Interview de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, à l'agence de presse algérienne APS à Paris le 15 décembre 2002, sur l'enjeu de sa visite officielle en Algérie, le renforcement des relations fanco-algériennes avec l'ouverture de l'Année de l'Algérie en France.

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Circonstance : Voyage en Agérie de M. de Villepin les 16 et 17 décembre 2002

Média : Agence algérienne de presse - APS - Presse étrangère

Texte intégral

Q - Quel sens donnez-vous à votre première visite officielle en Algérie ?
R - Ma visite en Algérie revêt à mon sens un triple enjeu :
D'une part, il s'agit de confirmer l'élan qui prévaut depuis la visite d'Etat du président Bouteflika en juin 2000, et de donner une nouvelle impulsion. Aujourd'hui, les relations entre la France et l'Algérie entrent dans une ère nouvelle, tournent une nouvelle page de leur histoire : nous pouvons aller plus haut et plus loin. Je pense en particulier à l'ouverture de l'Année de l'Algérie en France, dans quelques jours, qui nous permettra de resserrer nos liens. Je pense à la visite d'Etat en Algérie du président Chirac, qui, je le rappelle, sera la première visite d'Etat en Algérie d'un président français et que nous préparons dès à présent. Ce sera une échéance majeure qui marquera tout l'attachement que le président de la République porte à l'approfondissement des relations franco-algériennes et au-delà, au resserrement des liens entre la France et le Maghreb.
Ma visite en Algérie vise également à réaffirmer notre solidarité avec l'Algérie. Nous savons les drames que le peuple algérien a enduré au cours de ces dix dernières années. La France entend aider à construire l'Algérie de demain. Cela signifie que nous soutenons les réformes politiques et économiques nécessaires à la stabilité et à la prospérité de l'Algérie.
Enfin, la construction d'une aire de stabilité et de développement en Méditerranée est pour la France une priorité stratégique. Au moment où l'Europe s'élargit vers l'est, je viens en Algérie pour dire que l'Europe n'oublie pas sa rive sud. La France ne ménagera pas ses efforts pour bâtir un partenariat solide et fécond entre l'Europe et les pays du pourtour de la Méditerranée car nous avons un destin commun que nous devons préparer ensemble. Cela signifie aussi qu'il revient aux Maghrébins d'unir leurs efforts au service de cette ambition collective.
Q - Moment privilégié dans les relations bilatérales, l'Année de l'Algérie en France va sceller les retrouvailles entre deux pays et deux peuples, selon votre bonne formule. Quels sont selon vous les moyens à mettre en oeuvre pour que cette relation s'ancre dans la durée ?
R - Nous avons tous les atouts pour construire cette relation forte et durable que nous appelons de nos vux. Une proximité géographique, une culture commune, et surtout des liens humains d'une densité unique. Ces liens humains, privilégiés, sont notre meilleure force. L'Année de l'Algérie nous permettra, justement, de souligner combien ces échanges humains, ces brassages de culture sont une richesse pour nos deux pays et participent d'une relation étroite et singulière. C'est aussi pour cela que notre politique vise à améliorer les conditions de circulation des personnes entre nos deux pays, qu'il s'agisse de la réouverture de notre dispositif consulaire, à Annaba en 2001, et bientôt à Oran, ou qu'il s'agisse de l'entrée en vigueur, au début de l'année 2003, des nouvelles dispositions de l'accord de 1968 favorables aux ressortissants algériens.
Enfin, il revient au politique de fixer le cap. Et nous sommes déterminés à construire avec les autorités algériennes une relation solide, durable et sereine, empreinte de confiance et de respect mutuel.
Q - Les présidents Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika ont fait des relations franco-algériennes un modèle et un exemple. Ne pensez-vous pas cependant que ces relations, au plan économique, notamment s'agissant des investissements économiques français en Algérie, sont en deçà des attentes ?
R - Les entreprises françaises sont les premières à investir en Algérie, hors secteur des hydrocarbures. Aujourd'hui, ce sont près d'une centaine d'entreprises françaises qui opèrent en Algérie, et un nombre sans cesse croissant d'investisseurs font part de leur grand intérêt pour ce marché aux potentiels très importants.
Des sociétés françaises ont investi ou renforcé leur présence ces dernières années dans de nombreux secteurs, qu'il s'agisse de l'agro-alimentaire, des banques, des détergents, de l'électricité ou de la distribution automobile. D'autres s'apprêtent à réaliser des investissements dans de nouveaux projets ou dans la reprise de structures existantes.
L'accord de conversion de 61 millions d'euros de dettes en investissements privés que nous allons signer, encouragera encore davantage nos entreprises à prendre le chemin de l'Algérie.
Cela étant, il ne faut pas oublier que les entreprises se déterminent avant tout sur des critères liés à l'environnement des affaires et aux opportunités d'investissements. De ce point de vue, le rythme des investissements reste lié à la mise en oeuvre effective des réformes et aux conditions d'accueil de ces mêmes investissements. Je suis heureux des pas accomplis dans ce sens par les autorités algériennes, tout en souhaitant qu'ils soient poursuivis et amplifiés.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 décembre 2002)