Texte intégral
Q - Si vous deviez présenter la France en quelques mots aux lecteurs azerbaïdjanais, que diriez-vous ?
R - Chaque nation a son génie propre, celui de la France est d'être la patrie des droits de l'homme et de plaider pour un ordre mondial plus solidaire. D'ailleurs, ne s'efforce-t-elle pas d'être porteuse d'un message universel ? On le mesure bien lorsqu'une crise internationale survient, la France compte généralement parmi les premiers pays à se porter au devant de la scène.
Mais la France est également une terre de création non seulement sur le plan artistique et littéraire mais aussi sur le plan industriel et technologique qui s'illustre par exemple par l'aviation, le TGV, l'automobile
La France est une terre d'art de vivre, unique au monde.
(...)
Q - Monsieur le Secrétaire d'Etat, la France a été le deuxième pays à ouvrir une ambassade en Azerbaïdjan, juste après la Turquie. Aujourd'hui, comme à l'époque, beaucoup y voient la preuve tangible que l'intérêt de la France pour l'Azerbaïdjan va bien au-delà des simples relations diplomatiques. Permettez-moi de vous demander : que représente l'Azerbaïdjan pour la France ? C'est un pays riche en hydrocarbures, un pays qui a un emplacement stratégique ou bien encore ...?
R - Je suis heureux que vous souligniez que la France a reconnu, dès son indépendance, l'Azerbaïdjan comme un partenaire important. C'est un partenaire économique mais aussi un partenaire stratégique et nous le remercions pour le soutien précieux qu'il nous a accordé pour le déploiement de nos moyens militaires dans le cadre de la stabilisation de l'Afghanistan. Du point de vue économique, l'Azerbaïdjan a posé les bases d'un développement durable grâce à la gestion avisée de ses ressources pétrolières. La diversification de l'économie et la répartition équitable des fruits de la croissance sont désormais des priorités. Les entreprises françaises auxquelles l'Azerbaïdjan a fait confiance dans des secteurs très variés ont amorcé un courant d'affaires et d'investissements que les pouvoirs publics français veulent continuer à encourager. Des partenariats durables et bénéfiques pour les deux parties doivent s'instaurer.
Q - Quel est le but principal de votre visite en Azerbaïdjan ?
R - La France entretient d'excellentes relations avec l'Azerbaïdjan dans de nombreux domaines et des relations suivies et de confiance unissent nos deux pays. La France est aussi fortement impliquée dans la recherche d'une solution au conflit qui n'est pas encore résorbé entre votre pays et l'Arménie. De nombreuses visites de haut niveau ont eu lieu régulièrement ces dernières années : le président Aliev s'est ainsi rendu lui-même à deux reprises à Paris en 2001 et le Premier ministre a co-présidé la commission économique mixte en décembre. Mais il n'y avait pas eu de visite d'un membre du gouvernement français dans votre pays depuis plusieurs années. C'est un déséquilibre que le nouveau gouvernement souhaitait réparer. Mon principal message est donc de confirmer aux autorités et à la population de l'Azerbaïdjan l'intérêt que leur porte notre pays, notre souhait de voir se développer nos relations bilatérales et notre engagement pour aider votre région à sortir des crises qu'elle connaît.
Q - La France aujourd'hui n'est pas seulement un partenaire économique important de l'Azerbaïdjan mais aussi un membre du Groupe de Minsk de l'OSCE. Mais le Groupe de Minsk est assez critiqué en Azerbaïdjan. Aucun résultat tangible n'a été obtenu, les territoires azerbaïdjanais restent toujours sous occupation, les personnes déplacées ne peuvent pas retourner dans leurs foyers. La communauté internationale ne se presse pas pour reconnaître l'Arménie comme agresseur, ni pour obtenir le rétablissement des frontières internationalement reconnues dans la région. Est-il possible que la France révise son "approche" de la médiation sur le Haut-Karabakh ? Quelle est la position officielle de la France concernant le conflit du Haut-Karabakh ?
R - La France dispose de trois atouts qui semblent pouvoir servir la recherche d'une solution au dramatique conflit du Haut-Karabakh : l'autorité du président de la République grâce à son implication constante dans le dossier et aux relations de confiance établies avec MM. Kotcharian et Aliev ; notre rôle d'intermédiaire loyal et dénué de toute ambition stratégique dans la région ; notre appartenance à l'Union européenne, acteur décisif pour favoriser le développement de la région, une fois la paix acquise.
La France, comme d'ailleurs ses partenaires américain et russe, a une position constante de principe qui est le soutien à l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan. Par ailleurs nous soutiendrons tout accord qui aura reçu l'aval des autorités azerbaïdjanaises et arméniennes.
De façon générale, nous restons disponibles, dans le cadre du Groupe de Minsk, à favoriser les contacts directs et à poursuivre le travail accompli sous l'égide du président de la République lors des rencontres de Paris.
Q - La France a adopté, au printemps 2001, une loi reconnaissant le "génocide des Arméniens de 1915". Celui-ci n'est reconnu ni par la Turquie, ni par l'Azerbaïdjan ni par aucun des pays turcophones. Cette décision des autorités françaises a suscité des protestations de la population d'Azerbaïdjan. A quoi cette politique de la France est-elle liée ? Dans quelle mesure, à votre avis, cette décision a nui à l'image et aux positions de la France en Azerbaïdjan ?
R - Nous connaissons la forte solidarité qui unit la population de l'Azerbaïdjan à celle de la Turquie et les réactions auxquelles vous faites référence ont bien sûr été l'expression de cette solidarité. Comme vous le savez, ce vote n'était en aucune façon une condamnation de la population turque d'aujourd'hui. Quant à la position de la France en Azerbaïdjan, je n'ai pas le sentiment qu'elle ait été durablement fragilisée par cet épisode et vous venez vous-même de rappeler que les Azerbaïdjanais se souviennent que la France a été l'un des tout premiers pays à ouvrir une ambassade à Bakou et à développer des relations bilatérales importantes, dès le lendemain de l'indépendance.
(...)
Q - Et enfin, une dernière question, sur quels sujets souhaiteriez-vous être interrogé par les journalistes azerbaïdjanais dans dix ans ? (souhaits concernant les relations bilatérales).
R - Il est toujours difficile de faire des projections sur l'avenir et, en toute amitié, les évolutions considérables qu'a connues votre pays au cours des dix dernières années rend particulièrement risqué cet exercice pour les dix années à venir. Mais une chose est sûre : ce que je souhaite, comme tous vos amis, c'est que dans dix ans vous viviez en paix avec tous vos voisins et que tous ensemble vous vous soyiez rapprochés de la famille européenne. J'espère vivement qu'à cette date, nos relations bilatérales se seront développées, en particulier dans les domaines économique et culturel, où de bonnes bases ont été posées mais où d'immenses potentialités restent à développer. Aussi, pour répondre indirectement à votre question, disons que je souhaiterais peut-être être interrogé dans dix ans non plus sur des questions politiques ou diplomatiques mais davantage sur des questions de coopération culturelle et scientifique ou sur le développement de nos échanges commerciaux
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2002)
R - Chaque nation a son génie propre, celui de la France est d'être la patrie des droits de l'homme et de plaider pour un ordre mondial plus solidaire. D'ailleurs, ne s'efforce-t-elle pas d'être porteuse d'un message universel ? On le mesure bien lorsqu'une crise internationale survient, la France compte généralement parmi les premiers pays à se porter au devant de la scène.
Mais la France est également une terre de création non seulement sur le plan artistique et littéraire mais aussi sur le plan industriel et technologique qui s'illustre par exemple par l'aviation, le TGV, l'automobile
La France est une terre d'art de vivre, unique au monde.
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Q - Monsieur le Secrétaire d'Etat, la France a été le deuxième pays à ouvrir une ambassade en Azerbaïdjan, juste après la Turquie. Aujourd'hui, comme à l'époque, beaucoup y voient la preuve tangible que l'intérêt de la France pour l'Azerbaïdjan va bien au-delà des simples relations diplomatiques. Permettez-moi de vous demander : que représente l'Azerbaïdjan pour la France ? C'est un pays riche en hydrocarbures, un pays qui a un emplacement stratégique ou bien encore ...?
R - Je suis heureux que vous souligniez que la France a reconnu, dès son indépendance, l'Azerbaïdjan comme un partenaire important. C'est un partenaire économique mais aussi un partenaire stratégique et nous le remercions pour le soutien précieux qu'il nous a accordé pour le déploiement de nos moyens militaires dans le cadre de la stabilisation de l'Afghanistan. Du point de vue économique, l'Azerbaïdjan a posé les bases d'un développement durable grâce à la gestion avisée de ses ressources pétrolières. La diversification de l'économie et la répartition équitable des fruits de la croissance sont désormais des priorités. Les entreprises françaises auxquelles l'Azerbaïdjan a fait confiance dans des secteurs très variés ont amorcé un courant d'affaires et d'investissements que les pouvoirs publics français veulent continuer à encourager. Des partenariats durables et bénéfiques pour les deux parties doivent s'instaurer.
Q - Quel est le but principal de votre visite en Azerbaïdjan ?
R - La France entretient d'excellentes relations avec l'Azerbaïdjan dans de nombreux domaines et des relations suivies et de confiance unissent nos deux pays. La France est aussi fortement impliquée dans la recherche d'une solution au conflit qui n'est pas encore résorbé entre votre pays et l'Arménie. De nombreuses visites de haut niveau ont eu lieu régulièrement ces dernières années : le président Aliev s'est ainsi rendu lui-même à deux reprises à Paris en 2001 et le Premier ministre a co-présidé la commission économique mixte en décembre. Mais il n'y avait pas eu de visite d'un membre du gouvernement français dans votre pays depuis plusieurs années. C'est un déséquilibre que le nouveau gouvernement souhaitait réparer. Mon principal message est donc de confirmer aux autorités et à la population de l'Azerbaïdjan l'intérêt que leur porte notre pays, notre souhait de voir se développer nos relations bilatérales et notre engagement pour aider votre région à sortir des crises qu'elle connaît.
Q - La France aujourd'hui n'est pas seulement un partenaire économique important de l'Azerbaïdjan mais aussi un membre du Groupe de Minsk de l'OSCE. Mais le Groupe de Minsk est assez critiqué en Azerbaïdjan. Aucun résultat tangible n'a été obtenu, les territoires azerbaïdjanais restent toujours sous occupation, les personnes déplacées ne peuvent pas retourner dans leurs foyers. La communauté internationale ne se presse pas pour reconnaître l'Arménie comme agresseur, ni pour obtenir le rétablissement des frontières internationalement reconnues dans la région. Est-il possible que la France révise son "approche" de la médiation sur le Haut-Karabakh ? Quelle est la position officielle de la France concernant le conflit du Haut-Karabakh ?
R - La France dispose de trois atouts qui semblent pouvoir servir la recherche d'une solution au dramatique conflit du Haut-Karabakh : l'autorité du président de la République grâce à son implication constante dans le dossier et aux relations de confiance établies avec MM. Kotcharian et Aliev ; notre rôle d'intermédiaire loyal et dénué de toute ambition stratégique dans la région ; notre appartenance à l'Union européenne, acteur décisif pour favoriser le développement de la région, une fois la paix acquise.
La France, comme d'ailleurs ses partenaires américain et russe, a une position constante de principe qui est le soutien à l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan. Par ailleurs nous soutiendrons tout accord qui aura reçu l'aval des autorités azerbaïdjanaises et arméniennes.
De façon générale, nous restons disponibles, dans le cadre du Groupe de Minsk, à favoriser les contacts directs et à poursuivre le travail accompli sous l'égide du président de la République lors des rencontres de Paris.
Q - La France a adopté, au printemps 2001, une loi reconnaissant le "génocide des Arméniens de 1915". Celui-ci n'est reconnu ni par la Turquie, ni par l'Azerbaïdjan ni par aucun des pays turcophones. Cette décision des autorités françaises a suscité des protestations de la population d'Azerbaïdjan. A quoi cette politique de la France est-elle liée ? Dans quelle mesure, à votre avis, cette décision a nui à l'image et aux positions de la France en Azerbaïdjan ?
R - Nous connaissons la forte solidarité qui unit la population de l'Azerbaïdjan à celle de la Turquie et les réactions auxquelles vous faites référence ont bien sûr été l'expression de cette solidarité. Comme vous le savez, ce vote n'était en aucune façon une condamnation de la population turque d'aujourd'hui. Quant à la position de la France en Azerbaïdjan, je n'ai pas le sentiment qu'elle ait été durablement fragilisée par cet épisode et vous venez vous-même de rappeler que les Azerbaïdjanais se souviennent que la France a été l'un des tout premiers pays à ouvrir une ambassade à Bakou et à développer des relations bilatérales importantes, dès le lendemain de l'indépendance.
(...)
Q - Et enfin, une dernière question, sur quels sujets souhaiteriez-vous être interrogé par les journalistes azerbaïdjanais dans dix ans ? (souhaits concernant les relations bilatérales).
R - Il est toujours difficile de faire des projections sur l'avenir et, en toute amitié, les évolutions considérables qu'a connues votre pays au cours des dix dernières années rend particulièrement risqué cet exercice pour les dix années à venir. Mais une chose est sûre : ce que je souhaite, comme tous vos amis, c'est que dans dix ans vous viviez en paix avec tous vos voisins et que tous ensemble vous vous soyiez rapprochés de la famille européenne. J'espère vivement qu'à cette date, nos relations bilatérales se seront développées, en particulier dans les domaines économique et culturel, où de bonnes bases ont été posées mais où d'immenses potentialités restent à développer. Aussi, pour répondre indirectement à votre question, disons que je souhaiterais peut-être être interrogé dans dix ans non plus sur des questions politiques ou diplomatiques mais davantage sur des questions de coopération culturelle et scientifique ou sur le développement de nos échanges commerciaux
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2002)