Interview de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales au Salon de l'agriculture le 25 février 2003, sur la réforme de la PAC notamment le découplage des aides, sur les marges commerciales sur les produits agricoles faites par les distributeurs, sur le risque de boycott des produits français aux Etats-Unis.

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  • Hervé Gaymard - Ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales

Circonstance : Visite du Salon de l'agriculture à Paris le 25 février 2003

Média : www.salon.wagri.fr

Texte intégral


Le ministre de l'agriculture accepte certaines des propositions Fischler mais exige que les aides restent liées à la production.

En Direct : Samedi, lors de sa visite au Salon, Jacques Chirac a critiqué les propositions du commissaire européen à l'agriculteur Franz Fischler. Celui-ci veut modifier la PAC avant 2006.Que prévoit le gouvernement face à ces menaces ?
Hervé Gaymard : Certaines de ces propositions nous conviennent. Par l'exemple l'accroissement des actions en faveur du développement rural ou encore une meilleure prise en compte de l'environnement. Mais il y a une proposition que nous refusons énergiquement avec onze autre pays : c'est le découplage des aides. Nous pensons qu'associer les aides européennes non plus à la production mais à la surface est une bêtise. Il faudrait simplifier la PAC et prendre en compte l'environnement et le développement rural.

En Direct : Le chef de l'Etat a également critiqué les marges que les distributeurs réalisent avec les produits agricoles. Que peut faire le gouvernement pour remédier à ce problème ?
H.G. : En France, il y a un partage inéquitable de la marge entre les distributeurs et les producteurs. En novembre, lors de la crise entre les producteurs et les distributeurs nous avons pris deux mesures : la première est d'étendre à tous les produits frais, autre que les légumes, la possibilité de mettre en place le prix minimum en cas de crise. Cette initiative va être opérationnelle dans les semaines qui viennent. La seconde mesure est la mise en place d'un groupe de travail entre les producteurs et les distributeurs. Nous aurons leurs conclusions dans un peu moins de trois semaines.

En Direct : Les divergences entre Paris et Washington sur la crise irakienne ne risquent-elles pas d'entraîner le boycott des produits français sur le marché américain ?
H.G. : Le boycott n'a pas commencé, il y a seulement eu un peu de gesticulation médiatique. Le gouvernement américain commettrait une grave erreur s'il décidait de prendre des sanctions commerciales contre les pays européens. Nous avons aussi les moyens de prendre des mesures de rétorsions. Personne n'a donc intérêt à se lancer dans une guerre commerciale. Les consommateurs américains peuvent aussi décider d'eux-mêmes de boycotter nos produits. Mais l'histoire montre que dans les moments difficiles cela n'a jamais été le cas. Nous sommes sereins mais nous restons vigilants.

En Direct : C'est la première fois que vous occupez le poste de ministre de l'agriculture. Cela vous fait quel effet de vous retrouver dans votre salon ?
H.G. : Je suis heureux ici. C'est la France dans toute sa diversité. Les paysans donnent le meilleur d'eux-mêmes en apportant leurs plus belles bêtes et leurs meilleurs produits. Quand on arrive dans ce ministère, on a peur de ne pas être à la hauteur. Il y a tellement de problèmes à régler.

(source http://salon.wagri.fr, le 25 février 2003)