Message de M. Lionel Jospin, Premier ministre, aux lecteurs "D'ici la France" supplément du bimensuel en hébreu "Ha'Aretz", Tel Aviv le 23 mars 1998.

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Texte intégral

Je souhaite apporter tout mon soutien à l'initiative de publier un supplément bimestriel en hébreu sur la France destiné aux lecteurs du journal " Haaretz ", dont je tiens à féliciter ici chaleureusement les initiateurs. Je lui fais confiance pour aborder avec l'esprit percutant et si libre qui fait la richesse de la presse israélienne, l'ensemble des sujets culturels, politiques, économiques et historiques qui sont la substance de nos relations. Cette publication contribuera, j'en suis certain, à mieux faire connaître la France et les relations entre nos deux pays au peuple israélien ouvert sur le monde et de rapprocher encore plus nos deux peuples.

Depuis la création d'Israël il y a cinquante ans, la France a tissé avec lui des liens étroits et nourris. Riche de son éminente et ancienne communauté juive, elle a compris très tôt les préoccupations du jeune Etat. Elle est pleinement consciente de ses besoins en matière de sécurité. Riveraine de la Méditerranée, elle se sent directement concernée par le processus de paix. Elles souhaite ardemment que les efforts engagés atteignent leur objectif de justice et de stabilité, procurant à Israël et ses voisins un cadre satisfaisant pour vivre ensemble, mieux se comprendre et coopérer.

Les relations franco-israéliennes sont étroites et substantielles. Peut-être n'en mesure-t-on pas toutes les dimensions. Sait-on, par exemple, que la France est la première destination mondiale des touristes israéliens, qu'elle abrite la première communauté juive d'Europe et la deuxième de la Diaspora, qu'elle est le premier pays exportateur de produits cashers, que les Français arrivent en tête parmi l'immigration occidentale en Israël, ou qu'un Israélien sur cinq comprend ou parle le français ?

De nombreuses questions restent aussi à débattre et à éclaircir. Je sais qu'il y a parfois des différences d'appréciation entre nos deux pays, des incompréhensions même. Les politiques de la France et de l'Europe sont parfois mal comprises en Israël. Je le regrette. A l'inverse, l'actualité politique en Israël et au Proche-Orient a tendance à occulter dans l'opinion publique française les autres réalités israéliennes : c'est tout aussi regrettable. La nécessité de compléter ces images s'impose donc à nous. Nous devons en parler ouvertement dans la confiance et le respect mutuel qui doit présider aux relations entre deux peuples amis.

A l'occasion du cinquantième anniversaire de l'Etat d'Israël, j'adresse à son peuple, et en particulier à sa communauté francophone, mes voeux sincères de paix, de justice et de prospérité. Que son héritage, riche d'une double tradition d'humanisme, de générosité et d'ouverture, l'inspire pour guider la destinée du pays qui lui est cher, au moment où des choix cruciaux s'imposent à lui. Mazal Tov !./.

(Source http://www.doc.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2001)