confier une mission nationale dans l'un de ses domaines de prédilection : je lui demande de me faire des propositions concrètes visant à l'intégration, dans les activités et la démarche des établissements culturels, de la dimension de la recherche scientifique et des relations entre artistes et chercheurs. Cette mission débouchera à termes sur des activités pérennes que Gérard Paquet exercera dans le réseau des institutions culturelles nationales.
Mesdames, Messieurs,
Je n'imaginais pas que mon intervention sur ce dossier hautement symbolique de Chateauvallon s'inscrirait dans le contexte nouveau qui vient de se créer en raison des accords politiques conclus désormais entre certains leaders régionaux de la droite et le Front national.
En tant que ministre de la Culture, cette situation politique me donne des responsabilités particulières que j'entends bien exercer. La culture est l'une des cibles privilégiées du Front national, comme elle l'a toujours été de la part des partis et des régimes totalitaires.
J'ai donc constaté avec stupeur et indignation que les accords conclus entre le Front national et la droite dans beaucoup de régions comportaient souvent une clause condamnant, sans l'avouer explicitement, ce qui forme de manière vitale notre patrimoine culturel : je veux parler de la création contemporaine.
Nous savons bien ce que signifie l'exhortation à l'identité régionale par le Front national. Il ne s'agit pas d'une identité ouverte, soucieuse de rechercher dans la singularité l'expression de valeurs universelles. Il s'agit au contraire d'une identité de repli, d'une identité qui se ferme sur une communauté pour mieux exclure toutes les autres.
Je veux le dire avec fermeté : si une telle dérive devait menacer la création et la recherche artistiques contemporaines ; si les régions concernées devaient liquider tous les efforts entrepris pour la création et la diffusion artistiques, elles prendraient ainsi une responsabilité gravissime qui nous renverrait aux heures les plus sombres de notre histoire. Je ne resterai pas inactive si je devais constater le recul de cette politique de soutien à la création fondée depuis le ministère d'André Malraux.
Unis et mobilisés, nous devons défendre une culture ouverte et partagée, une création artistique vivante et audacieuse.
Chateauvallon doit vivre au nom de ces valeurs. Chateauvallon doit vivre pour ce combat.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 3 octobre 2001)
Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à mon invitation.
Je vous ai réunis pour vous parler de l'avenir du Théâtre national de la Danse et de l'Image de Châteauvallon mais vous comprendrez qu'auparavant je souhaite, compte tenu de mon engagement contre le Front national, vous donner très brièvement mon sentiment sur la situation politique issue des derniers scrutins.
Nous venons d'assister à la débâcle morale d'une partie de la droite. Il s'agit d'un véritable tournant de la vie politique française : une partie de la droite républicaine a accepté, quoi qu'elle en ait dit, de pactiser avec ceux qui, dans leurs discours et dans leurs actes, renient les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui fondent la République.
Si, dans les heures et les jours qui viennent, les présidents de région élus grâce au soutien des représentants du Front national ne démissionnent pas, en dépit des propos extrêmement clairs du Président de la République, la situation politique au sein des Conseils Régionaux concernés, risque fort de paralyser ces collectivités territoriales pendant six ans. C'est grave pour la décentralisation et pour la politique de contractualisation entre l'Etat et ces collectivités, nécessaire à leur développement. Il est dramatique en particulier que des régions, dont la vocation est de préparer l'avenir de nos jeunes et de favoriser le développement économique et culturel, soient gérées grâce à l'appui d'une force politique dont l'idéologie renvoie au passé le plus sombre de notre histoire.
Le second tour des élections cantonales nous apporte l'espoir qu'une très grande part des électeurs de la droite républicaine n'acceptera pas ces alliances honteuses qui heurtent au plus profond leurs convictions. Ce que certains pensent gagner à l'extrême droite, ils le perdront à droite et au centre et en seront ainsi pour leurs frais. Ils auront gagné ou conservé un poste mais auront perdu l'essentiel, la considération de la grande majorité des Français, et, comme l'a dit le Président de la République, leur dignité même.
La situation du Théâtre national de la danse et de l'image de Chateauvallon illustre, dans le domaine culturel, la nécessité de faire preuve de la plus grande vigilance à l'égard du Front national et de ses élus.
La Cour d'appel de Grenoble vient de prononcer la dissolution de l'association TNDI. Je ne ferai aucun commentaire sur cette décision. Je m'inquiète cependant des circonstances dans lesquelles cette décision de justice a pu être rendue.
Comme vous le savez, le maire Front national de Toulon connaissait cette décision une semaine avant qu'elle ne soit prononcée publiquement par le Tribunal. L'enquête en cours, diligentée par le garde des sceaux, déterminera s'il y a eu, en la matière, violation du secret du délibéré.
Cette affaire est grave. Elle témoigne, s'il en était encore besoin, du mépris qu'affiche le Front national à l'égard des institutions de la République.
Mais il est surtout clair que le Maire Front national a voulu s'offrir un coup médiatique en période électorale, car il savait que cette dissolution, aujourd'hui prononcée, ne prendrait pas de court les partenaires républicains rassemblés autour du projet culturel de Chateauvallon.
Vous connaissez en effet ma position dans cette affaire : si la Cour d'Appel de Grenoble n'avait pas prononcé la dissolution, il aurait fallu auto-dissoudre l'association afin de ne pas rester l'otage la la municipalité de Toulon. Cette résolution avait été prise dès le mois de septembre 1997 entre le Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Conseil Général du Var, la commune d'Ollioules et mes plus proches collaborateurs sur mes instructions expresses.
Aujourd'hui la situation est conforme à celle que nous voulions délibérément créer :
- Les partenaires républicains que je viens de citer sont fermement rassemblés autour d'un nouveau projet culturel, et l'élection, hier, de Michel Vauzelle à la tête de la région renforce ma confiance pour l'avenir. L'activité dominante de ce projet qui prendra en considération l'héritage artistique du TNDI, demeurera axée autour de la chorégraphie, mais elle s'étendra aux autres secteurs du spectacle vivant, en particulier théâtral et musical.
- Une nouvelle association sera créée dans les jours à venir, le temps que les différentes assemblées délibèrent et votent leur adhésion. Cette nouvelle association sera fondée sous la dénomination : "Centre national de Création et de diffusion culturelle ".
- La nouvelle association permettra de créer les conditions de réinsertion de la totalité du personnel salarié du TNDI.
- Le recrutement du directeur de la nouvelle structure après appel à candidature permettra qu'au début du mois de mai soit défini de manière tout à fait opérationnelle un projet artistique pour une durée de trois ans.
Tous les partenaires consultés sont d'accord avec ce schéma d'action qui prend effet dès aujourd'hui. Nous aurons, avec eux, dans les tous prochains jours, les réunions qui s'imposent pour convenir ensemble des derniers ajustements.
La dissolution judiciaire, comme la dissolution volontaire que nous aurions provoquée le cas échéant, entraîne cependant une conséquence pratique : l'utilisation du site de Chateauvallon ne sera pas possible avant le terme des opérations de liquidation des biens de l'association et des opérations de dissolution du syndicat intercommunal qui gère le patrimoine immobilier du site.
Ce syndicat intercommunal, vous le savez, regroupe depuis 1975 les communes d'Ollioules et de Toulon. Mais la commune d'Ollioules est propriétaire du site de Chateauvallon ; cette donnée est bien entendu fondamentale.
Je ne méconnaissais pas ces complications et je savais qu'une dissolution judiciaire ou volontaire risquait d'éloigner pendant quelques mois la nouvelle association et son personnel du site de Chateauvallon.
Une fois encore, je tiens à préciser que ces données objectives ont été présentées il y a déjà plusieurs mois, respectivement aux collectivités locales partenaires et aux salariés de Châteauvallon. Je peux dire aujourd'hui que tous étaient d'accord pour continuer "Hors les murs" plutôt que de supporter longtemps encore les agissements et les manoeuvres de la municipalité Front national de Toulon.
L'activité artistique et culturelle de la nouvelle association se déroulera, pour un temps, Hors les murs : elle s'enracinera d'autant plus à Toulon et dans le Var, elle s'ouvrira d'autant mieux à la population toulonnaise et varoise.
Nous serons Hors les murs sans le Front national, nous reviendrons dans les murs sans le Front national. Voilà quel est le sens de l'action entreprise depuis plusieurs mois par tous les partenaires institutionnels ; voilà quel est également le voeu des salariés du TNDI.
Pour l'heure, la direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur et les services du Conseil général recherchent activement un lieu permanent à Toulon afin d'y installer les activités de la nouvelle association. Ils sont pratiquement au point d'aboutir. Mais j'appelle plus largement toutes les collectivités locales du Var et les structures culturelles de Toulon et du département à se mobiliser pour accueillir les futures programmations de la nouvelle association.
Je sais pouvoir attendre des acteurs culturels de la région PACA une solidarité concrète et sans faille. Je prendrai l'initiative de les réunir prochainement afin de définir, avec eux, les modalités de leur implication.
Je tiens à saluer tous les membres du personnel du TNDI. Je veux leur dire l'estime et le respect que je leur porte pour la résistance dont ils ont fait preuve. Je sais les moments de doute et d'angoisse qu'ils ont dû traverser. Je veux qu'ils sachent que l'action que j'ai menée depuis plusieurs mois a toujours tenu compte de la défense de leurs intérêts moraux et matériels.
Je m'adresse à présent à Gérard Paquet, avec lequel mes collaborateurs ont toujours eu des contacts fréquents et loyaux depuis maintenant neuf mois. En juin 1995, après l'arrivée du Front national à la mairie de Toulon, Gérard Paquet a refusé toute collaboration institutionnelle et financière avec cette municipalité. A l'heure où certains responsables politiques de droite s'abandonnent moralement et abdiquent toute dignité républicaine pour conserver leur pouvoir régional, je veux rendre hommage à la lucidité de Gérard Paquet.
En plein accord avec lui, je souhaite aujourd'hui lui confier une mission nationale dans l'un de ses domaines de prédilection : je lui demande de me faire des propositions concrètes visant à l'intégration, dans les activités et la démarche des établissements culturels, de la dimension de la recherche scientifique et des relations entre artistes et chercheurs. Cette mission débouchera à termes sur des activités pérennes que Gérard Paquet exercera dans le réseau des institutions culturelles nationales.
Mesdames, Messieurs,
Je n'imaginais pas que mon intervention sur ce dossier hautement symbolique de Chateauvallon s'inscrirait dans le contexte nouveau qui vient de se créer en raison des accords politiques conclus désormais entre certains leaders régionaux de la droite et le Front national.
En tant que ministre de la Culture, cette situation politique me donne des responsabilités particulières que j'entends bien exercer. La culture est l'une des cibles privilégiées du Front national, comme elle l'a toujours été de la part des partis et des régimes totalitaires.
J'ai donc constaté avec stupeur et indignation que les accords conclus entre le Front national et la droite dans beaucoup de régions comportaient souvent une clause condamnant, sans l'avouer explicitement, ce qui forme de manière vitale notre patrimoine culturel : je veux parler de la création contemporaine.
Nous savons bien ce que signifie l'exhortation à l'identité régionale par le Front national. Il ne s'agit pas d'une identité ouverte, soucieuse de rechercher dans la singularité l'expression de valeurs universelles. Il s'agit au contraire d'une identité de repli, d'une identité qui se ferme sur une communauté pour mieux exclure toutes les autres.
Je veux le dire avec fermeté : si une telle dérive devait menacer la création et la recherche artistiques contemporaines ; si les régions concernées devaient liquider tous les efforts entrepris pour la création et la diffusion artistiques, elles prendraient ainsi une responsabilité gravissime qui nous renverrait aux heures les plus sombres de notre histoire. Je ne resterai pas inactive si je devais constater le recul de cette politique de soutien à la création fondée depuis le ministère d'André Malraux.
Unis et mobilisés, nous devons défendre une culture ouverte et partagée, une création artistique vivante et audacieuse.
Chateauvallon doit vivre au nom de ces valeurs. Chateauvallon doit vivre pour ce combat.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 3 octobre 2001)