Texte intégral
Rien ne serait plus dangereux, face au ralentissement de la croissance, que de nous laisser enfermer dans une alternative dangereuse : céder à la facilité qui consiste à laisser filer les déficits ou, à l'inverse, sombrer dans une rigueur aveugle. Il ne s'agit pas de subir en se laissant acculer à un certain immobilisme.
Le gouvernement précédent n'a pas su, au temps de la croissance mondiale, fortifier le pays pour le rendre plus apte à traverser les périodes plus difficiles de croissance faible.
Il ne faut pas commettre l'erreur, symétrique, de ralentir nos efforts d'adaptation car, alors, nous ne tirerions pas toutes les chances qu'offrira le retour de la croissance.
Il se produira en effet, et peut-être plus tôt qu'on ne le pense, dans un monde où les facteurs de crise peuvent demain être en partie largement conjurés.
Et puis le cap choisi pour la nation par le président de la République Jacques Chirac demeure juste. C'est celui de la création de richesses, de l'accroissement du potentiel de croissance, celui de la volonté d'accroître nos capacités d'innovation et de production.
Quelles que soient les difficultés présentes, rien ne doit amoindrir le courage de la nation et détourner les Français de ce cap juste. Pour cela, une politique économique cohérente doit pouvoir s'ordonner autour de trois grands axes :
Premièrement, il s'agit de maintenir et d'accroître encore notre volonté d'encourager tous ceux qui sont en mesure de créer de la richesse, d'investir.
C'est le sens d'une baisse des prélèvements qui doit bien sûr être bien cadrée, bien ciblée pour être efficace... notamment en encourageant tous ceux qui peuvent participer à l'effort d'innovation, de recherche et de développement.
Mais cette baisse des prélèvements exige par gros temps - et c'est là que le courage ne doit pas faire défaut - un ajustement fin, systématique et presque quotidien de la dépense publique.
Les économies rendues possibles par une gestion moderne, efficace de tous les acteurs publics sont en effet la contrepartie nécessaire pour financer les baisses d'impôts, en particulier celles qui visent à stimuler l'innovation et la recherche de nos entreprises.
Le remède ne pourrait pas porter ses fruits si cette baisse des prélèvements conduisait à alourdir une dette publique dont le remboursement à venir freinerait à son tour l'effort d'investissement continu qu'exige une économie dynamique.
Cette réduction des frais généraux de la "maison France" est possible, car notre pays est aujourd'hui largement suradministré.
Les ministères en charge de l'administration proprement dite peuvent faire coup double : moderniser leurs méthodes, mieux former et rémunérer leurs personnels et en arriver, par conséquent, à une diminution des postes et à un renforcement de la qualité des services rendus.
Et la gestion de proximité peut relayer efficacement l'Etat lui-même en allégeant les coûts grâce à un véritable remembrement des rôles et des tâches.
Tout le monde peut sortir gagnant de cet effort national. Comme le disait José Aznar à ses compatriotes espagnols, il faut choisir entre la dérive d'une dépense publique mal contrôlée et la création d'emplois ;
Cet effort national comporte un deuxième avantage, celui d'affirmer notre sérieux, d'asseoir notre crédibilité auprès de nos partenaires européens.
Pour les convaincre de consentir une application plus graduée, plus intelligente d'un pacte de stabilité conçu par temps de croissance, il faut témoigner préalablement de notre vertu.
C'est-à-dire qu'il faut accélérer l'effort de maîtrise de la dépense publique dès le retour de la croissance et des excédents de ressources qu'elle nous apportera, et en affecter une large part à la réduction des déficits et au remboursement des dettes.
Forts d'un tel engagement, nous pourrions solliciter de nos compagnons de route de l'Euroland un double soutien à l'activité et à l'investissement. Celui que peut apporter d'abord la baisse des taux d'intérêt.
La Banque centrale européenne dispose d'une marge de manuvre significative par temps d'euro fort et au regard des taux que pratique la Fed...
Pourquoi ne ferait-elle pas rapidement bénéficier nos entreprises de cette baisse du coût de l'argent pour investir ?
Parallèlement, est-il vraiment si difficile de coordonner nos politiques économiques, au moins pour la bataille de l'investissement et de l'innovation qui ouvriront de plus en plus les voies du succès dans l'avenir ?
Bien sûr, tous les investissements ne génèrent pas les mêmes chances. Là encore, il faut trier.
Le lancement d'un programme européen significatif sur les biotechnologies pourrait constituer un signal fort et faire école.
D'autres leviers de croissance peuvent être actionnés.
Celui des grandes infrastructures par exemple. Jacques Delors avait, en son temps, proposé un programme Trans Europe. Aujourd'hui, on mesure encore mieux, dans un marché où la libéralisation et l'intensification des échanges progressent, l'intérêt majeur d'accroître les facultés de circulation pour le fret marchandise aussi bien que pour les transports d'énergie.
Aujourd'hui, on sait que la réussite de l'intégration des Etats nouveaux de l'Est implique la mise à niveau des équipements majeurs pour leur développement.
A défaut d'une gouvernance économique qui devrait tout naturellement naître dans le sillage de l'euro, une telle coopération active des Etats de l'Euroland sur tous ces chantiers d'avenir permettrait de relever ce défi de la vieille Europe ;
Enfin, une politique économique efficace implique un troisième axe : maintenir la confiance des Français en eux-mêmes et les préparer à prendre sans retard le train de la croissance dès qu'il repassera.
Il s'agit de renouer avec le goût de l'activité, la passion de travail, un travail mieux valorisé, plus attractif, plus épanouissant parce que lié étroitement à la progression du savoir et à la promotion du travailleur.
Il ne s'agit pas, pour cela, de sombrer dans l'incantation. Pour relever le taux d'activité des Français, c'est-à-dire obtenir un nombre global d'heures travaillées plus important (cequi, soit dit en passant, limitera d'autant les efforts à consentir pour sauver nos retraites), il faut encourager tout ce qui renforce l'employabilité, la créativité de chacun pendant toute sa vie active.
Mais il y a un préalable : il faut veiller à mieux rémunérer le travail. Après la prime pour l'emploi, la politique d'unification des SMIC accompagnée de baisses des charges décidées par le gouvernement s'avère un premier moyen efficace.
Mais elle doit être relayée par une généralisation de l'épargne salariale, de l'intéressement, qui doit être amplifié en dépit du ralentissement provisoire de la croissance.
En outre, deux enjeux majeurs nous attendent : c'est là que se jouera pour l'essentiel notre capacité à créer de l'emploi. D'abord, la mise à la disposition de nos salariés, et surtout des moins qualifiés d'entre eux, d'un capital temps-formation avec un accès facilité à la validation de leur savoir-faire, clé d'une véritable carrière professionnelle pour tous, voire de la chance pour certains d'une deuxième carrière.
Ensuite, l'encouragement systématique à tous ceux qui à un moment ou à un autre rêvent d'autonomie professionnelle pour prendre des initiatives, créer un produit ou un service nouveau.
La loi sur l'initiative économique a été une première étape très appréciable, mais il faudra étendre aux créateurs d'entreprise un certain nombre de droits et de garanties dont le bénéfice devrait, par-delà le salariat, s'étendre à tous les actifs qui s'engagent à faire croître la richesse de notre pays.
Le ralentissement de l'économie doit être une invitation à être encore plus volontariste dans notre aspiration à libérer des énergies.
Il faut rompre avec la politique de ceux qui n'ont pas hésité à entretenir les tentations du malthusianisme économique.
La France n'est pas vouée à la croissance molle, aux retards technologiques, à l'effritement de ses positions sur les marchés mondiaux. Les Français doivent renouer avec cet esprit de conquête qui depuis toujours distingue les vieilles nations fatiguées et déclinantes des peuples jeunes, ambitieux et courageux.
La concomitance d'un effort de l'Etat pour gérer à meilleur coût la nation, d'un soutien continu à la recherche et développement, d'un encouragement tonique à nos compatriotes qui aspirent à une vie de travail réussie : tout cela constitue une politique économique cohérente, tout cela est le meilleur moyen de surmonter la morosité, le découragement, et de tirer le moment venu tout le profit du retour de la croissance.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 2 juillet 2003)
Le gouvernement précédent n'a pas su, au temps de la croissance mondiale, fortifier le pays pour le rendre plus apte à traverser les périodes plus difficiles de croissance faible.
Il ne faut pas commettre l'erreur, symétrique, de ralentir nos efforts d'adaptation car, alors, nous ne tirerions pas toutes les chances qu'offrira le retour de la croissance.
Il se produira en effet, et peut-être plus tôt qu'on ne le pense, dans un monde où les facteurs de crise peuvent demain être en partie largement conjurés.
Et puis le cap choisi pour la nation par le président de la République Jacques Chirac demeure juste. C'est celui de la création de richesses, de l'accroissement du potentiel de croissance, celui de la volonté d'accroître nos capacités d'innovation et de production.
Quelles que soient les difficultés présentes, rien ne doit amoindrir le courage de la nation et détourner les Français de ce cap juste. Pour cela, une politique économique cohérente doit pouvoir s'ordonner autour de trois grands axes :
Premièrement, il s'agit de maintenir et d'accroître encore notre volonté d'encourager tous ceux qui sont en mesure de créer de la richesse, d'investir.
C'est le sens d'une baisse des prélèvements qui doit bien sûr être bien cadrée, bien ciblée pour être efficace... notamment en encourageant tous ceux qui peuvent participer à l'effort d'innovation, de recherche et de développement.
Mais cette baisse des prélèvements exige par gros temps - et c'est là que le courage ne doit pas faire défaut - un ajustement fin, systématique et presque quotidien de la dépense publique.
Les économies rendues possibles par une gestion moderne, efficace de tous les acteurs publics sont en effet la contrepartie nécessaire pour financer les baisses d'impôts, en particulier celles qui visent à stimuler l'innovation et la recherche de nos entreprises.
Le remède ne pourrait pas porter ses fruits si cette baisse des prélèvements conduisait à alourdir une dette publique dont le remboursement à venir freinerait à son tour l'effort d'investissement continu qu'exige une économie dynamique.
Cette réduction des frais généraux de la "maison France" est possible, car notre pays est aujourd'hui largement suradministré.
Les ministères en charge de l'administration proprement dite peuvent faire coup double : moderniser leurs méthodes, mieux former et rémunérer leurs personnels et en arriver, par conséquent, à une diminution des postes et à un renforcement de la qualité des services rendus.
Et la gestion de proximité peut relayer efficacement l'Etat lui-même en allégeant les coûts grâce à un véritable remembrement des rôles et des tâches.
Tout le monde peut sortir gagnant de cet effort national. Comme le disait José Aznar à ses compatriotes espagnols, il faut choisir entre la dérive d'une dépense publique mal contrôlée et la création d'emplois ;
Cet effort national comporte un deuxième avantage, celui d'affirmer notre sérieux, d'asseoir notre crédibilité auprès de nos partenaires européens.
Pour les convaincre de consentir une application plus graduée, plus intelligente d'un pacte de stabilité conçu par temps de croissance, il faut témoigner préalablement de notre vertu.
C'est-à-dire qu'il faut accélérer l'effort de maîtrise de la dépense publique dès le retour de la croissance et des excédents de ressources qu'elle nous apportera, et en affecter une large part à la réduction des déficits et au remboursement des dettes.
Forts d'un tel engagement, nous pourrions solliciter de nos compagnons de route de l'Euroland un double soutien à l'activité et à l'investissement. Celui que peut apporter d'abord la baisse des taux d'intérêt.
La Banque centrale européenne dispose d'une marge de manuvre significative par temps d'euro fort et au regard des taux que pratique la Fed...
Pourquoi ne ferait-elle pas rapidement bénéficier nos entreprises de cette baisse du coût de l'argent pour investir ?
Parallèlement, est-il vraiment si difficile de coordonner nos politiques économiques, au moins pour la bataille de l'investissement et de l'innovation qui ouvriront de plus en plus les voies du succès dans l'avenir ?
Bien sûr, tous les investissements ne génèrent pas les mêmes chances. Là encore, il faut trier.
Le lancement d'un programme européen significatif sur les biotechnologies pourrait constituer un signal fort et faire école.
D'autres leviers de croissance peuvent être actionnés.
Celui des grandes infrastructures par exemple. Jacques Delors avait, en son temps, proposé un programme Trans Europe. Aujourd'hui, on mesure encore mieux, dans un marché où la libéralisation et l'intensification des échanges progressent, l'intérêt majeur d'accroître les facultés de circulation pour le fret marchandise aussi bien que pour les transports d'énergie.
Aujourd'hui, on sait que la réussite de l'intégration des Etats nouveaux de l'Est implique la mise à niveau des équipements majeurs pour leur développement.
A défaut d'une gouvernance économique qui devrait tout naturellement naître dans le sillage de l'euro, une telle coopération active des Etats de l'Euroland sur tous ces chantiers d'avenir permettrait de relever ce défi de la vieille Europe ;
Enfin, une politique économique efficace implique un troisième axe : maintenir la confiance des Français en eux-mêmes et les préparer à prendre sans retard le train de la croissance dès qu'il repassera.
Il s'agit de renouer avec le goût de l'activité, la passion de travail, un travail mieux valorisé, plus attractif, plus épanouissant parce que lié étroitement à la progression du savoir et à la promotion du travailleur.
Il ne s'agit pas, pour cela, de sombrer dans l'incantation. Pour relever le taux d'activité des Français, c'est-à-dire obtenir un nombre global d'heures travaillées plus important (cequi, soit dit en passant, limitera d'autant les efforts à consentir pour sauver nos retraites), il faut encourager tout ce qui renforce l'employabilité, la créativité de chacun pendant toute sa vie active.
Mais il y a un préalable : il faut veiller à mieux rémunérer le travail. Après la prime pour l'emploi, la politique d'unification des SMIC accompagnée de baisses des charges décidées par le gouvernement s'avère un premier moyen efficace.
Mais elle doit être relayée par une généralisation de l'épargne salariale, de l'intéressement, qui doit être amplifié en dépit du ralentissement provisoire de la croissance.
En outre, deux enjeux majeurs nous attendent : c'est là que se jouera pour l'essentiel notre capacité à créer de l'emploi. D'abord, la mise à la disposition de nos salariés, et surtout des moins qualifiés d'entre eux, d'un capital temps-formation avec un accès facilité à la validation de leur savoir-faire, clé d'une véritable carrière professionnelle pour tous, voire de la chance pour certains d'une deuxième carrière.
Ensuite, l'encouragement systématique à tous ceux qui à un moment ou à un autre rêvent d'autonomie professionnelle pour prendre des initiatives, créer un produit ou un service nouveau.
La loi sur l'initiative économique a été une première étape très appréciable, mais il faudra étendre aux créateurs d'entreprise un certain nombre de droits et de garanties dont le bénéfice devrait, par-delà le salariat, s'étendre à tous les actifs qui s'engagent à faire croître la richesse de notre pays.
Le ralentissement de l'économie doit être une invitation à être encore plus volontariste dans notre aspiration à libérer des énergies.
Il faut rompre avec la politique de ceux qui n'ont pas hésité à entretenir les tentations du malthusianisme économique.
La France n'est pas vouée à la croissance molle, aux retards technologiques, à l'effritement de ses positions sur les marchés mondiaux. Les Français doivent renouer avec cet esprit de conquête qui depuis toujours distingue les vieilles nations fatiguées et déclinantes des peuples jeunes, ambitieux et courageux.
La concomitance d'un effort de l'Etat pour gérer à meilleur coût la nation, d'un soutien continu à la recherche et développement, d'un encouragement tonique à nos compatriotes qui aspirent à une vie de travail réussie : tout cela constitue une politique économique cohérente, tout cela est le meilleur moyen de surmonter la morosité, le découragement, et de tirer le moment venu tout le profit du retour de la croissance.
(source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 2 juillet 2003)