Texte intégral
On ne compte plus les missiles échangés entre vous, Marc Blondel et Bernard Thibault... Simple agitation pré-électorale ?
Nous avions prévenu qu'il n'était pas bon de reporter les dossiers difficiles, sous prétexte d'élections prudhomales. Quand les sujets sont chauds, mieux vaut les traiter tout de suite. Sinon, ils sortent quand même, mais sous forme de surenchères, comme sur les retraites... Nous, nous préférons dire clairement ce que nous pensons, et chercher des convergences, par exemple avec la CGT, sans tromper les salariés sur l'unité syndicale: on sait qu'il y a des désaccords profonds entre ceux qui ne veulent rien changer et ceux qui veulent réformer.
Vous pensez à Force ouvrière ?
Oui, Force ouvrière propose de fausses solutions. Nous pensons que la bonne méthode est de discuter d'abord du niveau des retraites que l'on veut pour demain, et ensuite d'examiner les besoins de financement, en jouant sur des paramètres assez classiques: le niveau des cotisations, leur durée, et le Fonds de réserve.
Dans ce domaine, savez-vous ce que veut le gouvernement ?
Non, je ne vois pas clairement ce qu'il souhaite faire sur les retraites. Il tarde à ouvrir le dossier, et intervient, dans le même temps, sur des sujets périphériques qui ouvrent des polémiques, sans vision d'ensemble. Ceci dit, je comprends sa prudence: chaque fois qu'on sort une idée nouvelle, tout le monde vous tombe dessus ! Il est dommage qu'un sujet aussi important, un élément central du contrat social de notre pays, devienne un sujet de polémique politicienne.
Les retraites peuvent encore "faire sauter un gouvernement", comme l'avait dit Rocard ?
Cette phrase n'est pas l'expression la plus heureuse de Michel Rocard, car elle encourage la timidité politique.
Et peuvent-elles faire sauter un secrétaire général de syndicat ?
Je suis convaincu que, ce qui peut faire sauter un secrétaire général de la CFDT, ce n'est pas de s'engager en faveur d'une réforme ambitieuse. Pour être clair, l'archaïsme syndical ne paie pas à la CFDT.
Le droit du licenciement va être revu par le parlement. Etes-vous inquiet ?
Je mets d'abord en garde la majorité : l'équilibre proposé par François Fillon sur les articles suspendus et renvoyés à la négociation entre partenaires sociaux ne peut être remis en cause. Ensuite, il faut que les partenaires sociaux prennent eux aussi leurs responsabilités. Je rappelle que la loi de modernisation sociale (dite "loi Guigou") avait été contestée par les syndicats et les organisations patronales, qui demandaient que le sujet soit laissé à la négociation entre partenaires sociaux. J'ai l'impression que certains ont depuis changé d'avis - pas nous. Je suis consterné de la timidité des partenaires sociaux face au sujet de l'emploi: on passe plus de temps à discuter de la " prime de Noël " nécessaire aux chômeurs que des moyens de les aider à retrouver un emploi ! Nous, nous avons demandé l¹ouverture de négociations sur les plans sociaux, avec l'objectif d'étendre cette démarche de plan social au petites entreprises, qui représentent 85 % des licenciements économiques. Et des négociations sur la formation professionnelle, pour permettre aux salariés d'avoir des droits de formation tout au long de la vie, droits qu'ils pourraient conserver en changeant d'entreprise ou de branche professionnelle... Le Medef nous a donné son accord pour négocier - alors allons-y, rapidement !
Le déficit de l'Unedic ne vous fait pas regretter l¹instauration du Pare (plan d'aide au retour à l'emploi), jugé très coûteux ?
Non. De tout temps, l'augmentation du chômage a provoqué des difficultés de financement qui obligent à revoir le niveau des cotisations, et à examiner les prestations, comme dans toute négociation. Une chose est sûre, nous défendrons la non-dégressivité des indemnités de chômage, qui est un acquis du Pare.
Votre objectif aux prudhomales, après les 25,3% de 1997 ?
Poursuivre la progression entamée il y a plus de dix ans. Montrer que notre syndicalisme de proximité, de proposition et de résultats attire de plus en plus de personnes.
(Source http://www.cfdt.fr, le 9 décembre 2002)
Nous avions prévenu qu'il n'était pas bon de reporter les dossiers difficiles, sous prétexte d'élections prudhomales. Quand les sujets sont chauds, mieux vaut les traiter tout de suite. Sinon, ils sortent quand même, mais sous forme de surenchères, comme sur les retraites... Nous, nous préférons dire clairement ce que nous pensons, et chercher des convergences, par exemple avec la CGT, sans tromper les salariés sur l'unité syndicale: on sait qu'il y a des désaccords profonds entre ceux qui ne veulent rien changer et ceux qui veulent réformer.
Vous pensez à Force ouvrière ?
Oui, Force ouvrière propose de fausses solutions. Nous pensons que la bonne méthode est de discuter d'abord du niveau des retraites que l'on veut pour demain, et ensuite d'examiner les besoins de financement, en jouant sur des paramètres assez classiques: le niveau des cotisations, leur durée, et le Fonds de réserve.
Dans ce domaine, savez-vous ce que veut le gouvernement ?
Non, je ne vois pas clairement ce qu'il souhaite faire sur les retraites. Il tarde à ouvrir le dossier, et intervient, dans le même temps, sur des sujets périphériques qui ouvrent des polémiques, sans vision d'ensemble. Ceci dit, je comprends sa prudence: chaque fois qu'on sort une idée nouvelle, tout le monde vous tombe dessus ! Il est dommage qu'un sujet aussi important, un élément central du contrat social de notre pays, devienne un sujet de polémique politicienne.
Les retraites peuvent encore "faire sauter un gouvernement", comme l'avait dit Rocard ?
Cette phrase n'est pas l'expression la plus heureuse de Michel Rocard, car elle encourage la timidité politique.
Et peuvent-elles faire sauter un secrétaire général de syndicat ?
Je suis convaincu que, ce qui peut faire sauter un secrétaire général de la CFDT, ce n'est pas de s'engager en faveur d'une réforme ambitieuse. Pour être clair, l'archaïsme syndical ne paie pas à la CFDT.
Le droit du licenciement va être revu par le parlement. Etes-vous inquiet ?
Je mets d'abord en garde la majorité : l'équilibre proposé par François Fillon sur les articles suspendus et renvoyés à la négociation entre partenaires sociaux ne peut être remis en cause. Ensuite, il faut que les partenaires sociaux prennent eux aussi leurs responsabilités. Je rappelle que la loi de modernisation sociale (dite "loi Guigou") avait été contestée par les syndicats et les organisations patronales, qui demandaient que le sujet soit laissé à la négociation entre partenaires sociaux. J'ai l'impression que certains ont depuis changé d'avis - pas nous. Je suis consterné de la timidité des partenaires sociaux face au sujet de l'emploi: on passe plus de temps à discuter de la " prime de Noël " nécessaire aux chômeurs que des moyens de les aider à retrouver un emploi ! Nous, nous avons demandé l¹ouverture de négociations sur les plans sociaux, avec l'objectif d'étendre cette démarche de plan social au petites entreprises, qui représentent 85 % des licenciements économiques. Et des négociations sur la formation professionnelle, pour permettre aux salariés d'avoir des droits de formation tout au long de la vie, droits qu'ils pourraient conserver en changeant d'entreprise ou de branche professionnelle... Le Medef nous a donné son accord pour négocier - alors allons-y, rapidement !
Le déficit de l'Unedic ne vous fait pas regretter l¹instauration du Pare (plan d'aide au retour à l'emploi), jugé très coûteux ?
Non. De tout temps, l'augmentation du chômage a provoqué des difficultés de financement qui obligent à revoir le niveau des cotisations, et à examiner les prestations, comme dans toute négociation. Une chose est sûre, nous défendrons la non-dégressivité des indemnités de chômage, qui est un acquis du Pare.
Votre objectif aux prudhomales, après les 25,3% de 1997 ?
Poursuivre la progression entamée il y a plus de dix ans. Montrer que notre syndicalisme de proximité, de proposition et de résultats attire de plus en plus de personnes.
(Source http://www.cfdt.fr, le 9 décembre 2002)