Interview de M. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, dans "Le Parisien" du 10 décembre 2002, sur la réforme des retraites et la possibilité d'une action commune avec la CGT sur ce dossier.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Parisien

Texte intégral

Retraites. L'axe CGT-CFDT se précise la réforme des retraites. Le patron de la CFDT donne, dans nos colonnes, son feu vert à un colloque, mi-janvier, et surtout à une grande manifestation avec la CGT pour appuyer leurs revendications.
Secrétaire général de la CFDT, François Chérèque entend réunir tous les syndicats, et en premier lieu la CGT, favorables à la réforme des retraites. Ses explications.
La CGT propose aux autres syndicats le principe d'une action commune, à la rentrée 2003, afin de créer un rapport de force sur le dossier des retraites. Que lui répond la CFDT ?
François Chérèque. Sur le dossier des retraites, les syndicats devront prendre leurs responsabilités et choisir entre la nécessité d'une réforme ou l'immobilisme. La CGT se dit convaincue de la nécessité de réformer le système actuel et elle fait du montant des pensions sa nouvelle priorité, ce que nous revendiquons depuis longtemps. Voilà pourquoi nous travaillons avec elle. Cela doit nous permettre de dégager d'autres revendications que nous pourrions défendre en commun. Dans un premier temps, nous proposons donc aux autres syndicats un colloque à la mi-janvier à Paris sur les réformes des retraites en Europe. Une fois connues les propositions du gouvernement, nous envisagerons, si besoin, une grande manifestation avec les syndicats qui sont d'accord sur les éléments essentiels d'une réforme.
En clair, avec un tel axe CGT-CFDT, FO se trouverait sur la touche, non ?
L'affaire des retraites est très très importante, elle concerne directement la vie quotidienne de millions de salariés du privé comme du public. De même, les retraites, avec la protection sociale et les salaires constituent l'un des piliers de notre système social. On ne peut pas tromper les gens sur un tel dossier, pour ce qui la concerne, FO refuse de reconnaître qu'il existe un problème en matière de retraite au point de refuser de négocier leur avenir à EDF-GDF. Elle a fait le choix de l'isolement.
A part le principe d'une réforme des retraites, que veut la CFDT ?
Nous avons une priorité : mettre le montant des retraites au premier rang. Concrètement, nous souhaitons qu'un Smicard puisse bénéficier d'une retraite équivalant à 100 % de son salaire. Quand à un salarié moyen (1 500 ou 10 000 F mensuels), elle devrait être de 80 %. Autre revendication : un salarié ayant cotisé quarante ans doit pouvoir partir avant 60 ans. Enfin, il faut mettre en place une retraite à la carte permettant de partir plus tôt en gagnant moins pour celui qui le veut ou, au contraire, plus tard mais en gagnant plus. Le tout avec des règles claires et durables.
Mais comment financez-vous tout cela, on sait que la réforme Balladur de 1994, elle, visait à faire baisser les pensions du privé de 20 % ?
Il faut effectivement trouver les financements nécessaires. On peut augmenter les cotisations, la durée des cotisations, faire jouer le fonds de réserve pour les retraites La différence avec 1994 est qu'aujourd'hui le débat est public, les salariés seront informés au jour le jour de l'évolution de la réforme, ce qui est susceptible de changer bien des choses. De toute façon, la CFDT sait d'ores et déjà qu'il faudra revendiquer pour obtenir certaines avancées.
Etes-vous favorables à un alignement rapide du public sur le privé ?
Le sujet de la durée de cotisation doit être mis sur la table pour les fonctionnaires aussi. Mais il faudra aussi tenir compte des primes et prévoir pour eux une retraite à la carte.
(Source http://www.cfdt-finances.fr, le 18 décembre 2002)